Like a warrior [Tigrou]

Like a warrior

Pureté Blanche & Jude

La ville des Bipèdes. Grise, froide. Triste. Une ambiance sombre et malheureuse dans ce jour de saison des feuilles mortes. Le dépit règne. On traine les pattes. On n’a pas envie de rester dehors par un tel temps.
Une bruine agressive tombe du ciel, écrasant ses gouttelettes sur ta truffe. Tu marche, tête baissée. Tu veux rentrer chez toi. Tu étais dehors, tu te promenais ; et la pluie t’a surprise. Maintenant, tu veux partir.

Tout est gris, sans couleurs. Tout est déprimant.
Tu veux rejoindre ton chez-toi, son ambiance joyeuse et colorée.
Son ambiance heureuse qui semble avoir disparu de la surface de ce monde.
Tu veux accélérer. Tu veux trottiner, tu veux courir, tu veux planer, tu veux voler.
Tu veux y arriver le plus vite possible. Partir de cette grisaille environnante, qui semble ternir ton cerveau habituellement si joyeux.
Tu veux te hâter. Mais tu ne peux pas. Cette tristesse qui a pris possession de toi circule dans tout ton être comme un poison qui alourdirait ton corps, affaiblirait tes pattes.
Tu ne peux que te contenter de marcher, encore et encore, les épaules voûtées, la queue basse, les yeux baissés vers le sol.

Il n’y a personne. Pas un chat. Pas un chien. Pas un bipède. Pas un monstre. Pas âme qui vive. Rien. Absolument personne. Tu marches seule.

Les rues défilent, uniformes et ternes. Bientôt, ton quartier. Puis, ta rue. Ta maison. Ton jardin. Ton chez-toi. Tu es enfin rentrée. Tu regardes la pluie devenue averse tambouriner sur les fenêtres du nid de tes bipèdes. Bien sûr, tu ressortiras, quand l’averse sera passée. Mais d’ici là, tu vas te reposer un peu sur le grand morceau de tissu de tes bipèdes, sur lequel tu te plais à t’allonger tandis que tes maitres se contentent de s’asseoir, adossés à l’arrière du morceau de tissu, replié en angle droit.
Alors, comme à ton habitude, tu t’allonges. Et tu t’endors un moment. Et tu te réveilles, en pleine forme. La pluie a cessé. Le soleil éblouissant de midi et quelques brille dans le ciel. Ce dernier n’est toujours pas bleu, mais ce n’est pas bien grave.

Tu sors donc par la sorte de trappe dans le mur. Dans ton jardin, il y a de grande flaques, profondes, dans lesquelles tu vois ton reflet trembler. Tu t’amuses à bondir dans les flaques, éblouissant tout autour de toi. D’un côté de ta maison, il y a celle de Longivu. Mais il n’est pas là, aujourd’hui. Tu ne sais pas où il est. Peut-être en vacances. Peu importe.

De l’autre côté, il y a un autre nid. Un nid qui ressemble beaucoup au tien, ou à celui de n’importe qui. Il y a un jardin, plein d’herbe verte, et une clôture tout autour, pour protéger la propriété des intrus. Mais toi, tu n’es pas intruse. Tu peux aller et venir comme bon te semble. Comme si tu étais chez toi.
Tu bondis sur la clôture, gracieuse. Tu es au sommet, maintenant. Et tu sautes à nouveau, pour fouler la pelouse du jardin voisin. Dedans, il y a un chat blanc. Tu sais qui il est. Il est arrivé, un jour, après toi. Il dit à qui veut bien l’entendre qu’il vient de la forêt, qu’il était un guerrier. Mais tu ne le crois pas. Il est bien trop lâche. Il n’est pas plus un guerrier que tu ne l’es. Alors, tu aimes le railler, sans chercher à le connaitre davantage. Tu le hèles, moqueuse :

« Hey, Pureté Blanche ! Alors comme ça, on est un sauvage ? Un guerrier ? Laisse-moi rire ! »

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