Qui es-tu ? [LIBRE]

La grande voyageuse que tu es, Calygula ! Woah, tu m’impressionnes ! De mieux en mieux, dis-moi. Oui, c’est de l’ironie. N’empêche que tu as fait de la route. L’autre jour tu étais au Nord, là-bas, le jour d’après tu étais chez Fritz, la semaine qui suivait vous vous baladiez tranquillement, et voilà que maintenant tu es loin, bien loin, à l’Ouest. Oh oui, ça fait loin. Ça va ? Tu n’as pas trop mal à tes petits coussinets ? Et où est ton fidèle acolyte ? Mais oui, ton petit caniche, enfin plutôt un doberman, qui te suit partout et qui obéit à chacun de tes ordres ? Allons, voyons, tu sais très bien de qui je parle. Fritz, ça ne te dit rien ? Non, vraiment rien du tout ? Ah, j’aime bien te taquiner. Oh je sais, madame la duchesse, que nous ne sommes pas amies. Jamais, non, ça ne risque pas. Moi, je t'observe, j’attends juste que quelqu’un vienne se venger. Oui, que quelqu’un vienne enfin te faire la peau. Te faire payer pour toute la merde que tu as semée derrière toi. J’ai hâte, tellement hâte de ce jour Calygula, si seulement tu savais. Je fais partie de ces gens qui pensent que des folies similaires à la tienne devraient être exterminées, décimées, supprimées enfin. Malheureusement je ne peux rien. Du moins, pas directement. Ah, oui, je sais que tu te méfies de moi. Et tu fais bien. Si tu savais seulement ce dont je suis capable, Calygula … Je ne suis pas qu’une voix de plus qui parle dans le vide et que tu as le malheur d’entendre.

Tu as entendu ? Oui, tu l’as entendu, aussi bien que moi. Un rire. Et pas n’importe quel rire. Tu attends un autre rire, une réponse. Mais il n’y a rien. Pas de dialogue. Un chat solitaire qui rit seul. Pardon ? C’est une blague, Caly ? Est-ce que tu viens réellement de penser à voix haute en disant qu’il y avait des félins bien assez fous pour rire seuls ? Tu te fous de moi, là ? C’est une caméra cachée, c’est ça ? Et toi qui ne comprends rien, en plus de ça ! Mais tu veux vraiment ma mort ? Bon sang Caly, ce que tu peux être conne. Oh ! Je t’insulte si je le veux, d’abord. Et tu baisses d’un ton avec moi ! Ah, merci, c’est bien mieux ainsi. Alors, ce rire ? Oh, je l’entends à nouveau. Il se rapproche, non ? Excuses-moi, je n’ai pas la même ouïe que toi, si je peux me permettre de te le rappeler. Ce rire, il est sinistre. Macabre. Tu ne veux pas faire demi-tour ? Personnellement, je n’ai aucune envie de rencontrer son propriétaire. Le nombre de chats tarés qu’on peut croiser de nos jours m’effraie. Oui, c’est ça, repartons vers l’Est, s’il te plaît. Comment ? Tu ne bouges donc pas ? Très bien. Tu sais, finalement, moi je ne risque pas grand chose, je suis très bien là où je suis. Et toi, tu es très bien tapie ainsi, cachée à moitié par les herbes hautes. C’est ça, tu n’as plus qu’à attendre que la voix se rapproche et … Bah je ne sais pas. C’est vrai ça, tu comptes faire quoi ? L’inviter à dîner ? Lui proposer une sympathique balade hivernale entre copines ? Oh. Je la vois, elle approche.

Elle a ralenti. Je crois qu’elle a senti ton odeur. En même temps, c’est pas compliqué, vu comment tu schlingues ! C’est à force de côtoyer Fritz, ça, ça déteint forcément sur toi de vivre avec un chat aussi taré que lui. Elle s’arrête. Allez, c’est parti pour les présentations ! Je pense que tu as encore affaire à une psychopathe ou … On est d’accord, elle vient de passer de la colère au calme le plus apaisant là ? Une schizophrène de plus ou de moins, après tout … Tu sais ce que j’en pense. Ah, et elle se refait une beauté, tranquillement assise, en plus. Très bien, écoute, les gens font ce qu’ils veulent après tout ! Mais toi, oh Calygula, je te vois déjà venir. Ça ne te plaît pas. Elle ne te plaît pas trop, non. Tu préfères que les chats te craignent. Tu préfères qu’ils soient terrifiés juste en sentant ton odeur. Et cette femelle, là, elle a même le culot de te dire qu’elle ne te ferait pas de mal. Bon sang, Calygula, mais elle n’a rien dit d’offensant ! Arrête ton petit manège et cesse donc de montrer les crocs ! Ah ! Mais tu ne m’écouteras donc jamais dans ta vie ?! Tu sors des buissons, toujours son air digne sur la gueule. Ton air de duchesse, de madame je-suis-au-dessus-des-autres, alors qu’à l’intérieur, là, dans cette petite cervelle, personne n’a rien à t’envier ! Tu as l’air offusquée. Offusquée et terriblement en colère, avec tes pupilles vertes qui sont rétrécies au maximum au milieu de tes yeux. Ah, c’est vraiment une belle journée qui s’annonce, dis-moi. Encore une.

“Cachette ? Quelle cachette ? Si j’avais eu besoin de me cacher de toi, tu penses bien que j’aurai choisi un endroit plus approprié.” parfait, ce ton hautain. Vraiment parfait. Tu t’améliores, dis donc !