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Invité
Sakari
Ven 10 Fév 2017 - 23:37
Le temps que je finisse cette présentation, mes rps seront faits.
Onacona m'a raconté mon histoire.
Onacona, c'est mon père, ou plutôt mon maître, selon les autres chats que j’ai pu croiser, mais pour moi, Onacona, ce n’est rien de plus que mon père.
Onacona a toujours été là, dans cette réserve, tribu amérindienne. Laquelle ? Est-ce important ? Il connaît divers langages, et les amérindiens savent communiquer avec nous,
les animaux.
Onacona me comprend, et je comprends l’Hibou blanc. Tous deux, nous nous comprenons et nous pouvons parler.
Onacona aurait dû avoir un loup au départ, mais celui-ci n'a pas survécu. Enterré. Deuil. Il a vécu le deuil. Il a pleuré son ami.
Onacona m'a alors trouvé, quelques mois plus tard, qu'il me dit, par le bon vouloir des esprits qui lui ont pardonné son méfait. Apparemment, Onacona avait mal chassé, une fois, il n'avait pas remercié l'esprit du cerf, et celui-ci s'est vengé. C'est comme ça, dans les tribus amérindiennes, les esprits, tu dois les respecter. Et si tu échoues à cette tâche, tu dois bien t'apprêter à recevoir la foudre du mauvais œil. Ce n'est vraiment pas évident. Il faut respecter la terre, tout ce qui peut sembler non-vivant, mais qui possède un esprit. Même les roches. Et chaque fois qu’on tue, on doit remercier l’esprit de l’animal tué. L'Hibou blanc m'a tout raconté.
Alors quand je chasse,
je remercie l’esprit de la souris de bien vouloir m’accorder sa chair pour que je puisse à mon tour survivre dans ce monde.
Onacona, c'est un aîné. C'était sa dernière chasse, quand il n'a pas respecté le cerf. Il est vieux, il est respecté, sa parole veut l'or, c'est comme ça dans les tribus amérindiennes, les nomades, les aînés sont le respect. On doit les écouter, ils connaissent la vie et la mort. Ils connaissent les esprits. Et dans cette tribu, comme dans toutes les autres, les aînés forment les plus jeunes. C'est toujours ainsi. Les tribus amérindiennes ont un fonctionnement très agréable à vivre, ce sont les plus gentils. Ceux qui ne chassent pas les animaux de leur terrain, où nous sommes les bienvenus.
Ainsi, Onacona m'a trouvé, sans mère, errante. Paraît que j'avais trois lunes. Que le sevrage n’était même pas terminé. Je ne m'en souviens pas. J'étais déshydratée. Je pense que je me suis perdue, c'est assez flou. Ma mémoire est floue, je ne pourrais même pas dire qui étaient ma mère, si c’était voulu que je ne sois plus à ses côtés ou si ce n’était pas du tout quelque chose de volontaire. Il m'a retrouvée alors que j'étais roulée en boule, sur le sol mouillé de la dernière pluie. J'étais frêle, j'étais délicate et bien trop fragile et pourtant, mon pelage demeurait doux. Onacona m'a dit que mon nom venait de la douceur de mon pelage : Sakari. Cela veut dire doux. Mon pelage est resté doux, après tout ce temps.
Onacona m'a sauvé. C'est le moins que je puisse dire. Il m'a prise en charge, me réchauffant dans la tente, parce qu'il s'était installé là, sa tribu aussi, ce n'était pas le temps des migrations, le gibier était suffisamment présent pour eux. Il m'a nourri, s'assurant que je boive, il s'est assuré que je reprenne vie. Il ne voulait pas me laisser mourir, il ne voulait pas que mon souffle s’éteigne comme celui du loup qu’il avait eu auparavant et il voyait en moi le signe que l’esprit lui pardonnait cet affront et qu’il s’était repenti dans son chagrin, même si l’Hibou blanc ne pouvait pas effacer la douleur de la perte qu’il avait dû affronter. Alors il m’a nourri. Il m’a donné du lait dans ce qu’il nomme un tout petit biberon parce que c’était visible que le sevrage n’était pas terminé, que j’avais encore besoin de lait. Il a fait comme il a pu en espérant que ce soit suffisant. Et ce l’était. Heureusement pour lui. Je pense que son esprit n’aurait pas supporté de perdre un autre animal, parce qu’il nous adore, comme toute la tribu.
Après deux jours, j’ai enfin ouvert les yeux. Je me souviens de ce moment, c’est à partir de là que ma mémoire n’est plus brouillée, et je peux dire, je peux raconter sans citer Onacona, même si j’adore le citer parce qu’il raconte parfaitement bien les histoires. C’est comme ça. Il est un aîné alors je suppose que c’est logique que sa voix porte à merveille le rôle de conter. Mais je peux prendre la relève, parce que je ne veux pas rester dans l’ombre de quelqu’un. Onacona dit que la gentillesse ne doit pas pousser à accepter d’être effacée. Il m’a dit que je ne devais pas accepter d’être écrasée, que je devais prendre ma place, que je devais exister, de ne pas me laisser enterrer. Alors ici, maintenant, j’existe et je m’affirme, je prends le relais et je conte de ma propre personne, je ne relate plus, j’annonce et j’explique. Je prends ma place. Onacona sera fier de moi parce que je prends ma place et je ne veux plus jamais la laisser. Parce que j’existe et que je me dois d’exister. Parce qu’il m’a sauvé et que pour cela, je ne peux pas accepter qu’on efface mon nom de la terre.
Je suis là et je regarde Onacona.
Ma vie dans la Tribu se passe parfaitement bien. Je me suis réveillée. J’ai ouvert les yeux. Je ne savais pas où je me trouvais et je dois admettre avoir paniqué. Des Deux-Pattes. Quelque chose en moi me criait de fuir, quelque chose en moi hurlait au danger et puis mon regard s’est planté dans celui d’Onacona et j’y ai vu.
J’y ai vu toute la douceur que l’on peut imaginer dans un regard. J’y ai vu tout l’amour que je n’aurais jamais pensé pouvoir rencontrer un jour, j’y ai vu toute la tendresse à mon égard qui m’a rappelé cette mère dont je n’ai pas le moindre souvenir et j’ai compris qu’ici, la peur n’avait pas la moindre raison d’être parce que j’y étais une membre, j’étais de la famille, j’étais sa fille. Peu importe que l’Hibou blanc ne soit pas un chat, peu importe que je ne sois pas de son espèce, il avait fait de moi sa fille et je l’ai compris dans son regard avenant et bienveillant. J’ai vu tellement de soulagement aussi dans ses pupilles que je n’ai pas pu faire autrement que de me sentir touchée. Il était soulagé et heureux de me voir ouvrir les yeux. Il était soulagé et heureux de me voir vivre. Je me suis levée et je me suis étirée, je m’en souviens. Et la première chose que j’ai fait a été de me coller contre lui et de ronronner parce que je voulais tant le rassurer et que son expression douce perdure éternellement. Je me sentais en sécurité avec lui.
Avec les autres.
Je me souviens que j’ai vu un bol de lait ensuite et des lambeaux de chair qui me donnaient envie, qui me faisaient saliver et je me suis dépêchée d’y arriver, aux bols. J’ai lapé le lait et j’ai pris un lambeau de chair que j’ai pu reconnaître comme étant de la souris - je n’en avais pas la moindre idée de comment, sûrement que pendant mes trois premières lunes, ma mère en avait mangé, j’imagine bien. Je me suis ainsi rassasiée et je me suis retournée pour regarder le sourire d’Onacona qui ne faisait que ça, sourire. Onacona me regardait. Je le regardais. Je pense qu’on est resté longtemps ainsi, à seulement nous regarder, sans faire le moindre mouvement et pourtant en comprenant tous les sentiments de l’un et de l’autre. Je savais déjà qu’ensemble, nous serions le monde et que le monde serait rien face à nous. Tout allait bien, et le bonheur s’infiltrait dans mon coeur, dans ma poitrine. Bien sûr, j’avais un peu peur. Un peu peur de l’avenir qui s’étendait devant moi, devant mes yeux, à mon si jeune âge. J’avais drôlement peur de ne pas être à la hauteur et de ne pas réussir, drôlement peur aussi que l’absence de chats autour de moi m’empêche de vivre réellement.
Onacona chassait mes peurs par son simple sourire.
Onacona était apaisant, ma berceuse pour m’endormir.
Onacona était le nuage blanc d’un ciel cherchant à s’assombrir.
Le soir tombant, je me suis dirigée vers Onacona, me mouvant avec ce qu’il dirait “gracieuseté” et j’ai ronronné jusqu’à créer une mélodie pour chanter ma joie d’être avec lui. Délicatement, il m’a prise dans ses bras et il s’est mis à me bercer de sa voix grave et sourde. Je n’ai rien compris des mots qu’il employait, mais j’en comprenais les sens.
Les autres soirs, tout était exactement pareil et au fur et à mesure, j’ai fini par comprendre. Le comprendre, comprendre le dialecte de sa tribu, et chaque mot était quelque chose que je savais assimiler le sens. Alors maintenant, nous discutions tout simplement à notre façon. Il comprenait, quand je répondais, parce que les Amérindiens savent comprendre le langage corporel des animaux et en décoder les désirs, les demandes.
Onacona et la Tribu étaient ma maison.
Je me souviens de ma première sortie. Une lune plus tard. J’étais encore parfaitement craintive et je ne savais pas où j’allais, ce que je faisais. J’avais vu le regard rassurant de l’Hibou blanc, et j’ai eu la force de ne pas abandonner. Nous étions quelque part, dans une clairière et puis, j’ai dépassé cette limite sans pour autant perdre mon chemin. J’ai suivi les odeurs fortes qui m’attiraient jusqu’à tomber sur un autre chat. Il était beau. Il était gentil. Son pelage n’était pas doux, lui. Tiraky. C’était son nom. Il était un solitaire qui allait où il le désirait. Je le regardais, et je le détaillais. Il semblait si sûr de lui et pourtant tellement jeune en même temps. Il m’avait dit avoir une quinzaine de lunes et venir de lui. Cerfblanc. Il m’avait dit venir de cette Forêt au nom curieux qui attirait ma curiosité, lui aussi. Alors je lui ai posé des questions. Qui n’est pas curieux après tout ? J’ai toujours voulu tout apprendre ce que je pouvais apprendre.
Tiraky se considérait comme conteur.
Tiraky était particulier, mais gentil.
Alors Tiraky a conté comme Onacona pouvait le faire.
Il m’a parlé des Clans, me disant que ceux-ci étaient quatre, séparés en territoires bien différents. Il m’a dit que le Clan de la Rivière était celui qui pêchait, qui aimait l’eau et qu’il partageait un frontière commune avec le Clan du Vent et celui du Tonnerre. Le Clan du Tonnerre occupait un territoire boisé et les Rochers du Soleil étaient disputé entre Rivière et Tonnerre. Il m’a parlé du Clan du Vent qui était sur la lande et du Clan de l’Ombre qui occupait les marécages, la partie la plus sombre. Le Chemin du Tonnerre était une frontière entre l’Ombre et le Tonnerre et l’Ombre et le Vent. Pour passer de Tonnerre à Vent, il fallait aller par les Quatre-Chênes. Il m’a aussi dit que les noms étaient particuliers et que la hiérarchie était stricte. Chaton, apprenti, guerrier, lieutenant et meneur ou chef. Guérisseur, aussi. J’ai trouvé ça intéressant, mais je devais admettre que les noms, je n’aimais pas trop le principe. Enfin… c’était joli, mais je n’aimerais pas ça. C’est toujours le cas, par ailleurs. Malgré… lui. Mais j’en reparlerais. Il m’a parlé des rivalités entre les Clans. Il m’a aussi dit que plus loin, bien plus loin, si on allait après les terres du Clan de l’Ombre, on tombait sur d’autres groupes qui se nommaient, eux, les Troupes. Que la hiérarchie différait. Chaton, novice, chasseur, flambeau, meneur. Guérisseur et botaniste. J’aimais bien, ça aussi. J’étais impressionnée par la mémoire de ce solitaire. Tiraky était un solitaire de naissance, sa mère l’a sevré et lui a appris à se débrouiller seul avec de le laisser partir sur les routes, parce que de mère en fille et de père en fils, de génération en génération, ils étaient des vagabonds, ils apprenaient et contaient, racontaient. Ils vivaient en nomade, un peu comme les Amérindiens. Il est resté deux lunes auprès de moi pour que j’apprenne à sociabiliser. Pour que je sache comment faire et que je ne sois pas prise au dépourvu si jamais je rencontrais d’autres chats, que je sache les petites mimiques, que je comprenne mon espèce. Parce que ça s’oubliait, sinon.
Onacona, chaque matin, me regardait partir avec un petit sourire.
Onacona, chaque soir, me parlait et me serrait contre lui.
Onacona, à chaque fois, me donnait de la nourriture et de l’eau. Parfois du lait.
Onacona, pourtant, savait que Tiraky m’avait montré comment chasser et me battre, me défendre. Il continuait tout de même à me nourrir à chaque matin, geste d’affection que j’adorais.
L’Hibou blanc et sa tribu ont dû bouger parce que le gibier était en migration, parce que la neige allait tomber. Onacona m’a regardée et j’ai fait de même, avec des yeux implorants, avec la peur au coeur, avec la mort à l’âme parce que je pensais que je ne pourrais pas venir. Il a hoché la tête et m’a offert le ciel, la galaxie, en même temps sans le moindre mot. Il s’est accroupi devant moi, il m’a flattée et il m’a mis sur son épaule, dans son cou. J’étais comme roulée en boule, sans vraiment l’être, dans son cou, pour ne pas tomber. Je suis restée avec eux, ma famille. L’Hibou blanc et moi, c’était pour toujours. J’avais six lunes à ce jour. Nous nous sommes rendus dans des montagnes, le gibier y était. J’ai aimé courir dans les montagnes, j’ai rencontré des petits groupes de chats, j’ai rencontré des prédateurs et j’ai appris que la vie avait un danger exaltant. J’ai remarqué aussi que les Tribus Amérindiennes ne parlaient pas la même langue, je ne comprenais que ma famille, pas ceux qu’elle pouvait croiser. Ça ne me dérangeait pas. Pourquoi ça m’aurait dérangé ? On a marché longuement, on ne restait pas longtemps au même endroit. C’est comme ça, dans ma famille, on se déplace quand le gibier fait de même et je dois admettre que dans les montagnes, j’ai bien aimé que l’Hibou blanc prenne le temps de toujours m’offrir des morceaux de viande. Certains matins, je n’en avais pas, mais je comprenais.
Onacona, chaque soir, était toujours là pour me serrer dans ses bras.
Onacona, chaque matin, caressait mon pelage qu’il décrivait de doux.
Un beau matin, je tombai sur une autre féline, son pelage était de la couleur de la nuit, contrastant avec ma robe de la neige. Les montagnes n’étaient pas enneigées, maintenant, nous étions descendus dans des montagnes vertes. Son regard était de glace. Et son coeur aussi. Je me suis précipitée pour faire sa connaissance et elle s’est montrée d’une méchanceté qui m’a ébranlée et je me suis mise à pleurer parce que je ne m’y attendais pas, pas du tout. Je me souviens qu’elle m’a insultée et qu’elle est partie et je suis restée là jusqu’à ce que je sente les bras de l’Hibou blanc qui me soulevaient et me serraient contre lui. Il ressentait mon désarroi et m’apportait son soutient et je n’ai rien pu faire d’autre que d’exprimer ma gratitude en ronronnant. Onacona était toujours présent pour m’aider. Et chaque fois que je m’éloignais, je lui lançais un regard. C’était un accord tactique. Je partais et revenais. Et si je ne revenais pas, il devenait venir me chercher parce que je voulais toujours le retrouver. Il le savait. Je le savais. Mon père était essentiel à ma vie.
La chaleur approchait et ça se sentait, ça se voyait. Onacona avait un sourire encore plus chaleureux et j’ai rapidement compris que c’était son temps préféré, quand la Tribu pouvait ne pas bouger. Onacona se faisait vieux. Les trajets devenaient de plus en plus éprouvants et épuisants et quand on se trouvait dans la montagne, il commençait doucement à avoir de la difficulté à suivre, mais il suivait, il en était capable. Il était fort. C’était un battant, un combattant qui traversait la vie et les épreuves dans un mental d’acier. Je lui faisais confiance pour survivre parce que j’avais besoin de lui, je ne pouvais pas supporter l’idée de le perdre et cette émotion douceâtre s’était doucement infiltrée dans mon coeur quand je le voyais s’arrêter, le souffle court, après une toute petite pente à gravir. L’effroi de devoir un jour affronter son départ dans le monde des esprits me terrassait et dérangeait mes nuits. Parfois, je me réveillais en sursaut, avec le coeur qui me donnait ce cruel sentiment de vouloir sortir de ma poitrine, ce coeur qui se débattait et parvenait au final à me faire physiquement mal et je me blotissais contre Onacona qui ouvrait un oeil endormi et me serrait contre lui.
J’ai toujours dormi aux côtés d’Onacona, jamais ailleurs que dans son lit. Il n’a, d’ailleurs, jamais tenté de me faire dormir ailleurs, il semblait même être agréablement surpris de me voir rester à chaque fois dans son lit, sans jamais tenter d’aller m’installer ailleurs. Je ne bougeais pas beaucoup la nuit, sinon Onacona me l’aurait fait comprendre et lui aussi ne bougeait pas beaucoup autrement je me serais réveillée parce que je ne dormais toujours que d’une oreille au cas où un danger se présenterait et que je devrais réveiller ma famille. Je ne pouvais pas prendre le risque de ne pas me réveiller si un détail devait annoncer que quelque chose n’allait pas. Alors, oui, je dormais dans les bras d’Onacona même pendant les déplacements. Nous avions besoin l’un de l’autre.
Lorsque la chaleur commençait tout doucement à s’installer et que la neige donnait l’impression de vouloir fondre, nous arrivions aux abords d’une magnifique et grande forêt. Nous étions installés assez loin pour ne pas déranger la nature, mais suffisamment proche pour que je puisse m’y rendre sans prendre une lune entière. Je savais bien que parfois, ça pourrait prendre un peu plus qu’une journée et l’Hibou blanc y était préparé en voyant mon regard scruter la forêt. Il m’avait appris à laisser ma curiosité me mener, parce qu’il fallait toujours que j’apprenne, il ne fallait pas que je ne m’en empêche. Il me l’avait appris et je ne comptais pas m’empêcher d’explorer par peur. Absolument pas. C’était tout simplement hors de question. À ce moment, quand nous sommes arrivés là, j’avais dix lunes et le gibier arrêtait de bouger parce que dans un environ de six lunes, la chaleur serait définitivement présente. Nous serions là où les feuilles brillent par leur vert étincelant.
Un matin, j’ai décidé de m’élancer. Je voulais connaître et comprendre le territoire dans lequel nous venions de nous installer pour un bon moment, je le savais alors je me suis lancée là sans la moindre hésitation. L’odeur des chats se faisait de plus en plus fort au fur et à mesure que j’approchais et j’avais compris que je faisais face à un regroupement de chats que Tiraky avait mentionné quand on s’était vu, dans ses histoires. Mais je ne pouvais pas savoir lequel. À un moment donné, une masse sombre me tomba dessus et je répliquai aussitôt dans une tentative de défense qui surprit mon adversaire. Je savais bien que je ne lui avais pas fait mal, mais je l’avais surpris et c’était bien suffisant pour que je puisse me relever. Je faisais face à un chat plus âgé que moi et beaucoup plus musclé, ça se voyait. Il m’expliqua calmement en remarquant que je n’étais pas du tout une menace que je me trouvais sur le territoire du Clan du Tonnerre - ah le territoire des Clans ! - et que je n’avais pas le droit d’y rester. Il m’escorta jusqu’à la frontière en me disant d’être plus vigilante, que tous n’étaient pas si gentils et que le Clan de l’Ombre m’aurait taillé en pièces. Je frémis. Je n’avais pas envie de mourir.
J’avais jugé avoir passé suffisamment de temps dans la Forêt, alors je traversais des territoires dits libres pour retourner jusqu’à ma famille quand j’aperçus un bâtiment qui m’intriguait. Un appartement sombre, délabré, quelque chose d’impressionnant et effrayant, mais j’avais l’impression que quelque chose m’y attirait. Je secouais la tête. Et je me décidais de rentrer, de rentrer chez moi et d’oublier cet endroit. Alors je retournais près d’Onacona. Parce que j’étais certaine que c’était la meilleure chose à faire. Sauf que ce lieu ne quitta pas mon esprit.
Je pris cinq lunes avant d’oser enfin m’y aventurer. Un endroit lugubre qui donnait froid dans le dos. Je pris quelques jours ensuite avant de sentir l’odeur de deux chats et de m’approcher d’un grand rectangle, d’une porte, en bois peut-être, qui semblait totalement impossible à ouvrir. J’ai miaulé et j’ai entendu une réponse de la part d’un mâle. J’ai essayé de trouver un moyen pour m’infiltrer, mais en vain. Je ne savais pas comment faire pour le sauver, alors j’ai fait ce que je pouvais faire : je lui ai tenu compagnie. Je suis revenue jour après jour pour lui parler et c’est comme ça que j’ai appris que c’était un chat du Clan de la Rivière et qu’il y avait un autre chat avec lui, une toute petite chatte. J’aurais tant voulu pouvoir les sortir de là. Je me suis faite ici un ami, mais je ne peux même pas savoir à quoi il ressemble, je n’ai entendu que sa voix. Et sa détresse. Mais c’est mon ami malgré tout. J’espère qu’il me considère comme un ami, lui aussi. Nuage du Caïman. Même si je ne m’imaginais jamais pouvoir porter un tel nom, je dois admettre qu’à lui, ça lui va bien.
Onacona me regarde. Je viens de rentrer d’une visite.
Onacona comprend ma détresse. Je voudrais les sauver.
Sakari ; ou douce
Ton chat Âge : 16 lunes Sexe : Femelle Clan : Domestique Rang : Domestique But : Hibou blanc disait que le but était l'essence même de la vie et son but n'était rien d'autre que de vivre et d'apprendre, parce qu'on peut toujours apprendre. L'hibou blanc, perché en haut, sur un arbre, lui, ne semble pas avoir le même but. Et moi, j'ai tiré mon but de mon père, d'Hibou blanc, qui est de vivre. Tout simplement. De toujours vivre, toujours apprendre et apprendre aux autres ce que j'ai pu savoir. | |
Physique Ce qui se remarque en premier chez Sakari, ce n’est ni sa carrure ni même son pelage, mais son regard qui brille d’une présence d’esprit incroyable, d’une curiosité insatiable. Mais pas seulement. Non, pas seulement. Cette féline présente deux billes différentes, deux billes déconcertantes. Lorsqu’on regarde le droit, on pourrait avoir le sentiment d’observer un soleil ou encore d’y voir un feu ardent danser dans sa prunelle. En effet, l’iris droit de Sakari est d’une couleur dorée, d’une couleur d’ambre orangée, selon les éclairages et les moments de la journée. Quoi qu’il en soit, ce n’est jamais une couleur qui se retrouve à être terne, absolument pas. Parce qu’elle est éclatante, imposante. Dans un même mouvement, l’iris de son oeil gauche, lui, est de la couleur de la glace ou encore la couleur d’un ciel clair lorsque la chaleur est présente, lorsque ce n’est pas le temps des migrations. Un bleu qui surprend, qui n’est pas attendu dans un regard si doux. Son oeil gauche est terriblement froid et détonne avec la couleur chaude de son oeil droit ainsi qu’avec les traits doux et bienveillants de son visage comme détonne le nuage blanc dans un ciel entièrement gris sombre. Lorsqu’on frôle Sakari, c’est là qu’on prête attention à son pelage et qu’on ne peut rien faire d’autre que de réaliser la douceur des poils de cette femelle. Son pelage est d’une douceur infinie qu’on attend pas de la part d’un chat qui vit en extérieur. Sans savoir pourquoi ni même comment, son pelage a gardé la texture du duvet du chaton, cette douceur incomparable et agréable qui donne envie de toujours la toucher et de la garder contre soi à chaque instant, jamais s’en séparer. C’est une douceur apaisante. Sans surprise, son petit museau d’un rose très pâle est tout aussi doux, de même que ses coussinets qui, eux, de façon surprenante, se retrouvent à être d’un blanc tout aussi pur que la neige qui tombe quand la température est aussi froide et glaciale que son oeil gauche. Puisque l’on parle de son pelage, continuons sur cette lancée. Il va sans dire que pendant les chutes de neige, Sakari passe totalement inaperçue. Elle devient un détail du paysage, du décor sans qu’on ne puisse la reconnaître, la remarquer - parce que même son museau blanchit lorsqu’elle se retrouve à avoir froid. Vous l’avez parfaitement compris, Sakari porte une robe de la couleur des nuages lors d’un beau ciel clair qui n’annonce pas la moindre tempête, la couleur de la neige qui tombe quand la température chute. Une couleur entièrement unie sans la moindre tâche impure pour gâcher le tableau. Sans doute parce que la douce féline est pure et que son coeur n’a pas été ternis par la vie. Un autre point que l’on peut remarquer chez elle, outre la douceur de ses traits, c’est son côté délicat. Sa silhouette est gracile et fine, svelte. Elle est d’une beauté à couper le souffle dans une simplicité déconcertante, lorsqu’on exclut son regard. Sakari a un physique parfaitement fragile et comme elle n’a pas suivi les entraînements des Clans, elle n’a pas la même masse musculaire qu’aurait une guerrière. Elle a davantage le profil d’une guérisseuse ou d’une messagère que d’une chasseuse aguerrie qui se lance dans la bataille. C’est sûrement un détail qui construit son charme. De ce fait, on peut facilement en conclure qu’elle ne peut absolument pas mettre en avant sa force parce qu’elle se ferait battre tellement rapidement. En revanche, on peut croire que du sang du Clan du Vent coule dans ses veines lorsqu’on remarque sa vitesse incroyable. Elle pourrait échapper à n’importe qui. Il va sans dire que tous ses sens sont dans la norme, elle n’est pas meilleure que d’autre, mais pas moins bien non plus. Ce qui lui va à merveille, par ailleurs. En outre, elle est légèrement plus petite que la moyenne sans que ce ne soit criant non plus. | Caractère Curieuse - Attentionnée - Imprudente - Sensible - Trop gentille - Généreuse - Maniaque - Attachée aux détails - Passionnée - Loyale - Ne supporte pas la méchanceté - Appliquée - Angoissée - Jalouse - Fidèle - Attentive - Compréhensive - Prend du temps à prendre des décisions - Incapable de laisser le passer là où il est - Tendance à être dépassée par ses émotions - Douce - Rancunière - La curiosité est un trait de caractère impossible à manquer chez Sakari. Elle veut tout savoir, tout comprendre et peut même finir par la même occasion par se montrer indiscrète. Ce n'est pas désiré, si elle le fait, c'est seulement qu'elle adore apprendre de nouvelle chose, connaître ce qu'elle ne connaissait pas et que les questions s'imposent dans son esprit sans qu'elle ne puisse s'empêcher de les poser. Elle ne désire, au final, absolument pas mal faire ou blesser. Elle est bien trop gentille pour le vouloir. En effet, Sakari est sûrement l'une de ces félines qui veut trop bien faire, et qui non seulement en devient totalement manique et perfectionniste, mais aussi se retrouve à se montrer bien trop gentille envers les autres, même lorsqu'il ne le faudrait pas. Ça se remarque aussi quand on la voit donner sa proie à un chat dans le besoin ou donner de son temps, piétiner sur ses heures de sommeil, pour aider, pour apaiser un autre. Sa générosité n'a pas de limite. Même lorsque quelqu'un la blesse - sans qu'elle ne lui pardonne, parce qu'elle peut en vouloir très longtemps - elle aurait tendance à donner à cette personne. Parce qu'elle ne peut pas s'empêcher d'être gentille et généreuse. Sa curiosité, en plus, la pousse à se montrer cruellement imprudente. Sakari est aussi d'une sensibilité extrême. Une remarque négative peut lui faire monter les larmes aux yeux et elle aurait tendance à vouloir s'isoler ou totalement figer. N'importe quel détail peut la toucher plus qu'il ne le faudrait sans pour autant qu'elle ne puisse expliquer pourquoi elle réagit ainsi. C'est le cas, et c'est tout ce qu'elle peut dire. Cette féline au coeur d'or est attachée aux détails de son histoire et ne peut pas laisser le passé en arrière d'elle. Elle se replonge toujours avec un regard mélancolique dans des histoires d'antan comme si elles remontaient à hier seulement. Elle peut ainsi refuser de faire quelque chose parce que ça contredit un détail de son passé. Aussi, Sakari est d'un tempérament jalouse. Elle a de la difficulté à accepter que ceux à qui elle tient puissent aimer d'autres personnes sans pour autant l'oublier et la mettre de côté. Elle a toujours peur de ne pas compter, de ne pas être aussi importante pour eux qu'ils le sont pour elle. Néanmoins, douce comme elle est, elle prend sur elle et ne manifeste pas sa jalousie, la contenant en elle. Parfois, cela la pousse à pleurer sans raison ou à s'isoler sans explications parce qu'elle ne sait plus comment gérer les émotions qui la prennent de toute part et qu'elle ne veut absolument pas blesser les autres. Attentionnée, elle fera toujours son possible pour s'assurer que ceux qu'elle aime soient parfaitement bien et elle cherchera toujours à les faire sourire, à les savoir heureux. Affectueuse, elle ne rechigne pas à démonter son amour par des caresses et des ronronnements. En outre, lorsqu'elle s'attache, Sakari est entièrement dévouée et elle est d'une fidélité et loyauté à toutes épreuves. Elle ne trahit jamais quelqu'un qui a confiance en elle. C'est quelque chose de très important pour elle. On peut aussi dire d'elle qu'elle est passionnée puisqu'elle se met à fond dans ses relations, qu'elle n'abandonne pas lorsqu'elle fait quelque chose. Peu importe l'événement, elle y met tout son coeur à la tâche. Sakari est également appliquée, elle prend son temps pour bien faire et elle réessaie à chaque fois qu'elle échoue. Attentive et compréhensive, c'est une féline parfaite à aller voir si jamais votre coeur devient bien trop lourd de secrets. Elle ne dirait jamais rien à personne. Néanmoins, elle est assez impatiente par moment, ce qui peut la rendre parfois imprévisible. On ne peut pas savoir quand elle sera patiente et quand elle ne le sera pas. De plus, Sakari est incapable de prendre des décisions importantes rapidement. Elle doit peser le pour et le contre pendant des jours et des jours avant de pouvoir prendre une décision, et parfois même plus longtemps encore. Elle ne réagit pas très bien face à la pression et le manque de temps. Sakari en devient parfaitement angoissée et stressée et elle a tendance à stresser tous les autres autour d'elle. |
Histoire
Onacona m'a raconté mon histoire.
Onacona, c'est mon père, ou plutôt mon maître, selon les autres chats que j’ai pu croiser, mais pour moi, Onacona, ce n’est rien de plus que mon père.
Onacona a toujours été là, dans cette réserve, tribu amérindienne. Laquelle ? Est-ce important ? Il connaît divers langages, et les amérindiens savent communiquer avec nous,
les animaux.
Onacona me comprend, et je comprends l’Hibou blanc. Tous deux, nous nous comprenons et nous pouvons parler.
Onacona aurait dû avoir un loup au départ, mais celui-ci n'a pas survécu. Enterré. Deuil. Il a vécu le deuil. Il a pleuré son ami.
Onacona m'a alors trouvé, quelques mois plus tard, qu'il me dit, par le bon vouloir des esprits qui lui ont pardonné son méfait. Apparemment, Onacona avait mal chassé, une fois, il n'avait pas remercié l'esprit du cerf, et celui-ci s'est vengé. C'est comme ça, dans les tribus amérindiennes, les esprits, tu dois les respecter. Et si tu échoues à cette tâche, tu dois bien t'apprêter à recevoir la foudre du mauvais œil. Ce n'est vraiment pas évident. Il faut respecter la terre, tout ce qui peut sembler non-vivant, mais qui possède un esprit. Même les roches. Et chaque fois qu’on tue, on doit remercier l’esprit de l’animal tué. L'Hibou blanc m'a tout raconté.
Alors quand je chasse,
je remercie l’esprit de la souris de bien vouloir m’accorder sa chair pour que je puisse à mon tour survivre dans ce monde.
Onacona, c'est un aîné. C'était sa dernière chasse, quand il n'a pas respecté le cerf. Il est vieux, il est respecté, sa parole veut l'or, c'est comme ça dans les tribus amérindiennes, les nomades, les aînés sont le respect. On doit les écouter, ils connaissent la vie et la mort. Ils connaissent les esprits. Et dans cette tribu, comme dans toutes les autres, les aînés forment les plus jeunes. C'est toujours ainsi. Les tribus amérindiennes ont un fonctionnement très agréable à vivre, ce sont les plus gentils. Ceux qui ne chassent pas les animaux de leur terrain, où nous sommes les bienvenus.
Ainsi, Onacona m'a trouvé, sans mère, errante. Paraît que j'avais trois lunes. Que le sevrage n’était même pas terminé. Je ne m'en souviens pas. J'étais déshydratée. Je pense que je me suis perdue, c'est assez flou. Ma mémoire est floue, je ne pourrais même pas dire qui étaient ma mère, si c’était voulu que je ne sois plus à ses côtés ou si ce n’était pas du tout quelque chose de volontaire. Il m'a retrouvée alors que j'étais roulée en boule, sur le sol mouillé de la dernière pluie. J'étais frêle, j'étais délicate et bien trop fragile et pourtant, mon pelage demeurait doux. Onacona m'a dit que mon nom venait de la douceur de mon pelage : Sakari. Cela veut dire doux. Mon pelage est resté doux, après tout ce temps.
Onacona m'a sauvé. C'est le moins que je puisse dire. Il m'a prise en charge, me réchauffant dans la tente, parce qu'il s'était installé là, sa tribu aussi, ce n'était pas le temps des migrations, le gibier était suffisamment présent pour eux. Il m'a nourri, s'assurant que je boive, il s'est assuré que je reprenne vie. Il ne voulait pas me laisser mourir, il ne voulait pas que mon souffle s’éteigne comme celui du loup qu’il avait eu auparavant et il voyait en moi le signe que l’esprit lui pardonnait cet affront et qu’il s’était repenti dans son chagrin, même si l’Hibou blanc ne pouvait pas effacer la douleur de la perte qu’il avait dû affronter. Alors il m’a nourri. Il m’a donné du lait dans ce qu’il nomme un tout petit biberon parce que c’était visible que le sevrage n’était pas terminé, que j’avais encore besoin de lait. Il a fait comme il a pu en espérant que ce soit suffisant. Et ce l’était. Heureusement pour lui. Je pense que son esprit n’aurait pas supporté de perdre un autre animal, parce qu’il nous adore, comme toute la tribu.
Après deux jours, j’ai enfin ouvert les yeux. Je me souviens de ce moment, c’est à partir de là que ma mémoire n’est plus brouillée, et je peux dire, je peux raconter sans citer Onacona, même si j’adore le citer parce qu’il raconte parfaitement bien les histoires. C’est comme ça. Il est un aîné alors je suppose que c’est logique que sa voix porte à merveille le rôle de conter. Mais je peux prendre la relève, parce que je ne veux pas rester dans l’ombre de quelqu’un. Onacona dit que la gentillesse ne doit pas pousser à accepter d’être effacée. Il m’a dit que je ne devais pas accepter d’être écrasée, que je devais prendre ma place, que je devais exister, de ne pas me laisser enterrer. Alors ici, maintenant, j’existe et je m’affirme, je prends le relais et je conte de ma propre personne, je ne relate plus, j’annonce et j’explique. Je prends ma place. Onacona sera fier de moi parce que je prends ma place et je ne veux plus jamais la laisser. Parce que j’existe et que je me dois d’exister. Parce qu’il m’a sauvé et que pour cela, je ne peux pas accepter qu’on efface mon nom de la terre.
Je suis là et je regarde Onacona.
Ma vie dans la Tribu se passe parfaitement bien. Je me suis réveillée. J’ai ouvert les yeux. Je ne savais pas où je me trouvais et je dois admettre avoir paniqué. Des Deux-Pattes. Quelque chose en moi me criait de fuir, quelque chose en moi hurlait au danger et puis mon regard s’est planté dans celui d’Onacona et j’y ai vu.
J’y ai vu toute la douceur que l’on peut imaginer dans un regard. J’y ai vu tout l’amour que je n’aurais jamais pensé pouvoir rencontrer un jour, j’y ai vu toute la tendresse à mon égard qui m’a rappelé cette mère dont je n’ai pas le moindre souvenir et j’ai compris qu’ici, la peur n’avait pas la moindre raison d’être parce que j’y étais une membre, j’étais de la famille, j’étais sa fille. Peu importe que l’Hibou blanc ne soit pas un chat, peu importe que je ne sois pas de son espèce, il avait fait de moi sa fille et je l’ai compris dans son regard avenant et bienveillant. J’ai vu tellement de soulagement aussi dans ses pupilles que je n’ai pas pu faire autrement que de me sentir touchée. Il était soulagé et heureux de me voir ouvrir les yeux. Il était soulagé et heureux de me voir vivre. Je me suis levée et je me suis étirée, je m’en souviens. Et la première chose que j’ai fait a été de me coller contre lui et de ronronner parce que je voulais tant le rassurer et que son expression douce perdure éternellement. Je me sentais en sécurité avec lui.
Avec les autres.
Je me souviens que j’ai vu un bol de lait ensuite et des lambeaux de chair qui me donnaient envie, qui me faisaient saliver et je me suis dépêchée d’y arriver, aux bols. J’ai lapé le lait et j’ai pris un lambeau de chair que j’ai pu reconnaître comme étant de la souris - je n’en avais pas la moindre idée de comment, sûrement que pendant mes trois premières lunes, ma mère en avait mangé, j’imagine bien. Je me suis ainsi rassasiée et je me suis retournée pour regarder le sourire d’Onacona qui ne faisait que ça, sourire. Onacona me regardait. Je le regardais. Je pense qu’on est resté longtemps ainsi, à seulement nous regarder, sans faire le moindre mouvement et pourtant en comprenant tous les sentiments de l’un et de l’autre. Je savais déjà qu’ensemble, nous serions le monde et que le monde serait rien face à nous. Tout allait bien, et le bonheur s’infiltrait dans mon coeur, dans ma poitrine. Bien sûr, j’avais un peu peur. Un peu peur de l’avenir qui s’étendait devant moi, devant mes yeux, à mon si jeune âge. J’avais drôlement peur de ne pas être à la hauteur et de ne pas réussir, drôlement peur aussi que l’absence de chats autour de moi m’empêche de vivre réellement.
Onacona chassait mes peurs par son simple sourire.
Onacona était apaisant, ma berceuse pour m’endormir.
Onacona était le nuage blanc d’un ciel cherchant à s’assombrir.
Le soir tombant, je me suis dirigée vers Onacona, me mouvant avec ce qu’il dirait “gracieuseté” et j’ai ronronné jusqu’à créer une mélodie pour chanter ma joie d’être avec lui. Délicatement, il m’a prise dans ses bras et il s’est mis à me bercer de sa voix grave et sourde. Je n’ai rien compris des mots qu’il employait, mais j’en comprenais les sens.
Les autres soirs, tout était exactement pareil et au fur et à mesure, j’ai fini par comprendre. Le comprendre, comprendre le dialecte de sa tribu, et chaque mot était quelque chose que je savais assimiler le sens. Alors maintenant, nous discutions tout simplement à notre façon. Il comprenait, quand je répondais, parce que les Amérindiens savent comprendre le langage corporel des animaux et en décoder les désirs, les demandes.
Onacona et la Tribu étaient ma maison.
Je me souviens de ma première sortie. Une lune plus tard. J’étais encore parfaitement craintive et je ne savais pas où j’allais, ce que je faisais. J’avais vu le regard rassurant de l’Hibou blanc, et j’ai eu la force de ne pas abandonner. Nous étions quelque part, dans une clairière et puis, j’ai dépassé cette limite sans pour autant perdre mon chemin. J’ai suivi les odeurs fortes qui m’attiraient jusqu’à tomber sur un autre chat. Il était beau. Il était gentil. Son pelage n’était pas doux, lui. Tiraky. C’était son nom. Il était un solitaire qui allait où il le désirait. Je le regardais, et je le détaillais. Il semblait si sûr de lui et pourtant tellement jeune en même temps. Il m’avait dit avoir une quinzaine de lunes et venir de lui. Cerfblanc. Il m’avait dit venir de cette Forêt au nom curieux qui attirait ma curiosité, lui aussi. Alors je lui ai posé des questions. Qui n’est pas curieux après tout ? J’ai toujours voulu tout apprendre ce que je pouvais apprendre.
Tiraky se considérait comme conteur.
Tiraky était particulier, mais gentil.
Alors Tiraky a conté comme Onacona pouvait le faire.
Il m’a parlé des Clans, me disant que ceux-ci étaient quatre, séparés en territoires bien différents. Il m’a dit que le Clan de la Rivière était celui qui pêchait, qui aimait l’eau et qu’il partageait un frontière commune avec le Clan du Vent et celui du Tonnerre. Le Clan du Tonnerre occupait un territoire boisé et les Rochers du Soleil étaient disputé entre Rivière et Tonnerre. Il m’a parlé du Clan du Vent qui était sur la lande et du Clan de l’Ombre qui occupait les marécages, la partie la plus sombre. Le Chemin du Tonnerre était une frontière entre l’Ombre et le Tonnerre et l’Ombre et le Vent. Pour passer de Tonnerre à Vent, il fallait aller par les Quatre-Chênes. Il m’a aussi dit que les noms étaient particuliers et que la hiérarchie était stricte. Chaton, apprenti, guerrier, lieutenant et meneur ou chef. Guérisseur, aussi. J’ai trouvé ça intéressant, mais je devais admettre que les noms, je n’aimais pas trop le principe. Enfin… c’était joli, mais je n’aimerais pas ça. C’est toujours le cas, par ailleurs. Malgré… lui. Mais j’en reparlerais. Il m’a parlé des rivalités entre les Clans. Il m’a aussi dit que plus loin, bien plus loin, si on allait après les terres du Clan de l’Ombre, on tombait sur d’autres groupes qui se nommaient, eux, les Troupes. Que la hiérarchie différait. Chaton, novice, chasseur, flambeau, meneur. Guérisseur et botaniste. J’aimais bien, ça aussi. J’étais impressionnée par la mémoire de ce solitaire. Tiraky était un solitaire de naissance, sa mère l’a sevré et lui a appris à se débrouiller seul avec de le laisser partir sur les routes, parce que de mère en fille et de père en fils, de génération en génération, ils étaient des vagabonds, ils apprenaient et contaient, racontaient. Ils vivaient en nomade, un peu comme les Amérindiens. Il est resté deux lunes auprès de moi pour que j’apprenne à sociabiliser. Pour que je sache comment faire et que je ne sois pas prise au dépourvu si jamais je rencontrais d’autres chats, que je sache les petites mimiques, que je comprenne mon espèce. Parce que ça s’oubliait, sinon.
Onacona, chaque matin, me regardait partir avec un petit sourire.
Onacona, chaque soir, me parlait et me serrait contre lui.
Onacona, à chaque fois, me donnait de la nourriture et de l’eau. Parfois du lait.
Onacona, pourtant, savait que Tiraky m’avait montré comment chasser et me battre, me défendre. Il continuait tout de même à me nourrir à chaque matin, geste d’affection que j’adorais.
L’Hibou blanc et sa tribu ont dû bouger parce que le gibier était en migration, parce que la neige allait tomber. Onacona m’a regardée et j’ai fait de même, avec des yeux implorants, avec la peur au coeur, avec la mort à l’âme parce que je pensais que je ne pourrais pas venir. Il a hoché la tête et m’a offert le ciel, la galaxie, en même temps sans le moindre mot. Il s’est accroupi devant moi, il m’a flattée et il m’a mis sur son épaule, dans son cou. J’étais comme roulée en boule, sans vraiment l’être, dans son cou, pour ne pas tomber. Je suis restée avec eux, ma famille. L’Hibou blanc et moi, c’était pour toujours. J’avais six lunes à ce jour. Nous nous sommes rendus dans des montagnes, le gibier y était. J’ai aimé courir dans les montagnes, j’ai rencontré des petits groupes de chats, j’ai rencontré des prédateurs et j’ai appris que la vie avait un danger exaltant. J’ai remarqué aussi que les Tribus Amérindiennes ne parlaient pas la même langue, je ne comprenais que ma famille, pas ceux qu’elle pouvait croiser. Ça ne me dérangeait pas. Pourquoi ça m’aurait dérangé ? On a marché longuement, on ne restait pas longtemps au même endroit. C’est comme ça, dans ma famille, on se déplace quand le gibier fait de même et je dois admettre que dans les montagnes, j’ai bien aimé que l’Hibou blanc prenne le temps de toujours m’offrir des morceaux de viande. Certains matins, je n’en avais pas, mais je comprenais.
Onacona, chaque soir, était toujours là pour me serrer dans ses bras.
Onacona, chaque matin, caressait mon pelage qu’il décrivait de doux.
Un beau matin, je tombai sur une autre féline, son pelage était de la couleur de la nuit, contrastant avec ma robe de la neige. Les montagnes n’étaient pas enneigées, maintenant, nous étions descendus dans des montagnes vertes. Son regard était de glace. Et son coeur aussi. Je me suis précipitée pour faire sa connaissance et elle s’est montrée d’une méchanceté qui m’a ébranlée et je me suis mise à pleurer parce que je ne m’y attendais pas, pas du tout. Je me souviens qu’elle m’a insultée et qu’elle est partie et je suis restée là jusqu’à ce que je sente les bras de l’Hibou blanc qui me soulevaient et me serraient contre lui. Il ressentait mon désarroi et m’apportait son soutient et je n’ai rien pu faire d’autre que d’exprimer ma gratitude en ronronnant. Onacona était toujours présent pour m’aider. Et chaque fois que je m’éloignais, je lui lançais un regard. C’était un accord tactique. Je partais et revenais. Et si je ne revenais pas, il devenait venir me chercher parce que je voulais toujours le retrouver. Il le savait. Je le savais. Mon père était essentiel à ma vie.
La chaleur approchait et ça se sentait, ça se voyait. Onacona avait un sourire encore plus chaleureux et j’ai rapidement compris que c’était son temps préféré, quand la Tribu pouvait ne pas bouger. Onacona se faisait vieux. Les trajets devenaient de plus en plus éprouvants et épuisants et quand on se trouvait dans la montagne, il commençait doucement à avoir de la difficulté à suivre, mais il suivait, il en était capable. Il était fort. C’était un battant, un combattant qui traversait la vie et les épreuves dans un mental d’acier. Je lui faisais confiance pour survivre parce que j’avais besoin de lui, je ne pouvais pas supporter l’idée de le perdre et cette émotion douceâtre s’était doucement infiltrée dans mon coeur quand je le voyais s’arrêter, le souffle court, après une toute petite pente à gravir. L’effroi de devoir un jour affronter son départ dans le monde des esprits me terrassait et dérangeait mes nuits. Parfois, je me réveillais en sursaut, avec le coeur qui me donnait ce cruel sentiment de vouloir sortir de ma poitrine, ce coeur qui se débattait et parvenait au final à me faire physiquement mal et je me blotissais contre Onacona qui ouvrait un oeil endormi et me serrait contre lui.
J’ai toujours dormi aux côtés d’Onacona, jamais ailleurs que dans son lit. Il n’a, d’ailleurs, jamais tenté de me faire dormir ailleurs, il semblait même être agréablement surpris de me voir rester à chaque fois dans son lit, sans jamais tenter d’aller m’installer ailleurs. Je ne bougeais pas beaucoup la nuit, sinon Onacona me l’aurait fait comprendre et lui aussi ne bougeait pas beaucoup autrement je me serais réveillée parce que je ne dormais toujours que d’une oreille au cas où un danger se présenterait et que je devrais réveiller ma famille. Je ne pouvais pas prendre le risque de ne pas me réveiller si un détail devait annoncer que quelque chose n’allait pas. Alors, oui, je dormais dans les bras d’Onacona même pendant les déplacements. Nous avions besoin l’un de l’autre.
Lorsque la chaleur commençait tout doucement à s’installer et que la neige donnait l’impression de vouloir fondre, nous arrivions aux abords d’une magnifique et grande forêt. Nous étions installés assez loin pour ne pas déranger la nature, mais suffisamment proche pour que je puisse m’y rendre sans prendre une lune entière. Je savais bien que parfois, ça pourrait prendre un peu plus qu’une journée et l’Hibou blanc y était préparé en voyant mon regard scruter la forêt. Il m’avait appris à laisser ma curiosité me mener, parce qu’il fallait toujours que j’apprenne, il ne fallait pas que je ne m’en empêche. Il me l’avait appris et je ne comptais pas m’empêcher d’explorer par peur. Absolument pas. C’était tout simplement hors de question. À ce moment, quand nous sommes arrivés là, j’avais dix lunes et le gibier arrêtait de bouger parce que dans un environ de six lunes, la chaleur serait définitivement présente. Nous serions là où les feuilles brillent par leur vert étincelant.
Un matin, j’ai décidé de m’élancer. Je voulais connaître et comprendre le territoire dans lequel nous venions de nous installer pour un bon moment, je le savais alors je me suis lancée là sans la moindre hésitation. L’odeur des chats se faisait de plus en plus fort au fur et à mesure que j’approchais et j’avais compris que je faisais face à un regroupement de chats que Tiraky avait mentionné quand on s’était vu, dans ses histoires. Mais je ne pouvais pas savoir lequel. À un moment donné, une masse sombre me tomba dessus et je répliquai aussitôt dans une tentative de défense qui surprit mon adversaire. Je savais bien que je ne lui avais pas fait mal, mais je l’avais surpris et c’était bien suffisant pour que je puisse me relever. Je faisais face à un chat plus âgé que moi et beaucoup plus musclé, ça se voyait. Il m’expliqua calmement en remarquant que je n’étais pas du tout une menace que je me trouvais sur le territoire du Clan du Tonnerre - ah le territoire des Clans ! - et que je n’avais pas le droit d’y rester. Il m’escorta jusqu’à la frontière en me disant d’être plus vigilante, que tous n’étaient pas si gentils et que le Clan de l’Ombre m’aurait taillé en pièces. Je frémis. Je n’avais pas envie de mourir.
J’avais jugé avoir passé suffisamment de temps dans la Forêt, alors je traversais des territoires dits libres pour retourner jusqu’à ma famille quand j’aperçus un bâtiment qui m’intriguait. Un appartement sombre, délabré, quelque chose d’impressionnant et effrayant, mais j’avais l’impression que quelque chose m’y attirait. Je secouais la tête. Et je me décidais de rentrer, de rentrer chez moi et d’oublier cet endroit. Alors je retournais près d’Onacona. Parce que j’étais certaine que c’était la meilleure chose à faire. Sauf que ce lieu ne quitta pas mon esprit.
Je pris cinq lunes avant d’oser enfin m’y aventurer. Un endroit lugubre qui donnait froid dans le dos. Je pris quelques jours ensuite avant de sentir l’odeur de deux chats et de m’approcher d’un grand rectangle, d’une porte, en bois peut-être, qui semblait totalement impossible à ouvrir. J’ai miaulé et j’ai entendu une réponse de la part d’un mâle. J’ai essayé de trouver un moyen pour m’infiltrer, mais en vain. Je ne savais pas comment faire pour le sauver, alors j’ai fait ce que je pouvais faire : je lui ai tenu compagnie. Je suis revenue jour après jour pour lui parler et c’est comme ça que j’ai appris que c’était un chat du Clan de la Rivière et qu’il y avait un autre chat avec lui, une toute petite chatte. J’aurais tant voulu pouvoir les sortir de là. Je me suis faite ici un ami, mais je ne peux même pas savoir à quoi il ressemble, je n’ai entendu que sa voix. Et sa détresse. Mais c’est mon ami malgré tout. J’espère qu’il me considère comme un ami, lui aussi. Nuage du Caïman. Même si je ne m’imaginais jamais pouvoir porter un tel nom, je dois admettre qu’à lui, ça lui va bien.
Onacona me regarde. Je viens de rentrer d’une visite.
Onacona comprend ma détresse. Je voudrais les sauver.
Derrière l'écran Comment as-tu découvert le forum ? PAR MON LULU As-tu déjà Rp ou est-ce ta première fois ? Vous pensez quoi e.e que je suis une débutante e.e nan mais e.e faut pas rigoler non plus e.e As-tu un PUF, un surnom ? Il paraît que je suis une Luny, espèce en voie de disparition ! Oh wait, j'en suis le seul spécimen Code du règlement : MERDE ILS ONT BRÛLÉ. |
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Lune Ambrée
Sam 11 Fév 2017 - 9:47
Reeeee Luny
Elle est déjà superbe ta présentation, mais faut faire gaffe à la longueur xD
Bref, elle est déjà géniale, j'espère que tu t'y amuseras
Elle est déjà superbe ta présentation, mais faut faire gaffe à la longueur xD
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Guerrier expérimenté
Puf/Surnom : Krys le champi
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Krys
Jeu 30 Mar 2017 - 19:22
J'adoooore ton personnage je sais pas pourquoi :D
Vieille branche
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Cœur de Pierre
Ven 2 Juin 2017 - 17:25
Je te la mets en pause le temps que tu reprennes ton bordel
Invité
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Jeu 27 Juil 2017 - 19:04
Présentation remise en cours. ~
Guerrier expérimenté
Puf/Surnom : Equi, Cica et Chou pour ma Chou
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Cicatrice de Ronce
Ven 28 Juil 2017 - 6:12
Validatioooooooooooooooooooooooon
Invité
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Ven 28 Juil 2017 - 10:00
Re bienvenue ! Pareil, j'aime ce personnage
Jeune aventurier
Puf/Surnom : Moony/Midnight/Dés
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Rage du Démon
Ven 28 Juil 2017 - 11:42
Re bienvenue !
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