Si tu savais... Mais personne ne me croirait de toute façon |ft Krys

Je me réveille dans ma tanière en sursaut, en sueur. Ma respiration est rapide et je tente de la calmer, en vain. Hato et sa compagne sont juste à côté. Je ne vais pas les réveiller avec ma panique, non plus. Je me lève sors prendre l'air. Le souffle frais de la nuit me fait fermer les yeux et frissonner de plaisir. C'est bientôt l'aube.

Je repense à mon cauchemar. J'ai horreur de ce genre de cauchemar. Quand les souvenirs se mélangent... Ceux d'Elyon d'un côté, et les miens, de l'autre. Ne pas l'oublier, je ne suis pas dans mon corps. Je suis dans le corps d'Elyon. Moi, je suis Elbion chassant le Mal. Ancien flambeau de la Troupe Inondée. Mort presque au même moment qu'Elyon. Moi, par des Escogriffes, lui par un renard. Enchaîner la vision des deux, et ressentir toute la douleur, la souffrance, le sang qui se vide, par deux fois... Je secoue la tête. Non, je ne dois plus y penser.

Une ancienne douleur se réveille. Elle ne veut pas que j'oublie, elle non plus. Les cicatrices que le renard a laissé. Le froid et l'humidité ne doivent pas aider. Je me suis remis lentement de la blessure, mais cela fait un moment que je ne suis pas allé voir les guérisseurs. Je dois encore vérifier que tout va bien, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de traces, ou au moins, jusqu'à ce que je ne sente plus rien. Ce qui n'est pas encore le cas.

Je me lève et regarde autour de moi. Tout est silencieux. Tout le monde dort. Je ne voudrais pas déranger... J'irai demain matin, pour ne pas les réveiller. Je fais demi-tour et m'apprête à entrer, mais la douleur de la blessure devient plus présente, comme une brûlure. J'ai dû ne pas faire attention hier. Des fois, j'oublie mes blessures. J'ai peut-être réouvert ou endommagé quelque chose. Je grimace. Bon, je vais voir si l'un d'eux est réveillé, et si ce n'est pas le cas, je repars.

Tour sur moi-même pour m'orienter vers leur repaire. Une magnifique séquoia, qui garde ses épines mauvaise saison, comme bonne. J'adore l'odeur qu'il dégage. Cela m'apaise. Sûrement parce que je me concentrais sur cette odeur lorsque je paniquais. J'ai eu quelques difficultés à m'habituer au changement au début. Mais bizarrement, personne n'a relevé. Peut-être n'ont-ils pas remarqué. En tout cas, désormais, cette odeur ne fait que me calmer, lorsque je la sens. C'est donc bien plus calme et détendu que lors de mon réveil que j'entre sans bruit dans la tanière, en restant près de l'entrée, pour ne pas déranger, et pour m'habituer à la faible luminosité.

"Bonjour Elyon, ou plutôt bonsoir. Que veux-tu ?"

C'est Rey qui est réveillé. J'aperçois enfin Varda en train de dormir, maintenant que je me suis habitué à l'obscurité. J'entre dans la tanière et grimace à nouveau quand ma blessure me rappelle sa présence. Je tourne la tête vers celle-ci et fronce le museau. Elle ne me laissera pas tranquille cette saleté.

- Mon ancienne blessure de renard me fait mal, je voulais vérifier qu'elle ne s'était pas rouverte ou infectée.

Cela paraît normal, après tout. Tous les chasseurs ne font pas ça, et je le sais. Ils ont trop de fierté mal placée. Mais bon, ce n'est même pas mon corps, je n'ai pas le droit de le négliger pour une raison aussi stupide. Tant que je dois vivre dedans, je me dois d'en prendre soin. Elyon ne me le pardonnerait pas, sinon. J'espère qu'il ne m'en veut pas d'être dans son corps et de me faire passer pour lui. Mais je ne voyais pas quoi faire d'autre. Dire que j'étais Elbion, de la Troupe Inondée ? Mais on m'aurait pris pour un fou !

La douleur me rappelle où je suis. J'espère qu'elle ne reviendra pas à chaque mauvaise saison, je ne suis pas rendu, sinon. Et j'espère également qu'elle ne s'est pas rouverte, je devrai rester ici pendant que l'on soigne ma blessure, à nouveau. Et je devrai recommencer le processus de guérison. Foutu renard. Toujours aussi plombant. Pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'il vise l'endroit qu'il ne fallait pas toucher ? Il ne pouvait pas faire une blessure classique, comme tous les autres ? Je déteste ce moment de faiblesse, dû à cette griffure de renard.