Azy, tu viens? || Feat Neph.

Moi, aujourd'hui j’me suis dit que j'allais aller participer à la patrouille de l'aube. Je sais, je suis sympa. Je fais un grand sacrifice en même temps en tant que guerrière maintenant je me dois d'aider mon Clan le plus possible même si cela ne me plaît pas forcément. Bref, je me lève mais je suis même pas fatiguée, parce que moi je suis pas une vieille. P’tite pensée pour toi, Sourire Effacé. En vrai, elle était pas trop méchante la vieille. J'avance vers ce qu'appellent les autres un lieutenant, Mister Trouduc pour la vieille et j'en passe pour moi. C’est marrant, on se donne tous des surnoms dans c’te Clan. Ça me fait bien rire. Il me dit juste de partir avec un seul chat, Salve de Flamme. J’le connais pas, c'est cool. Donc j’m’approche du matou qui ça devoir m'accompagner.

“Hello! Aujourd'hui, on part en patrouille de l'aube, tu viens?”

En faite, j'en ai rien à faire de sa décision, c'pas une question, c'est un ordre. C’est pour cela que je me retourne et je m'avance vers la sortie, j'espère qu'il est prêt à discuter parce que cette patrouille va pas se passer dans le silence.

HRP. || Sorry, c'est tout minus D:

Elle les a tués. Je n'arrive pas à penser à autre chose. Comment pourrais-je ? Elle a tué ses enfants, nos enfants. C'est l'acte le plus monstrueux qu'elle ait pu faire. J'aurais préféré qu'elle me tue moi, parce que de toute façon, c'est tout comme. Elle m'a brisé le coeur, réduit en mille morceaux. Je suis quoi, maintenant, un cadavre ambulant ? Je pensais que je survivrais à tout. J'étais l'espoir incarné, la détermination. Mais c'étaient des mensonges. Tout n'était que des mensonges, tout ce que en quoi j'ai cru. Comment j'ai pu la croire digne de confiance ? Comment j'ai pu être aussi naïf ? C'était une guerrière du Clan de l'Ombre. Dès le début... Ça ne pouvait pas bien finir. Et voilà où m'a mené mon optimisme béat.
En enfer.

Et en plus de tout ça je suis un traître. Oui, j'ai eu des chatons nés d'un inter-clan. Ma compagne était du Clan de l'Ombre. J'ai trahi mon Clan pour... comment on appelle ça déjà ? Ah oui, le "bonheur." Bonheur qui m'a été repris aussitôt. Est-ce que c'est toujours comme ça ? On a pas le droit d'être heureux, il faut bien être malheureux après, pour équilibrer. Ces règles sont tellement illogiques ! Je hais le Clan des Etoiles, le monde, Araignée Noire et... tout le monde. Ce sont des menteurs qui m'ont appris à être joyeux, optimiste, naïf, pour me voir tomber après... J'ai l'impression que la chute est sans fin, comme si je tombais dans un abîme tellement profond qu'on en voit pas le bout. Et puis quand il y aura l'atterrissage... Ce sera une délivrance, je suppose. Quel intérêt de tomber, sinon ? Il faut bien qu'il y ait une fin, à un moment où à un autre.

Une voix brise soudain le fil de mes pensées. Quelqu'un me parle, me demande d'aller en patrouille avec elle. Je lève la tête, dévoilant mes yeux noyés de larmes. Je ne pleurais jamais avant. Je n'en n'avais pas la moindre raison après tout. A part après l'accident de ma soeur, tout allait pour le mieux. Et puis, je m'étais relevé après ça. Ce n'était pas si terrible, après tout. Elle n'en n'était pas morte. Tandis que là... si.

C'est Divinité de la Chouette qui me l'a demandé. Je ne la connais pas personnellement, mais en fait je m'en fous complètement de qui elle est. Je n'irai pas en patrouille. Pas aujourd'hui. Je sais que je devrais, mais non, impossible. C'est totalement inenvisageable, je n'en ai pas la force.

— Non. Dégage.

Je ne me savais pas aussi violent. Ça m'a changé. Tout a changé. Je ne suis plus le même, si je suis encore quelqu'un. C'est pathétique. Pourquoi est-ce que je suis encore là ? Ils n'ont pas besoin de moi, pas dans cet état. Je pourrais partir, crever. Ça reviendrait au même de toute façon.

Je regarde Salve des Flammes. J’crois que est l'ancien mentor de Lune d’Argent. En fait, je m'en fiche parce que c'est pas le sujet. On doit partir en patrouille et pas question de perdre du temps, j'ai pas que ça à faire. J'étais partie pour y aller pensant que sa réponse allait être affirmative mais non. Je m'étais trompée. En tout cas, je suis pas du genre à laisser tomber aussi facilement.

“Non. Dégage.”

J’crois qu'j'ai mal entendu. C'est à moi qu'il cause? C'est à moi qu'il a dit de dégager? Je rêve. Avant, il aurait pu me parler comme ça parce que j'étais apprentie. Maintenant, non. On est égaux. On est tous les deux guerriers, qu'il le veuille ou non, je suis pas son chien. Je me retourne et m'avance vers lui. Comme si j'allais le laisser tranquille. Je m’assois devant lui et souris. Je suis chiante alors faut pas me dire ça. Tu m’connais mal, Salve de Flamme.

“Je suis pas ton chien, ni ton apprenti donc me manques pas de respect, okay? Bref, si tu veux pas partir en patrouille, c’pas grave à une condition. Tu m’dis c’que t’as.”

Ben quoi? Je suis réveillée et la prochaine patrouille est dans longtemps. Je veux faire quelque chose en attendant.

— Je suis pas ton chien, ni ton apprenti donc me manques pas de respect, okay? Bref, si tu veux pas partir en patrouille, c’pas grave à une condition. Tu m’dis c’que t’as.

Elle est conne ou quoi ? J'ai pas envie de parler, je vais certainement pas raconter mes problèmes, surtout pas à elle, parce que là pour l'instant j'ai que du mépris pour cette idiote. "Ton chien ni ton apprenti". Drôle de métaphore. C'est vrai que la différence n'est pas bien grande. Sauf que j'ai pas besoin qu'elle soit mon apprentie pour être irrespectueux avec elle. Et à l'inverse, j'ai jamais manqué de respect à mes apprentis. J'étais un mentor plutôt sympa, je crois. J'étais. Qui sait si je deviendrai jamais mentor de nouveau ? Ça risque pas. Pas après tout ce merdier. Je crois pas que j'en aurais l'envie. Peut-être plus tard. S'il y a un "plus tard".

Faudrait peut-être que je lui réponde. Mais j'sais pas quoi lui dire. J'ai pas du tout la tête à m'énerver, pas le moins du monde. Surtout pas avec cette conne là. J'ai aucun respect pour elle. Je m'en fous de son amour-propre et de tout ce merdier là. Qu'elle aille se faire foutre, franchement, ça sera plus simple pour elle et pour moi. Surtout pour moi. Si y a moyen de faire quelque chose qui me simplifierait la vie avec tout ces emmerdeurs qu'il y a autour de moi. Toujours à me demander ce qui va pas, toujours à me parler. Pourquoi ils peuvent pas juste me foutre la paix ? C'est trop demander c'est ça ?

— Non mais non. Va te faire foutre, j'ai pas la moindre envie de parler alors c'est pas pour parler à une conne comme toi.

Oui, quand je disais que j'avais aucun respect pour elle j'en avais vraiment aucun. Et elle alors ? Elle a aucun respect pour la vie privée des autres ?

J’sais que j’suis chiante. C'est dans ma nature d'énerver le monde. J'ai pas été éduquée comme ça mais bon. Faut croire que c'est ma personnalité qui a repris le dessus sur mon éducation. J'avoue c'est p’tête un peu de ma faute mais bon. J’regarde l'ancien mentor de Lune d’Argent, Salve de Flammes. J’l’aime pas lui, il est trop fier pour avouer c’qu’il a. J'aime pas les personnes comme ça, à croire que leur fierté est plus importante que leur bien être. Après j’m’en fiche de lui mais bon, si je veux devenir chef, il faut bien que j'entretienne de bonnes relations avec les membres de mon Clan, non? Je suis toujours face à c’que j’devrais appeler mon aîné quand il me crache au visage pour me dire ses paroles odieuses.

“Non mais non. Va te faire foutre, j'ai pas la moindre envie de parler alors c'est pas pour parler à une conne comme toi.”

Non mais je rêve là? J'essaie d'être sympa et on me remballe? D’accord. J’ai compris, je ne serais plus gentille avec quelqu'un. Même si Aile Orangée m’a toujours dit d'être aimable et qu’en retour, le Clan des Étoiles sera clément avec moi, je ne  recommencerai plus. Salve des Flammes ose me traiter de conne alors que je souhaite seulement l'aider ? Pourtant, il ne peut plus me parler de la même manière. J’suis plus une p’tite apprentie. Non, j’ai grandi et je suis une guerrière. Je suis donc au même niveau que lui, il n’a pas le droit de me parler comme ça. J’ai raison, n’est-ce pas?

“Moi, conne? Si tu l'avais pas remarqué, j’essaie d'être gentille et de t'aider. Plus tu te renfermeras, plus tu te sentiras mal. Tu fais partie d’un Clan et j’crois que le principe d’un Clan c’est d’se soutenir.”

J’dois avouer que ce sont des paroles en l'air et que j’en pense pas un mot. J’m’ennuie, c'est tout. C'est pour ça que je fais ça.
Pour passer le temps.

Je plisse les yeux et je regarde Divinité de la Chouette. Divinité... Hypocrite et narcissique. Égoïste aussi, égoïste surtout. Je le hais, je la hais. Enfin, elle ne m'importe pas, si ? Ce n'est pas elle que je hais le plus, non, ce n'est pas elle... Elle ne m'importe pas, cette idiote, si ? Mais...
La colère me prend le coeur, et c'est violent, et... mais c'est... ça ne serait pas ma camarade de Clan, par hasard ? Si, c'est vrai, j'avais oublié. Elle a transformé ma peine en colère — est-ce une bonne chose ? Et maintenant j'ai envie de lui faire du mal, de la frapper, de la griffer, j'ai envie de sentir sa chair se désagréger sous mes crocs. Mais je ne peux pas — non, je ne peux pas. Il faut que je me retienne, parce qu'elle de mon Clan. C'est ma "camarade". Ma camarade. Ma camarade. Je vais le répéter, encore et encore, c'est le seul moyen de me contrôler. Je ne dois pas lui faire mal. Pas à elle. Non, je dois la laisser tranquille — elle n'a rien fait de mal. À part... À part...

« Moi, conne? Si tu l'avais pas remarqué, j’essaie d'être gentille et de t'aider. Plus tu te renfermeras, plus tu te sentiras mal. Tu fais partie d’un Clan et j’crois que le principe d’un Clan c’est d’se soutenir. »

Ferme-la... Ferme-la... Je ne veux plus t'entendre ! Un Clan ? Quel Clan ? Votre Clan d'hypocrites, de lâches, d'égoïstes, d'aveugles, d'idiots et... pas un Clan, non. Pas mon Clan. Je voulais vous quitter, vous abandonner, pour... elle...
Je recule d'un pas, comme agressé, et je me recroqueville sur moi même, comme si ça me permettait de me défendre contre sa colère. Légitime... ou non ? Je n'arrive pas à savoir. Dois-je m'en vouloir ? Toutes les colères me semblent illégitimes, exceptée la mienne. Mais dois-je m'en vouloir pour avoir dit ça ? Je... je n'y arrive pas ; enfin, je ne crois pas... Je ne sais pas, je n'y comprends plus rien. Je ne sais plus ce que je dois penser.

« Je... qu'est-ce que tu veux, déjà ? »

Ça ne fait que retarder l'échéance. Je sais ce qu'elle veut, mais je n'ai juste pas la moindre envie de lui en parler. Je secoue la tête pour essayer de chasser ces pensées. Je ne veux pas en parler. Je veux oublier, je veux oublier, je veux oublier... Mais je n'y arrive pas. Ça reste englué à mon esprit et j'ai beau tenter de m'en débarrasser, ça n'a pas d'effet. C'est sans espoir. Je suis sans espoir.

« ... »

Ça n'arrive pas à sortir. Comment me confier à elle ? Je ne l'aime pas. Ce n'est pas mon amie. Je ne l'ai jamais aimée — je ne la connais pas, en fait. Mais... visiblement, il le faut. Parce que tout mon courage m'a perdu, que je suis redevenu lâche. Que je dois le faire, pour avoir enfin la paix, pour être enfin seul. Pour pouvoir pleurer tout mon soûl sans que personne ne vienne tenter de me réconforter. De toute façon, je doute que ce soit possible.
Comment me réconforter, après ce qu'elle a fait ?

« Je... je ne suis pas sûr que tu veuilles savoir. Et pourquoi ça t'intéresserait ? »

Je me suis un peu adouci, je suis peut-être prêt à me confier à elle. Mais pas parce que je le veux. Je ne crois pas que je veuille un jour. À quoi bon ?
Je suis sans espoir.

J'regarde le félin devant moi. J'l'aime pas, il est bizarre. Il va mal et il ne veut pas d'aide, c'est bête. Pourtant, il devrait être plus sage comme c'est celui que j'devrais appeller mon aîné mais pas du tout, bien au contraire. On dit souvent que les jeunes sont moins intelligents que les vétérans malheureusement pour eux, c'est faux. Je trouve que c'est l'inverse, je suis plus rusée que lui, cela se voit, non? C'est vrai qu'à ce moment là, je suis narcissique. Au moins, je suis réaliste. Vous savez et je sais que j'ai raison. Lui, il est dans le doute. Il ne va pas bien et cela se voit. Pourtant, il veut se voiler la face mais cela ne marche pas avec moi. J'comprends pas les personnes comme lui, faut assumer dans la vie. J'assume moi, et c'est pas pour ça que je le vis mal, bien au contraire. Je le fixe, j'ai meilleure mine que lui, croyez-moi.

" Je... qu'est-ce que tu veux, déjà ?"

En plus d'être bête, Salve de Flamme est amnésique. J'ai tout gagné dis donc. Bon. Faut que j'arrête d'être méchante comme ça. Dans le fond, j'suis pas vraiment comme ça. J'peux être gentille quand j'le veux. Mais fait l'être en retour avec moi, normal, non? Hors, l'ancien mentor de Lune d'Argent ne l'est pas avec moi alors que je souhaite seulement l'aider. J'dois avouer que j'suis pas vraiment sympa avec lui mais c'est difficile, vous savez. J'ai pas l'habitude, moi. J'ai pas vraiment d'amis donc je suis pas gentille avec les autres. Au fur et mesure de mon apprentissage, je me suis renfermée. Cela se voit, je ne suis plus aussi joyeuse qu'avant. C'est normal, j'ai grandi. Je suis devenue une véritable guerrière. Pourtant, il me reste de nombreuses lunes pour me permettre d'affiner mes compétences de membre du Clan.

" Je... je ne suis pas sûr que tu veuilles savoir. Et pourquoi ça t'intéresserait ?"

C'est ce que j'attendais. Enfin une question intelligente et non une provocation débile. Il commence à comprendre que cette discussion doit se terminer pour que je parte. Je vais être sympa avec lui, je dois reprendre de bonnes habitudes. Être gentille. Voici l'un de mes nouveaux objectifs. J'ai beaucoup de choses à entreprendre pendant ma vie. Déjà, devenir une excellente guerrière, lieutenant et chef. J'aimerais aussi connaître les vertus des plantes médicinales, cela me fascine réellement. Puis, essayer de devenir plus gentille. Il le faudra bien, j'attend des chatons. Je ne dois pas être méchante avec eux. J'espère que je serais une mère exemplaire et pas une reine qui ne fixe aucune limite, hors de question. Je saurais gérer mes gosses même si je suis jeune. Au moins, j'aurais quelque chose en plus à mettre dans mes compétences et puis, il faut un début à tout. C'est dur de se l'avouer mais j'ai raison, malheureusement.

"Cela m'intéresse parce que si on a un problème et que l'on ne l'extériorise pas, cela nous ronge de l'intérieur. Tu veux pas qu'ça t'arrive, hein? "

Pour une fois, j'ai pas tord.

Je devrais pas me laisser faire, je devrais pas me laisser lui parler. Elle a pas à savoir, personne n'a besoin de savoir. Pourquoi ils ne comprennent pas que c'est mon problème, merde ? Je dois trouver Goliath, c'est la seule chose qu'il me reste à faire. Mais ils me foutent pas la paix cinq secondes avec leurs conneries de patrouilles, alors comment je pourrais faire ? J'ai pas la moindre idée de là où il est, j'ai besoin de temps. Mais du temps j'en ai pas. J'ai trop peur pour lui. C'est une course contre la montre et je dois le retrouver avant elle. Sinon tout est foutu.
Et puis pour moi aussi, j'ai besoin de savoir qu'il va bien, besoin de savoir qu'il est sain et sauf, besoin de l'avoir près de moi parce que c'est mon fils. Sinon cet équilibre fragile va tomber et tout va s'écrouler, je vais m'écrouler. Je vais pas tenir longtemps, chaque journée est un supplice et chaque nuit est un enfer. Je peux pas continuer comme ça. Il me fallait un but, j'en ai un. C'est tout ce qui m'aidera à tenir. Mon objectif, celui de retrouver Goliath coûte que coûte.

Je suis coincé pourtant. Elle me laissera pas, elle veut savoir ce que j'ai. Mais pourquoi, à la fin ? Qu'est-ce que ça lui change, à sa vie ? Je parie qu'elle ne veut pas savoir, ça lui semble sans doute inenvisageable. Je parie qu'elle n'a jamais vu ça de sa vie, elle, elle est restée dans sa vie douillette de membre du Clan du Vent. Il y avait du sang partout. Le sol froid de la grange était pourpre, les quelques brins de paille qui le tapissaient étaient pourpres. Leur pelage était pourpre et ses griffes aussi. Je n'ai jamais vu autant de sang de toute ma vie. Pourtant j'en ai vu, des batailles. Il y en avait tellement qu'il me semble qu'il m'en reste, chaque jour. Quelque part, là, sur mon coussinet. J'y passe de l'eau tous les jours parce que je ne veux pas qu'il en reste. Je ne veux pas garder le sang de mes chatons sur moi.

« Cela m'intéresse parce que si on a un problème et que l'on ne l'extériorise pas, cela nous ronge de l'intérieur. Tu veux pas qu'ça t'arrive, hein ? »

Ça nous ronge de l'intérieur. Ça va me ronger de l'intérieur ? Ça me ronge déjà. Pas parce que j'en parle à personne. J'en ai rien à foutre de parler à qui que ce soit. J'arriverai jamais à faire mon deuil. Surtout pas s'ils continuent à m'en empêcher. J'y arriverai jamais, ça sert plus à rien d'essayer. Ma vie sera jamais comme avant. Au fait, pourquoi je suis ici ?

« Parce que tu en sais quelque chose ? »

Ma voix est glaciale comme elle ne l'a jamais été. Elle croit savoir de quoi elle parle. Elle le croit.

« Tu sais ce que ça fait, toi ? »

Je tremble de rage. Elle veut savoir ? Très bien. Elle saura.

« T'as déjà vu tes chatons noyés dans une mare de sang ? »

Non.

« T'as déjà vu ta compagne qui te regarde comme si elle n'avait même pas conscience de ce qu'elle faisait ? »

Non.

« T'as déjà eu un fils, que tu ne sais même pas où il est, peut-être éventré, quelque part, dans la lande ? »

Non.

« Ose me dire que t'as déjà vu ça. »

Non, non, non. Je suffoque. La rage, la peine, le désespoir, ça fait pas bon ménage. Rien ne va plus. J'ai envie de crever.