Je sens le danger.

Je pense sans cesse à lui, comme une boucle infernale. Il a pris possession de mon esprit comme avant, je suis devenu impuissante, il m'obsède. Avant j’avais peur de dormir la nuit, maintenant je n’attends plus que ça pour pouvoir le voir, le sentir, le toucher comme avant. Bien que ces sensations sont seulement les souvenirs qui se logent en ma mémoire. Je peux le sentir, quand je suis près de lui, c’est comme s’il était là pour de vrai, Bec de Geai. Je ressens le même amour que je ressentais dans mon ancienne vie, mais aussi la même peine, la même détresse, les mêmes blessures. Ça fait mal, ça me tourmente comme ça redonne un sens à ma vie. Je suis morte de l’intérieur comme j’ai l’impression de vivre, de vivre pour lui. Pourtant, je me suis totalement perdue maintenant que je sais la vérité sur ma mère. C’est pour ça que j’ai fuis, je crois bien que je suis sur le territoire du Clan de la Rivière, ou même peut-être du Tonnerre je sais pas c’est un peu flou dans la tête, je ne me souviens pas de tout exactement.

Je sens l’odeur de mon ancien clan et une nausée me monte, je ne sais pas trop pourquoi, est-ce les souvenirs des odeurs des corps déchirés sous les griffes de mon compagnon et de mes amis ? J’en sais rien, je sais juste que ça me donne envie de vomir. Je passe sur les rochers du soleil et descends dans l’eau tiède de la rivière, chauffé par le sommeil. D’abord j’ai eu un peu de mal avec ce premier contact avec l’eau dans ma nouvelle vie. J’ai eu du mal à nager de nouveau et à ne pas me faire emporter le courant, emporter comme quand Topaze de Feu a tenté de me tuer. Je traverse la rivière des flashs dans la tête et j’arrive de l’autre côtés essoufflée, comme si je venais de me vider de toutes mes forces. En même temps, je n’ai plus la force que j’avais avant, lorsque je m’appelais Baie d’Oranger et que j’étais une guerrière du Clan de la Rivière. Je m’assois, trempé en plein milieu d’un rayon de soleil alors que je suis passée du côtés du Clan du Tonnerre. qu’est-ce que je fais là ? J’en sais rien, je n’ai pas le droit d’être ici, tout le monde sait que je suis morte. Et s’ils me voyaient ? Qu’est-ce qu’ils penseraient ? Que je me suis fais rejetée par les étoiles ?

Un craquement provient soudainement de la forêt et je me tourne brusquement, tous les sens en alerte. Je hume l’air, par chance le vent et face contre moi et je peux reconnaître l’odeur. Alors que je m’apprêtais à fuire, trop fébrile pour combattre, je me stoppa dans mes mouvement et fixa la cime des arbres, c’était quelqu’un que je connaissais, une personne que je n’aimais pas et qui ne m’aimait pas. Une personne importante du Clan du Tonnerre. Mais alors que je sentais le danger palpable, je ne bougea pas d’un coussinet.

Haha, tu sais qui je suis !

Rayon de Soleil, la lieutenante du Clan du Tonnerre est ancienne ennemis de Baie d’Oranger sortis des arbres pour se mettre à découvert, face à moi. Je retins un rire que je ne savais pas d’où il venait, mais j’avais envie d’exploser de rire, et me retenir n’était pas une mince affaire. La femelle rousse s’approcha un peu plus de moi, me regardant avec des yeux. Elle devait sûrement ne pas comprendre qu’est-ce que je faisais là. Moi, guerrière censée être morte qui se trouve pourtant sur ses terres, et en plus bien plus jeune qu’elle ne l’était avant. J’avoue, moi aussi j’aurai perdu la boule si je voyais une personne morte en chaire et en os devant moi, qui bouge en plus.

« Qui es-tu ? »

Un petit rire s’évada de ma gorge alors que je me rapprocha de la féline, consciente que je me rapprochait du danger, qu’à tout moment elle me sautait à la gueule pour voir si je n’étais qu’un mirage ou je savais pas trop qu’elle autre connerie. Mais ça m’amusait, et je ne pouvais m’empêcher de jouer. Les souvenirs me revenaient petit à petit par flashs, leur première rencontre avait dégénéré, mais les souvenirs étaient flous, ça remontait à beaucoup trop loin. Je secoua la tête vivement pour tenter de faire fuir les images du combat. C’était horrible de se souvenir de la vie de quelqu’un d’autre, de se souvenir de choses que nous n’avons pas vraiment vécu, enfin si, théoriquement puisque je m’en souvenais, c’est que je les avais vécue. Mais moi je l’ai vivait plutôt comme des flashs, des morceaux de la mémoire de quelqu’un d’autre qui venait me voiler la vu, me rendre aveugle de mon monde pendant quelques secondes, juste le temps que je me rappelle. Oh, et croyez moi ça me torturait la nuit, à n’en plus pouvoir. Des souvenirs si horribles que je pouvais sentir le sang, la détresse et le désespoir à travers.

« Aha, mais tu sais qui je suis ! »

Je me mis à tourner autour de la femelle, complètement inconsciente du danger qui planait sur moi. Mais j’avais envie de jouer, pourquoi ne pas lui faire un peu peur ? Je n’en savais rien, mais c’était tellement tentant, vu sa tête elle n’en revenait pas.

« Je suis Araneus, aka Baie d’Oranger, je suis envoyée par le Clan des Étoiles, pour toi »

Je me remis à rire de plus belle, c’était la première fois que je me moquais ouvertement de quelqu’un, et haha qu’est-ce que c’était drôle ! Je comprenais mieux ce que ressentais maman lorsqu’elle jouait avec une proie avant de la tuer. Bon, là évidemment je ne comptais pas la tuer, je ne faisais absolument pas le poids. Tout ce qu’il pouvait se passer c’est qu’elle me poursuive et que je m’échappe. Je me demandais bien quelle tournure allait prendre cette charmante discussion !