On n'échappe pas toujours aux maux de ce monde ~ ft Syrah

On n'échappe pas toujours aux maux de ce monde

Elle se réveilla d’un coup, violemment, et une quinte de toux lui déchira la poitrine. Elle se redressa légèrement en ouvrant les yeux, se levant à demi en s’appuyant sur ses pattes avant. De la lumière perçait à travers les branchages de la tanière et Ningún crut y voir le jour. Elle se leva pour de bon, même pas hésitante, prête à affronter une nouvelle journée, malgré son corps qui lui semblait douloureux. Elle crapahuta jusqu’à l’entrée, mais s’arrêta en découvrant un ciel noir piqueté d’étoiles. Contrairement à ce qu’elle croyait, on était encore au beau milieu de la nuit, et la lueur qu’elle avait attribuée au soleil n’était que celle des astres nocturnes. Ningún soupira doucement et fit demi-tour. Elle se roula à nouveau en boule sur sa couche, mais le sommeil ne revint pas. À chaque seconde, elle s’éveillait plus encore et prenait conscience des félins autour d’elle, de leurs respirations, de leurs mouvements, de leur chaleur, de leur présence, simplement. Elle entendait tout ce que ses yeux à demi aveuglés par l’obscurité ne pouvaient percevoir. Elle aurait même pu compter ses camarades. Elle tousse encore, et continua d’attendre. Attendre que le sommeil lui revienne et qu’elle se rendorme tout comme eux.

L’aube finit par poindre, et cela peu de temps après que Ningún ait réussi à refermer les yeux. Celle-ci eut la chance de ne pas faire partie des premiers déboutés, mais de se réveiller plutôt après que le ballet matinal des Chasseurs se soit éteint. Il ne restait plus que quelques autres chats lorsque ses paupières se relevèrent à nouveau. Elle se mit sur ses pattes, et la douleur lui vrilla le front aussi vite que la toux secoua son tremblant. Un grognement sortit de nulle part, peu aimable et inconnu.

« Reste pas là sinon on va tous être malade. »

Ningún ignorait complètement l’identité du propriétaire de cette voix, mais elle suivit son conseil. Elle sortit à l’air libre, toussa encore et se dirigea vers la Tanière des Guérisseurs. Heureusement qu’elle ne devait pas entraîner de Novices aujourd’hui, au moins elle ne pénaliserait pas la Troupe. C’était le principal, non ? Elle, elle n’avait aucune importance. Qu’elle aille mal ne changeait rien. La priorité, c’était la Troupe. Et juste la Troupe.

Ningún entra et fut aussitôt enveloppée par un mélange d’odeurs de plantes et de maladie. Le parfum habituel de l’endroit, en somme. Une guérisseuse s’affairait déjà et Ningún n’eut même pas besoin de s’annoncer, parce qu’elle toussa à nouveau et dérangea Syrah dans son travail. Elle s’approcha, un peu gênée, comme si elle ne devait pas être là et prenait trop de place. Pourtant, sa présence était tout à fait légitime au vu de son état. De toute manière, quel guérisseur serait assez indigne pour se plaindre d’être dérangé par un malade ?

« Bonjour Syrah *kof kof* je… je crois que je vais avoir besoin de ton aide… »

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On n'échappe pas toujours aux maux de ce monde

Syrah tourna autour de la Chasseresse grise, en guérisseuse experte, reniflant l'air pour connaître le degré de la maladie. Ningún ne bougeait pas, restant immobile, patiente. Elle attendait tranquillement que Syrah termine de l'examiner. Elle pouvait prendre tout son temps, cela ne la dérangeait pas. Même si son corps était parcouru de légers frissons par moment.
Mais cela ne dura pas bien longtemps. Rapidement, la guérisseuse se fit une idée globale de l'état de la malade, et commença aussitôt par une question d'usage :
« Depuis quand tousses-tu ? »

Ningún réfléchit. Elle ne savait pas trop, exactement, quand ses poumons avaient commencé à se manifester si violemment. Était-ce hier, soir, ou même ce matin ? Ou était-ce un peu plus vieux ? Son esprit était un peu embrumé, fatigué, douloureux, et les pensées ne semblaient pas arriver comme d'habitude. Elles étaient plus lentes, plus floues, et plus hésitantes encore qu'à l'accoutumée. Mais Ningún finit par se souvenir, difficilement certes, mais elle y arriva. Elle toussa encore, parce que sinon ce n'était pas drôle, et s'exprima avec une voix rauque.

« Avant-hier, je crois. »

Elle commençait à se sentir vraiment mal, la pauvre Ningún. Elle aurait aimé retourner se coucher en boule sur sa couche, bien au chaud. Mais elle n'osait pas le dire. Elle attendait le verdict sans bouger, silencieuse, sauf lorsqu'elle ne pouvait réprimer de nouveaux toussotements. Elle espérait surtout que ce n'était pas trop grave, parce qu'elle ne voulait pas contaminer ses camarades, ni priver la Troupe d'une Chasseuse. Même s'il fallait bien avouer qu'elle n'était pas la plus utile,  il faisait toujours remarquablement froid et toutes les pattes étaient appréciées pour trouver de la nourriture. Ningún ne voulait pas devenir un poids mort. Elle s'en voudrait beaucoup trop.

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