Jeune aventurier

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Rêve de Pluie

Sam 21 Nov 2020 - 15:43

Dans l’obscurité, avancer au clair de lune

ft Fleur de Lys

Rochers de Soleil !

Le soleil répandait ses premières lueurs sur la clairière vide. Celle-ci s'embrasait au contact du doux éclat qu'il réverbérait sur le pelage perle de la féline qui se réveillait à peine. La fraîcheur de la nuit qui émanait de l'atmosphère se faisait plus appréciable à présent que l'astre doré avait commencé à brûler toute cette vie sur qui il posait ses doux rayons intempestifs. Rêve de Pluie bailla longuement, s'étira avec souplesse et quitta l'endroit ensoleillé sur dans lequel elle avait élu domicile le temps d'une petite truite.

Elle avait profité de ce moment de silence, à l'orée du jour, pour apprécier la solitude et la quiétude de la nature. Elle qui passait ses journées à profiter de ses ressources pour soigner les autres ne prenait pas même le temps de la remercier pour tout le bien qu’elle leur faisait à tous. Certes elle n’avait jamais voulu être guérisseuse, et aujourd’hui encore regrettait cette destinée, mais elle ne pouvait nier que le Clan des Etoiles et elle étaient liés, pour le meilleur comme pour le pire. Ses rêves avaient des significations, et en ce moment, ils étaient importants plus que tout.
La disparition d’Etoile des Songes laissait tout le monde coi dans le Clan. Elle qui n’avait pas ses yeux pour voir sentait bien que l’atmosphère n’était pas au beau fixe. Leur chef disparu, il semblait bien que tout le monde était redevenu chaton, incapable de savoir où aller, de se donner un objectif commun pour trouver une cohésion. Chaque patrouille en quête de leur meneur aspirait inexorablement cet espoir vain, alors qu’aucune trace d’Etoile ne subvenait dans les alentours. Evaporé. Il fallait se rendre à l’évidence : il ne reviendrait pas. Cœur Lunaire se devait de prendre une décision, se devait de redonner au Clan leur force d’antan.

Mais d’autres revendiquaient cette place. D’autres, à l’affût de la moindre opportunité de pouvoir, assoiffés par cette soif d’autorité qu’elle ne cherchait à comprendre, semblaient décidés de mettre tous les bâtons dans les roues de la pauvre lieutenante qui ne cherchait qu’à tenter de respecter le Code du Guerrier, en dépit de la mystérieuse disparition de leur Etoile. Le Clan ne brillait plus de cette étincelante lumière, le soleil qui brûlait ne brillait plus pour eux. Leur vie était entre parenthèses, dans une attente bien difficile qui brisait les nerfs et créait des tensions.
Le matin se levait à peine, et pourtant la grise savait que la journée serait longue. L’hiver arrivant, synonyme de maladies, de chutes et de tourments, ne lui laissait aucun répit. Elle, qui dans ses songes avait vu un ciel bien noir, ne prenait pas les menaces à la légère, et préférait se préparer à un affrontement. De quelle sorte, elle n’en savait rien. Elle ne se mêlait pas à la politique du Clan. Elle ne s’y intéressait qu’à peine, donnant un avis bien neutre quand on lui demandait. Parce qu’après tout, elle était la guérisseuse, aujourd’hui la deuxième à laquelle on accordait le plus de respect dans la Rivière. Elle était l’incarnation des Etoiles, de l’au-delà, de cet univers si flou et sur lequel, pourtant, on fondait toutes nos croyances.

Elle soupira profondément, et entra dans sa tanière. Elle attrapa deux graines de pavot dans la réserve, ainsi qu’un cataplasme à base de baie de genêt pour Serres d’Aigle. Le matou, à peine réveillé, se mit à geindre qu’il souffrait énormément, et que jamais il ne serait soigné. Rêve de Pluie n’avait plus de patience à lui accorder, déjà qu’elle n’appréciait pas énormément le félin en pleine forme.
« Arrête de te plaindre, et mange donc ton pavot. Et tiens-toi tranquille, un peu ! C’est un cataplasme, ça ne va pas te faire de mal. »

Elle lui appliqua sans grande délicatesse son remède maison sur sa patte arrière gauche, qu’il s’était tordu en pleine patrouille de chasse. Cela faisait deux jours qu’il était là, et la guérison était lente. Très lente. Trop lente pour la féline, qui supportait de moins en moins ses hurlements à la mort à chaque fois qu’il bougeait, et ses babillements interminables avec ceux qui daignaient lui rendre visite. Elle qui appréciait son statut pour profiter du calme de sa tanière avait beaucoup de mal à se concentrer quand on parlait à côté d’elle. Elle qui possédait déjà un sens en moins était de nouveau handicapée par les bourdonnements intempestifs dans ses oreilles.
« Je vais à la rivière récupérer de la consoude. Ne t’avise pas de bouger d’un poil, ou je ne te donnerai pas une graine de pavot en plus. C’est clair ? »

Elle reçut en réponse un grognement maussade, dont elle ne chercha pas à comprendre le sens. Elle rencontra son père, qui lui proposa de l’accompagner. De mauvaise humeur, elle refusa, et s’en alla d’un pas vif, afin que personne d’autre ne la poursuive.
Le chemin pour aller à la rivière n’était pas très long, mais elle s’éloigna jusqu’à la frontière du Tonnerre. Elle avait aperçu au loin un mentor et son apprenti en pleine leçon de pêche. Elle ne voulait pas ressasser cette tristesse qui lui broyait le cœur à chaque fois qu’elle pensait à son entraînement de guerrière qu’elle n’avait pas même eu l’occasion d’essayer. Non, elle n’avait pas pu faire ses preuves, et rien que pour cela, en voulait à tout ce Clan qu’elle ne chérissait guère. Ils avaient choisi la facilité, d’une pierre deux coups : trouver une nouvelle guérisseuse et éviter à un mentor de s’handicaper avec une apprentie qui ne deviendrait jamais bonne guerrière. Mais dans cette stratégie, qui, elle devait l’avouer, était très intelligente, personne ne s’était demandé ce qu’elle en pensait, elle. Et cela lui porterait préjudice à vie.

Rêve de Pluie secoua la tête, tentant d’effacer les ondes négatives de son esprit. Elle se concentra sur sa tâche, leva le museau et inspira longuement. Elle perçut cette odeur si caractéristique de la consoude, et sans la moindre hésitation s’engagea sur le chemin qui la menait à la plante recherchée. Elle la trouva rapidement, et commença à arracher les fleurs délicatement du reste de la plante, sans oublier de remercier le Clan des Etoiles de l’avoir menée jusqu’ici.
Quelques minutes plus tard, elle sentit ce sentiment de gêne, ce frisson qui lui parcourut l’échine. Elle posa la fleur par terre, et se concentra sur la raison de son malaise. Elle comprit rapidement qu’elle n’était plus la seule sur ce terrain, quand l’effluve du Tonnerre lui parvint au museau. Elle se tourna vers la source de l’odeur, son regard pâle glacial, comme à son habitude.
« Un problème, peut-être ? Tu n’as rien d’autre à faire que de me regarder bosser ? Je suis dans le territoire de la Rivière, ici. »

Son ton hautain n’échapperait sûrement pas à son interlocutrice. La perlée songea un instant à Nuage de Loutre qui lui avait avoué qu’elle était très condescendante. Elle ne se débarrasserait pas de cette habitude de sitôt, et c’était pour cette raison qu’elle la tutoya instantanément.

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Puf/Surnom : Skinou

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Fleur de Lys

Jeu 26 Nov 2020 - 14:52

Dans l'obscurité, avancer au clair de lune

Fleur de Lys n'avait pas beaucoup dormi cette nuit-là. Elle avait eu le désir de s'échapper du camp pour se promener en forêt, sous la lumière lointaine et pourtant bienveillante de la lune. Lorsque tout le monde était parti dormir, elle avait pris son courage à deux pattes et s'était extirpée de sa tanière ; avait adressé un remerciement muet au Clan des Etoiles car la sentinelle s'était assoupie et s'était glissée silencieusement hors du camp. Après être arrivée en haut du ravin, elle sentit son coeur s'alléger, sans trop savoir pourquoi.
...la vérité, c'était plutôt que la guerrière refusait d'accepter ce pourquoi. La vie qu'elle menait dans le clan du Tonnerre lui pesait, même si elle ne se voyait pas vivre ailleurs, ni autrement. C'était juste... tous ces gens, qui vivaient sans lui prêter beaucoup d'attention, toutes ces tâches, qui ne l'intéressaient pas tant que ça ; toute sa vie, qui s'étendait devant elle, dont elle connaissait déjà la fin alors qu'elle n'en était qu'au début. Oui, Fleur de Lys connaissait son destin. Guerrière passable, elle ne deviendrait jamais lieutenant ; elle était destinée à mourir dans une escarmouche, dans un accident, ou dans la tanière des anciens, percluse de rhumatismes. Pire encore, elle mourrait seule. Plus le temps passait sans que son quotidien ne changeât, sans qu'aucun mâle ne fît plus attention à elle qu'à une autre, et plus elle désespérait. Le seul atout d'une vie de guerrière était de pouvoir avoir un compagnon et des chatons ; même ce plaisir lui était refusé.
Ce qui lui pesait, en effet, était surtout la solitude alors même qu'elle était entourée de nombreux félins. Seule au milieu de la masse. Là, cette nuit, dans la forêt, le temps lui appartenait ; pas de patrouille, pas de responsabilités. Rien que sa personne et les étoiles. En cet instant, sa solitude était sincère, non pas entourée de fioritures. Elle était complète et désirée. Fleur de Lys aurait aimé être libre.
Elle secoua la tête. « Arrête de penser à ces idioties, il n'y a qu'ici que tu as ta place. D'accord, ta vie n'est pas idéale, mais elle pourrait être bien pire ; tu ne survivrais pas une lune entièrement seule. Tu as besoin d'eux. » songea-t-elle pour essayer de se convaincre.
Elle marcha jusqu'aux rochers du soleil, où elle n'était pas allée depuis longtemps. Sentant un fumet de campagnol, qui n'avait, certes, rien à faire à découvert à cette heure là, elle ne put résister et traqua la petite bête. Lorsqu'elle se trouva à une longueur de queue du rongeur, elle lui sauta dessus et l'acheva d'un coup de crocs. Fleur de Lys ne sut que faire de sa prise ; elle ne pouvait décemment pas la ramener au camp, ni la manger dehors. Alors elle la glissa sous un rocher, se promettant d'aller la récupérer quand le jour se lèverait.
C'est pour cette raison qu'elle se leva assez tôt, secouant ses membres engourdis par la fatigue pour se motiver. La guerrière se sentait un peu mieux après sa sortie nocturne ; enfin du moins psychologiquement. Personne ne vit d'inconvénient à ce qu'elle quitte le camp seule, et elle s'en réjouit.
Arrivée aux rochers du soleil, mais l'esprit légèrement embrouillé par la fatigue, Fleur de Lys ne sut pas tout de suite où est-ce qu'elle avait laissé son campagnol. En le cherchant, elle remarqua une souris sous un autre rocher et lança sa patte pour l'attraper ; mouvement ambitieux qui porta ses fruits. Finalement, elle retrouva son campagnol sous une pierre très près de l'eau. Regardant brutalement vers l'autre côté du fleuve, elle reconnut la guérisseuse des riverains, Rêve de Pluie. Cette dernière était en train de ramasser une plante. De loin, cela aurait pu être de la bourrache ou une toute autre plante, dont Fleur de Lys avait oublié le nom.
Se rappelant soudainement la cécité de la guérisseuse, la guerrière se sentit fascinée par ses gestes si précis. Si elle aussi avait été aveugle, peut-être aurait-elle pu devenir guérisseuse... « Je suis horrible de penser ça... » pensa-t-elle, sans pourtant réussir à faire disparaître cette pointe d'envie qui lui serrait le coeur.
« Un problème, peut-être ? Tu n’as rien d’autre à faire que de me regarder bosser ? Je suis dans le territoire de la Rivière, ici. », lança brutalement Rêve de Pluie, tirant son interlocutrice de ses réflexions.
Fleur de Lys sursauta, elle avait pensé que le bruit de la rivière cacherait ses pas et empêcherait la guérisseuse de la remarquer. Elle était affreusement gênée.
« Euh, je...euh... je le sais bien, et je ne voulais pas te gêner, je suis vraiment désolée... je... je ne pensais pas que tu me remarquerais... » répondit-elle en bafouillant, avant d'écarquiller les yeux en réalisant ce qu'elle venait de dire. Rêve de Pluie était connue pour son assez mauvais caractère ; et Fleur de Lys, talentueuse comme elle était, venait littéralement de la rabaisser à cause de sa cécité. Involontairement, évidemment ; et même pas avec le but de la blesser, mais l'effet était le même. Elle se sentit incapable d'ajouter encore une excuse et se demanda pourquoi le sol ne s'ouvrait pas sous ses pattes pour l'avaler, histoire de mettre fin à cette extrêmement désagréable situation.

Rochers du Soleil ft Rêve de Pluie

e p s i l o n

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Rêve de Pluie

Lun 28 Déc 2020 - 21:48

Dans l’obscurité, avancer au clair de lune

ft Fleur de Lys

Rochers de Soleil !

Elle détestait qu'on la regarde travailler. Elle se sentait observée, sans pouvoir rendre la pareille. Pour cette raison, elle arrêta sa cueillette, puisque cette gêne ne la lâcherait que lorsque l'intruse s'en irait, et cesserait de poser son regard de rapiat sur la pauvre aveugle qu'elle était. Elle se demandait ce que gagnaient les autres à la voir sans l'aider, même si, dans ce cas, l'autre ne pouvait traverser la rivière. Elle ne faisait pas partie du clan de la Rivière, et sûrement maitrisait beaucoup moins la technique de la nage. A chaque fois qu'un de ses congénères la croisait en patrouille, elle lui ordonnait de lui donner un coup de pattes ou de la laisser travailler en paix.

Le silence qui s'ensuivit permit à Rêve de Pluie de comprendre que son interlocutrice ne s'était pas attendue à une remarque du genre. Sans doute elle n'avait pas eu ouïe de son caractère méprisant, condescendant.
« Euh, je...euh... je le sais bien, et je ne voulais pas te gêner, je suis vraiment désolée... je... je ne pensais pas que tu me remarquerais... »

La grise écarquilla les yeux avec surprise. Puis à la surprise succéda la colère. Elle était sidérée par la remarque que venait de lui faire l’autre. Pour qui se prenait-elle à la regarder travailler puis à la traiter d’aveugle sans aucune subtilité ? Sa cécité lui vrillait la tête, et au détour de chaque discussion, lui brisait un peu plus doucement le cœur. Elle en avait marre, mais ne disait rien. Elle subissait en silence.
Mais aujourd’hui, non. Devant les autres, dans son Clan, elle ne voulait montrer cette blessure invisible et omniprésente. Elle ne voulait pas se sentir faible devant tous ceux devant lesquels elle devait se montrer forte. Elle devait donner de la force à ceux qui en manquaient, même si elle n’était clairement pas la bonne personne pour cela.

Mais devant cette intruse, la lassitude d’être considérée autrement prenait le dessus. Elle eut un soupir et secoua la tête avec dédain, les yeux glaciaux. Elle s’avança, le torse bombé, jusqu’à la rive. Ses griffes, pour calmer sa colère, s’enfonçaient dans la terre humide.
« Aveugle ne veut pas dire sourd, ou anosmique. Tu ne sembles pas être chat pour ne pas être au courant que nous disposons de cinq sens et non pas seulement de la vue. »

Elle aimait, plutôt que de crier plus fort que les autres, rester très froide. Les belliqueux du Clan ne la comprenaient pas, et pourtant, elle aimait utiliser des mots relativement savants, plutôt que des insultes à tout bout de champ. Condescendante, Nuage de Loutre disait qu’elle était condescendante.

Vétéran

Puf/Surnom : Cousine de Timmy

Messages : 876

Faucheuse de Rp's

Jeu 15 Avr 2021 - 13:34

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