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Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumEllende ~ Quatre mots, quatre mois, et l'éternité qui s'envole | N'oublie jamais
Invité
Ellende
Sam 22 Juil - 15:10
• Nom : Ellende • Sexe : Femelle • Âge : 19 lunes • Groupe : Solitaire • Rang : / • Parents : Pas de nom |
But : Elle veut qu’il revienne. Tout simplement. Comme s’il pouvait y avoir un autre but que celui-là. Juste qu’il revienne, revenir dans le passé. C’est toute sa vie ce passé. Elle ne peut plus s’en défaire, et si c’est sans doute la meilleure chose à faire, ce n’est pas là son but. Elle désire juste qu’il soit là à nouveau. Ce n’est pas réellement un but puisqu’il ne reviendra plus à présent. Mais c’est ce qu’elle désire.
C'est impossible alors elle continuera d'avancer. Elle essayera de croire en ses rêves. Elle s'effondrera et se relèvera encore.
Trait distinctif/principal : Perdue
C'est impossible alors elle continuera d'avancer. Elle essayera de croire en ses rêves. Elle s'effondrera et se relèvera encore.
Trait distinctif/principal : Perdue
Une silhouette Je suis quelqu'un d'ordinaire. Qu'on ne remarque que très peu, en fait. J'ai un beau pelage soigné, c'est vrai, mais à part ça… il est gris tigré, tout ce qu'il y a de plus banal. Un pelage long, avec diverses nuances de gris, qui passent du perle au noir. Les rayures ne sont pas symétriques et ne forment rien de spécial sur mon dos, mes pattes ou ma queue, elle aussi longue et touffue. Lui il était de type siamois. Un beau félin, un pelage mi-long et resplendissant. Il avait tout pour plaire, lui. Moi, mon pelage est grisâtre sans intérêt, je passe inaperçue et c'est mieux ainsi, évidemment. Je préfère passer inaperçue. Pourtant c'est lui qui m'a aimée. Je ne suis pas très grande, même plutôt de taille moyenne. Je passe encore plus inaperçue comme ça. Mon regard, c'est pareil. Il est d'un ambré très sombre, et ne se distingue pas dans le noir, ni nulle part. C'est juste deux yeux qui voient bien. Les siens, comme ceux de Raven, sont dorés. Ils brillent lorsque le soleil brille lui aussi. Ça se voit moins dans l'ombre, mais pourquoi rester dans l'ombre ? Raven a un pelage noir et des yeux d'or. J'ai de nombreuses cicatrices sur mes pattes, mes flancs. Mais ça, c'est la vie. | Des pensées • Sentiment chronique de vide • Colérique • Impulsive • Irréfléchie • Paranoïaque • Complexée • Loyale • Généreuse • Douce • Franche • Sens de l’honneur • Je suis un volcan. Une cocotte-minute, un volcan, prêt à exploser. Je peux sembler, aux premiers abords, puérile ou égoïste, voire un peu hautaine ou supérieure. Ce n’est pas ainsi que je me sens en réalité et ce n’est qu’une façade. Je vous ressemble. Car tout le monde a besoin de penser qu’il a sa place et qu’il est meilleur dans un domaine. Oui, je vous ressemble avec mon petit air égoïste. Pourtant il est différent de vous. Il semble trop normal et soudain il y a une situation de stress et tout s’enchaîne. Crises, névroses, psychoses. Je suis incapable de gérer mes émotions. Ce que vous ressentez, je le ressens puissance dix, et une telle incapacité mène à des manifestations d’hyperémotivité, de réactions excessives et parfois dangereuses pour moi et pour les autres. Mais si vous voulez savoir comment je suis, il faut savoir aussi pourquoi ; c’est en effet à cause d’une carence affective dès mon jeune âge que tout commence. Reprenons donc mes traits de caractère un à un afin de comprendre un peu mieux mon fonctionnement. Fonctionnement qui me paraît normal, pourtant je sais très bien que les autres ne fonctionnent pas ainsi. Ce rejet des autres amène à une demande d’affection plus conséquente, à des crises, à un renfermement et à une explosion. • Vide. Ce sont en réalité des sentiments passagers ; parfois, sans raison, je suis vide de toute émotion. Probablement avant ou après une crise, d’ailleurs. Je suis vidée de son énergie, ne peux ni rire ni pleurer. Je me sens perdue, égarée au sein de mon propre esprit, comme si mon corps ne réagissait plus à ses ordres. Je suis donc complètement vide et ne ressentirai rien. J'aurai alors besoin de calme pour me retrouver. J'aurai besoin d’une présence, de repères, de choses que je connais. Jusque là, ça peut arriver à tout le monde, ces sentiments chroniques de vide qui imprègnent après un moment difficile ou une crise de larmes. Ce n’est pas si grave, tout redevient à la normale après cela. Sauf que chez moi, la normale est pire qu’être vide. • Colérique. Je ne sais pas, ou plutôt ne peux pas gérer ma colère. À la moindre contrariété, ce sera le chaos. Je s’énerve vite et ne maîtrise plus rien. Alors je n'ai plus que mes griffes pour m’exprimer. Être colérique n’est pas très grave non plus. C’est passager, c’est un peu difficile pour ceux qui m’entourent. Je m’énerve, la pression monte, je bascule et c’est le chaos, le bordel partout, dans ma tête, dans mon coeur, j'explose. Je ne peux pas gérer et ce n’est pas si grave, ce n’est pas si important, après tout. On s’en fiche de comment je me sens. J'agace seulement tout le monde avec ma mauvaise humeur soudaine, alors que personne ne comprend pourquoi, puisqu’il y a une minute, tout allait pour le mieux. • Irréfléchie. Mon incapacité à prévoir les conséquences de mes actes fait de moi quelqu’un d’assez dangereux. Il faudra toujours se méfier, car on ne sait pas ce que j'ai derrière le crâne, hormis des touffes de poils. Je peux changer d’humeur brusquement et mes griffes tranchantes comme des rasoirs n’aident pas. Je dois apprendre qu’il ne faut pas frapper, qu’il faut savoir garder son calme mais j'ai besoin d’aide pour cela. Je ne sais pas le faire toute seule, incapable de me réguler moi-même. • Complexe de supériorité. En réalité, il s’agit plutôt d’un complexe de valorisation de l’autre, valorisation de soi, puis dévalorisation. C’est un complexe lié à celui d’infériorité ; parfois je me crois supérieure, ayant réussi quelque chose, puis lorsque ça n’ira plus, lorsque je bute sur le moindre échec, j'abandonne tout, je me dévalorise et me traite de nulle. C’est un peu compliqué à gérer, notamment pour les proches. J'ai plutôt tendance à baisser les pattes devant un effort que je ne parviens pas à franchir, et j'idéaliserai les autres, avant de les dévaloriser à nouveau, lorsque j'y parviendrai. • Peur de l’abandon. C’est même plus qu’une peur, c’est une phobie, c’est une crainte qui peut se transformer en crise de panique. Je fais des efforts effrénés pour éviter les abandons et j'ai tendance à m’imaginer des choses qui n’existent pas, comme me faire ignorer, me faire oublier. Je me mets en colère contre eux, contre moi, parce que les autres semblent s’éloigner - même si ce n’est pas forcément la réalité. Je crains plus que tout de me faire lâcher par mes amis, par les autres. Le simple mot rupture pourrait me faire basculer, me faire exploser. Je ne supporte pas l’éloignement et fais tout pour récupérer ceux qui partent, comme si mon monde s’écroulait à cette simple pensée. • Impulsive. Impulsivité et comportements dangereux, je ne suis pas du genre à me rendre compte de mes actes. Je peux aussi bien me retrouver coincée tout en haut d’un arbre, plonger dans une bataille sanglante, sans avoir peur de rien. Je n’ai pas peur de la souffrance, ni de la mort. En plus d’avoir ce genre de comportement totalement irréfléchis, ceux liés à ma maladie - idées à la limite du suicidaire, besoin récurrent de faire mal ou de me faire mal, abus de nourriture ou de plantes - sont eux aussi graves et problématiques, et nécessitent une aide quotidienne et un soutien moral. Mais au delà des troubles limites, il y a une personne, quelqu’un qui vit, et qui vit mal tout cela. Quelqu’un qui n’est pas si méchante et qui ne veut pas faire de mal, au final. • Loyale Au moins, je suis très attachée à mes amis et ceux qui comptent et je suis loyale, c’est le moins qu’on puisse dire. Je pourrais donner ma vie pour les membres de ma famille ou mes proches. Je peux chasser pour tous les autres, et les plus faibles, et donner tout ce que j'ai. Je donnerais mon sang et me jetterais dans les batailles, et certains diront que je suis courageuse - je dirais plutôt inconsciente. Mais même lorsque je suis consciente, les moments où la maladie ne prennent pas le pas, je suis courageuse ou tête brûlée, on ne sait pas. Je donnerais tout ce que j'ai pour pas grand chose. Même si je n'ai pas grand chose. • Généreuse Je donnerais tout ce que j'ai à ceux qui en ont plus besoin. Je donnerais mes proies à n’importe qui, ma vie, bref je suis quelqu'un de généreux qui aime faire plaisir. J'aime apprendre aux autres, aussi. Tout ce que je sais, je peux donner des cours. J'aime ça, transmettre un savoir, j'ai l'impression d'être un peu plus utile. • Franc La franchise est une qualité qui se perd dans ce monde. Je dis toujours ce que je pense, sans penser que ça peut blesser. On sait tous que la vérité peut blesser mais mentir et cacher simplement pour faire plaisir, ça c’est quelque chose que je ne cautionne pas. Moi, je sais faire plaisir en disant ce que je pense et ça suffit bien. Surtout si c'est un fait qu'on ne peut nier. En tout cas, je préfère dire ce que je pense au risque de blesser les autres. • Sens de la famille et de l’honneur Je protège ma famille avant tout, et ceux qui me sont chers, même s'ils se comptent sur les griffes d'une patte. Raven, Lilith, Lys. Et Yoyo, avant. Mais les temps changent, les gens aussi et même si je dois me retrouver seule, même si je dois terminer seule et sur le sol, je continuerai à tenter de les protéger. L'honneur est un point important. Je préfère qu'on ne me fasse aucune promesse plutôt qu'on les trahisse ensuite. Moi, lorsque je dis quelque chose, même sans importance, j'essayerai à tout prix d'y parvenir. • Douce Entre les passages de crises de colère, de panique, ou autre, je suis très douce, dans le sens contraire de brusque. Je parle avec calme et je suis assez souriante, même si ce n'est qu'un masque. Je suis calme et ne fais pas de mouvements brusques, pas de bruit. J'aime la tranquillité et je m’isole parfois, et dans l’ensemble, bien que je devienne violente dans les combats, je suis quelqu’un de posé, calme et d’une nature douce. Vous l’aurez sans doute compris. Je suis borderline et je ne suis pas folle. Je suis touchée et blessée, détruite à l'intérieur de moi-même, mais je tiens encore debout. Je voudrais me battre pour m'en sortir et reprendre goût à tout cela, et parfois j'y parviendrai, mais d'autres fois je tomberai et j'aurai sans doute besoin d'aide. |
Des souvenirs
Raconte-moi ton histoire… s’il te plaît.
Non. Non. Il ne faut pas repenser à cela. Pourtant, elle se plonge déjà dans les méandres de ses souvenirs. Au plus profond d’elle-même, au plus profond de ce gouffre qui paraît infini, il reste peut-être quelques moments de joie. Quelques moments qu’il faut raconter, pour retrouver un peu de ce bonheur perdu. Elle écarte Raven d’un bout de patte. Le mâle noir ne fait plus de bruit. Il n’aime pas la voir aussi triste. Il n’aurait pas dû demander, sans doute, pourtant voilà qu’elle se met à raconter.
Tu sais Raven, c’était il y a longtemps. Ma mère était une chatte domestique, et il y avait déjà deux chatons, mes deux frères. Peu importe leur nom, tu les connais. Mes grands frères, ceux qui m’ont tout appris. Surtout que la vie est dure. Je ne me souviens pas de tout. Nous étions quatre, là-bas dedans, une grande maison avec une vieille Bipède qui s’occupait de nous. Il y avait un jardin, et nous sortions même au-delà. Nous étions heureux ; sauf lorsque le mari de la vieille Bipède rentrait. Il n’aimait pas trop les chats, encore moins tous ces chatons. Pour lui, notre place était dehors, à chasser les souris. Il nous virait parfois à coups de pieds, et une fois ou deux, on s’amusait à le narguer. Il a même enfermé Dodo dans le grenier, avec les rats et les loirs. Sans doute parce qu’on devait les en débarrasser. Dodo et Riri avaient cinq lunes de plus que nous. Mon frère de portée, Joker. Que dire de plus ?
Nous allions près du lac, dans la forêt. Notre mère faisait attention à nous. On pourrait dire que c’était le bon temps. Aucune ombre dans le tableau. Sept lunes sont passées, exactement.
— Regarde les moutons. Si tu fais peur au chien, ça va…
— Pas bonne idée du tout. On y va ?
Et les conneries. Affoler les troupeaux, tout ça pour rien. Les fermiers qui gueulaient, ne comprenant pas ce qui se passait soudainement. Les éclats de rire, le soleil, qui tape sur les pierres et réchauffent les vieux os. Les bagarres dans le jardin, dans les champs. Près du lac, la boue, les moucherons. La joie pure, sans doute. Avant de devoir rentrer à la maison où tout était un peu plus sérieux. Il fallait bien, pour ne pas se faire frapper. On s’isolait, mais rien de bien méchant. Le bonheur, c’est aussi ça. Savoir profiter de la journée lorsqu’on sait que la nuit est sombre.
Ensuite, ça a commencé.
Il s’appelait Tom, c’était un petit solitaire. Il avait mon âge et je l’ai rencontré comme on en rencontre beaucoup ; au hasard de la vie. Je ne l’ai pas vu, ce jour où il est mort. Je ne l’ai pas vu et je l’ai appris plus tard. Percuté par une voiture, c’est quelque chose qui arrive souvent, et pas qu’à notre espèce. C’est commun à beaucoup. C’est triste, mais c’est la vie. Tom est mort et ne reviendra plus, et ce n’est pas le seul qui ne reviendra plus. Il faut faire avec, tu sais. Un jour, peut-être que l’un de nous partira. Je ne sais pas.
Je sais, mais je ne veux pas savoir.
— Un jour, quand on sera grand, on pourra se marier et partir loin.
— Oui, quand on sera grand.
Il n’est jamais devenu grand et il repose en paix. Un jour, quand je serai grande, je partirai loin d’ici pour toi, Tom. Je partirai et je penserai à toi, à tes yeux bleus et ton air de chaton, je penserai à ta joie d’être là. Peut-être qu’on devrait tous être heureux d’exister, parce que ça ne dure pas.
Un jour, on est rentré, à la maison. Comme d’habitude. Sauf qu’aujourd’hui n’était pas d’habitude et il ne faut pas se faire au quotidien, il n’est pas fiable. Il n’existe pas, il fait semblant. C’est comme l’espoir. Peut-être que j’y reviendrai.
On s’est littéralement fait jeter dehors. Ce n’est pas grave, il fallait bien partir nous aussi, un jour ou l’autre. Je ne savais pas que je quittais les vaches et les moutons pour la première et dernière fois. Avec mes trois frères et ma mère, enceinte. C’est tout ce dont je me rappelle. La nuit noire, les insectes, la ville, le bruit. Les formes floues, la fatigue. La peine dans mon coeur, en me rendant compte que ce ne serait plus jamais pareil. Parce qu’il n’y aurait plus le lac où on se baignait lorsqu’il faisait chaud, les vaches et le fermier qui nous donnait du bon lait, le chien attaché qu’on faisait tourner en rond, et il aboyait, et les fermiers alentours aboyaient aussi. Il n’y aurait plus tout ce vert et ce ciel bleu.
Le gris a tout remplacé.
Le gris a pris contrôle de mon existence dès que j’ai mis les pattes dans cette ville sombre et délabrée.
Il n’y a rien de plus à dire sur mes sept ou huit premières lunes. Les choses doivent changer, parfois. On ne peut rien y faire. C’est bien, aussi, de changer. On a vécu comme les rats. Cachés, à se nourrir d’ordures. On volait des trucs, parfois. C’était le point fort de Dodo. Je n’étais pas malheureuse, à vrai dire. Il me manquait quelque chose, il me manquait ma forêt, mon chez-moi, parce qu’ici ce n’était rien. La faim était là, et la peur. Chatons perdus qui devenaient grands, qui ont appris à se débrouiller par eux-mêmes, à chasser des rats pour bouffer et à voler.
Je n’aime pas parler de cette époque sombre dont j’ai peu de souvenirs. Entassés, et l’arrivé d’un chaton, une fille unique. J’ai tout de suite cherché à la protéger. La petite dernière.
J’aimerais m’arrêter là Raven. Toi, ta vie semble plus simple, pourtant tu m’as raconté aussi. Dans une vie, tout ne peut pas être simple. Il y a des moments difficiles qu’il faut savoir surmonter. Tu sais, j’aimerais te dire qu’ensuite tout a été simple, même si ce n’est pas le cas. Je ne veux pas que nous souffrions à cause d’un passé, je ne veux plus le raconter. Je baisse les yeux, je sens ta présence, ta chaleur, mais tu vas t’en aller, pas vrai ? Tu t’en vas toujours et tu n’es jamais là. Mais je ne t’en veux pas, c’est juste la distance.
Mais après… après ?
Après, je ne sais pas. Je ne sais plus. Tout est confus, il y a tous ces changements de lieux, un premier frère qui s'en va. Riri a toujours été celui qui reste seul. Le solitaire qui ne cesse de s'en aller, de revenir, de faire des allers retours. Pourtant c'était celui qui était le plus proche de moi. Il est parti de nombreuses fois, sans doute avec des femelles. Je ne sais pas et je m'en fiche. C'est du passé. Mon histoire est passée.
Et on est venu chercher ma soeur. Ça c'est compliqué. C'est un humain qui l'a récupérée. Il lui a prévu une belle vie, un bel avenir qu'elle n'aurait pas avec nous. À manger et un toit. Tout ce dont elle avait besoin. Elle était petite alors elle ne se rappellera pas. Je viendrai souvent la voir. On sera proche. La distance ne sépare pas ceux qui s'aiment, pas vrai ?
… Pas vrai Raven ?
— Où est-ce que tu vas ?
— Je ne sais pas.
— Je veux venir. S'il te plait.
Je suis venue. J'ai emménagé chez mon frère et c'était tenable. C'était un peu de bonheur, même si lui aussi a fini par partir de temps à autre. Seule. J'aimais ça. J'avais la liberté et j'aimais ça, et je n'ai jamais été aussi libre. Et je n'ai jamais été aussi heureuse. J'allais où je voulais quand je voulais, mais ce n'était pas ça la liberté. C'était juste une illusion.
Et je l'ai rencontré lui. Je ne sais pas. Je ne l'aimais pas mais j'étais faible et j'avais peur. Alors lui qui me regardait de haut, lui qui s'appelait Key et qui avait un beau regard. C'était tout ce qu'il avait et…
Et c'est tout.
Et le sang a coulé. Mais c'était ma faute pas vrai ? C'était forcément ma faute. C'est mon sang et mon désespoir. C'était lui contre moi, c'était lui le plus fort, c'était lui. Lui ou moi, je ne sais plus aujourd'hui. Je crois que ce n'est pas important. Et j'avais quinze lunes tout au plus. J'étais jeune et pourtant j'avais déjà tout vu ou presque.
J'ai connu le suicide, j'ai même perdu un fils
J’avais le cafard et personne n’avait d’insecticide
Oui j’ai rêvé du vide, je voulais prendre la fuite
J’ai été lâche face à la vie et ses mauvaises surprises
Je me suis détesté, je me suis torturé
Je m’suis trouvé des milliers d’excuses
Pour m’laisser couler
Je me suis humilié, je me suis mutilé
J’ai insulté la vie, ce cadeau que Dieu m’avait fait
Je m’suis fait du mal, oui je m’suis fait du mal
Et ça mon cœur s’en souvient
Je m’suis fait du mal
En espérant qu’ça m’fasse du bien
J'aimerais que tu chantes encore Raven. S'il te plait, chante encore pour moi. Toi tes chansons sont joyeuses et ça remonte le moral, de t'entendre. Mais tu ne parles plus, tu ne chantes plus pour moi, tu es là sans vraiment l'être. Je souffre mais je ne dis rien.
Revenons en à mes seize lunes, je crois.
Parce que c'est là que je t'ai connu. J'ai connu Lys aussi. Et tant d'autres que j'ai aimés. Je me suis attachée. Je ne t'ai pas aimé tout de suite, j'étais jeune et j'ai fait d'autres conneries avant. Je suis retournée chez ma mère, je ne sais plus exactement quand. Peu importe. Il y avait vous désormais, ce groupe de félins qui était là. Des solitaires, des chats domestiques, et puis les Clans un peu. Mais eux c'était différent.
J'ai détruit certains. Je ne sais pas pourquoi mais il y avait ce mâle que j'aimais et lui il avait une passion et ça nous a détruit. Pourtant j'ai essayé de comprendre. Je ne devais pas être à la hauteur.
J'ai voulu mourir. Je n'étais pas seule, il y avait Lys aussi. Ah, Lys aussi, tu l'aimais bien Raven. Tu te souviens, de ces délires et ces moments de joie ? De toi qui nous réconfortais ? Tu l'aimais bien et j'ai voulu mourir ce jour-là. On m'a récupérée et soignée. Quatre jours d'enfer où Lys ne savait pas si j'étais vivante. Quatre longs jours d'attente où elle a commencé un décompte. Parce qu'elle pensait que je ne reviendrai pas.
Je n'ai jamais été aussi heureuse de revenir.
J'avais besoin d'aide, seulement. Et toi tu étais là. Et toi tu m'as engueulée ce soir-là et j'ai pleuré. Tu avais seulement eu peur, en fait. Et un jour, ce n'était pas longtemps après ça, je t'ai juste murmuré, pensant que ce serait tout.
— Je t'aime.
Mais ce n'était pas tout et tu m'as aimée aussi et nous étions deux. Je t'ai promis que nous resterons deux et je prie encore pour que ce soit le cas. Je ne sais plus. Je ne sais plus mon ange. Tu es parti et moi aussi, chacun de notre côté. Pas ensemble mais je ne cesse de penser à toi, jours et nuits. Je ne peux pas m'en empêcher, ça m'obsède, tu m'obsèdes et je ne peux rien faire. Je suis seule comme je t'ai laissé seul.
Lys avait donc commencé ce décompte au bout duquel nous devions mourir toutes les deux, sans possibilité de s'en échapper cette fois. Et j'ai commencé à douter, quelques jours plus tard. Je crois que pour la première fois de ma vie, quelqu'un me raccrochait à un espoir. L'espoir que tout irait mieux, que j'allais m'en sortir et je voulais m'en sortir. Malgré tout j'ai poursuivi ce décompte sans savoir pourquoi et toi, Raven… tu es resté tout ce temps. Je ne voulais plus mourir.
C'était l'hiver. Il n'y avait pas de neige, mais le froid était mordant, et il y avait surtout de la glace. De ce côté, elle était assez épaisse pour supporter notre poids, mais je ne voulais pas m'y risquer. Cela faisait des jours qu'on ne se parlait presque plus. Tu étais très occupé et il fallait que tu survives, toi aussi. Je ne t'en veux pas. Je me sentais parfois un peu seule, mais ce n'est pas grave. Je m'y faisais et il y avait toujours Lys et Lilith, pas loin.
Et Yoyo.
Lui, ce solitaire, ce chat errant que j'ai croisé près de la mare glacée. Yoyo le chat galeux que personne n'aimait, qui était invisible et qui n'existait pas. Ou plus.
Et je me suis rapprochée de lui. Il était paumé, un peu comme moi. Il n'avait personne et je l'aimais bien parce qu'il me faisait penser à quelque chose que je voulais sauver. Je voulais juste le sauver lui, et on traînait ensemble, parfois. Il m'a montré sa vie, on s'entendait tellement bien. Je l'aimais beaucoup tu sais.
Et lui il m'aimait trop. Il m'aimait tout court, en fait.
Il était paumé, et malade. Il était différent et il avait juste besoin de quelqu'un, mais ça ne pouvait pas être moi, alors je l'ai repoussé. Au début, je ne voulais pas le repousser. Pas de cette façon. Et il m'a frappée. Le sang a coulé et il s'en est voulu, réellement. Et ça nous tuait.
Non.
Ça l'a tué.
— Oublie cette fichue fenêtre, promets le moi s'il te plaît.
— Je te le promets.
C'était au printemps. Il faisait bon déjà. J'étais avec Lilith et nous étions heureuse, parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vues. Et je songeais un peu à toi Raven, parce que toi aussi j'allais bientôt te revoir, et j'avais hâte. Je pensais aussi à Yoyo parfois, me demandant si ça irait quand même à nouveau un jour. Pour lui, pour nous. Parce que malgré tout ce qu'il s'est passé, je ne voulais pas le perdre.
Et j'étais avec Lilith, très loin, lorsque c'est arrivé. Puis je suis allée voir Raven et j'étais heureuse. Et je suis rentrée, pensant le retrouver.
Il n'était plus là.
C'est son frère qui m'a avertie. Il a un frère, et je ne l'ai croisé que très rarement, sans vraiment lui parler. Je savais juste qui il était.
Et il a dit que Yoyo était mort.
C'était la chute pour moi.
C'était quatre mois de bonheur pour une éternité effondrée.
Mais maintenant, que peut-on encore faire ?
J'emménage avec Lilith dans un petit truc délabré. Avec le chaton qu'on a recueilli. Alios. Celui que j'aime comme mon fils puisqu'il ne me reste plus rien.
Juste assez d'espoir pour me maintenir la tête hors de l'eau. Juste assez d'espoir pour qu'un jour, j'y croie à nouveau. Parce qu'il reste Raven, Lys, Lilith et Alios. Parce que malgré tout je ne suis pas seule, et qu'avec Lilith on peut y arriver.
Peut-être.
Non. Non. Il ne faut pas repenser à cela. Pourtant, elle se plonge déjà dans les méandres de ses souvenirs. Au plus profond d’elle-même, au plus profond de ce gouffre qui paraît infini, il reste peut-être quelques moments de joie. Quelques moments qu’il faut raconter, pour retrouver un peu de ce bonheur perdu. Elle écarte Raven d’un bout de patte. Le mâle noir ne fait plus de bruit. Il n’aime pas la voir aussi triste. Il n’aurait pas dû demander, sans doute, pourtant voilà qu’elle se met à raconter.
Tu sais Raven, c’était il y a longtemps. Ma mère était une chatte domestique, et il y avait déjà deux chatons, mes deux frères. Peu importe leur nom, tu les connais. Mes grands frères, ceux qui m’ont tout appris. Surtout que la vie est dure. Je ne me souviens pas de tout. Nous étions quatre, là-bas dedans, une grande maison avec une vieille Bipède qui s’occupait de nous. Il y avait un jardin, et nous sortions même au-delà. Nous étions heureux ; sauf lorsque le mari de la vieille Bipède rentrait. Il n’aimait pas trop les chats, encore moins tous ces chatons. Pour lui, notre place était dehors, à chasser les souris. Il nous virait parfois à coups de pieds, et une fois ou deux, on s’amusait à le narguer. Il a même enfermé Dodo dans le grenier, avec les rats et les loirs. Sans doute parce qu’on devait les en débarrasser. Dodo et Riri avaient cinq lunes de plus que nous. Mon frère de portée, Joker. Que dire de plus ?
Nous allions près du lac, dans la forêt. Notre mère faisait attention à nous. On pourrait dire que c’était le bon temps. Aucune ombre dans le tableau. Sept lunes sont passées, exactement.
— Regarde les moutons. Si tu fais peur au chien, ça va…
— Pas bonne idée du tout. On y va ?
Et les conneries. Affoler les troupeaux, tout ça pour rien. Les fermiers qui gueulaient, ne comprenant pas ce qui se passait soudainement. Les éclats de rire, le soleil, qui tape sur les pierres et réchauffent les vieux os. Les bagarres dans le jardin, dans les champs. Près du lac, la boue, les moucherons. La joie pure, sans doute. Avant de devoir rentrer à la maison où tout était un peu plus sérieux. Il fallait bien, pour ne pas se faire frapper. On s’isolait, mais rien de bien méchant. Le bonheur, c’est aussi ça. Savoir profiter de la journée lorsqu’on sait que la nuit est sombre.
Ensuite, ça a commencé.
Il s’appelait Tom, c’était un petit solitaire. Il avait mon âge et je l’ai rencontré comme on en rencontre beaucoup ; au hasard de la vie. Je ne l’ai pas vu, ce jour où il est mort. Je ne l’ai pas vu et je l’ai appris plus tard. Percuté par une voiture, c’est quelque chose qui arrive souvent, et pas qu’à notre espèce. C’est commun à beaucoup. C’est triste, mais c’est la vie. Tom est mort et ne reviendra plus, et ce n’est pas le seul qui ne reviendra plus. Il faut faire avec, tu sais. Un jour, peut-être que l’un de nous partira. Je ne sais pas.
Je sais, mais je ne veux pas savoir.
— Un jour, quand on sera grand, on pourra se marier et partir loin.
— Oui, quand on sera grand.
Il n’est jamais devenu grand et il repose en paix. Un jour, quand je serai grande, je partirai loin d’ici pour toi, Tom. Je partirai et je penserai à toi, à tes yeux bleus et ton air de chaton, je penserai à ta joie d’être là. Peut-être qu’on devrait tous être heureux d’exister, parce que ça ne dure pas.
Un jour, on est rentré, à la maison. Comme d’habitude. Sauf qu’aujourd’hui n’était pas d’habitude et il ne faut pas se faire au quotidien, il n’est pas fiable. Il n’existe pas, il fait semblant. C’est comme l’espoir. Peut-être que j’y reviendrai.
On s’est littéralement fait jeter dehors. Ce n’est pas grave, il fallait bien partir nous aussi, un jour ou l’autre. Je ne savais pas que je quittais les vaches et les moutons pour la première et dernière fois. Avec mes trois frères et ma mère, enceinte. C’est tout ce dont je me rappelle. La nuit noire, les insectes, la ville, le bruit. Les formes floues, la fatigue. La peine dans mon coeur, en me rendant compte que ce ne serait plus jamais pareil. Parce qu’il n’y aurait plus le lac où on se baignait lorsqu’il faisait chaud, les vaches et le fermier qui nous donnait du bon lait, le chien attaché qu’on faisait tourner en rond, et il aboyait, et les fermiers alentours aboyaient aussi. Il n’y aurait plus tout ce vert et ce ciel bleu.
Le gris a tout remplacé.
Le gris a pris contrôle de mon existence dès que j’ai mis les pattes dans cette ville sombre et délabrée.
Il n’y a rien de plus à dire sur mes sept ou huit premières lunes. Les choses doivent changer, parfois. On ne peut rien y faire. C’est bien, aussi, de changer. On a vécu comme les rats. Cachés, à se nourrir d’ordures. On volait des trucs, parfois. C’était le point fort de Dodo. Je n’étais pas malheureuse, à vrai dire. Il me manquait quelque chose, il me manquait ma forêt, mon chez-moi, parce qu’ici ce n’était rien. La faim était là, et la peur. Chatons perdus qui devenaient grands, qui ont appris à se débrouiller par eux-mêmes, à chasser des rats pour bouffer et à voler.
Je n’aime pas parler de cette époque sombre dont j’ai peu de souvenirs. Entassés, et l’arrivé d’un chaton, une fille unique. J’ai tout de suite cherché à la protéger. La petite dernière.
J’aimerais m’arrêter là Raven. Toi, ta vie semble plus simple, pourtant tu m’as raconté aussi. Dans une vie, tout ne peut pas être simple. Il y a des moments difficiles qu’il faut savoir surmonter. Tu sais, j’aimerais te dire qu’ensuite tout a été simple, même si ce n’est pas le cas. Je ne veux pas que nous souffrions à cause d’un passé, je ne veux plus le raconter. Je baisse les yeux, je sens ta présence, ta chaleur, mais tu vas t’en aller, pas vrai ? Tu t’en vas toujours et tu n’es jamais là. Mais je ne t’en veux pas, c’est juste la distance.
Mais après… après ?
Après, je ne sais pas. Je ne sais plus. Tout est confus, il y a tous ces changements de lieux, un premier frère qui s'en va. Riri a toujours été celui qui reste seul. Le solitaire qui ne cesse de s'en aller, de revenir, de faire des allers retours. Pourtant c'était celui qui était le plus proche de moi. Il est parti de nombreuses fois, sans doute avec des femelles. Je ne sais pas et je m'en fiche. C'est du passé. Mon histoire est passée.
Et on est venu chercher ma soeur. Ça c'est compliqué. C'est un humain qui l'a récupérée. Il lui a prévu une belle vie, un bel avenir qu'elle n'aurait pas avec nous. À manger et un toit. Tout ce dont elle avait besoin. Elle était petite alors elle ne se rappellera pas. Je viendrai souvent la voir. On sera proche. La distance ne sépare pas ceux qui s'aiment, pas vrai ?
… Pas vrai Raven ?
— Où est-ce que tu vas ?
— Je ne sais pas.
— Je veux venir. S'il te plait.
Je suis venue. J'ai emménagé chez mon frère et c'était tenable. C'était un peu de bonheur, même si lui aussi a fini par partir de temps à autre. Seule. J'aimais ça. J'avais la liberté et j'aimais ça, et je n'ai jamais été aussi libre. Et je n'ai jamais été aussi heureuse. J'allais où je voulais quand je voulais, mais ce n'était pas ça la liberté. C'était juste une illusion.
Et je l'ai rencontré lui. Je ne sais pas. Je ne l'aimais pas mais j'étais faible et j'avais peur. Alors lui qui me regardait de haut, lui qui s'appelait Key et qui avait un beau regard. C'était tout ce qu'il avait et…
Et c'est tout.
Et le sang a coulé. Mais c'était ma faute pas vrai ? C'était forcément ma faute. C'est mon sang et mon désespoir. C'était lui contre moi, c'était lui le plus fort, c'était lui. Lui ou moi, je ne sais plus aujourd'hui. Je crois que ce n'est pas important. Et j'avais quinze lunes tout au plus. J'étais jeune et pourtant j'avais déjà tout vu ou presque.
J'ai connu le suicide, j'ai même perdu un fils
J’avais le cafard et personne n’avait d’insecticide
Oui j’ai rêvé du vide, je voulais prendre la fuite
J’ai été lâche face à la vie et ses mauvaises surprises
Je me suis détesté, je me suis torturé
Je m’suis trouvé des milliers d’excuses
Pour m’laisser couler
Je me suis humilié, je me suis mutilé
J’ai insulté la vie, ce cadeau que Dieu m’avait fait
Je m’suis fait du mal, oui je m’suis fait du mal
Et ça mon cœur s’en souvient
Je m’suis fait du mal
En espérant qu’ça m’fasse du bien
J'aimerais que tu chantes encore Raven. S'il te plait, chante encore pour moi. Toi tes chansons sont joyeuses et ça remonte le moral, de t'entendre. Mais tu ne parles plus, tu ne chantes plus pour moi, tu es là sans vraiment l'être. Je souffre mais je ne dis rien.
Revenons en à mes seize lunes, je crois.
Parce que c'est là que je t'ai connu. J'ai connu Lys aussi. Et tant d'autres que j'ai aimés. Je me suis attachée. Je ne t'ai pas aimé tout de suite, j'étais jeune et j'ai fait d'autres conneries avant. Je suis retournée chez ma mère, je ne sais plus exactement quand. Peu importe. Il y avait vous désormais, ce groupe de félins qui était là. Des solitaires, des chats domestiques, et puis les Clans un peu. Mais eux c'était différent.
J'ai détruit certains. Je ne sais pas pourquoi mais il y avait ce mâle que j'aimais et lui il avait une passion et ça nous a détruit. Pourtant j'ai essayé de comprendre. Je ne devais pas être à la hauteur.
J'ai voulu mourir. Je n'étais pas seule, il y avait Lys aussi. Ah, Lys aussi, tu l'aimais bien Raven. Tu te souviens, de ces délires et ces moments de joie ? De toi qui nous réconfortais ? Tu l'aimais bien et j'ai voulu mourir ce jour-là. On m'a récupérée et soignée. Quatre jours d'enfer où Lys ne savait pas si j'étais vivante. Quatre longs jours d'attente où elle a commencé un décompte. Parce qu'elle pensait que je ne reviendrai pas.
Je n'ai jamais été aussi heureuse de revenir.
J'avais besoin d'aide, seulement. Et toi tu étais là. Et toi tu m'as engueulée ce soir-là et j'ai pleuré. Tu avais seulement eu peur, en fait. Et un jour, ce n'était pas longtemps après ça, je t'ai juste murmuré, pensant que ce serait tout.
— Je t'aime.
Mais ce n'était pas tout et tu m'as aimée aussi et nous étions deux. Je t'ai promis que nous resterons deux et je prie encore pour que ce soit le cas. Je ne sais plus. Je ne sais plus mon ange. Tu es parti et moi aussi, chacun de notre côté. Pas ensemble mais je ne cesse de penser à toi, jours et nuits. Je ne peux pas m'en empêcher, ça m'obsède, tu m'obsèdes et je ne peux rien faire. Je suis seule comme je t'ai laissé seul.
Lys avait donc commencé ce décompte au bout duquel nous devions mourir toutes les deux, sans possibilité de s'en échapper cette fois. Et j'ai commencé à douter, quelques jours plus tard. Je crois que pour la première fois de ma vie, quelqu'un me raccrochait à un espoir. L'espoir que tout irait mieux, que j'allais m'en sortir et je voulais m'en sortir. Malgré tout j'ai poursuivi ce décompte sans savoir pourquoi et toi, Raven… tu es resté tout ce temps. Je ne voulais plus mourir.
C'était l'hiver. Il n'y avait pas de neige, mais le froid était mordant, et il y avait surtout de la glace. De ce côté, elle était assez épaisse pour supporter notre poids, mais je ne voulais pas m'y risquer. Cela faisait des jours qu'on ne se parlait presque plus. Tu étais très occupé et il fallait que tu survives, toi aussi. Je ne t'en veux pas. Je me sentais parfois un peu seule, mais ce n'est pas grave. Je m'y faisais et il y avait toujours Lys et Lilith, pas loin.
Et Yoyo.
Lui, ce solitaire, ce chat errant que j'ai croisé près de la mare glacée. Yoyo le chat galeux que personne n'aimait, qui était invisible et qui n'existait pas. Ou plus.
Et je me suis rapprochée de lui. Il était paumé, un peu comme moi. Il n'avait personne et je l'aimais bien parce qu'il me faisait penser à quelque chose que je voulais sauver. Je voulais juste le sauver lui, et on traînait ensemble, parfois. Il m'a montré sa vie, on s'entendait tellement bien. Je l'aimais beaucoup tu sais.
Et lui il m'aimait trop. Il m'aimait tout court, en fait.
Il était paumé, et malade. Il était différent et il avait juste besoin de quelqu'un, mais ça ne pouvait pas être moi, alors je l'ai repoussé. Au début, je ne voulais pas le repousser. Pas de cette façon. Et il m'a frappée. Le sang a coulé et il s'en est voulu, réellement. Et ça nous tuait.
Non.
Ça l'a tué.
— Oublie cette fichue fenêtre, promets le moi s'il te plaît.
— Je te le promets.
C'était au printemps. Il faisait bon déjà. J'étais avec Lilith et nous étions heureuse, parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vues. Et je songeais un peu à toi Raven, parce que toi aussi j'allais bientôt te revoir, et j'avais hâte. Je pensais aussi à Yoyo parfois, me demandant si ça irait quand même à nouveau un jour. Pour lui, pour nous. Parce que malgré tout ce qu'il s'est passé, je ne voulais pas le perdre.
Et j'étais avec Lilith, très loin, lorsque c'est arrivé. Puis je suis allée voir Raven et j'étais heureuse. Et je suis rentrée, pensant le retrouver.
Il n'était plus là.
C'est son frère qui m'a avertie. Il a un frère, et je ne l'ai croisé que très rarement, sans vraiment lui parler. Je savais juste qui il était.
Et il a dit que Yoyo était mort.
C'était la chute pour moi.
C'était quatre mois de bonheur pour une éternité effondrée.
Mais maintenant, que peut-on encore faire ?
J'emménage avec Lilith dans un petit truc délabré. Avec le chaton qu'on a recueilli. Alios. Celui que j'aime comme mon fils puisqu'il ne me reste plus rien.
Juste assez d'espoir pour me maintenir la tête hors de l'eau. Juste assez d'espoir pour qu'un jour, j'y croie à nouveau. Parce qu'il reste Raven, Lys, Lilith et Alios. Parce que malgré tout je ne suis pas seule, et qu'avec Lilith on peut y arriver.
Peut-être.
Toi qui tire les ficelles | Ton petit puf/surnom (si tu en as un) : Kayl Qu'est-ce qui t'as mené ici ? : As-tu déjà rp ou est-ce la première fois ? : Ta grand-mère Codes du règlement : Au revoir Autre chose à dire ? : Bah je crois pas ? |
Sun pour La Guerre des Clans RPG seulement
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Sam 22 Juil - 15:16
Reeee :D Codes validés et bonne chance pour la suite /paf/
Expert des lieux
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Regard Astral
Sam 22 Juil - 18:22
Re !
Guerrier expérimenté
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Le personnage
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Mentor / apprenti : Nuage des Cimes
Aube Silencieuse
Sam 22 Juil - 19:39
Re Kayu
Ah, Ellende
Ah, Ellende
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Lun 24 Juil - 23:13
Quatre mots,
Quatre mois,
Et l'éternité qui s'envole.
I'd give up all the world to see that little piece of heaven looking back at me
Re.
«peut-être»
peut-être.
Quatre mois,
Et l'éternité qui s'envole.
I'd give up all the world to see that little piece of heaven looking back at me
Re.
«peut-être»
peut-être.
Vieille branche
Puf/Surnom : Kayl
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Cœur de Pierre
Mar 25 Juil - 15:03
Merciiii prez terminée, me manque encore l'avatar o/ Fin ce sera fait dans 2 minutes le temps que je switch quoi
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