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Vétéran
Puf/Surnom : Espé.
Messages : 643Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 60
Mentor / apprenti : Nuage de la Collision
Souffle d'Espérance
Sam 18 Jan 2020 - 14:50
It's been a long time
ago all happened
C’était il y a si longtemps.
Si longtemps que tout s’est passé, que ma vie s’était accélérée comme une tornade s’apprêtant à tout dévorer sur son passage, comme des grains de sable trop vite descendus dans le sablier.
Je suis vieille maintenant. Enfin, tout est relatif. Je sais que je suis dans la fleur de l’âge, que mes aptitudes au combat et à la stratégie n’ont jamais été et ne seront jamais aussi fortes, que je suis l’une des meilleures vétérans du Clan et aussi l’une des plus prometteuses - ce n’est aucunement du narcissisme, juste des paroles de mon père, Etoile Fragmentée -. Et je sais qu’il avait songée à me prendre comme lieutenante, et que j’aurais pu l’être, si j’avais été dans des meilleures conditions à ce moment là. J’ai laissé mon rêve me filer entre les doigts, et pourtant, je ne ressens aucun regret ni remords, ou même de la jalousie envers Coeur de Grizzli, le fils de ma valeureuse soeur, parce que je sais qu’il dirigera notre Clan avec discernement, et au fond de moi, je ne me sentais pas prête à devenir chef. Pas du Clan de l’Ombre, en tout cas. Il est profondément irréfléchi et insensé de vouloir devenir chef d’un Clan dont on s’est toujours sentie en décalage, et dont on pensait pouvoir aveuglement faire mieux que les précédents chefs. Oh, quand j’étais chatonne, j’étais si persuadée de pouvoir mieux diriger le Clan de l’Ombre qu’Etoile de Lave, qui l’avait fait tomber dans la disgrâce et le mépris. Et je le méprisais pour cela, pour cette incapacité à diriger, cette tâche si facile et si intuitive.
Mais c’était avant que je me rende compte de ce que le pouvoir fait aux gens. On dit toujours que ceux qui le prennent le mieux et qui s’en servent avec le plus de retenue sont ceux qui ne l’ont jamais voulu; mais quand je vois Étoile Fragmentée, plus fatigué et las comme jamais, portant le poids du monde sur ses épaules, je me dis que ce n’est pas facile, même pour ceux qui le voulaient le moins du monde. Ce n’est pas facile d’être chef, d’avoir la responsabilité d’un Clan entier sur les épaules, de vies qui risquent de te hanter après chaque bataille perdue, ce n’est pas facile de diriger parce qu’il faut savoir faire passer les besoins du Clan avant les siens, même quand tu sombres et que tu as désespérément besoin d’aide. Etoile Fragmentée a désespérément besoin d’aide, et moi, j’aimerais désespérément faire quelque chose pour apaiser ce poids. Et on ne peut pas. On ne peut pas aider les gens à se battre contre leurs propres démons. On peut essayer de les aider à trouver des armes qui pourront les aider, mais on ne peut pas les battre à leur place. Chacun d’entre nous possède des démons à battre, qu’il devra affronter toute sa vie. J’aime croire à l’idée que j’ai réussi à vaincre les miens, ou du moins, les mettre à terre momentanément. Et je sais que la tâche de chef, après toutes ces années, est bien plus ardue qu’il n’y paraît.
Je suis vieille maintenant. Mais je sais que si je pose la question à mon fils, il me dira que j’ai l’air plus jeune et plus belle que même les apprenties. Que si je pose la question à ma mère, qui arrive dans la fin de sa magnifique vie de guerrière, me regardera avec des yeux de fierté et me dira que je suis éblouissante. Et pourtant, avec 37 lunes à mon actif, j’ai l’impression d’avoir tant vécu. D’avoir traversé tant d’épreuves et de choses. J’ai l’impression que ma vie est déjà passée devant mes yeux à la vitesse d’une étoile filante. Et pourtant, je suis heureuse, en paix. Je ne suis toujours pas persuadée de ne rien regretter de tout ce que j’ai pu faire ou ressentir, et ni d’avoir toujours fait les meilleurs choix pour moi ou mon Clan. Je doute de pouvoir l’être un jour. Mais désormais, je les assume et les chéris, car sans eux, je ne serai pas celle que je suis. Souffle d’Espérance. Je ne ressens plus le besoin de trouver l’identité de mon père à tout prix; ou encore de vouloir me venger du Clan des Étoiles qui se sont emparés de ma fille, ma magnifique fille que je retrouverai quand je pousserai mon dernier souffle en de monde. Je n’en veux pas non plus à Baie d’If, ou à Epine de Cactus, mon compagnon de toujours, d’être parti. Je ne ressens pas de haine, de jalousie ou de mensonge. Je suis devenue une eau dormante, qui redoute le moment où elle devra se réveiller.
Je n’ai pas envie de replonger la tête la première dans mon ancienne vie, semée d’embûches composées de traîtrises, de coeurs brisés, de haine, de sang, de hurlements et de morts. J’en ai déjà bien assez vécu comme cela, et mes cauchemars qui me hantent ou mes sursautements impromptus face à un bruit, une foule ou une Assemblée ne se gênent pas pour me le rappeler. Pourtant, je sens que cela ne va pas tarder. Et j’ai peur. J’ai peur de recommencer à perdre des personnes auxquels je tiens, j’ai peur de voir le mal d’insinuer dans ma petite vie calme et détruire tous mes efforts pour construire ce cocon que j’ai mis des saisons à construire, pour me réfugier dans cette petite vie paisible et sans histoires.
Alors, quand je me réveille le matin, avant l’aube, et que je regarde le lever du soleil dans un Clan encore endormi, je me dis que je ne souhaite pas plus que cette vie là. Cette vie de parties de chasse avec Bourrasque Majestueuse - absolument pas fructueuses, cela n’a pas changé, même après toutes ces lunes - d’entraînement de combats avec Étoile Fragmentée, de discussions avec Colosse du Désert, de visites à Cicatrice de Ronce, de rires avec Aurore Lointaine et de tous ces moments passés, avec tous les gens que j’aime et qui comptent pour moi. Je m’y suis adaptée, à cette absence de risques et de danger, de non-transgressions de règles, de combats uniquement avec les membres de mon Clan, d’aucune amourette qui pourrait me nuire. Je me suis adaptée à cette vie sans frasques, sage et emplie de réflexions, et non de décisions et de promesses prises dans le feu de l’action. Je pourrai passer toute ma vie dans cet doux océan de plénitude et d’insouciance.
Et pourtant, je me demande si je ne suis pas devenue une version édulcorée de moi même. Si au fond de moi, je suis toujours Souffle d’Espérance, aux yeux orageux et au corps intrépide, à ce feu qui brûle en moi et qui se manifeste dans mes prunelles lors d’un combat, aux coups mortels que je pourrai mettre dans un champ de bataille. A cette vie téméraire, rebelle, sans penser aux conséquences de mes actes, une vie insouciante, à jongler entre la vie et la mort sans prendre garde de jusqu’à où je pourrai arriver.
Et quand je vois mon apprentie, qu’Etoile Fragmentée m’a confiée, la fille de ma propre ancienne mentor, je me dis qu’elle a assurément ce feu qui circule dans ses veines et qui la rend brave et intrépide. Nuage de la Collision. Elle est forte au combat, et avec mon entrainement, je compte bien la faire devenir la meilleure apprentie du Clan. Je n’ai jamais aimé la demi-mesure, et je sens qu’elle non plus. Pour la chasse, ce sera un peu plus compliqué, mais je ne doute pas qu’elle va y arriver, même si j’ai quelques lacunes. Elle est belle, mon apprentie. Elle me rappelle ma fille, tout ce qu’elle aurait pu devenir si elle avait eu la chance de vivre. Elle me donne un air frais et je me suis attachée à elle, je dois bien l’admettre. Elle a reçu l’intelligence, l’exigence et la tenacité de sa mère, et ce sont ces qualités qui m’ont permis de devenir l’excellente guerrière que je suis aujourd’hui, alors je ne peux que les admirer. Rire Dévastateur, la soeur de mon père. Et désormais, je suis en charge de sa fille. Au début, je ne l’aimais pas. Elle était si froide, elle me demandait toujours le meilleur et se gênait jamais pour me dire si ce que je faisais était nul et ne m’épargnait jamais aucun entraînement, que ce soit un jour de pluie ou de soleil brûlant. Et pourtant, désormais, lorsque je combats, j’entends toujours sa voix qui me conseille une telle parade ou une autre, comme si j’étais toujours une apprentie et qu’elle était là pour me conseiller. Je n’aurais pas pu souhaiter meilleure mentor qu’elle, parce qu’il me fallait quelqu’un pour me maîtriser et Rire Dévastateur, avec son tempérament, le faisait mieux que personne n’aurait pu jamais le faire. Alors je la remercie, à chaque fois que je tue une proie, à chaque fois que je gagne un combat, car c’est grâce à elle que je suis la guerrière que je suis.
Et je compte bien donner à Nuage de la Collision un entraînement aussi réussi que celui qui m’a été dispensé, si ce n’est mieux.
Je la regarde dormir, depuis la clairière du Clan. Elle est belle, me rappelle moi-même dans ma jeunesse. Une flamme destructrice et incontrôlable si on apprend pas à la maîtriser. C’est l’exercice d’une vie, de savoir comment s’y prendre. Et même maintenant, après des saisons d’expérience, je ne sais toujours pas vraiment comment m’y prendre lorsque je suis en colère ou lorsque je ressens des émotions trop fortes. Parce que c’est compliqué, au fond.
Il n’y a jamais beaucoup d’agitation dans le Clan le matin, l’Ombre n’étant pas connu pour être des lève-tôt, alors je vois très distinctement Nuage d’Azurite et Ascendance de l’Aube, la fille d’Etoile Mortelle, partir du Clan. J’aime beaucoup Nuage d’Azurite. Je me rappelle des petites discussions que nous avons eu quand je rendais visite à sa mère, et elle m’avait vraiment intriguée et fait réfléchir, et puis, c’est l’apprentie de mon père. Je peux voir qu’ils sont proches, et qu’ils ont un lien apprenti/mentor bien plus fort que ce qui pourrait exister habituellement. Mais cela ne m’étonne pas venant d’Etoile Fragmentée, qui est passionné, peu importe ce qu’il entreprend. Quant à Ascendance de l’Aube, je ne sais pas trop quoi en penser. Je sais qu’il ne faut pas juger les gens selon leur ascendance, et je suis la première à le dire, mais elle a quand même l’air d’une copie exacte de sa mère. Et il ne fait pas bon de ressembler à Etoile Mortelle.
Surtout lorsqu’on sait ce qu’elle a fait subir au Clan de l’Ombre. J’ai parfois l’impression que ce Clan ne sortira jamais des complots et des meurtres, et que nous passerons notre à démêler le vrai du faux, à vivre dans la peur et les méfiances, et cela m’épuise. Et même un aussi bon chef qu’Etoile Fragmentée ne peut empêcher ça.
Je sens mes pattes fourmiller, exprimant mon désir de marcher et prendre l’air. Je ne me suis jamais tout à fait remise de toutes ces lunes confinée dans la Pouponnière, et désormais, dès que je reste trop souvent immobile, mon corps me le fait comprendre. Je suis devenue une pile électrique aussi, en quelque sorte. Alors je décide de sortir du camp derrière elles et de les suivre, par simple curiosité. Ce défaut finira sûrement par me perdre un jour, mais en attendant, il m’a sauvée de nombreuses situations et, même si parfois il fait mal, mieux vaut savoir la vérité qui blesse plutôt que de rester dans le mensonge. J’ai fini par m’en rendre compte, bien contre mon gré, sous le prix des cris et des larmes, mais j’ai fini par l’accepter. Vivre dans le mensonge est tout sauf une vie digne d’être vécue.
Je les suivis donc. Pendant longtemps. Trop longtemps. C’était bizarre que Ascendance de l’Aube s’éloigne tant du Camp, d’ailleurs. Je commençais à me douter que quelque chose se tramait, et pourtant, je ne fis rien. J’aurais dû, j’aurais tellement dû, et pourtant, je suis restée immobile. Et je ne sais pas pourquoi, je ne sais toujours pas pourquoi je ne suis pas intervenue, et j’ai laissé ça se passer sans rien faire pour le contrer. J’aurais pu deviner, j’aurais pu remarquer que personne n'était au courant de leur départ, j’aurais pu prévenir mon père que son apprentie partait avec la fille de sa pire ennemie, j’aurais pu me douter que la distance qui nous séparait du camp était trop longue.
J’aurais dû me douter qu’on ne reste jamais trop longtemps en paix, et que dès qu’on ose reprendre son souffle, on est projeté dans notre destin, empli de terreur et de combats. Je pensais juste naïvement que je pouvais tenir plus longtemps ce mensonge avant de revenir à la réalité. Mais c’est faux, parce que comme la vérité ne peut pas être cachée bien longtemps, le soleil finit toujours par se lever.
Et Ascendance de l’Aube savait que le moyen le plus efficace de s’attaquer à mon père, après l’avoir dépouillé de toute sa famille, ses fils et sa fille, était de s’attaquer au fruit de son apprentissage. Nuage d’Azurite, l’apprentie avec qui il partage un lien plus fort que n’importe qui.
Elle lui avait juste demandé de chasser une proie, et ensuite, tout se passa si vite. Que des flashs dans ma tête. Nuage d’Azurite qui tombe inconsciente, Ascendance de l’Aube qui la cache dans un ancien terrier à renard, elle qui se pose à l’entrée, montant la garde. Et à ce moment là, je voulais tellement surgir de ma cachette et lui faire mal. Je voulais même la tuer, regarder la vie s’échapper de son corps pour qu’elle arrête de nous faire mal. Je voulais la frapper si fort, et mon instinct me hurlait que c’était la bonne chose à faire, que c’était la chose que toute guerrière ferait, que c’était ce que j’étais conditionnée à faire, qu’il était temps que je sorte de cette bulle et que je m’entraîne enfin sur une proie vivante et non-consentante, à qui je pourrais faire mal, quelqu’un que j’étais sûre de pouvoir mettre à terre. C’était ce qu’il fallait que je fasse.
Et pourtant, au fond de moi, je savais que ce n’était pas la bonne décision. Je savais que je devais le dire à Etoile Fragmentée, que je ne pouvais pas tout faire toute seule, que parfois, il fallait s’effacer et laisser quelqu’un mener le combat à notre place. Je savais que c’était ce qu’il voulait que je fasse, et je ne pouvais pas le décevoir. Pas cette fois-ci, pas alors que j’ai la vie de son apprentie entre mes mains. Alors, pour une fois, je n’écoutai pas mon instinct.
J’ai couru comme je ne l’ai jamais fait, et j’ai déboulé au Clan, le pelage ébouriffé et le souffle coupé. J’ai couru dans la tanière d’Etoile Fragmentée et je l’ai trouvé entrain de parler avec Coeur de Grizzli, son lieutenant. Mais qu’importe. Je sais que ce que j’ai à dire vaut plus qu’une simple discussion entre le chef et son lieutenant, aussi importante soit elle. Alors, avant que mon père ou mon neveu prennent la parole, je m’écroulai par terre et prononçai, d’une voix hachée par l’épuisement et l’alarme.
“Ascendance… Ascendance de l’Aube… Elle a kidnappé Nuage d’Azurite… et la détient dans un terrier de re..renard. Inconsciente. Aux abords du territoire. J’ai peur… pour sa vie. Tu dois envoyer une patrouille et la neutraliser.”
Ensuite, je fermai les yeux et repris mon souffle. Il fallait que je prenne des forces, pour pouvoir les reconduire où elles se trouvent. Et même si je sais que Etoile Fragmentée voudra sa peau, je ne le laisserai pas la combattre seul. Puisque j’ai été renvoyée dans mon ancienne vie, contre mon gré, il faut bien que j’en retrouve tous les bons côtés.
Et tuer une traître à son Clan en fait bien partie, assurément.
Si longtemps que tout s’est passé, que ma vie s’était accélérée comme une tornade s’apprêtant à tout dévorer sur son passage, comme des grains de sable trop vite descendus dans le sablier.
Je suis vieille maintenant. Enfin, tout est relatif. Je sais que je suis dans la fleur de l’âge, que mes aptitudes au combat et à la stratégie n’ont jamais été et ne seront jamais aussi fortes, que je suis l’une des meilleures vétérans du Clan et aussi l’une des plus prometteuses - ce n’est aucunement du narcissisme, juste des paroles de mon père, Etoile Fragmentée -. Et je sais qu’il avait songée à me prendre comme lieutenante, et que j’aurais pu l’être, si j’avais été dans des meilleures conditions à ce moment là. J’ai laissé mon rêve me filer entre les doigts, et pourtant, je ne ressens aucun regret ni remords, ou même de la jalousie envers Coeur de Grizzli, le fils de ma valeureuse soeur, parce que je sais qu’il dirigera notre Clan avec discernement, et au fond de moi, je ne me sentais pas prête à devenir chef. Pas du Clan de l’Ombre, en tout cas. Il est profondément irréfléchi et insensé de vouloir devenir chef d’un Clan dont on s’est toujours sentie en décalage, et dont on pensait pouvoir aveuglement faire mieux que les précédents chefs. Oh, quand j’étais chatonne, j’étais si persuadée de pouvoir mieux diriger le Clan de l’Ombre qu’Etoile de Lave, qui l’avait fait tomber dans la disgrâce et le mépris. Et je le méprisais pour cela, pour cette incapacité à diriger, cette tâche si facile et si intuitive.
Mais c’était avant que je me rende compte de ce que le pouvoir fait aux gens. On dit toujours que ceux qui le prennent le mieux et qui s’en servent avec le plus de retenue sont ceux qui ne l’ont jamais voulu; mais quand je vois Étoile Fragmentée, plus fatigué et las comme jamais, portant le poids du monde sur ses épaules, je me dis que ce n’est pas facile, même pour ceux qui le voulaient le moins du monde. Ce n’est pas facile d’être chef, d’avoir la responsabilité d’un Clan entier sur les épaules, de vies qui risquent de te hanter après chaque bataille perdue, ce n’est pas facile de diriger parce qu’il faut savoir faire passer les besoins du Clan avant les siens, même quand tu sombres et que tu as désespérément besoin d’aide. Etoile Fragmentée a désespérément besoin d’aide, et moi, j’aimerais désespérément faire quelque chose pour apaiser ce poids. Et on ne peut pas. On ne peut pas aider les gens à se battre contre leurs propres démons. On peut essayer de les aider à trouver des armes qui pourront les aider, mais on ne peut pas les battre à leur place. Chacun d’entre nous possède des démons à battre, qu’il devra affronter toute sa vie. J’aime croire à l’idée que j’ai réussi à vaincre les miens, ou du moins, les mettre à terre momentanément. Et je sais que la tâche de chef, après toutes ces années, est bien plus ardue qu’il n’y paraît.
Je suis vieille maintenant. Mais je sais que si je pose la question à mon fils, il me dira que j’ai l’air plus jeune et plus belle que même les apprenties. Que si je pose la question à ma mère, qui arrive dans la fin de sa magnifique vie de guerrière, me regardera avec des yeux de fierté et me dira que je suis éblouissante. Et pourtant, avec 37 lunes à mon actif, j’ai l’impression d’avoir tant vécu. D’avoir traversé tant d’épreuves et de choses. J’ai l’impression que ma vie est déjà passée devant mes yeux à la vitesse d’une étoile filante. Et pourtant, je suis heureuse, en paix. Je ne suis toujours pas persuadée de ne rien regretter de tout ce que j’ai pu faire ou ressentir, et ni d’avoir toujours fait les meilleurs choix pour moi ou mon Clan. Je doute de pouvoir l’être un jour. Mais désormais, je les assume et les chéris, car sans eux, je ne serai pas celle que je suis. Souffle d’Espérance. Je ne ressens plus le besoin de trouver l’identité de mon père à tout prix; ou encore de vouloir me venger du Clan des Étoiles qui se sont emparés de ma fille, ma magnifique fille que je retrouverai quand je pousserai mon dernier souffle en de monde. Je n’en veux pas non plus à Baie d’If, ou à Epine de Cactus, mon compagnon de toujours, d’être parti. Je ne ressens pas de haine, de jalousie ou de mensonge. Je suis devenue une eau dormante, qui redoute le moment où elle devra se réveiller.
Je n’ai pas envie de replonger la tête la première dans mon ancienne vie, semée d’embûches composées de traîtrises, de coeurs brisés, de haine, de sang, de hurlements et de morts. J’en ai déjà bien assez vécu comme cela, et mes cauchemars qui me hantent ou mes sursautements impromptus face à un bruit, une foule ou une Assemblée ne se gênent pas pour me le rappeler. Pourtant, je sens que cela ne va pas tarder. Et j’ai peur. J’ai peur de recommencer à perdre des personnes auxquels je tiens, j’ai peur de voir le mal d’insinuer dans ma petite vie calme et détruire tous mes efforts pour construire ce cocon que j’ai mis des saisons à construire, pour me réfugier dans cette petite vie paisible et sans histoires.
Alors, quand je me réveille le matin, avant l’aube, et que je regarde le lever du soleil dans un Clan encore endormi, je me dis que je ne souhaite pas plus que cette vie là. Cette vie de parties de chasse avec Bourrasque Majestueuse - absolument pas fructueuses, cela n’a pas changé, même après toutes ces lunes - d’entraînement de combats avec Étoile Fragmentée, de discussions avec Colosse du Désert, de visites à Cicatrice de Ronce, de rires avec Aurore Lointaine et de tous ces moments passés, avec tous les gens que j’aime et qui comptent pour moi. Je m’y suis adaptée, à cette absence de risques et de danger, de non-transgressions de règles, de combats uniquement avec les membres de mon Clan, d’aucune amourette qui pourrait me nuire. Je me suis adaptée à cette vie sans frasques, sage et emplie de réflexions, et non de décisions et de promesses prises dans le feu de l’action. Je pourrai passer toute ma vie dans cet doux océan de plénitude et d’insouciance.
Et pourtant, je me demande si je ne suis pas devenue une version édulcorée de moi même. Si au fond de moi, je suis toujours Souffle d’Espérance, aux yeux orageux et au corps intrépide, à ce feu qui brûle en moi et qui se manifeste dans mes prunelles lors d’un combat, aux coups mortels que je pourrai mettre dans un champ de bataille. A cette vie téméraire, rebelle, sans penser aux conséquences de mes actes, une vie insouciante, à jongler entre la vie et la mort sans prendre garde de jusqu’à où je pourrai arriver.
Et quand je vois mon apprentie, qu’Etoile Fragmentée m’a confiée, la fille de ma propre ancienne mentor, je me dis qu’elle a assurément ce feu qui circule dans ses veines et qui la rend brave et intrépide. Nuage de la Collision. Elle est forte au combat, et avec mon entrainement, je compte bien la faire devenir la meilleure apprentie du Clan. Je n’ai jamais aimé la demi-mesure, et je sens qu’elle non plus. Pour la chasse, ce sera un peu plus compliqué, mais je ne doute pas qu’elle va y arriver, même si j’ai quelques lacunes. Elle est belle, mon apprentie. Elle me rappelle ma fille, tout ce qu’elle aurait pu devenir si elle avait eu la chance de vivre. Elle me donne un air frais et je me suis attachée à elle, je dois bien l’admettre. Elle a reçu l’intelligence, l’exigence et la tenacité de sa mère, et ce sont ces qualités qui m’ont permis de devenir l’excellente guerrière que je suis aujourd’hui, alors je ne peux que les admirer. Rire Dévastateur, la soeur de mon père. Et désormais, je suis en charge de sa fille. Au début, je ne l’aimais pas. Elle était si froide, elle me demandait toujours le meilleur et se gênait jamais pour me dire si ce que je faisais était nul et ne m’épargnait jamais aucun entraînement, que ce soit un jour de pluie ou de soleil brûlant. Et pourtant, désormais, lorsque je combats, j’entends toujours sa voix qui me conseille une telle parade ou une autre, comme si j’étais toujours une apprentie et qu’elle était là pour me conseiller. Je n’aurais pas pu souhaiter meilleure mentor qu’elle, parce qu’il me fallait quelqu’un pour me maîtriser et Rire Dévastateur, avec son tempérament, le faisait mieux que personne n’aurait pu jamais le faire. Alors je la remercie, à chaque fois que je tue une proie, à chaque fois que je gagne un combat, car c’est grâce à elle que je suis la guerrière que je suis.
Et je compte bien donner à Nuage de la Collision un entraînement aussi réussi que celui qui m’a été dispensé, si ce n’est mieux.
Je la regarde dormir, depuis la clairière du Clan. Elle est belle, me rappelle moi-même dans ma jeunesse. Une flamme destructrice et incontrôlable si on apprend pas à la maîtriser. C’est l’exercice d’une vie, de savoir comment s’y prendre. Et même maintenant, après des saisons d’expérience, je ne sais toujours pas vraiment comment m’y prendre lorsque je suis en colère ou lorsque je ressens des émotions trop fortes. Parce que c’est compliqué, au fond.
Il n’y a jamais beaucoup d’agitation dans le Clan le matin, l’Ombre n’étant pas connu pour être des lève-tôt, alors je vois très distinctement Nuage d’Azurite et Ascendance de l’Aube, la fille d’Etoile Mortelle, partir du Clan. J’aime beaucoup Nuage d’Azurite. Je me rappelle des petites discussions que nous avons eu quand je rendais visite à sa mère, et elle m’avait vraiment intriguée et fait réfléchir, et puis, c’est l’apprentie de mon père. Je peux voir qu’ils sont proches, et qu’ils ont un lien apprenti/mentor bien plus fort que ce qui pourrait exister habituellement. Mais cela ne m’étonne pas venant d’Etoile Fragmentée, qui est passionné, peu importe ce qu’il entreprend. Quant à Ascendance de l’Aube, je ne sais pas trop quoi en penser. Je sais qu’il ne faut pas juger les gens selon leur ascendance, et je suis la première à le dire, mais elle a quand même l’air d’une copie exacte de sa mère. Et il ne fait pas bon de ressembler à Etoile Mortelle.
Surtout lorsqu’on sait ce qu’elle a fait subir au Clan de l’Ombre. J’ai parfois l’impression que ce Clan ne sortira jamais des complots et des meurtres, et que nous passerons notre à démêler le vrai du faux, à vivre dans la peur et les méfiances, et cela m’épuise. Et même un aussi bon chef qu’Etoile Fragmentée ne peut empêcher ça.
Je sens mes pattes fourmiller, exprimant mon désir de marcher et prendre l’air. Je ne me suis jamais tout à fait remise de toutes ces lunes confinée dans la Pouponnière, et désormais, dès que je reste trop souvent immobile, mon corps me le fait comprendre. Je suis devenue une pile électrique aussi, en quelque sorte. Alors je décide de sortir du camp derrière elles et de les suivre, par simple curiosité. Ce défaut finira sûrement par me perdre un jour, mais en attendant, il m’a sauvée de nombreuses situations et, même si parfois il fait mal, mieux vaut savoir la vérité qui blesse plutôt que de rester dans le mensonge. J’ai fini par m’en rendre compte, bien contre mon gré, sous le prix des cris et des larmes, mais j’ai fini par l’accepter. Vivre dans le mensonge est tout sauf une vie digne d’être vécue.
Je les suivis donc. Pendant longtemps. Trop longtemps. C’était bizarre que Ascendance de l’Aube s’éloigne tant du Camp, d’ailleurs. Je commençais à me douter que quelque chose se tramait, et pourtant, je ne fis rien. J’aurais dû, j’aurais tellement dû, et pourtant, je suis restée immobile. Et je ne sais pas pourquoi, je ne sais toujours pas pourquoi je ne suis pas intervenue, et j’ai laissé ça se passer sans rien faire pour le contrer. J’aurais pu deviner, j’aurais pu remarquer que personne n'était au courant de leur départ, j’aurais pu prévenir mon père que son apprentie partait avec la fille de sa pire ennemie, j’aurais pu me douter que la distance qui nous séparait du camp était trop longue.
J’aurais dû me douter qu’on ne reste jamais trop longtemps en paix, et que dès qu’on ose reprendre son souffle, on est projeté dans notre destin, empli de terreur et de combats. Je pensais juste naïvement que je pouvais tenir plus longtemps ce mensonge avant de revenir à la réalité. Mais c’est faux, parce que comme la vérité ne peut pas être cachée bien longtemps, le soleil finit toujours par se lever.
Et Ascendance de l’Aube savait que le moyen le plus efficace de s’attaquer à mon père, après l’avoir dépouillé de toute sa famille, ses fils et sa fille, était de s’attaquer au fruit de son apprentissage. Nuage d’Azurite, l’apprentie avec qui il partage un lien plus fort que n’importe qui.
Elle lui avait juste demandé de chasser une proie, et ensuite, tout se passa si vite. Que des flashs dans ma tête. Nuage d’Azurite qui tombe inconsciente, Ascendance de l’Aube qui la cache dans un ancien terrier à renard, elle qui se pose à l’entrée, montant la garde. Et à ce moment là, je voulais tellement surgir de ma cachette et lui faire mal. Je voulais même la tuer, regarder la vie s’échapper de son corps pour qu’elle arrête de nous faire mal. Je voulais la frapper si fort, et mon instinct me hurlait que c’était la bonne chose à faire, que c’était la chose que toute guerrière ferait, que c’était ce que j’étais conditionnée à faire, qu’il était temps que je sorte de cette bulle et que je m’entraîne enfin sur une proie vivante et non-consentante, à qui je pourrais faire mal, quelqu’un que j’étais sûre de pouvoir mettre à terre. C’était ce qu’il fallait que je fasse.
Et pourtant, au fond de moi, je savais que ce n’était pas la bonne décision. Je savais que je devais le dire à Etoile Fragmentée, que je ne pouvais pas tout faire toute seule, que parfois, il fallait s’effacer et laisser quelqu’un mener le combat à notre place. Je savais que c’était ce qu’il voulait que je fasse, et je ne pouvais pas le décevoir. Pas cette fois-ci, pas alors que j’ai la vie de son apprentie entre mes mains. Alors, pour une fois, je n’écoutai pas mon instinct.
J’ai couru comme je ne l’ai jamais fait, et j’ai déboulé au Clan, le pelage ébouriffé et le souffle coupé. J’ai couru dans la tanière d’Etoile Fragmentée et je l’ai trouvé entrain de parler avec Coeur de Grizzli, son lieutenant. Mais qu’importe. Je sais que ce que j’ai à dire vaut plus qu’une simple discussion entre le chef et son lieutenant, aussi importante soit elle. Alors, avant que mon père ou mon neveu prennent la parole, je m’écroulai par terre et prononçai, d’une voix hachée par l’épuisement et l’alarme.
“Ascendance… Ascendance de l’Aube… Elle a kidnappé Nuage d’Azurite… et la détient dans un terrier de re..renard. Inconsciente. Aux abords du territoire. J’ai peur… pour sa vie. Tu dois envoyer une patrouille et la neutraliser.”
Ensuite, je fermai les yeux et repris mon souffle. Il fallait que je prenne des forces, pour pouvoir les reconduire où elles se trouvent. Et même si je sais que Etoile Fragmentée voudra sa peau, je ne le laisserai pas la combattre seul. Puisque j’ai été renvoyée dans mon ancienne vie, contre mon gré, il faut bien que j’en retrouve tous les bons côtés.
Et tuer une traître à son Clan en fait bien partie, assurément.
Feat Ray
(c) Biket
Vétéran
Puf/Surnom : Ray Messages : 633Le personnage
Sexe du perso: Masculin
Âge du perso: 88 lunes
Mentor / apprenti :
Étoile Fragmentée
Mer 12 Fév 2020 - 0:08
it's been a long time
- ft. Espé & Aily -
Il y a quelque chose qui ne va pas. Quelque chose qui cloche. Ce sentiment de malaise que je peux palper du bout des pattes. Au sein du Clan de l’Ombre, je veux dire. Je viens d’ouvrir les yeux. L’obscurité de ma tanière ne me trompe pas : on s’agite au dehors. Il y a du boucan. Je me lève difficilement, m’étire. À peine ai-je le temps de faire ma toilette, que Coeur de Grizzli, récemment nommé lieutenant par ma personne, débarque, un air bien trop sérieux sur le visage. Ça ne lui correspond pas. Je n’ai pas l’habitude de le voir ainsi. Je n’ai pas l’habitude de le voir tout court, d’ailleurs. Ça me fait étrange, en y pensant, d’avoir désormais à le considérer à part entière comme un vrai guerrier, et même plus. D’avoir à la considérer comme un lieutenant. Comme mon lieutenant. Oui, c’est difficile à croire, en fait. Croire que le petit bout de guerrier, le minuscule chaton qu’est le fils d’Aurore Lointaine est désormais un guerrier accompli. Et même plus, beaucoup plus que cela. Je lui souris, et nous échangeons sur les patrouilles de la journée. J’hésite à lui parler du mauvais pressentiment que j’ai depuis que je me suis levé. Que j’avais déjà pendant ma nuit, durant mes rêves.
Et c’est à ce moment précis que débarque dans la tanière Souffle d’Espérance, déboulant comme si elle venait de traverser toute la forêt de Cerfblanc au triple galop. Je la fixe de la tête aux pattes, médusé. Finalement, il n’est pas impossible qu’elle ait traversé de bout en bout le territoire des quatre Clans. Et voilà que ses pattes lâchent sous son poids et qu’elle s’effondre au sol, sa mâchoire rencontrant la terre de ma tanière. “Ascendance… Ascendance de l’Aube… Elle a kidnappé Nuage de l’Azurite… et la détient dans un terrier de re..renard. Inconsciente. Aux abords du territoire. J’ai peur… pour sa vie. Tu dois envoyer une patrouille et la neutraliser.” Je me fige en entendant ses paroles, avant de froncer les sourcils, perturbé. Comment ça, Ascendance de l’Aube a kidnappé Nuage de l’Azurite ? J’ai un mouvement de recul, tente de croiser le regard de Souffle d’Espérance, mais là voilà qui ferme les yeux. Mon regard croise à nouveau celui de Coeur de Grizzli, qui semble réagir de la même façon que moi à la nouvelle, avant de me décider enfin à bouger, approchant ma patte de ma fille.
“Souffle d’Espérance ? Tout va bien ? Je… Je vais y aller, je ne peux pas rester là, sans rien faire. Il faut que tu m’y conduises… Tu… Tu t’en sens capable ?” Je ne veux pas la brusquer, mais le temps me presse. Le temps me presse. Et j’ai eu beau maîtrisé ma voix et mes mots, je frisonne à l’intérieur.
Vétéran
Puf/Surnom : Espé. Messages : 643Le personnage
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Âge du perso: 60
Mentor / apprenti : Nuage de la Collision
Souffle d'Espérance
Ven 8 Mai 2020 - 21:43
It's been a long time
ago all happened
Je me sens faible. Mon endurance n’est plus vraiment la même que celle que j’avais avant de donner la vie, et même si j’ai du mal à l’admettre, je n’ai pas tout à fait récupéré mes anciennes capacités de guerrière dont je disposais avant d’aller à la Pouponnière. Ma cage thoracique se soulève de façon excessivement rapide, et je m’applique à respirer de plus en plus profondément et de plus en plus lentement afin de pouvoir me calmer. J’en aurai besoin, parce que je devine bien que je vais devoir les accompagner jusqu’au lieu que je leur ai donné. Je commence à trembler légèrement, et je respire de plus en plus vite malgré moi. Il faut absolument que je me calme. Je ne peux pas me laisser aller maintenant, alors que mon père a besoin de moi.
J’avais presque oublié cette sensation de faiblesse et d’impuissance qui prend possession de mes veines, coulant dans mon sang, me rendant plus incontrôlable et plus chétive que jamais. Cela me fait peur, de perdre les commandes; de venir jusqu’à perdre le contrôle dont je dispose envers mon corps, qui brise ma bulle, celle que j’avais mis des lunes à construire, qui m’empêche de reprendre mon souffle. J’entends mon coeur battre dans mes tympans, et ma respiration désespérément rapide m’empêche de reprendre ma posture. Je suis entrain de tout oublier, de sombrer dans une sorte d’inconscience, bien que j’ai toujours l’esprit clair quant à ce qui se passe au dehors.
Et je me revois à l’Assemblée. Cette foutue Assemblée. La foule de chats grouille, et je tremble à chaque fois que l’un d’entre eux m’effleure. Je n’aime plus vraiment le contact, désormais. Dès qu’il est inattendu ou qu’il vient d’inconnus, je le prends en horreur. J’ai peur. J’ai peur parce que je connais bien cet endroit et que cette vilaine habitude qu’à mon esprit de me ramener à des endroits traumatisants de façon inconsciente ne m’a jamais vraiment quittée. Cela m’arrive très, très rarement, mais dès que c’est le cas, je me retrouve plus faible et démunie comme je ne l’ai jamais été. Cela peut m’arriver dans mes rêves, comme la fois où j’ai rêvé de ma propre naissance sans m’en rendre compte, ou même lors de mon réveil alors de toutes les pensées que j’ai eu envers Épine de Cactus, le voyant de façon plus claire qu’il ne l’était lors du véritable moment en lui même.
Je me revois, ici, plus jeune, vigoureuse et confiante que je le suis, désormais. Totalement ignorante de l’horrible nouvelle qui allait bientôt s’abattre sur moi, réduisant mon coeur en miettes et mon corps affaibli. Rendre le mal psychique par une douleur physique. Je me souviens bien de cela. Je me revois, suppliant Spectre de Lumière, ce chat que je haïs et qui me le rend bien. Et pourtant, je lui conjure de me donner des graines de pavot. Je le conjure de me donner n’importe quoi, n’importe quelle plante, n’importe quel remède, pour effacer cette douleur qui me déchire la poitrine et ce vide dans mon coeur. Ce vide dans ma tête. Et je me souviens qu’il refusait, pas juste parce qu’il ne m’appréciait pas, mais parce qu’il ne pouvait rien faire. Parce qu’aucun remède ne pouvait régler un chagrin d’amour. Car c’était plus compliqué que ça, au final. J’avais si mal au coeur et au corps, mais ce n’était pas les plantes qui allaient me guérir. C’était le temps. C’était mon fils, qui allait le faire, en apaisant mes propres plaies sans qu’il en ait conscience, tout simplement en existant. C’était l’épaule d’Etoile Fragmentée, qui m’avait pris contre lui tandis que je lui annonçais toute la vérité alors que mes larmes coulaient sur son pelage. Ce fut toutes les personnes que j’aime, par leur soutien, par leurs sourires et par leur envie de vivre, qui m’ont guéries. Pas une quelconque plante. Juste le fait d’être forte. Etre courageuse.
Parce que le courage, ce n’est pas que faire des actes héroïques, mourir au combat pour sauver les personnes qu’on aime, ou se sacrifier pour son Clan. Non, parfois, avoir du courage, c’est juste rester en vie. Apprendre à vivre en dépit de ses pertes. Serrer les dents contre la souffrance, et avancer lentement, doucement, vers l’espoir d’une vie meilleure.
Je n’ai jamais eu conscience à quel point il était compliqué de vivre, de maintenir son organisme en vie lorsque tout ce que celui-ci voulait, c’était de mourir. Je n’ai jamais eu conscience à quel point vivre requiert une telle force de caractère et une telle bravoure avant d’être forcée à le faire.
Et surtout, je ne savais pas que la guérison était si douloureuse. Qu’il fallait renoncer à sa nature profonde pour aller mieux, qu’il fallait se battre, chaque jour, toujours avec la crainte tapie au creux de notre oreille de retomber dans cette apathie et cette envie de ne rien faire, excepté de dormir sans ne plus jamais se réveiller. Je pensais pas qu’il était si dur de guérir, et pourtant j’avais déjà frôlé la mort au moment où je suis née et durant mon périple avant d’aller au Clan de l’Ombre. Je n’en avais jamais eu conscience avant d’être forcée à le faire.
Je vois bien les chefs des Clans commencer à parler, sans les entendre. Et tout va si vite. Je revois Étoile d'Équinoxe et Etoile Machiavélique qui sont morts désormais, ainsi qu’Etoile d’Orangée, fraîchement nommée. C’était il y a si longtemps. Je ne peux empêcher un sourire de traverser mes babines, en dépit des circonstances, en voyant Etoile Fragmentée si jeune. Il a beaucoup changé, et pas du tout à la fois, je dois bien l’admettre. Mais ce sourire s’évanouit bien vite. Je prends une grande inspiration, parce que je sais pertinemment ce qui va se passer et c’est justement cela qui me terrifie.
Et malgré tout ce travail que j’ai fait sur moi, tous ces sacrifices, cette bulle que j’ai mis des lunes à construire et ce doux mensonge dans lequel je me suis réfugiée, cette phrase me fera toujours aussi mal. Je sens mon coeur se briser une deuxième fois, malgré toutes les barrières que je me suis mise pour m’empêcher de ressentir cela, en harmonie avec celui que j’entends se briser, le mien mais pas tout à fait à la fois. Et ça fait mal. Cela fait tellement mal de réentendre cette phrase. Cela me fait tellement mal de comprendre encore une fois qu’il ne reviendra plus jamais.
Je lui en ai voulu. Pendant longtemps. De m’avoir abandonné de façon aussi lâche. De ne pas eu n’avoir ne serait-ce que le courage de me l’avoir dit. De ne pas m’avoir laissé profiter de notre dernière rencontre comme je, comme nous l’aurions dû. Cette douleur, que j’ai caché durant tout ce temps, qui a cicatrisé, continue pourtant de me déchirer le coeur. On n’oublie pas quelqu’un qu’on a véritablement aimé, et seul le Clan des Etoiles sait à quel point j’ai aimé le venteux de tout mon coeur, avec une puissance et une passion qui reste inégalée même jusqu'à maintenant, quelque chose qui ne peut être comparée à aucune des relations que je n’aurai jamais pu avoir. Je brûlais pour lui, il était le combustible qui me permettait de brûler plus fort que jamais, et lorsqu’il est parti, tout s’est éteint. Mon feu ne s’est plus jamais, plus jamais rallumé. Je n’ai plus jamais revu cette lueur dans mes prunelles ou cette passion qui traversait tout mon coeur. Et celle me manque. Mais une seule chose me manque plus que ce feu qui traversait mes veines; c’est lui, et ça me fait tellement mal de me dire que cela est vain, puisque cela faisait bien longtemps qu’il était parti. Qu’il était vain d’espérer, même si inconsciemment, je ne pouvais pas m’empêcher de le faire.
Et je me revois trembler plus fort que jamais, et je sens mes pattes me lâcher encore une fois, mon pelage s'affaissant sur le sol, ou voulant le faire, et je vois mes yeux se voiler de larmes qui ne pouvaient s’empêcher de couler à toute allure. C’est si douloureux, de revivre cela encore une fois, de sentir cette douleur raisonner en harmonie avec celle que j’ai au coeur, le souffle court, alors qu’une apprentie attend d’être sauvée dans ma réalité, dans le présent, alors que je regarde fixement la jeune guerrière que j’étais tituber lentement en rentrant doucement au Clan de l’Ombre. Et mon coeur se transperce lentement. J’ai mal, parce que je sais ce que c’est. Je sais qu’elle va avoir du mal à guérir et qu’elle va se perdre des centaines de fois. Qu’elle va restée prostrée dans sa tanière pendant des lunes sans vouloir voir qui que ce soit.
Je sais que je n’ai pas géré mon deuil de la meilleure façon qu’il soit. Je ne pense pas qu’il y ait de bonne façon de se remettre de la mort de quelqu’un qu’on a aimé, en vérité. Je me suis juste battue, et j’ai vécu. Pas parce que je le voulais, que je voulais continuer de voir ce monde sans Épine de Cactus à l’intérieur. Si cela ne tenait qu’à moi, je me serai laissée mourir. Mais j’étais obligée de vivre. Pour ma mère et mon père d’abord, et puis ensuite, je suis devenue mère. J’avais la vie en moi et je ne pouvais plus me laisser aller. Je devais m’occuper d’eux.
Et pour me raccrocher, j’ai vécu pour les autres, parce que je ne m’aimais pas assez pour vivre pour moi même. Et c’est ça le plus triste. Être si désespérée que je ne pouvais plus supporter mon reflet dans les flaques d’eau, ou qui j’étais. Et je me rends compte que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai désespérément caché ma véritable nature en moi, si profonde que personne ne pourrait plus jamais la remarquer encore. Parce que je détestais cette personne. Parce que je me détestais.
Je me disais, si naïvement, si détruite, qu’il était parti à cause de moi. Qu’il était parti parce qu’il ne me supportait pas. Et j’ai mis tellement, mais tellement de temps à me sortir cette culpabilité de la tête et admettre que tout cela n’était pas de ma faute. Et c’était tellement dur, que, parfois, je me réveillais en pleine nuit, le visage baigné de larmes, incapable de dormir. Je le revois dans mes rêves, et je vis son visage dur, m’accabler de reproches qu’il n’avait jamais prononcé. Je n’avais jamais osé le dire à qui que ce soit, parce que c’était de la faiblesse, et Souffle d’Espérance ne pouvait pas paraître faible aux yeux de qui que ce soit. Je l’avais déjà montré à Etoile Fragmentée, et la honte que j’éprouve envers cela est toujours aussi puissante.
Peu à peu, je me calme, et les souvenirs s’évanouissent. Je sens ma respiration reprendre un rythme normal et mon coeur calmer ses battements incessants dans ma cage thoracique. J’ouvre lentement mes yeux, alors que ceux-ci sont humides sans même que je m’en rende compte. J’inspire profondément et je reprends lentement le contrôle de mon corps. J’ai l’impression que cette scène a duré des heures, et pourtant, lorsque j’entends les paroles d’Etoile Fragmentée et sa patte sur mon épaule, je me rends compte qu’elle a peine duré quelques secondes.
“Souffle d’Espérance ? Tout va bien ? Je… Je vais y aller, je ne peux pas rester là, sans rien faire. Il faut que tu m’y conduises… Tu… Tu t’en sens capable ?”
Je clignais des yeux quelques secondes, le temps de me remettre de ce qui venait de m’arriver. Ensuite, je me levais, en hochant la tête. Il fallait être fort. Ce n’était pas le moment de montrer ses faiblesses. La vie de Nuage d’Azurite dépendait peut-être de moi. Il y avait des moments où il fallait faire preuve de courage. Celui-ci en était un. Je lui fis un bref sourire, avant de prendre une grande inspiration.
“Evidemment. Je ne suis pas l’une des meilleures guerrières du Clan pour rien. Allons y, nous n’avons pas de temps à perdre.”
J’utilisais volontairement le sarcasme pour cacher le fait que j’étais ébranlée par ce que je venais de voir. Mais je n’avais pas le temps de m’attarder sur cela. Je rentrais dans la forêt, marchant vite avant de courir à toute haleine, et de ralentir dans les environs. Je m’arrêtais avant de me tourner vers lui et de le regarder, les yeux teintés de vengeance, de gravité. J’avais du mal à l’admettre, mais il y avait aussi un peu de nostalgie tandis que je plongeai dans son regard glacial, murmurant quelques paroles.
“Tu sais qu’elle...Qu’elle ne mérite aucune pitié, n’est-ce-pas ? Elle est exactement comme sa mère. Elle est dangereuse pour le Clan de l’Ombre, Etoile Fragmentée. Elle vient de te kidnapper ton apprentie. Elle ne s’arrêtera pas avant de t’avoir complètement détruit. Parfois, la violence est nécessaire pour défendre les causes que l’on pense juste. Pour sauver les gens qu’on aime.”
J'inspirai profondément avant de se tourner vers l’endroit où l’apprentie était retenue captive. Je fis un signe de tête, montrant la grotte de renard du menton. J'étais tapie contre le sol, faisant attention à chaque partie de mon corps et à mon odeur.
“Elle est là-bas. Je te suis.”
J'inspirai profondément tandis que je sentis lentement le goût métallique du combat sur ma langue. Je ne désobéirai pas aux ordres de mon chef, mais il était hors de question de laisser Ascendance de l’Aube s’en sortir ainsi. Elle doit payer pour ses actes.
Nous ne sommes pas obligés de ressembler à nos ascendants. Le choix nous revient, d’être mauvais ou bon, indépendamment de qui nous côtoyons. Ascendance de l’Aube a fait son choix, délibérément. Et elle va payer pour cela. Je m’en assurerai. Elle paiera pour cela. Pour ne plus jamais, jamais, qu'elle n'ait le pouvoir de s'attaquer à mon père.
J’avais presque oublié cette sensation de faiblesse et d’impuissance qui prend possession de mes veines, coulant dans mon sang, me rendant plus incontrôlable et plus chétive que jamais. Cela me fait peur, de perdre les commandes; de venir jusqu’à perdre le contrôle dont je dispose envers mon corps, qui brise ma bulle, celle que j’avais mis des lunes à construire, qui m’empêche de reprendre mon souffle. J’entends mon coeur battre dans mes tympans, et ma respiration désespérément rapide m’empêche de reprendre ma posture. Je suis entrain de tout oublier, de sombrer dans une sorte d’inconscience, bien que j’ai toujours l’esprit clair quant à ce qui se passe au dehors.
Et je me revois à l’Assemblée. Cette foutue Assemblée. La foule de chats grouille, et je tremble à chaque fois que l’un d’entre eux m’effleure. Je n’aime plus vraiment le contact, désormais. Dès qu’il est inattendu ou qu’il vient d’inconnus, je le prends en horreur. J’ai peur. J’ai peur parce que je connais bien cet endroit et que cette vilaine habitude qu’à mon esprit de me ramener à des endroits traumatisants de façon inconsciente ne m’a jamais vraiment quittée. Cela m’arrive très, très rarement, mais dès que c’est le cas, je me retrouve plus faible et démunie comme je ne l’ai jamais été. Cela peut m’arriver dans mes rêves, comme la fois où j’ai rêvé de ma propre naissance sans m’en rendre compte, ou même lors de mon réveil alors de toutes les pensées que j’ai eu envers Épine de Cactus, le voyant de façon plus claire qu’il ne l’était lors du véritable moment en lui même.
Je me revois, ici, plus jeune, vigoureuse et confiante que je le suis, désormais. Totalement ignorante de l’horrible nouvelle qui allait bientôt s’abattre sur moi, réduisant mon coeur en miettes et mon corps affaibli. Rendre le mal psychique par une douleur physique. Je me souviens bien de cela. Je me revois, suppliant Spectre de Lumière, ce chat que je haïs et qui me le rend bien. Et pourtant, je lui conjure de me donner des graines de pavot. Je le conjure de me donner n’importe quoi, n’importe quelle plante, n’importe quel remède, pour effacer cette douleur qui me déchire la poitrine et ce vide dans mon coeur. Ce vide dans ma tête. Et je me souviens qu’il refusait, pas juste parce qu’il ne m’appréciait pas, mais parce qu’il ne pouvait rien faire. Parce qu’aucun remède ne pouvait régler un chagrin d’amour. Car c’était plus compliqué que ça, au final. J’avais si mal au coeur et au corps, mais ce n’était pas les plantes qui allaient me guérir. C’était le temps. C’était mon fils, qui allait le faire, en apaisant mes propres plaies sans qu’il en ait conscience, tout simplement en existant. C’était l’épaule d’Etoile Fragmentée, qui m’avait pris contre lui tandis que je lui annonçais toute la vérité alors que mes larmes coulaient sur son pelage. Ce fut toutes les personnes que j’aime, par leur soutien, par leurs sourires et par leur envie de vivre, qui m’ont guéries. Pas une quelconque plante. Juste le fait d’être forte. Etre courageuse.
Parce que le courage, ce n’est pas que faire des actes héroïques, mourir au combat pour sauver les personnes qu’on aime, ou se sacrifier pour son Clan. Non, parfois, avoir du courage, c’est juste rester en vie. Apprendre à vivre en dépit de ses pertes. Serrer les dents contre la souffrance, et avancer lentement, doucement, vers l’espoir d’une vie meilleure.
Je n’ai jamais eu conscience à quel point il était compliqué de vivre, de maintenir son organisme en vie lorsque tout ce que celui-ci voulait, c’était de mourir. Je n’ai jamais eu conscience à quel point vivre requiert une telle force de caractère et une telle bravoure avant d’être forcée à le faire.
Et surtout, je ne savais pas que la guérison était si douloureuse. Qu’il fallait renoncer à sa nature profonde pour aller mieux, qu’il fallait se battre, chaque jour, toujours avec la crainte tapie au creux de notre oreille de retomber dans cette apathie et cette envie de ne rien faire, excepté de dormir sans ne plus jamais se réveiller. Je pensais pas qu’il était si dur de guérir, et pourtant j’avais déjà frôlé la mort au moment où je suis née et durant mon périple avant d’aller au Clan de l’Ombre. Je n’en avais jamais eu conscience avant d’être forcée à le faire.
Je vois bien les chefs des Clans commencer à parler, sans les entendre. Et tout va si vite. Je revois Étoile d'Équinoxe et Etoile Machiavélique qui sont morts désormais, ainsi qu’Etoile d’Orangée, fraîchement nommée. C’était il y a si longtemps. Je ne peux empêcher un sourire de traverser mes babines, en dépit des circonstances, en voyant Etoile Fragmentée si jeune. Il a beaucoup changé, et pas du tout à la fois, je dois bien l’admettre. Mais ce sourire s’évanouit bien vite. Je prends une grande inspiration, parce que je sais pertinemment ce qui va se passer et c’est justement cela qui me terrifie.
Et malgré tout ce travail que j’ai fait sur moi, tous ces sacrifices, cette bulle que j’ai mis des lunes à construire et ce doux mensonge dans lequel je me suis réfugiée, cette phrase me fera toujours aussi mal. Je sens mon coeur se briser une deuxième fois, malgré toutes les barrières que je me suis mise pour m’empêcher de ressentir cela, en harmonie avec celui que j’entends se briser, le mien mais pas tout à fait à la fois. Et ça fait mal. Cela fait tellement mal de réentendre cette phrase. Cela me fait tellement mal de comprendre encore une fois qu’il ne reviendra plus jamais.
Je lui en ai voulu. Pendant longtemps. De m’avoir abandonné de façon aussi lâche. De ne pas eu n’avoir ne serait-ce que le courage de me l’avoir dit. De ne pas m’avoir laissé profiter de notre dernière rencontre comme je, comme nous l’aurions dû. Cette douleur, que j’ai caché durant tout ce temps, qui a cicatrisé, continue pourtant de me déchirer le coeur. On n’oublie pas quelqu’un qu’on a véritablement aimé, et seul le Clan des Etoiles sait à quel point j’ai aimé le venteux de tout mon coeur, avec une puissance et une passion qui reste inégalée même jusqu'à maintenant, quelque chose qui ne peut être comparée à aucune des relations que je n’aurai jamais pu avoir. Je brûlais pour lui, il était le combustible qui me permettait de brûler plus fort que jamais, et lorsqu’il est parti, tout s’est éteint. Mon feu ne s’est plus jamais, plus jamais rallumé. Je n’ai plus jamais revu cette lueur dans mes prunelles ou cette passion qui traversait tout mon coeur. Et celle me manque. Mais une seule chose me manque plus que ce feu qui traversait mes veines; c’est lui, et ça me fait tellement mal de me dire que cela est vain, puisque cela faisait bien longtemps qu’il était parti. Qu’il était vain d’espérer, même si inconsciemment, je ne pouvais pas m’empêcher de le faire.
Et je me revois trembler plus fort que jamais, et je sens mes pattes me lâcher encore une fois, mon pelage s'affaissant sur le sol, ou voulant le faire, et je vois mes yeux se voiler de larmes qui ne pouvaient s’empêcher de couler à toute allure. C’est si douloureux, de revivre cela encore une fois, de sentir cette douleur raisonner en harmonie avec celle que j’ai au coeur, le souffle court, alors qu’une apprentie attend d’être sauvée dans ma réalité, dans le présent, alors que je regarde fixement la jeune guerrière que j’étais tituber lentement en rentrant doucement au Clan de l’Ombre. Et mon coeur se transperce lentement. J’ai mal, parce que je sais ce que c’est. Je sais qu’elle va avoir du mal à guérir et qu’elle va se perdre des centaines de fois. Qu’elle va restée prostrée dans sa tanière pendant des lunes sans vouloir voir qui que ce soit.
Je sais que je n’ai pas géré mon deuil de la meilleure façon qu’il soit. Je ne pense pas qu’il y ait de bonne façon de se remettre de la mort de quelqu’un qu’on a aimé, en vérité. Je me suis juste battue, et j’ai vécu. Pas parce que je le voulais, que je voulais continuer de voir ce monde sans Épine de Cactus à l’intérieur. Si cela ne tenait qu’à moi, je me serai laissée mourir. Mais j’étais obligée de vivre. Pour ma mère et mon père d’abord, et puis ensuite, je suis devenue mère. J’avais la vie en moi et je ne pouvais plus me laisser aller. Je devais m’occuper d’eux.
Et pour me raccrocher, j’ai vécu pour les autres, parce que je ne m’aimais pas assez pour vivre pour moi même. Et c’est ça le plus triste. Être si désespérée que je ne pouvais plus supporter mon reflet dans les flaques d’eau, ou qui j’étais. Et je me rends compte que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai désespérément caché ma véritable nature en moi, si profonde que personne ne pourrait plus jamais la remarquer encore. Parce que je détestais cette personne. Parce que je me détestais.
Je me disais, si naïvement, si détruite, qu’il était parti à cause de moi. Qu’il était parti parce qu’il ne me supportait pas. Et j’ai mis tellement, mais tellement de temps à me sortir cette culpabilité de la tête et admettre que tout cela n’était pas de ma faute. Et c’était tellement dur, que, parfois, je me réveillais en pleine nuit, le visage baigné de larmes, incapable de dormir. Je le revois dans mes rêves, et je vis son visage dur, m’accabler de reproches qu’il n’avait jamais prononcé. Je n’avais jamais osé le dire à qui que ce soit, parce que c’était de la faiblesse, et Souffle d’Espérance ne pouvait pas paraître faible aux yeux de qui que ce soit. Je l’avais déjà montré à Etoile Fragmentée, et la honte que j’éprouve envers cela est toujours aussi puissante.
Peu à peu, je me calme, et les souvenirs s’évanouissent. Je sens ma respiration reprendre un rythme normal et mon coeur calmer ses battements incessants dans ma cage thoracique. J’ouvre lentement mes yeux, alors que ceux-ci sont humides sans même que je m’en rende compte. J’inspire profondément et je reprends lentement le contrôle de mon corps. J’ai l’impression que cette scène a duré des heures, et pourtant, lorsque j’entends les paroles d’Etoile Fragmentée et sa patte sur mon épaule, je me rends compte qu’elle a peine duré quelques secondes.
“Souffle d’Espérance ? Tout va bien ? Je… Je vais y aller, je ne peux pas rester là, sans rien faire. Il faut que tu m’y conduises… Tu… Tu t’en sens capable ?”
Je clignais des yeux quelques secondes, le temps de me remettre de ce qui venait de m’arriver. Ensuite, je me levais, en hochant la tête. Il fallait être fort. Ce n’était pas le moment de montrer ses faiblesses. La vie de Nuage d’Azurite dépendait peut-être de moi. Il y avait des moments où il fallait faire preuve de courage. Celui-ci en était un. Je lui fis un bref sourire, avant de prendre une grande inspiration.
“Evidemment. Je ne suis pas l’une des meilleures guerrières du Clan pour rien. Allons y, nous n’avons pas de temps à perdre.”
J’utilisais volontairement le sarcasme pour cacher le fait que j’étais ébranlée par ce que je venais de voir. Mais je n’avais pas le temps de m’attarder sur cela. Je rentrais dans la forêt, marchant vite avant de courir à toute haleine, et de ralentir dans les environs. Je m’arrêtais avant de me tourner vers lui et de le regarder, les yeux teintés de vengeance, de gravité. J’avais du mal à l’admettre, mais il y avait aussi un peu de nostalgie tandis que je plongeai dans son regard glacial, murmurant quelques paroles.
“Tu sais qu’elle...Qu’elle ne mérite aucune pitié, n’est-ce-pas ? Elle est exactement comme sa mère. Elle est dangereuse pour le Clan de l’Ombre, Etoile Fragmentée. Elle vient de te kidnapper ton apprentie. Elle ne s’arrêtera pas avant de t’avoir complètement détruit. Parfois, la violence est nécessaire pour défendre les causes que l’on pense juste. Pour sauver les gens qu’on aime.”
J'inspirai profondément avant de se tourner vers l’endroit où l’apprentie était retenue captive. Je fis un signe de tête, montrant la grotte de renard du menton. J'étais tapie contre le sol, faisant attention à chaque partie de mon corps et à mon odeur.
“Elle est là-bas. Je te suis.”
J'inspirai profondément tandis que je sentis lentement le goût métallique du combat sur ma langue. Je ne désobéirai pas aux ordres de mon chef, mais il était hors de question de laisser Ascendance de l’Aube s’en sortir ainsi. Elle doit payer pour ses actes.
Nous ne sommes pas obligés de ressembler à nos ascendants. Le choix nous revient, d’être mauvais ou bon, indépendamment de qui nous côtoyons. Ascendance de l’Aube a fait son choix, délibérément. Et elle va payer pour cela. Je m’en assurerai. Elle paiera pour cela. Pour ne plus jamais, jamais, qu'elle n'ait le pouvoir de s'attaquer à mon père.
Feat Ray
(c) Biket
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Puf/Surnom : Ray Messages : 633Le personnage
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Étoile Fragmentée
Mar 20 Oct 2020 - 14:10
it's been a long time
- ft. Espé & Aily -
Mon coeur bat la chamade. Dans le mauvais sens du terme, en réalité. Je m’affole, je transpire. Ma respiration bouscule mon corps, le fractionne, le remue dans tous les sens. Un kidnapping. Au sein du Clan de l’Ombre, au sein de mon Clan. Je sais, je sais qu’il existe des différends, je sais que j’ai quelques accrochages avec quelques uns, je sais que j’ai la patte parfois trop molle, le patriotisme ombreux trop léger pour certains, mais un kidnapping ? C’est sans doute qu’il me vise. C’est sans doute que c’est pour me faire réagir, que c’est pour me faire avoir le vertige, que c’est pour me déstabiliser. J’ai du mal à croire à une rébellion, à un soulèvement. Je ne suis pas un dictateur, je ne suis ni Étoile Machiavélique ni Étoile de Jaspe ni Étoile de Lave, je ne mérite pas ça. Les gens de mon Clan m’aiment, ou du moins me respectent un minimum, je l’espère. Peut-être que je suis trop naïf, peut-être que j’ai trop d’étoiles dans les yeux, que je deviens déjà gaga, que je m’imagine que tout va bien alors que c’est l’enfer, ici, au Clan de l’Ombre.
Mais le problème n’est pas là. Non. Je fume, à l’intérieur. Je tremble, je sursaute à petits intervalles. Est-ce que je ne réagis pas au quart de tour ? Est-ce que je ne réagis pas trop pour ce que c’est ? Parce que Nuage de l’Azurite c’est mon apprentie ? Parce que je suis si proche d’elle ? Est-ce que je suis réellement si proche d’elle ? Je ne sais pas, elle est si différente des autres apprentis que j’ai eu jusqu’ici. Elle est si différente des apprentis, des autres, de ceux de son âge. Elle… Elle a l’air d’être quelqu’un d’autre. Enfin, le sujet n’est pas là. Elle a disparu. Non, pire : on l’a kidnappée. Et même si c’est mon apprentie, c’est avant tout une jeune, sans défense contre l’ennemi, et un membre du Clan de l’Ombre.
L’ennemi. Ça me fait mal de dire ça. Je m’en veux. Car l’ennemi, il n’est pas inconnu. C’est Ascendance de l’Aube. Et je sais, je la connais. Je la connais bien. Les chatons d’Étoile Mortelle, je les connais bien. Plus que ce qu’ils ne peuvent le penser. Je les observe, depuis toujours. Je les observe depuis que j’ai pris la responsabilité d’évincer leur mère et de la bannir du clan. Probablement la plus dure mesure que j’ai eu à prendre jusqu’ici. Et ça me fait mal, ça me fait terriblement mal de voir que j’ai échoué. De voir qu’Ascendance de l’Aube se retourne contre moi. De voir que, peu importe les efforts fournis, j’ai échoué. Ça blesse le chat qui est en moi avant d’en blesser le chef. Je n’ai pas réussi à la sauver. Je n’ai pas réussi, tout simplement. Et cet échec me pèse presque plus que le kidnapping en lui-même.
Souffle d’Espérance semble se reprendre, après un moment si court et pourtant si intense. Elle finit par me répondre, directe. J’ai envie de sourire, mais la situation m’en empêche. Mes muscles sont trop tendus pour faire quoi que ce soit. Je suis passé en pilote automatique. Comme si j’avais l’habitude de ce genre de situations, comme si j’avais toute ma vie géré de telles crises. En pilote automatique, oui. Je ne sais même pas si j’écoute très attentivement ma fille, tant je suis focalisé sur Nuage de l’Azurite. Je crois qu’elle est aussi renversée que moi. Quoique, elle a l’air d’être bien plus en colère, bien plus en colère que moi. C’est plus que de la colère, ça a l’air d’être de la haine. Oui, c’est de la haine profonde qu’elle a pour la fille de l’ancienne meneuse. Je ne le suis même pas, en colère, à vrai dire. J’ai juste peur. Enfin, ce n’est pas exactement de la peur. C’est de l’appréhension, de la nervosité. Énormément de nervosité. L’âge fait que je sais endurer. Et c’est le seul que je peux remercier ici, tant mon caractère n’est pas à l’origine fait pour supporter ce genre de pression.
Elle m’indique l’endroit. Je ne suis même pas à bout de souffle, et pourtant nous avons galopé intensément. L’ambiance est telle que je ne respire même pas fortement pour combler le manque d’oxygène dû à la course effrénée. Lourd, tout est lourd. Pire même que quand je me suis réveillé à moitié en panique ce matin, à l’aube. Que vais-je lui dire ? Qu’est-ce que je peux lui dire ? Est-ce qu’elle va seulement accepter de discuter, ou bien allons-nous en venir aux griffes directement ? Je ne veux pas de sang sur les pattes. Et je doute qu’elle aussi, car, même si Ascendance de l’Aube est l’un des meilleurs éléments du clan, nous sommes tout de même 3. Et j’ai quelques vies en plus, sûrement. Je ne les compte pas, à vrai dire. À quoi bon ? Si je dois mourir, je mourrai. C’est plutôt restreint, comme moyen de penser, mais j’ai confiance en la Toison Argentée. Le destin est le destin, après tout. Chant de Vie m’aurait tapé sur la tête si elle m’avait entendu parler ainsi.
Je ne sais pas quoi dire. J’ai envie de dire que je ne m’y suis jamais préparé, que l’idée ne m’est jamais passée par la tête qu’on puisse un jour kidnapper un des miens, mais ce serait redondant. J’avance, doucement. Les odeurs sont bien là, il n’y a aucun doute à cela. Ce sont elles. Comment j’amène ça ? Je ne vais pas entrer, comme ça. Ce n’est pas mon genre. Je me campe sur mes appuis, prend une grande inspiration, prêt à réagir à n’importe quelle menace qui pourrait subvenir instantanément. “Ascendance de l’Aube ? On peut parler ?”
Bravo, franchement bravo. C’était difficile de faire plus ridicule que cela, en fait.
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Ascendance de l'Aube
Mar 20 Oct 2020 - 14:35
— Maybe i want to kill you ?
Le plan, quel est le plan finalement ? Tu as enlevé cette apprentie, tu as réussi cette étape, mais tu commence à douter et ce n'est jamais bon de douter. Que vas-tu faire ? Que ferait mère ? Après tout tu ne fais que suivre ce qu'elle a dit. Mais tu commences à être fatiguée, tant physiquement à cause de vos nombreux entraînement que psychologiquement. Bon, il est vrai que tu es devenue meilleure au combat. Tu penses même être une des meilleure dans ce domaine. Mais à quoi bon, tant corps s'est aussi affaiblie à cause de ces nuits ou tu n'as pu te reposer mais également à cause des blessures, nombreuses, zébrant ton corps et qui tarde à se refermer à guérir. Tu ne peux te reposer pour cela, pas encore, mère te l'a dit. Tu dois tenir bon, mais tu fatigues, tu as du mal à tenir le rythme.
Et puis, que vas-tu devenir une fois la mission accomplie, une fois qu'on aura fait souffrir Etoile Fragmentée ? Prendras-tu le pouvoir ? Te laisseront ils faire ? Ou seras-tu à ton tour exilée ? Arrête de douter, tiens bon. Tu dois écouter mère, tenir le coup malgré tout. Tu n'es pas faible, bien au contraire, tu as survécu jusque là, seule. C'est pas ton frère ou ta soeur qui t'ont aidé. Pfff quelle bande d'hypocrite. Il sont rien eu a foutre que mère soit partie. Il n'y a que toi qui soit resté pour elle, c'est pour cela qu'elle t'a choisi. Il ne resté que toi parmi ses enfants. Tu leur en veux. Mais intérieurement, tu te sens si seule.
Il ne faut pas abandonner, pas maintenant. Pourtant tant de choses se bousculent dans ta tête. Mère se moquerait de toi si elle te voyait. Aller continue, avance. Pour la énième fois, tu retournes voir ta victime. T'assures-tu qu'elle ailles bien ? Es-tu sensé t'en inquiéter ? Tu n'es pas sensé agir comme cela non ? Pourtant le fait qu'elle aille bien te rassure un peu au fond de toi. Alors tu repars à l'extérieur. Tu as besoin de prendre encore l'air. Tu as besoin de te poser et de réfléchir. Tu sais qu'à un moment ou un autre tu devras te confronter à ton chef. L'idée te fait grimacer. Mais tu sais que tu n'y échapperas pas.
Que lui diras-tu ? Comment réagiras-tu ? Et lui alors ? Sera-t-il furieux ? N'est ce pas finalement le but ?
Tu te sens un peu perdue, mais tu fais confiance à mère. Elle sait ce qu'il y a de mieux pour toi non ?
Une voix te sors instantanément hors de tes pensées. Merde, c'est lui, tu reconnais sa voix. Que foutait-il ici ? Mère dirait : sois à la hauteur.
Alors tu te redresse pour paraître plus imposant. Tes plaies te font mal, tu ne vas pas bien, mais tu fais avec.
- Etoile Fragmentée. Ne bouge pas. J'ai ton apprentie en otage ! Je n'hésiterais pas.
Veux tu lui faire du mal ? Non elle est innocente ! Tu espère ne pas en arriver là, tu ne veux pas en arriver là.
- Que veux-tu parler ?
Tu poses ton regard sur le matou que tu as repéré lorsqu'il a parlé. Tu essaye de lui montrer à quel point tu es furieuse et que tu lui en veux. .
Et puis, que vas-tu devenir une fois la mission accomplie, une fois qu'on aura fait souffrir Etoile Fragmentée ? Prendras-tu le pouvoir ? Te laisseront ils faire ? Ou seras-tu à ton tour exilée ? Arrête de douter, tiens bon. Tu dois écouter mère, tenir le coup malgré tout. Tu n'es pas faible, bien au contraire, tu as survécu jusque là, seule. C'est pas ton frère ou ta soeur qui t'ont aidé. Pfff quelle bande d'hypocrite. Il sont rien eu a foutre que mère soit partie. Il n'y a que toi qui soit resté pour elle, c'est pour cela qu'elle t'a choisi. Il ne resté que toi parmi ses enfants. Tu leur en veux. Mais intérieurement, tu te sens si seule.
Il ne faut pas abandonner, pas maintenant. Pourtant tant de choses se bousculent dans ta tête. Mère se moquerait de toi si elle te voyait. Aller continue, avance. Pour la énième fois, tu retournes voir ta victime. T'assures-tu qu'elle ailles bien ? Es-tu sensé t'en inquiéter ? Tu n'es pas sensé agir comme cela non ? Pourtant le fait qu'elle aille bien te rassure un peu au fond de toi. Alors tu repars à l'extérieur. Tu as besoin de prendre encore l'air. Tu as besoin de te poser et de réfléchir. Tu sais qu'à un moment ou un autre tu devras te confronter à ton chef. L'idée te fait grimacer. Mais tu sais que tu n'y échapperas pas.
Que lui diras-tu ? Comment réagiras-tu ? Et lui alors ? Sera-t-il furieux ? N'est ce pas finalement le but ?
Tu te sens un peu perdue, mais tu fais confiance à mère. Elle sait ce qu'il y a de mieux pour toi non ?
Une voix te sors instantanément hors de tes pensées. Merde, c'est lui, tu reconnais sa voix. Que foutait-il ici ? Mère dirait : sois à la hauteur.
Alors tu te redresse pour paraître plus imposant. Tes plaies te font mal, tu ne vas pas bien, mais tu fais avec.
- Etoile Fragmentée. Ne bouge pas. J'ai ton apprentie en otage ! Je n'hésiterais pas.
Veux tu lui faire du mal ? Non elle est innocente ! Tu espère ne pas en arriver là, tu ne veux pas en arriver là.
- Que veux-tu parler ?
Tu poses ton regard sur le matou que tu as repéré lorsqu'il a parlé. Tu essaye de lui montrer à quel point tu es furieuse et que tu lui en veux. .
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Étoile Fragmentée
Dim 8 Nov 2020 - 12:32
it's been a long time
- ft. Espé & Aily -
Je crois que je tremble encore. Enfin, c’est sûr même. Par chance ma voix n’a pas vacillé. Ça, ça aurait été le pompon. Il faut croire que ma bonne étoile veille sur moi. Est-ce que je sais encore me battre ? Est-ce que je l’ai jamais su, au fond ? Je ne sais pas. Je ne suis plus le même qu’avant, je ne suis plus aussi téméraire, plus aussi impulsif. Non pas que je l’étais au point que ça en soit dangereux pour moi, mais je l’étais, légèrement. En quelques sorties. Mais en même temps, le combat, ça ne s’oublie pas, non ? Et puis aussi, je vais pas me plaindre de l’avoir oublié, partiellement. Ça veut dire que je n’en ai pas eu besoin, ça veut dire que le Clan n’a pas eu à se protéger d’une quelconque menace, et ça, ça vaut largement ma potentielle perte de mon aptitude au combat. J’avance cela, mais je ne le sais même pas. Je ne me suis pas encore bien testé. Et si c’était à tester maintenant, je donnerais tout. J’ai toujours tout donner pour mon clan. Et ça ne va pas changer, pas aujourd’hui, ni jamais.
Je suis toujours sur mes gardes. J’aimerais bien faire machine arrière. Trouver une solution plus efficace pour ces trois chatons que j’ai privés de mère, de famille proche. Pour cette fratrie meurtrie et en partie jugée par les antécédents de leur mère. Pour eux que j’aurais dû prendre entièrement sous mon aile. Je n’ai pas été assez présent, assez efficace, et voilà, le retour de flammes vient me brûler les moustaches.
Son ombre bouge, remue les alentours. Elle arrive. Je reste stoïque. Je ne peux pas lui laisser croire que je m’inquiète, ce serait le début de la fin. Sa carrure est meurtrie. Elle a l’air épuisée. Je suis surpris de la voir à ce point-là faible, mais je ne dis rien. Comment ne m’en suis-je même pas rendu compte ? Suis-je un si piètre chef pour n’en m’en être même pas aperçu ? Ascendance de l’Aube est un membre du clan avant tout. J’aurais dû m’en apercevoir, j’aurais dû venir lui parler. Tant d’erreurs et de non-dits que j’ai faits, et qui me retombent dessus, maintenant.
“Etoile Fragmentée. Ne bouge pas. J'ai ton apprentie en otage ! Je n'hésiterais pas. Que veux-tu parler ?”
Je ne bouge plus. Je ne sais pas de quoi elle est capable. Ce n’est plus une enfant. Ça n’a jamais été une enfant, d’ailleurs. Le bannissement de sa mère lui a enlevé une partie de sa jeunesse, si ce n’est toute. Et ça, encore une fois, c’est ma faute. Si je ne l’avais pas bannie, serait-elle encore de ce monde ? Il faut que j’arrête de me lamenter. Rien ne la fera revenir, rien ne réparera mes erreurs, rien ne réparera les siennes. Ce qui est arrivé est arrivé, et il faut que je me concentre sur le présent. Le présent, c’est Ascendance de l’Aube, c’est Nuage de l’Azurite. Et c’est maintenant que je ne dois pas me tromper, c’est maintenant qu’il faut que j’arrête de faire des erreurs.
J’aimerais avancer vers elle, mais ce serait une mauvaise idée. Ça ne servirait à rien. Il ne me reste plus qu’à parler. Je veux éviter le contact, je veux éviter le conflit physique. Non pas que je ne sois pas sûr de gagner, mais je ne veux pas la blesser, alors que je suis capable de l’éviter.
“Je ne bougerai pas, c’est promis. Je ne veux pas me battre.” J’hésite à rentrer directement dans le vif du sujet. Je ne sais pas comment aborder la discussion. “Toi, que veux-tu ? Pour avoir fait ça, Ascendance de l’Aube ? Y’a-t-il quelque chose que j’ai fait ? Pourquoi t’être mise dans un pareil état ?”
Je fais l’innocent, un peu. Mais je veux qu’elle le dise elle-même. Car il y a forcément des choses que j’ai oublié. Forcément.
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Ascendance de l'Aube
Ven 20 Nov 2020 - 15:23
— Maybe i want to kill you ?
Es-tu sur de ce que tu fais ? Es-tu sur de ce qui est en train d'arriver ? Une partie de ton esprit te demande ce que tu es en train de faire, si tu n'as pas perdu la raison. Es-tu folle ? Non ! Non... Que fais-tu ? Que deviens-tu ? As-tu suivis le bon chemin ou t'es tu trompée ? Es-tu perdue ? Tu ne peux pas continuer comme cela n'est-ce pas ? Ce n'es pas toi cela. Tu n'es pas cette chose qui fait du mal aux autres. Pourtant si, c'est bien toi, et ça te tirailles intérieurement. Tu es la cause de ceci, et c'est mère qui tire les rennes, tu lui fais confiance, car justement c'est mère. Mais se trompe-t-elle ? Ce n'est pas possible...
Chaque muscle te tirailles, tes nombreuses plaies te font souffrir, tu es dans un sale état. Tiendras-tu encore longtemps comme cela ? Ne vas-tu pas finir par t'écrouler et disparaître ? Après tout, ton corps n'en peut plus, tu le sais. Tu tiens déjà difficilement debout. Pourtant tu tiens bon, tu restes plantée là, affrontant ton chef. Tu es devenue une excellente combattante, une des meilleures, mais à quel prix ? Dans ce combat, en comptant ton état, tu n'es pas sur de gagner. Tu n'as plus confiance en ton propre corps.
Pourtant, tu ne laisses pas tomber, tu l'affrontes du regard. Tu ne bouges pas, tout comme lui. Tu attends qu'il parle. Ne sachant pas trop à quoi t'attendre. "Relâche mon apprenti" peut être ? Tu ne sais pas. Apparemment il ne veut pas se battre, il le dit lui même ? A-t-il peur ? Est-il lâche ? Qu'importe. Tu grondes de manière menaçante.
- Tu nous a privé de Mère. Tout es de TA faute. Maintenant c'est à toi de payer ! A toi de ressentir cette douleur. A toi de se mettre à sa place et à la notre. De la ou elle est, elle te voit, elle attend que ça.
Mère ta formée, améliorée, ta fait confiance pour effectuer cette tâche. Alors ne lâche pas. Contrôle se tournis qui est en train de te faire face. Tu secoues ta tête pour le faire disparaître. Et tu attends qu'il te réponde.
Chaque muscle te tirailles, tes nombreuses plaies te font souffrir, tu es dans un sale état. Tiendras-tu encore longtemps comme cela ? Ne vas-tu pas finir par t'écrouler et disparaître ? Après tout, ton corps n'en peut plus, tu le sais. Tu tiens déjà difficilement debout. Pourtant tu tiens bon, tu restes plantée là, affrontant ton chef. Tu es devenue une excellente combattante, une des meilleures, mais à quel prix ? Dans ce combat, en comptant ton état, tu n'es pas sur de gagner. Tu n'as plus confiance en ton propre corps.
Pourtant, tu ne laisses pas tomber, tu l'affrontes du regard. Tu ne bouges pas, tout comme lui. Tu attends qu'il parle. Ne sachant pas trop à quoi t'attendre. "Relâche mon apprenti" peut être ? Tu ne sais pas. Apparemment il ne veut pas se battre, il le dit lui même ? A-t-il peur ? Est-il lâche ? Qu'importe. Tu grondes de manière menaçante.
- Tu nous a privé de Mère. Tout es de TA faute. Maintenant c'est à toi de payer ! A toi de ressentir cette douleur. A toi de se mettre à sa place et à la notre. De la ou elle est, elle te voit, elle attend que ça.
Mère ta formée, améliorée, ta fait confiance pour effectuer cette tâche. Alors ne lâche pas. Contrôle se tournis qui est en train de te faire face. Tu secoues ta tête pour le faire disparaître. Et tu attends qu'il te réponde.
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Étoile Fragmentée
Sam 26 Déc 2020 - 14:48
it's been a long time
- ft. Espé & Aily -
Je n’ai jamais été pour la violence gratuite. Je sais me battre quand il le faut, mais ici, ce n’est pas nécessaire. Pas tout de suite. Je me sens capable d’arranger les choses. Je me sens capable. N’est-ce pas mon rôle ? N’est-ce pas pour cela que l’on m’a assigné à ce poste ? Pour cela que je suis chef ? C’est mon devoir. C’est pour cela que je suis ici. Que je suis venu jusqu’à elle, jusqu’à Ascendance de l’Aube. Et je ne veux pas craquer, je ne veux pas faiblir, je ne veux pas me laisser faire par la peur, l’idée qu’il est possible que nous nous engagions dans un combat à mort. Pas pour moi : je sais que je ne mourrai pas. Souffle d’Espérance est toujours dans mon dos, à quelques pas de là. Je sais que si les choses s'enlisent, elle sera là pour moi. C’est deux contre un. À moins qu’Ascendance de l’Aube n’ait emmenée avec elle quelques chats prêts à se liguer contre moi. Mais je n’ai rien senti qui indiquait tel.
“Tu nous as privés de Mère. Tout est de TA faute. Maintenant c'est à toi de payer ! À toi de ressentir cette douleur. À toi de se mettre à sa place et à la nôtre. De là où elle est, elle te voit, elle attend que ça. “ Est-ce que je vais vraiment commencer à me remémorer tout ce que j’ai pu vivre avec Étoile Mortelle maintenant ? Là, devant sa propre fille ? Un voyage spirituel plein de remords et de peines ? Non, définitivement, je n’ai pas besoin de ça. Personne n’a besoin de ça. Mais je ne peux m’empêcher d’y penser. Ce jour-là où j’ai décidé de la bannir du Clan. N’était-ce pas ce qu’il y avait de mieux à faire ? J’ai l’impression d’être un de ces ancêtres du Clan qui baragouinent les mêmes histoires, incapables de s’adapter aux nouveautés, au temps qui change. Je m’en veux, à nouveau, et comme toujours. Est-ce vraiment ce que j’aurais dû faire ?
Oui. Je ne pouvais pas la laisser ici. Je ne pouvais laisser cette meurtrière vivre sa vie à la tête du clan. Certes, maintenant que j’y repense, elle n’était pas une mauvaise chef. Elle n’était pas la tyran qu’avait été Étoile de Lave. Le Clan de l’Ombre a vécu de sa renommée sous tout son règne. Certains de ma génération ou qui ont connu Étoile Mortelle comme chef ne sauront pas le reconnaître ; mais la femelle au pelage noir était bel et bien un chef tout à fait respectable. Mais impossible pour moi, en tant que lieutenant, de la voir continuer à mener un Clan à cause de son passé douloureux. Son passé houleux et controversé. Elle avait assassiné Étoile de la Mélopée avec Étoile de Lave, elle avait assassiné tant d’autres chats, tant d’autres victimes.
Peut-être que j’ai mal jugé. Peut-être que j’ai mal estimé les conséquences de mes actes. Peut-être que j’aurais pu simplement la forcer à se séparer de son rang… Non. Non, ça n’aurait pas été possible. Personne n’aurait toléré avoir Étoile Mortelle dans ses rangs. J’ai fait le bon choix, sur ce coup-là. C’est ce qui vient après qui s’est mal passé. En soit, pour les deux autres, Bulle Éclatante et Brisure du Temps, ça aurait pu aller. Je crois que c’est allé. Je l’espère, du moins. Mais pas pour Ascendance de l’Aube. J’aurais dû m'en douter, déjà, quand elle a demandé à changer de nom. Enfin, je m’en doutais déjà, à vrai dire. Mais je n’ai pas su faire le pas vers elle quand il l’aurait fallu. Et voilà dans quelle situation je me retrouve.
“Ascendance de l’Aube, je suis désolé, profondément désolé.” Mais n’ai-je pas déjà ressenti cette douleur ? Ou bien suis-je encore coincé dans ce même cercle indéfiniment ? J’aimerais tant lui dire, à sa fille, mais j’en suis incapable. Ce n’est pas à mon tour d’expier ma douleur. Ce jour n’est pas le mien. Et je dois tout tenter pour la raisonner. Tout tenter pour l’aider, pour lui montrer ce qu’a encore de bien pour elle. “Je ne sais pas ce que ta mère t’as dit. Je ne sais pas tout ce qu’elle a pu te raconter. Non pas que ta mère ait été entièrement une mauvaise personne, elle ne l’est pas. Elle savait qu’elle était troublée, elle savait, au fond, qu’elle avait besoin d’aide. Pourquoi m’aurait-elle désigné comme lieutenant si ce n’était pas le cas, tu penses ?”
Je ne sais pas où elle est. Je ne sais pas où elle a fini, bien que je doute que ce soit au Clan des Étoiles. Je sais qu’il existe autre chose, un rien, pour les solitaires et les chats qui ont rejeté leurs ancêtres. Ça doit être ça. Du néant. Si c’est bien là qu’elle se trouve, c’est bien triste. Pour elle, pour tout le monde. Qu’on l’oublie de partout. Mais j’ai un doute tout de même. Ascendance de l’Aube ne dirait pas ceci si c’était bien le cas. “Ça va faire plus de vingt-cinq lunes, Ascendance de l’Aube. Étoile Mortelle ne peut continuer de ressasser ainsi le passé en toi. Tu ne peux pas vivre que pour elle, tu comprends ? Ses erreurs n’ont pas à te retomber dessus, et je me suis toujours battu pour que ce ne soit pas le cas, ici, au sein du Clan de l’Ombre. Les erreurs des parents n’ont pas à ricocher sur celles de leur progéniture. Je ne t’ai jamais considérée comme étant le simple messager de ta mère, Ascendance de l’Aube. Tu vaux tellement plus que cela.”
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Ascendance de l'Aube
Sam 16 Jan 2021 - 12:35
— Maybe i want to kill you ?
Tu es devenue la griffe aiguisée de ta mère. Es-tu encore réellement toi, enfin, un félin à par entière, ou juste l'objet d'une mission. Oh, arrête ce genre de pensées veux-tu ? Tu es là pour accomplir quelque chose d'important, tu es là pour faire changer les choses, pour les évoluer, alors concentre toi et ne relâche pas ta vigilance. Tu es une féline forte, tu l'es devenue, montres-en toi digne.
Si je suis si forte, pourquoi la fatigue m'accable-t-elle ? Tu aurais dû te reposer au lieu de faire toutes ces nuits d'entraînement, te souffle ton corps. Ton corps ne peut pas supporter toute cette pression, tout ces coups portés et tout ces entraînements qui n'aurait pas du être si important. Il veut relâcher, souffler, se reposer. Non. Ce n'est pas le moment, ce n'est pas fini.
Tu as fais tes revendications, attendons ce qu'il va te dire.
Il s'excuse ? Mais c'est bien tard pour des excuses, bien trop tard. Ces phrases remplissent ton esprit, cet esprit qui se met à douter de nouveau, à chercher des réponses, autres que ce que ta mère t'a donné. Effectivement, pourquoi mère l'a choisi comme lieutenant si c'est pour le faire tomber maintenant ? Ce n'est pas logique. Tu ne comprends pas cette partie, tu ne trouves pas la réponse. D'ailleurs jamais cette question ne t'était venue en tête.
- Qu'est ce que t'en sais de ce que je vaux ?! Ce n'est pas toi qui à perdu sa mère. chaton à toujours besoin de sa mère ne serait-ce que pour évoluer et s'épanouir. Tu m'as arraché cela.
Tu ne veux pas le croire, tu ne veux pas croire qu'il fasse partit des gentils et que c'est toi la méchante de l'histoire. Oui, tu n'as pas toujours eu bon caractère mais jamais tu n'as était suffisamment méchante pour être le méchant d'une histoire. Qu'es-tu sensé faire à présent. Mère n'est pas là pour t'aider. Pourquoi n'est-elle pas là d'ailleurs ? Pourquoi ne t'aide-t-elle pas ? Mère ? Ou es-tu ? Aides moi. Pourquoi elle ne te dis pas ce que tu dois faire maintenant ? Pourquoi tu te sens perdue ?
Si je suis si forte, pourquoi la fatigue m'accable-t-elle ? Tu aurais dû te reposer au lieu de faire toutes ces nuits d'entraînement, te souffle ton corps. Ton corps ne peut pas supporter toute cette pression, tout ces coups portés et tout ces entraînements qui n'aurait pas du être si important. Il veut relâcher, souffler, se reposer. Non. Ce n'est pas le moment, ce n'est pas fini.
Tu as fais tes revendications, attendons ce qu'il va te dire.
Il s'excuse ? Mais c'est bien tard pour des excuses, bien trop tard. Ces phrases remplissent ton esprit, cet esprit qui se met à douter de nouveau, à chercher des réponses, autres que ce que ta mère t'a donné. Effectivement, pourquoi mère l'a choisi comme lieutenant si c'est pour le faire tomber maintenant ? Ce n'est pas logique. Tu ne comprends pas cette partie, tu ne trouves pas la réponse. D'ailleurs jamais cette question ne t'était venue en tête.
- Qu'est ce que t'en sais de ce que je vaux ?! Ce n'est pas toi qui à perdu sa mère. chaton à toujours besoin de sa mère ne serait-ce que pour évoluer et s'épanouir. Tu m'as arraché cela.
Tu ne veux pas le croire, tu ne veux pas croire qu'il fasse partit des gentils et que c'est toi la méchante de l'histoire. Oui, tu n'as pas toujours eu bon caractère mais jamais tu n'as était suffisamment méchante pour être le méchant d'une histoire. Qu'es-tu sensé faire à présent. Mère n'est pas là pour t'aider. Pourquoi n'est-elle pas là d'ailleurs ? Pourquoi ne t'aide-t-elle pas ? Mère ? Ou es-tu ? Aides moi. Pourquoi elle ne te dis pas ce que tu dois faire maintenant ? Pourquoi tu te sens perdue ?
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