Come, they won't bite you

ft. Poil de Musaraignes

Le campement du Clan de la Rivière était bien calme. Il faisait froid dehors et, encore, une fine couche de neige recouvrait le sol. Les anciens avaient tous trouvé refuge dans leur tanière pour protéger leurs vielles articulations de ce froid de canard. Seuls quelques guerriers et apprentis allaient et venaient dans la clairière, parfois la gueule remplit de proies ramenées de la chasse, parfois portant des plantes à ramener aux guérisseuses juste "au cas où". L'endroit le plus calme du camp était étonnamment celui qui était le plus bruyant habituellement, la pouponnière. Les chatons les plus grands étaient de sortie pour jouer dans la neige, ne laissant qu'Encre Marine et ses trois chatons endormis.

La toute jeune reine se remettait encore de son accouchement, elle avait faillit perdre la vie alors sous ordre de Bruyère Sauvage, elle devait absolument rester tranquille. Cette hémorragie avait faillit avoir raison d'elle, mais la guerrière à la fourrure sombre ne pouvait plus se permettre de mourir, en tout cas pas tant que ces trois boules de poils ne seraient pas en mesure de prendre soin d'elles-même. Son frère n'était pas revenu la voir. Son père ne viendrait sans doute jamais rencontré les chatons de sa traîtresse de fille et d'un solitaire. Quant à sa mère, elle passait pratiquement tout son temps à dorloter ses petits enfants, bien qu'elle-même deviendrait bientôt à nouveau mère.

Mais pour le moment, Encre Marine profitait du calme ambiant qui régnait dans cette antre réservée aux reines et aux chatons. C'était sans aucun doute la tanière la mieux isolée et la plus protégée du Clan. Après tout elle abritait les futurs guerriers de la Rivière, mieux valait qu'ils soient à l'abri. Les iris jaunes de la féline se posèrent sur ses petits, lovés au coin de son flanc et collés les uns aux autres. Leurs petits yeux commençaient à peine à s'ouvrir, on saurait bientôt de quelle couleur ils seraient. Au fond d'elle, la sombre espérait qu'au moins un de ses chatons aurait les beaux yeux verts de Koch. Ce regard au fond du quel elle aurait pu se perdre. Se demandant parfois si elle le reverrait, un jour. Se demandant par la même occasion comment elle lui annoncerait qu'il était père.

Petite Loutre roula soudainement, bousculant son frère et sa sœur dans sa chute et en moins d'une seconde, voilà que les trois chatons pleuraient en cœur. Il lui avait fallut un ou deux jours d'adaptation mais à présent, Encre Marine gérait en tant que jeune mère. D'un geste doux du museau, elle ramena les trois minuscules boules de poils contre son flanc, petites choses qui ne tardèrent pas à chercher de quoi manger. Et à nouveau le calme régnait. En même temps, des chatons aussi jeunes ne pleuraient que pour trois choses. La faim, la fatigue et la douleur. Il était donc assez facile de deviner ce qui n'allait pas, enfin surtout pour la féline sombre, après tout c'était leur mère malgré elle. Une odeur familière parvint à son museau soudainement, peu avant qu'une fourrure blanche qu'elle connaissait bien n’apparaisse à l'entrée de la pouponnière. Encre Marine adressa un sourire au nouveau venu avant de s'adresser à lui d'une voix amicale.

« Bonjour toi. Comment vas-tu Poil de Musaraignes ? »