tell me the world you see - auli'i

Belle journée. Auli'i n'avait même pas encore ouvert les yeux qu'elle le savait déjà, son pelage commençait à chauffer, frappé par le soleil. Elle se presse un peu plus vers la fourure noire à ses côtés, comme espérant que cela suffirait à la rendormir. Mais elle devait se rendre à l'évidence, elle n'était plus fatiguée et il lui fallait bien de toute façon commencer sa journée. Elle se redressa, les yeux encore mi-fermés, elle se passa la langue sur le museau puis remis ses poils ébouriffés par la nuit en place avant de s'étirer de toute sa longueur. Elle se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Personne n'avait réveillé la fratrie, aucune classe n'avait dû être mise en place cette matinée-là ? Elle trépigna à cette idée. Elle adorait apprendre la vie de chasseuse mais un peu de temps libre ne faisait jamais de mal. Elle pourrait peut-être passer voir Assalys ? Depuis le début de l'entrainement, elle avait fatalement moins de temps à passer avec son ainée. L'avait-elle remarqué ? Elle aurait aimé que la réponse soit oui, mais elle se doutait que ses espoirs étaient trop haut.

Alors qu'elle observait distraitement la clairière et le chats s'activer. Aétos chassant les Etoiles passa devant elle. Elle rejoignit au petit trot, un peu impressionné elle essaya de trouver ses mots pour demander si quelqu'un s'était déjà chargé de changer la litière d'Assalys et lui avait amené à sa part de nourriture. Le soigneur fit mine de réfléchir un petit instant avant de lui faire signe qu'elle pouvait s'en occuper sans problème. Il repartit presque aussi tôt, ne lui donnant pas l'occasion de lui poser de question. Elle savait changer une litière, mais elle n'avait encore jamais amené de nourriture aux ainés sans être allé chassant avant. Devait-elle prendre une proie sur la pile, ou la chasser elle-même ? Elle jeta un coup d'oeil aux prises de la journée. Il était encore tôt, les chasseurs n'avaient pas dû rentrer encore : il n'y avait pas grand-chose... Son cerveau s'activa très rapidement. Okay elle savait ce qu'elle allait faire, prendre une proie sur la pile pour sa sœur et elle ira ensuite chasser avec sa sœur si le stock ne s'était pas remplumé. Cela semblait un bon plan. Elle préleva doucement un écureuil et se dirigea vers le coin des doyens. Sa sœur n'était vraiment pas un gros estomac, même s'il n'était pas épais l'écureuil devrait largement lui suffire.

Elle passa une tête timide dans l'antre. Les anciens étaient occupés à raconter une histoire à deux chatons émerveillés. Elle les salua par un signe de tête respectueux, avant de se diriger vers le coin à l'écart où était la reine brune et blanche. Elle avait les yeux fermés comme à son habitude, mais elle pouvait deviner à sa respiration et son air crispée qu'elle était réveillée. Elle avait toujours l'air plus sereine quand elle dormait...Avec toute la douceur du monde, elle posa la petite créature devant sa litière et recula pour lui laisser de l'espace. Tout en s'asseyant, elle attendit que sa sœur ouvre les yeux, mais son attente devint longue. Ne l'avait-elle pas reconnue à son odeur ? Peut-être était-elle trop absorbée par ses pensées pour réaliser. Peut-être n'en avait-elle rien à faire… Doucement, délicatement pour ne pas la surprendre, elle laissa échapper un miaulement.


Elle savait très bien que ce n'était pas une bonne idée de lui dire que son entraînement l'avait trop accaparée pour venir plus tôt, après tout elle n'avait jamais pu finir le sien, et elle n'était pas là pour la rendre plus nostalgique qu'elle ne l'était. Elle aurait aussi voulu lui dire que venir la voir lui avait manqué, mais elle savait que sa sœur n'était pas du genre à être touchée par la sensiblerie. Elle aurait sûrement ignoré sa remarque, ou elle lui aurait que c'était stupide, qu'elle ne pouvait manquer à personne. Elle se rendit compte qu'elle aurait peut-être préféré manger seule, comme souvent. Mais partir pour reveir quelques instants plus tard pour faire sa litière semblait contre productif, autant rester un temps ici en attendant qu'elle ait terminé. Elle pourrait en plus débarrasser les restes en s'économisant un aller retour de cette façon.

Le silence, on entendait le murmure des autres vieux chats et les piaillements des chatons réagissant à leurs histoires. Mais tout semblait lointain. Il était pourtant seulement à quelques longueurs de queue d’elles, mais Auli’i ne les entendait pas. Elle se concentrait sur sa sœur, voir si un signe de mécontentement ou de gêne la traversait, mais non, aucune expression, qu’elle fut positive ou négative, ne transparut sur son visage. La jeune novice ne savait si cela était bon signe ou pas. Sûrement, elle préférait son indifférence habituelle, elle avait pris l’habitude en 2 lunes de s’y habituer. Elle s’était attachée à cette chatte qui semblait invisible aux yeux de tout le monde, qui faisait tout pour l’être et le rester.

Elle semblait se complaire dans sa solitude, dans son mal être. Sa petite sœur était rassurée que la Troupe prenne soin des uns pour les autres, que les chats qui la composaient étaient tous traités avec égards, elle ne voulait pas imaginer ce qu’il se serait passé tout ce temps sans les soins des soigneurs, des novices… Il lui semblai qu’Assalys était devenue incapable de s’occuper d’elle même. Etait-ce une impression ou bien la réalité ? Elle semblait voguer tellement loin dans ses pensées parfois que rien ne pouvait l’en faire revenir. Combien de temps cela pourrait durer sans qu’un camarade ne l’appelle pour lui faire regagner la surface ? Cette pensée la fit frissoner. Comment avait-on pu la laisser sombre comme ça ? Elle semblait se sentir si inutile, si vide, alors qu’Auli’i ne se doutait pas une seconde qu’elle pourrait apporter énormément. Malgré sa maladie, les activités qu’on pouvait lui confier dans le clan étaient nombreuse. Elle espérais faire changer les choses pour elle, lui permettre d’ouvrir les yeux sur ses qualités, la sortir de sa peine...


La voix fluette la sortit immédiatement de ses pensées. Assalys avait commencé à entamer sa proie, cela faisait plaisir à voir, elle n’avait pas souvent faim. La chatonne se redressa les yeux pétillant, heureuse de pouvoir dialoguer avec la chatte tigrée.



Elle marqua une pause, devait-elle lui avouer qu’elle s’était portée volontaire pour s’occuper d’elle ? Ou fallait-il lui faire croire qu’on lui avait demandé de le faire ? Elle n’aimait pas mentir, et elle saurait toute l’attention qu’elle lui portait. Est-ce que ça allait l’effrayer ? Peut-être, mais autant qu’elle soit au courant ? Et puis savoir qu’on est apprécié ne peut pas faire de mal…


Parfois, la novice se laissait emportée par son envie de bien faire et oubliait qu’elle devait être précautionneuse avec sa sœur. Elle ne voulait pas l’effrayer mais son jeune âge la faisait facilement perdre pied et elle ne réalisait pas comme son enthousiasme pouvait être vif. Elle ne sautait pas partout et ne débordais pas d’énergie, elle restait physiquement calme, mais dans ses mots et son ton, on ressentait son optimisme débordant.