Toi ! J'ai envie de te tuer ! Mais qu'est-ce qui m'en empêche ? [feat. Orenji] //TERMINÉ//

Berceuse ! Berceuse ! Tu viens avec nous ? Allez, on va bien s'amuser !

Je me réveillais en sursaut. J'avais dégagé une chaleur pas possible. J'haletai tellement fort que je ressemblais à un chien. Ces bêtes qui nous attaquaient sur le territoire des Bipèdes. Ils respiraient si fort que c'est dérangeant même en dormant. Et je leur ressemblais en ce moment-même, ma langue pendait et j'avais si chaud que je dus courir aussi vite que possible pour me jeter dans la neige. Je m'étalais dedans en ronronnant de plaisir et me roulant d'un côté puis de l'autre pour ensuite m'immobiliser sur le dos, le regard pointé vers le ciel encore couvert d'étoiles. Pourquoi faites-vous ça ? Pourquoi vous m'empêchez d'oublier le passé... Je ne comprend pas... me dis-je, une larme coulant le long de ma joue pour ensuite se cristalliser et tomber dans la neige. En ce moment, mes frères passaient leur temps à venir me hanter dans chacun de mes rêves, me rappelant encore et encore ces jours de bonheur. Je ne pouvais pas m'empêcher d'être joyeuse et positive. Même si j'avais décidé de devenir un monstre, une tueuse... C'était mon destin et il me plaisait. Alors pourquoi mes frères venaient tout gâcher ? J'avais le droit de décider comment je vivrai. Et ils devaient l'accepter dans tous les cas car je ne changerai jamais d'avis. J'étais une tueuse, point final.

Je me relevai, enfin rafraîchie pour ensuite m'étirer membre après membre. Qu'allait-je pouvoir faire de si bon matin ? Une petite chasse ? Une sieste à l'air frais ? Tuer un chat errant ? C'était tellement banal... tellement ennuyeux... Mais soudain, une idée géniale me vint. J'avais envie d'embêter les chats des Clan, et à l'occasion en tuer un ou deux, pourquoi pas ? J'allais juste devoir marcher un peu... beaucoup, mais ce n'était pas grave, si c'était pour faire autre chose que l'ordinaire, je prenais volontiers !  
Je m'élançais alors dans la forêt qui s'étendait au-delà de ma tanière. Direction le territoire des troupes. Ensuite le premier Clan qui me tombera dessus !

Le forêt était recouverte de neige, les arbres, les buisson. Que de blanc. Cela me rappelait mon enfance. La neige, le bonheur, les jeux et... le sang... la mort, la peur, la solitude. Je n'arrivais vraiment pas à oublier. Pourtant ce n'était pas bien difficile ! Il suffisait de ne plus y penser. Eh bien non, j'étais aussi têtue qu'une mule sans le vouloir. Le seul moyen d'en finir avec toutes ces histoires, c'était de disparaitre de ce monde à tout jamais. De mourir une bonne fois pour toute. Mais j'avais trop envie d'exercer ma haine, d'éliminer tous mes ennemis, de les punir. Les punir de vivre en plein dans le bonheur. Oui, j'étais jalouse d'eux. Et alors ? Tout le monde avait le droit de ressentir cette haine. Même moi.

Quand finalement, je sentis le territoire des Troupes, tous mes sens furent en alerte. Les griffes sorties et les muscles tendus. J'étais prête à attaquer n'importe qui, n'importe quand. Et c'est alors qu'un chat apparut juste devant moi. Mon imagination ? Sûrement. Je hochais les épaules et le traversais sans problèmes. J'inventais des choses étranges par moments. Mais à ma surprise, il réapparut. Cette fois-ci, il avait les crocs sortis. Je m'arrêtais, stupéfaite, avant de donner un coup dans le vide. Mais une douleur traversa mon corps. Je remarquai qu'il y avait une entaille sur mon flanc. C'est quoi cette histoire ? me dis-je en fixant le chat. Cette fois-ci, les griffes sorties et le pelage ensanglanté. Terrifiée, je me mis à courir aussi vite que possible en direction des clans. Mais il me suivait, je pouvais le voir apparaître sur les côtés pour me donner des coups de griffes et de crocs. J'avais affreusement mal. Mais le plus horrible était que je ne connaissais pas la raison de ces attaques. Il me frappait à tout va alors que je ne lui avais rien fait. Malheureusement, je n'avais pas le temps de me poser toutes ces question. Je devais impérativement courir. Courir aussi vite que possible.

Des pins furent soudain en vue. Mon dieu, j'y suis ! me dis-je en soupirant. Le chat ne me faisait plus de mal mais je sentais tout de même sa présence. Il me suivait à la trace.
Quand j'eus franchis le marquage du Clan, je fus surprise qu'il me suive toujours. J'avais tellement peur que je commençais à pleurer, comme un pauvre chaton...
Soudain, alors que je traversais des buissons, je me cognais contre quelque chose. Tout ce que je savais, c'est que c'était vivant. Je me relevais péniblement et remarquais un chat brun foncé qui me fixait. Je voulus lui sauter à la gorge comme je l'aurai faut d'ordinaire, mais quelque chose m'en empêcha. Quelque chose de fort.

Le chat brun foncé, tirant vers le noir me fixait. Il semblait plus perturbé qu'autre chose. À quoi pouvait-il penser alors qu'il y avait une tueuse devant des yeux ? Il chuchota des mots que je ne compris pas de là où j'étais. Puis, il releva la tête pour braquer son regard sur moi. J'eus un mouvement de recul. Comme si j'avais peur de lui. Mais comment ? Comment pouvais-je avoir peur ? C'était impossible ! Pourtant, quelque chose m'empêchait de lui sauter à la gorge. Aide-moi à le tuer toi ! me dis-je comme si m'adressais à mon double. Mais mon double n'était autre que moi et je n'arrivais pas à lui sauter à la gorge. Mes pattes m'en empêchaient. Je me mis à le fixer et c'est à ce moment là qu'il me cria dessus.

« Si tu n'est pas elle, qui es-tu ?! »

"Elle" ? De qui il me parlait ? Je ne connaissais ni lui ni la personne qu'il cherchait. Pourquoi m'en parlait-il alors ? Il me fixait toujours, attendant une réponse digne de ce nom. Et j'allais lui en donner une. Pas de problèmes. Je m'assis alors, les pattes tremblantes et braquait mon regard sur lui. Mais au moment où j'allais lui parler, je sentis une présence non loin. Je me retournais vivement et vis un fantôme disparaître vers les territoires des troupes. Qui était-il à la fin ? Pourquoi m'avait-il attaquée comme ça ?!
En émettant un grognement, je me tournais vers lui et m'avançais jusqu'à ce que nos museaux se touchent presque

« Je me nomme Berceuse Oubliée. Je ne suis ni une chatte de Clan, ni une chatte domestique, ni une chatte errante. Je suis une tueuse, une voleuse, en gros, un monstre. Je n'ai pas de cœur et je ne ressemble à rien. Je ne suis que les restes d'un passé qui a mal fini. Sinon, enchantée de faire ta connaissance. »

Soudain, je sentis un sourire sure dessiner sur mon visage. Un sourire ! Comment était-ce possible ? Je n'avais plus sourit depuis bien longtemps. Depuis la mort de ma famille. Avant j'étais une boule d'énergie toujours souriante et prête à aider... Mais maintenant... Je n'étais plus rien... J'éteins ce sourire avec peine. Ce n'était pas si mal finalement mais je m'étais interdite de sourire. C'était fini et pour toujours.

« Et toi ? Comment tu t'appelles ? »

Ce chat avait toujours l'air perdu dans ses pensées. Il ne semblait pas avoir peur. Enfin, d'après moi. Peut-être qu'il tremblait au plus profond de lui. Mais je voulais savoir pourquoi je ne lui avais rien fait, pourquoi je ne lui avais pas sauté à la gorge. Je n'y comprenais rien. Et puis, il dégageait une onde qui ressemblait à un rêve, c'était doux... reposant...

Le chat brun foncé me regardait dans les yeux. Il avait l'air triste, perdu. Était-il comme moi ? Pourtant, il me semblait que les chats des Clans avaient la belle vie. Comment pouvait-il être triste ? C'était impossible. Je n'avais jamais vu ça. Ils avaient tout ce qu'il voulaient mais il trouvé le moyen d'être malheureux ! Je voulus lui donner une pinechette rien que pour ça. Attends, me dis-je, j'ai bien pensé à une pinechette ? Je ne montrais pas l'horreur que je ressentais mais je le pensais très fort. Habituellement, je disais "arracher les oreilles". Que m'arrivait-il enfin ! Je devenais vraiment folle pour le coup.
Je voulus partir en courant pour disparaitre loin mais il me répondit avec un soupir de désespoir.

« Je me nomme Museau Murmurant. Je suis un chat du Clan de l'Ombre, un Ombreux si tu préfères. Ou un bouffeur de chair à corbeau. Je suis un chat dingue, qui fait peur à son propre clan. Fou amoureux d'une femelle disparue, d'une ombre, sûrement morte et j'entends des voix et je vois des silhouettes. J'ai bien cru que tu étais l'amour de ma vie, qui a disparut il y a fort longtemps, mais je me suis trompé encore une fois. Mais nan, tu es Berceuse Oubliée, chatte de je ne sais pas quoi et moi, je suis encore là, seul et triste d'une histoire d'amour qu'elle n'a pas partagée. Enchanté également, Berceuse Oubliée. »

J'eus un sentiment d'affection pour lui. Alors, il était bien triste... Et il avait une bonne raison. Mais comment faisait-il pour être assez stupide au point de tomber amoureux d'une chatte qui ne l'aimera jamais. Si elle l'aimait, pourquoi l'avait-elle laissé ici, seul... Il était désormais dérouté et terrirorisé par sa faute. Si jamais je la retrouvais, elle allait voir de quel bois je me chauffais ! Personne n'avait le droit de blesser un a... un a... Non, non, non ! J'allais trop vite, ce n'était pas encore mon ami. Pourquoi je m'acharnais à le vouloir ! Quand je partirai, je ne verrai plus ja... mais... Je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas être amie avec un chat de Clan, il m'envahirait plus qu'autre chose, il m'empêcherai de vivre ! Pourtant je voulais le contraire..
Je mis une patte en arrière et penchais la tête. Quelque chose me faisait mal, ma double, elle ne voulait pas, surtout pas l'accepter. Elle me faisait mal, mal partout. Si mal que des larmes coulèrent le long de ma joue. Je me mis en boule, toujours en pleurant. Laisse moi ! Laisse moi traîtresse ! me dis-je en me combattant moi-même. Désormais, c'était à moi de faire mon choix. Pas à elle, elle devait me laisser en paix...

« Dégage ! »

Hurlais-je à plein poumons. Mes pupilles s'étaient rétrécies. Mes crocs et mes griffes étaient sortis, je salivais de rage, de haine. Depuis toujours elle me contrôlait, elle me hantait nuit et jour. Je n'en pouvais plus, je devais me libérer de ce monstre.
Je ne sentais plus aucune douleurs. Mais quand je reposais mon regard sud Museau Murmurant, mes griffes et mes crocs se rentrèrent et je me mis à trembler de tous mes membres. Qu'avais-je fait ? Il n'allait plus vouloir me voir à présent ! Il me fuirait, il aurait peur de la folle que j'étais. Qu'elle horreur !
Je me remis en boule et pleurais toutes les larmes que je retenais depuis tant de temps. Toutes cette tristesse, cette douleur. C'était maintenant que je la faisais disparaitre... Pour toujours...

« P... Pardonne-moi... Je veux bien t'expliquer mais tu ne comprendrais pas... De toute manière, je suis folle... »

H.R:

Toi. Toi qui m'a sauvée à plusieurs reprises. Toi qui t'es occupée de moi. Pourquoi m'empêchais-tu de faire mes choix, alors que tu m'avais accompagnée partout jusque ici. Pourquoi m'empêches-tu d'avoir des amis et de vivre une vie normale ? Depuis tant de temps, tu te servais de moi, tu me contrôlais comme une vulgaire machine. C'était à cause de toi si j'étais devenue un monstre. Mais je ne perdais pas mon objectif. Et tu devais t'en rendre compte. Tu devais comprendre que je n'allais pas abandonner. Que je t'écouterai pendant les combats. Que je suivrai tes conseils à la lettre. Je t'obeirai au doigt et à l'œil. Mais tu n'avais pas le droit de diriger ma vie. Je décidais quand est-ce que j'allais avoir des amis et quand une décision à ce propos devait être prise. Tu devais me laisser m'en occuper, me faire confiance. Toi, tu ne voulais que le mal, mais moi, je voulais vivre une vie heureuse, tout en protégeant ma famille et mes amis. Alors je te le demandais à genou. Je t'en supplie, laisse-moi vivre de belles choses. Mais protège-moi, comme tu l'as toujours fait, accompagne-moi où que j'aille et combat à mes côtés. Laisse-moi juste décider comment se déroulera mon futur. Je t'en supplie...

Je me levais et braquais mon regard sur Museau Murmurant qui était entrain d'avancer vers moi pour poser sa queue sur mon épaule. Je me sentais libre, libre de faire mon choix. Aucun poids m'empêchait de dire quoi que ce soit. J'étais libérée, délivrée de cette emprise malfaisante. Mais je ne voulais pas la perdre. Elle m'avait protégée jusqu'à maintenant. Mais elle ne savait pas qu'elle me faisait du mal. Je lui avais expliqué à quel point je souffrais et elle s'en était sûrement rendit compte. Car je ne sentais plus aucune douleurs. Je me sentais normale pour une fois. Allais-je pouvoir vivre une vraie vie à présent ? Des amis, des amours, des moments heureux, tristes. Tous ces sentiments que je n'avais pas éprouvés depuis si longtemps... Ce cœur noir dont elle m'avait fait cadeau. Je l'ai changé, je l'ai modifié, il est différent à présent. Mais je reste tout de même une tueuse, car j'y avais pris goût et j'aimais ça. Ça ne m'empêcherait pas d'être normale et de vivre de belles choses.
Dès à présent, je ne tuerai plus sans raisons. Je protégerai ceux qui me sont chers au péril de ma vie. Les Escogriffes, ma mère, et maintenant toi, Museau Murmurant. Maintenant que j'avais retrouvé toute cette vie, je savais ce que je ressentais. Je le savais profondément. Et je l'avais ressentis au premier regard, et c'est pour ça que tu étais toujours vivant. Tu m'as réveillée, tu m'as sauvée. Et je te sauverai à mon tour. Je te rendrai heureux comme tu l'avais fait. Je te ferai sourire à chaque secondes. Ce n'était plus un simple sentiment d'amitié. C'était plus fort, plus intense. Cette chose que je trouvais idiote, elle est magnifique. L'amour était la chose la plus belle qui puisse exister dans ce monde. Et mon cœur me disait que tu étais le seul qui pourrait me faire ressentir ça.

« Si tu es folle, on vas bien s'entendre, Berceuse Oubliée. »

Tu avais raison. Il me restait un peu de folie mais tu avais presque fait tout disparaitre en un seul geste. Mais je ne ferai rien paraître. Tu m'aimais pour ce que j'étais, peut-être que tu n'aimais pas ce que j'étais devenu. Je cacherai ces nouveaux sentiments et je resterai celle que tu avais connu. Une petite folle qui parle à des fantômes. Je savais que ce serait dur de te conquérir, mais j'en avais décidé ainsi. Et si il le fallait, je viendrai jusqu'à ce que tu acceptes de devenir mon ami ou mieux encore.
Il me sourit. Ce que je fis à mon tour. Je n'aurai jamais du sous-estimer les sentiments. Ils sont merveilleux, me dis-je en souriant un peu plus. Oh j'allais être heureuse, je n'allais plus souffrir. J'étais enfin normale, du moins, si c'était le cas !

« Merci, merci infiniment. »

OH GOD:

Alors que je pensais que tout était fini, que nous serions enfin amis. Il enleva sa queue de mon épaule avant de reculer. Il semblait perdu, changé. Il n'était plus comme avant, il n'essayait pas de me reparler ou de me rassurer. Son regard était empli de peur mélangé à de la folie. Il fit un pas vers moi avant de tourner violament la tête sur le côté. Il semblait supris et désemparé. Je tournais doucement les yeux et la tête. Je ne vis absolument rien. Que pouvait-il voir ? Ce que j'avais vu ? Non, impossible, ce n'était qu'un chat errant que j'avais tué. Pourquoi le verrait-il ? Mais alors, qu'est-ce qui attirait à ce point son attention ?
Il me sortit de mes pensées, il avait reculé de quelques pas et fixait toujours au même endroit. Il avait l'air horrifié.

« N-Nan... Je... Je ne peux pas te trahir... »

Bégaya-t-il, le regard pointé vers l'horizon. Je m'approchais de lui, doucement, espérant qu'il tourne la tête pour me regarder, mais il ne bougeait pas les yeux, il était omnubilé. Je mis mon museau près du sien, pour essayer de le réveiller et il miaula si tristement que j'en eu peur. Maintenant, il regardait l'endroit sur lequel j'étais depuis quelques secondes. Il rêve les yeux ouverts ! me dis-je en paniquant. Ce n'était pas le moment. Mais il ressemblait vraiment à une âme en peine essayant de se convaincre. Je me demandais bien de quoi il pouvait rêver d'aussi terrifiant.

Soudain, il hurla de rage et sauta. Il m'emporta avec lui et je fus envoyer quelques mètres plus loin. Je tournais vivement la tête vers croyant qu'il allait m'attaquer. Mais il griffait le sol avec rage en hurlant et en pleurant. Je m'étais reculée. Mes yeux verts étaient écarquillés, mes pupilles étant réduitent à une fente. J'avais peur de lui désormais, il griffait si fort le sol qu'un trou était entrain de se faire. J'avais envie de ramper jusqu'à lui et de le calmer. Mais j'avais tellement peur que je restais immobile. Couchée à le voir se déchaîner.
D'un seul coup il se releva et me fonce dessus griffes et crocs sortis. Je m'immobilisais le fixant dans les yeux. Pour une fois, j'avais peur, mes yeux devinrent vitreux. Je ressemblais à un pauvre chaton ayant peur de la mort. Mais il pleura avant de s'écarter de moi pour se mettre en boule. Il hurlait, il était terrifiant, lui qui avait été si calme quelques minutes plus tôt. Je ne le reconnaissais plus. Je voulus me diriger vers lui pour le consoler, mais il se releva brutalement pour fixer un arbre non loin de là. Il se jeta dessus et le griffa. Encore et encore, jusqu'à ce que ce dernier ne soit plus très stable, à tel point qu'il donnait l'impression de tomber à n'importe quel moment.
Museau Murmurant me fixa et cria des choses que je ne comprenais pas de là où j'étais. Il tomba soudain au sol, en murmurant quelque mots...

« Pardonne moi... »

Je baissais la tête voulant m'enfuir et ne plus jamais le revoir pour qu'il redevienne comme avant. Oh, dites-moi mes frères... Qu'avais-je fait au ciel pour qu'il me rende triste ainsi ? Pourquoi avais-je vécu des choses aussi horribles ? D'autres vivaient en paix, tombaient amoureux et avaient des chatons... Alors que moi, je n'avais pas eu cette vie. C'était injuste... moi qui pensait pouvoir le rendre heureux, je n'avais fait que le terroriser. J'étais définitivement un monstre aux yeux des autres...
Je m'approchai de lui, l'air triste et mes couchais à ses côtés. C'était à moi de m'excuser.

« Ne t'excuse pas... C'est moi qui t'ai rendu fou et j'en suis navrée. Je ne savais pas que j'étais à ce point un monstre... »

Oui j'étais un monstre, depuis longtemps, bien longtemps... Je ne me contrôlait plus, j'avais peur, peur de moi-même. Je ne pouvais plus faire mes choix, je devais juste me taire et obéir. Mais aujourd'hui j'avais changé, j'avais grandi en quelque sorte. Je n'étais plus la Berceuse Oubliée qu'il avait connue plus tôt. J'étais à présent heureuse, plus que jamais. Merci... me dis-je encore et encore, me blottissant un peu plus à ses côtés. Merci de m'avoir sauvée, répétais-je de plus en plus. Oh, j'étais la plus heureuse du monde à présent. Ce cœur. Ce beau cœur était si beau, si chaud... j'étais comme dans un rêve. Un merveilleux rêve comme je n'en avais jamais vu. Je fermais mes yeux profitant de cet instant unique. 

« Cervelle de souris... »

Sa voix était aussi tendre que du coton. Elle résonna en moi comme une douce mélodie envoûtante... Je souris nageant dans la joie. Je n'allais jamais oublier ce jour, c'était le plus beau de toute ma vie. Dire qu'autrefois, je pensais qu'un cœur ne valait pas la peine d'être gardé... je me trompais complètement. Il en valait la peine. Il nous donnait des moments de pure joie, des moments inoubliables. Ooh, comme j'aurai aimé m'en rendre compte avant. Mais je ne serai pas devenue Escogriffe. Je voulais rester avec ma mère, je voulais continuer de m'entraîner pour conquérir ce monde même si j'avais un cœur, même si j'étais heureuse. Je restais toujours une Escogriffe. Je tuais pour protéger ceux que j'aimaient et pour défendre mon territoire. Mais juste, j'étais différente, libérée. Et c'était grâce à toi Museau Murmurant. Tu m'avais fait cadeau de ton amitié... Merci infiniment...

« Ce n'est pas ta faute. J'ai toujours été fou. Ce n'est pas ta faute si je vois celle que j'aime partout. »

Celle qu'il aime... Si c'était du fantôme de de tout à l'heure qu'il parlait, alors c'était étrange qu'il l'aime si il lui avait sauté dessus. Mais j'étais exactement comme lui. Je voyais mes frères partout, même si je les aimais du plus profond de mon cœur, je ne pouvais pas m'empêcher de les faire fuir. Mais à présent j'irai les voir toutes les nuits. J'irai m'amuser à leur côtés comme je l'avais fait autrefois. Je revivrai ma plus petite enfance et l'embellirai encore plus. Je pourrai découvrir avec eux de nouvelles choses.
Soudain, je sentis une petite langue passer sur mon crâne. Quand je levais la tête, je vis Syphon qui me faisait un immense sourire. Je le lui rendis, des larmes commençant à couler le long de mes joues. Pardonne-moi... me dis-je en séchant mes larmes.

« Moi aussi je vois ceux que j'aime partout. Mes frères... Ils sont morts tués par des chats errants. Bien sûr, je les ai vengés mais j'avais gardé en moi une haine incontrôlable. Mais tout à disparu grâce à toi. Tu m'as rendue heureuse. Je baissais la tête essayant de ne pas faire chanceler ma voix. Je suis sûre que tu l'aurais aussi rendue heureuse, celle que tu aimes... »

Syphon était entrain de disparaitre. Je voulus lui sauter au cou pour l'en empêcher. Mais le temps d'y penser, il était déjà parti. Promets-moi qu'on se reverra mon frère... me dis-je en regardant le ciel. Ce ciel qui abritait ma défunte famille. J'aurai tellement aimé qu'ils soient encore en vie, que l'on soit tous réunis, vivant normalement... Mais je ne voulais pas perdre Museau Murmurant. Je m'étais trouvé une chose ou plutôt une personne en qui j'avais confiance, en qui je tenais énormément. Je le laisserai jamais tomber, je le protégerai, il était hors de question que je refasse la même erreur qu'autrefois. La faiblesse. Si seulement j'avais été aussi forte qu'aujourd'hui. Ma famille serait encore là, avec moi... Mais le destin en avait décidé ainsi et j'imaginais ne pouvoir que l'accepter. Même si je refusais.

« Je ne pense pas. Tu sais, c'était à l'âge de la pouponnière. Il fit une pause. L'âge de chaton si tu préfères ! Elle n'a jamais vraiment su qui j'étais. Deuxième pause. Je pouvais sentir qu'il braquait son regard sur moi.Ce doit être dur... Pour tes frères, je veux dire... »

Oui c'était dur... Mais, il me parlait de l'âge de chaton, ce qui veut dire qu'elle a disparu depuis longtemps. Il devait espérer qu'elle revienne mais apparemment, non. Il avait l'air patient. Je serai déjà passée à autre chose si j'avais été à sa place. Surtout qu'elle ne l'aimait pas. Donc pourquoi tant d'acharnement ? Après, je pouvais comprendre. C'était vrai que je risquerai d'avoir du mal à oublier Museau Murmurant...

« Elle me manque... Elle avait un magnifique pelage gris et une voix douce. Elle s'appelait Nuage Turquoise... Elle était si belle, si douce... Elle était la réincarnation de la douceur et de la beauté... »

Je pouvais comprendre qu'il soit triste. Je ressentais par la même occasion, un nouveau sentiment. Ça me pinçait le cœur et une boule se formait dans ma gorge. J'avais une envie soudaine d'éliminer définitivement cette chatte pour qu'il n'y pense plus. J'avais mal, qu'elle horreur ! Je ne l'avais vraiment jamais ressentis. Je me retins de dire quelque chose de cinglant sur sa soit-disant réincarnation de la beauté et de la douceur... Mais si je l'avais connu, elle aurait sûrement les oreilles coupées à cette heure-ci.
Je me mis à le fixer, il avait l'air triste. Je devais éviter de penser à de telles choses...

« Je suis désolée pour toi... »

Sur ces mots, je levais la tête au ciel et remarquais que le jour était entrain de tomber. Il allait falloir que je rentre pour trouver un endroit où dormir...

« Il se fait tard. Je dois aller trouver une cachette pour dormir sans m'inquiéter. Les renards et les loups rôdent la nuit. »

« Au revoir Berceuse Oubliée. J'espère qu'on se reverra vite. »

Je lui fis un immense sourire en hochant la tête. Il allait me manquer pendant tout ce temps... Mais j'étais sûre que j'allais bientôt le retrouver. Je me retournais alors et me dirigeai en courant vers le territoire des troupes. Je restais sur mes gardes, le fantôme de tout à l'heure était peut-être Nuage Turquoise ou quelqu'un d'autre. En tout cas, ce qui était sûr, c'est que je ne le connaissais pas. Même si j'aurai bien aimé pour savoir la raison. Je pensais à un chat errant mais il n'irait pas jusque là. Et puis, à quoi bon vouloir se venger si j'étais invincible... Penser à cette idée me faisait rigoler maintenant. J'étais idiote avant. Comment pouvais-je penser ainsi ? Les Bipèdes sont bien plus forts que moi ! Mais les chats... C'était juste une histoire d'entraînement. J'allais alors m'y remettre sérieusement et progresser !

Soudain, j'entendis au loin un hurlement. Un loup ! me dis-je en partant dans la direction opposée. Il me poursuivait. Mais heureusement que j'étais aussi rapide qu'une lièvre. Enfin, j'allais me fatiguer un jour ou l'autre, je ne pouvais pas courir éternellement. J'essayais de voir où est-ce que je pourrai monter. Aucun arbres, aucun trous, rien. Je pouvais sentir la respiration du loup juste sur mon dos. Je n'avais pas d'autres choix que de l'affronter. Je m'applatis alors au sol, le laissant passer au dessus de moi avant de me redresser et de hérisser mes poils des oreilles à la queue. Je feulais, crachais, j'avais l'air impressionnante. Mais le loup faisait de même et je devais avouer que ses crocs me donnaient des frissons. Je lui donnais un coup de griffe sur le museau et ça ne lui fit absolument rien. Comme récompense, il me sauta dessus en essayant de me mordre la gorge. J'avais beau lutter, il allait bientôt en finir avec moi. J'étais perdue...

Enfin. C'est ce que je croyais jusqu'au moment où une chatte noire se jeta sur lui pour l'éventrer et en faire de la chair à corbeau. Ses yeux étaient rouges et son corps transparent. Une lueur rouge sang émanait d'elle. Je sus immédiatement qui c'était. Mais dès que je fis un pas vers elle, elle disparu en fumée. Merci. À la prochaine... murmurai-je juste pour qu'elle m'entende. Oui, c'était mon double, ce monstre qui avait vécu en moi. Alors je n'étais pas folle tout ce temps. C'était une chatte morte qui s'était emparée d'une pauvre chatonne comme moi... Je me demandais bien ce qui avait pu lui arriver.
Je fus sortie de mes pensées par un autre hurlement. Mais heureusement, il était beaucoup trop loin. Je partis quand même aussi vite que possible vers les Hautes-Pierres.

Là-bas, je trouvais enfin un arbre. Il était assez grand et assez douillet. Je montais alors aussi vite que possible pour le rouler en boule sur des branches emmêlés. Ce n'était pas confortable mais la sécurité passait avant tout. Je fermais alors les yeux, me laissant emporter par la fatigue. La dernière chose que je sentis fut mes frères qui s'enroulaient autour de moi, comme quand nous étions chatons...