karma police, i’ve given all i can it’s not enough - ft. lune d’argent
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 40 lunes
Mentor / apprenti : Nuage des Cimes
FEAT LUNE D’ARGENT
i’ve given all i can it’s not enough
Elle remuait depuis de longues minutes, au milieu des soupirs endormis de ses camarades de Clan. Le vent qui soufflait doucement sur son pelage, d’habitude si rassurant, ne faisait que la gêner. Pour une fois, elle aurait voulu être autre chose qu’une guerrière du Vent et pouvoir se blottir dans une tanière à l’abri. Enfin, ce n’était pas uniquement les bourrasques qui traversaient nuit et jour les landes qui l’empêchaient de dormir, sinon ce serait trop simple. C’était son esprit qui ne cessait de remuer, ses pensées qui tourbillonnaient, et son cœur qui pesait lourd.
On lui avait dit que ça irait mieux. Enfin, on lui avait dit, elle avait cru entendre cela dans les discussions auxquelles elle avait pu participer lorsque le sujet avait été soulevé. Elle n’aimait pas trop en parler. D’une part parce qu’elle n’aimait pas parler d’elle, elle se sentait trop vue, trop gênée lorsque cela arrivait. D’autre part, elle n’était pas sûre que ce qu’elle avait vécu était correct. Elle ne voulait pas salir la mémoire de Cauchemar de Minuit avec ses histoires, pour quelque chose qui aurait sûrement été mal vu de son vivant. Peut-être auraient-elles pu être heureuses ensemble, en secret ou à la vie de tous ? Aube Silencieuse n’en savait rien et évitait d’y penser. Imaginer une vie alternative dans laquelle tout était possible pouvait s’avérer bien trop douloureux, même si cela pouvait aider sur le court terme. Elle essayait de vivre au jour le jour maintenant, même si ça continuait à être dur, même s’il y avait toujours un poids dans sa poitrine.
Fatiguée de tourner sans trouver le sommeil, la jolie guerrière noire s’assit. Elle entreprit de se passer une patte au-dessus de l’oreille, comme si elle allait faire sa toilette. Les yeux tournés vers le ciel, elle admira un instant la Toison Argentée qui s'étendait à perte de vue. Cauchemar de Minuit était là, sûrement. Peut-être la regardait-elle entre deux bouchées dans une souris. Aube Silencieuse sourit douloureusement. Si elle avait su qu’un jour, c’était la dernière souris qu’elles partageraient, elle aurait agi différemment. Ou pas. Elle soupira. Il fallait rompre la boucle infernale dans laquelle elle se trouvait, à sans cesse ressasser les mêmes idées sombres qui ne faisaient que la pousser vers le bas. Et pourtant, il y avait quelque chose de réconfortant dans sa tristesse. Au moins, elle vivait des choses et elle gardait les souvenirs en elle.
Son regard balaya la clairière dans laquelle elle se trouvait, passant au-dessus des fourrures diverses de ses camarades avant de s’arrêter sur celle tigrée de sa mère dont le corps bougeait à intervalle régulier. Instinctivement, ses pattes la dirigèrent vers ce dernier. Par chance, un petit espace à côté d’elle était libre, et la guerrière au pelage noire s’y installa. Elle n’avait pas l’intention de la réveiller, au contraire. Mais elle voulait être proche, plus proche qu’elle ne l’avait été ces dernières lunes. Ses tâches de guerrière, son deuil infini l’avait éloignés de ses camarades et encore davantage de sa mère qui avait pourtant toujours été là pour elle. Elle sourit tendrement en s’allongeant et plongea son museau dans les poils doux, inspirant le parfum réconfortant de celle qui l’avait élevée. Sans qu’elle ne puisse rien y faire, elle sentit les larmes lui monter au yeux avant de couler le long de son museau, trempant le pelage soyeux de Lune d’Argent. Et voilà qu’elle redevenait un chaton.
Le personnage
Sexe du perso: F
Âge du perso: 57 lunes
Mentor / apprenti : Nuage d'Acacia
"Désolée Maman"
Oui, désolée ça fait plus de 3 ans maintenant qu'elle est partie me laissant moi et Nuée des Anges au bord du Chemin du Tonnerre, près du grondement incessant des monstres qui l'avait emportée mais je suis sûre qu'elle est encore là. Je ne sais pas si elle a pu rejoindre le Clan des Etoiles, car ce n'est pas elle qui vient troubler mon sommeil. J'ai plutôt l'impression que c'est l'inverse, mais... j'ai tellement rêvé de la connaître. Je veux dire ma maman. C'est toujours bizarre à dire maman, en tout cas pour moi. J'ai bien Etoile Orangée que j'ai déjà appelé maman quelques fois, mais ma maman c'était toi Aile du Crépuscule. Et je n'ai pu en apprendre tellement plus, quelques bribes par Sourire Effacé mais elle n'était pas proche de ma mère. Et mon père, ben, c'est un assassin...
Tout mon amour au final, j'ai pu le reconstruire avec mes enfants qui aujourd'hui ont bien grandi. Aube Silencieuse et Lumière de Soleil. Il et elle sont magnifiques, mais j'ai l'impression de ne pas avoir vu les années passées. En plus, Flamme de Glace est parti de plusieurs manières lui aussi. Déjà de mon estime, je n'en veux même pas à Nuée des Anges. Je pense que pour elle aussi le fait de découvrir qu'on est demi-soeurs, et de perdre sa maman en même temps c'était tout une épreuve. Mais Flamme de Glace il n'a pas été là ni vraiment pour elle ou pour moi au final et surtout pour ces enfants. Enfin si Lumière du Soleil, mais j'ai du me rendre compte à force qu'il n'y avait que lui, Aube n'avait jamais trouvé sa place dans son coeur de glace. Puis j'ai fini par lui en vouloir, et il est parti de mon coeur puis de ce monde. Rien de bien simple, surtout pour Lumière de Soleil. Et Aube, elle, je ne sais pas vraiment. Elle est parfois insondable et mystérieuse, mais j'espère avoir quand même pu leur montrer à tous les deux que je les aime. Que je ne les regretterais et abandonnerais jamais, que je serais toujours là. Toujours.
Je sens d'ailleurs la présence d'Aube, sa chaleur toute douce. Mais où est-elle ? Une chaleur dans mon dos m'apporta rapidement la réponse. Je me mis à clignoter des yeux. Ouah ! C'est pas bon d'avoir de tels monologues dans ses rêves, c'est dur de réatterrir après ! Enfin je dis cela, mais le soleil ne semble pas s'être levé. D'ailleurs tout le monde continue de dormir paisiblement autour de nous.
Aube, elle, pleurait.
Pleurait ?? Mais non pas ma petite Aube ! Quelqu'un lui avait fait du mal ?? Si c'est ça il va avoir affaire à moi ! Enfin, je m'avance peut être un peu trop vite là... Et j'avoue que j'ignorais bien la raison derrière les émotions de ma fille. Comme je l'ai dit, elle est insondable. Mais je ne pouvais pas la laisser ainsi, j'aime tellement son petit sourire doux et ses yeux magnifiques. Ils sont moins pétillants que les miens, mais tout doux... comme elle. Et c'est tout elle, c'est un rayon de douceur ma petite Aube. Une vraie Aube Silencieuse.
Même ses pleurs sont silencieux, mais heureusement je serais toujours là pour la remarquer. Elle n'est pas condamnée à rester seule dans le silence, non je ne laisserais pas cela lui arriver. Pas à elle, pas comme moi.
" Aube, mon trésor qu'est ce qu'il y a ?"
Je regarde un regard aux guerriers et guerrières aux alentours. Tous et toutes dorment profondément.
"On peut aller marcher et discuter dans la clairière, on sera plus au calme. D'accord ?"
J'essayais de capter son regard, mais pour le moment son museau était fourrée dans mon pelage, et je ne pus m'empêcher de l'enlacer avec ma queue et de déposer un tendre baiser sur son front.
"Et je suis là pour toi, Aube".
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 40 lunes
Mentor / apprenti : Nuage des Cimes
FT. Lune d’Argent
i’ve given all i can it’s not enough
Elle sentit le corps de Lune d’Argent bouger, signalant qu’elle ne dormait plus. Aube Silencieuse se maudit intérieurement d’avoir réveillé sa mère, alors qu’elle avait sûrement des affaires plus importantes à régler le lendemain et qu'elle n’avait pas besoin de gamineries comme celles-ci. Elle sentit son regard vert se tourner vers elle et n’osa pas bouger, gardant les siens plongés dans le duvet confortable. « Aube, mon trésor, qu’est-ce qu’il y a ? » Aube Silencieuse ressentit un pincement dans son cœur lorsque le « mon trésor » résonna. Cela faisait bien longtemps qu’elle n'avait pas entendu ce qualificatif, et il résonnait agréablement dans sa tête. Instantanément, elle se sentit mieux. Comme si autour d’elle, le reste du monde s’était tu. Comme s’il n’existait plus que sa douce mère sur terre, présente pour l’appuyer et la réconforter dans ce genre de situation. Elle regretta de ne pas être allée la voir plus tôt. Lune d’Argent parla de bouger, d’aller s’installer dans la clairière. Aube ne bougea pas tout de suite, profitant de sa position confortable pour inspirer le plus possible l’odeur si revigorante de celle qui l’avait élevée, celle dans laquelle elle avait vécu pendant des lunes dans la pouponnière. Elle sentit la queue de Lune d’Argent l’enlacer tendrement, et sa langue effleura son front. Elle laissa s’échapper un ronronnement, au comble du bonheur. Il n’y avait plus rien, plus que la chaleur maternelle du corps de la chatte tigrée, et ses gestes de tendresse sans lesquels elle ne comprenait pas comment elle avait pu vivre pendant ces dernières lunes. « Et je suis là pour toi, Aube. » Ces paroles pleines d’amour la ramenèrent sur terre, et elle releva la tête pour planter ses yeux dans l’émeraude de ceux de sa mère. Elle le savait. Elle le savait et pourtant, elle n’était pas allée la voir. Parce qu’elle n’avait pas envie de la déranger, parce qu’elle avait peur de sa réaction, parce qu’elle se sentait un peu honteuse de continuer à souffrir après toutes ces lunes. À ce moment précis, elle regrettait.
Elle entreprit de se lever, ses muscles fatigués par la longue journée qu’elle avait passée et qui ne semblait pas se finir. Lune d’Argent avait raison, il ne fallait pas déranger leurs camarades. Elle se serra contre cette dernière et se dirigea lentement vers le centre de la clairière, savourant le contact de sa mère contre elle. Lorsqu’elle se rasseya, ses pensées étaient plus claires. Elle planta ses yeux vers le sol, un peu honteuse. Elle n’aimait pas parler d’elle, mais elle n’avait visiblement plus trop le choix. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Et puis peut-être que ça pourrait l’aider.
« Elle me manque maman, elle me manque tellement… » Les larmes revinrent s’amasser devant ses yeux, mais ne coulèrent pas. Elles restaient là, ne faisant que brouiller sa vision. Elle se doutait que sa mère n’était pas au courant de ce qui la reliait à Cauchemar de Minuit. Que le elle qu’elle venait d’employer ne lui serait pas directement associé dans son esprit. Mais elle n’avait pas envie de prononcer son nom. Elle ne l’avait jamais dit, à personne. Elle l’avait gardé dans son jardin secret, bien au chaud dans son cœur, le temps qu’elle se fasse à l’idée. Elles n’auraient jamais pu être surprises puisque la lieutenante était déjà morte quand elle avait compris ce qu’elles auraient pu être. Elle était venue, une fois, dans ses rêves. Elle lui avait dit à quel point elle l’aimait, à quel point elle regrettait. Et puis elle était partie, laissant Aube Silencieuse crever avec les bribes de vie qu’elles auraient pu avoir. Aube lui en voulait, de ne pas l’avoir laissée dans le mensonge. Au moins, elle aurait pu passer à autre chose plus facilement. « Pourquoi c’est si dur ? » rajouta-t-elle, des sanglots dans la voix. C’était réellement une question qu’elle se posait tous les jours. Pourquoi avait-elle du s’empêtrer dans ce genre d’histoires ? Et pourquoi n’arrivait-elle pas à passer à autre chose ?
Le personnage
Sexe du perso: F
Âge du perso: 57 lunes
Mentor / apprenti : Nuage d'Acacia
Quand on arriva enfin au centre de cette maudite clairière, j'avais l'impression que mes pattes tremblaient, elles aussi, que ces larmes étaient les miennes. J'avais envie de parler, lui dire que j'étais là encore une fois, mais je me tus. Je me tus, car l'Aube aussi spectaculaire, belle et forte soit-elle ne peut maintenir indéfiniment le silence et les ténèbres de la nuit. Et seule la Lune peut lui tenir encore compagnie pour permettre au jour de prendre sa place.
Et de par ses mots, le silence cessa d'être révélant au grand jour se qui se cachait derrière ce si doux regard : « Elle me manque maman, elle me manque tellement… ».
Et chacun de ces mots venaient s'éclater en écho tel le fracas des vagues sur les falaises, exposant à mon regard le miroitement de milliers de perles d'écume. Et pourtant, même là son coeur ne se permettait pas d'être. Toutes ses larmes se contenaient au coin de ses si beaux yeux, sa respiration, son coeur tout se comprimait. Essayant en vain de ne pas se montrer, de ne pas s'exposer. De ne pas exister, être réelle. Mais la souffrance ne se cache pas, elle érode l'âme et le corps, comme le sel s'incrustant dans la pierre. Jusqu'à ce que la digue...
cède.
« Pourquoi c’est si dur ? »
Un silence.
Une respiration.
Un tremblement.
Je veux la serrer contre moi, de toute mes forces. Alors, POURQUOI JE NE BOUGE PAS BORDEL ! Les larmes qui coulent les premières, malgré ses sanglots, ce sont bien les miennes.
"Aube, je ..."
Je ne sais pas que te dire. J'aimerais tellement pouvoir répondre à ta question, tellement. Mais pourquoi Elles sont parties ? Parce que... Je pense pas qu'il y ait de réponse, après trois années à me poser cette question, je n'ai trouvé que cela comme forme de réponse. Un silence accablant, un vide abyssal.
Mais...
Je ne savais pas, que je n'étais pas seule à porter un tel poids de vide en moi.
"Ma maman et cette chatte peut être qu'elles nous regardent depuis le Clan des Etoiles ?"
J'ai l'impression d'être déphasée, mais mes pensées s'enchainaient plus vite que je ne pouvais les interpréter.
"Et j'aime bien me dire qu'elle est toujours là, quelque part. C'est comme si elle était tout le temps là. Et je peux lui montrer à quel point sa petite-fille est magnifique."
Un déclic, ce sont encore ces deux magnifiques yeux. Ceux de ma fille qui croisent les miens. Je flanque ma tête par dessus son épaule pour me lover tout prêt d'elle.
"Et tu ne seras jamais seule, je serais toujours là. D'accord ?"
Je marque une pause.
" Tu veux me parler de cette amie ?"
Mes larmes avaient cessé de couler, je ne sais pas bien depuis quand. Je ne les ai pas spécialement senties, mais je ressens la chaleur de ma fille tout près de moi. Est ce qu'elle sen la mienne aussi ? Est ce qu'elle a compris ce que j'ai dit ? Je sais pas, j'espère en tout cas, je ne veux pas qu'elle se sente seule ou abandonnée. Jamais, je veux lui dire que je suis là, tous les jours s'il le faut, de toutes les manières s'il le faut mais je suis là ma petit Aube. Alors ne reste plus Silencieuce.
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 40 lunes
Mentor / apprenti : Nuage des Cimes
- TW :
- mention de suicide assez légère dans le premier paragraphe
Ft. Lune d’Argent
I’VE GIVEN ALL I CAN IT’S NOT ENOUGH
Elle gardait les yeux baissés, contemplant -enfin, si c’était ce que l’on pouvait appeler contempler à travers sa vision brouillée- l’herbe verte qui se dessinait sous ses pattes, cette herbe dans laquelle elle avait voulu s’enfoncer tant de fois pour disparaître à jamais. Elle n’avait jamais pensé à mettre fin à ses jours. Quelque chose l’en avait toujours empêché, cette idée que son heure n’était pas venue, que le destin lui réservait autre chose. Peut-être cela aurait-il été plus simple. Elle ne voulait pas y penser.
Quelque chose s’agita à côté d’elle. Un bruit de sanglots, de larmes qui tombaient. « Aube je… » Non. Maman, ne pleure pas. Elle ne voulait pas être la cause du chagrin de celle à qui elle tenait tant, ni qu’elle ne s’inquiétât pour elle. Il ne le fallait pas, cela n’en valait pas la peine. Elle s’en voulut. Quelle idée de partager sa peine, et d’y aller si franchement. Elle aurait dû réfléchir avant. « Ma maman et cette chatte peut être qu'elles nous regardent depuis le Clan des Etoiles ? Et j'aime bien me dire qu'elle est toujours là, quelque part. C'est comme si elle était tout le temps là. Et je peux lui montrer à quel point sa petite-fille est magnifique. » Aube Silencieuse tourna la tête vers le doux visage de sa mère dont les yeux étaient rivés vers le ciel, comme pour capter la présence de celles qu’elles avaient perdues. La jeune guerrière noire se sentit soudainement profondément mal de n’avoir pensé qu’à elle ; à aucun moment elle n’avait envisagé que sa mère ait pu souffrir face à la mort de sa propre mère. Elle avait bien vu l’air abattu qu’elle avait arboré dans les jours qui avaient suivi, avait fait de son mieux pour l’accompagner dans son deuil. Mais lorsque le chagrin l’avait rattrapée, elle avait vite oublié que d’autres pouvaient éprouver les mêmes souffrances qu’elle. Elle s’était enfermée dans sa sphère de tristesse, mettant sa propre existence au centre de son monde en écartant tout le reste pour survivre. Mécanisme de défense bien égoïste, elle ne le réalisait que maintenant. Mais au moins, elle le réalisait. Curieusement, elle se sentit également soulagée. Elle n’était pas aussi seule qu’elle ne le pensait. Ils étaient des dizaines, des centaines même, à avoir vécu cette épreuve. La forêt de Cerfblanc n’était pas des plus tendres avec les félins de tous les clans, et les morts étaient malheureusement des phénomènes assez fréquents. Mais ils s’en sortaient, la plupart. Ils ne sombraient pas. Elle le pouvait également. Certes, personne ne vivait son deuil de la même manière, mais si d’autres avaient pu le faire depuis des lunes, alors elle aussi le pouvait.
Aube leva la tête vers les étoiles qui scintillaient, admirant la Toison Argentée. Ils étaient des milliers, là-haut, qui avaient un jour foulé la tête de leur pied ; des chatons, des apprentis, des guerriers, des anciens, des chefs, que la faucheuse avait arrachés à leurs familles esseulées. Elle sentait leurs yeux la regarder avec amitié, bienveillance. Elle voulut chercher ceux violets de celle qui lui manquait tant, mais se douta bien qu’il s’agissait d’un acte inutile. Alors elle se retourna vers le regard embrumé de sa mère qui se tournait vers elle au même moment, encaissant tout l’amour qu’elle vit exprimé dans ses prunelles vertes. Aube Silencieuse poussa un ronronnement puissant tout en sentant le visage de Lune d’Argent se coller à son pelage, et fut surprise du son qu’elle réussit à émettre après de longues lunes sans réussir à en trouver l’occasion ni l’envie.
« Et tu ne seras jamais seule, je serais toujours là. D’accord ? Tu veux me parler de cette amie ? » Aube Silencieuse ferma les yeux quelques instants, tentant de se remémorer la silhouette de Cauchemar de Minuit. Et soudain, elle était presque là physiquement, devant elle, son pelage noir flamboyant et sa patte blanche qui la différenciait de toutes les autres, son visage adorable qui lui souriait avec douceur, ses prunelles violettes brillantes de détermination. Elles n’auraient sûrement jamais été heureuses ensemble. Aube y pensait souvent, quand elle cherchait un échappatoire, elle repensait à cette déclaration que lui avait la lieutenante, et elle se rendait bien compte que son devoir était incompatible avec une vie de couple, d’autant que Cauchemar de Minuit était entièrement dédiée à son Clan. Mais rien de tout cela n’avait existé. « Elle était la personne la plus forte que j’ai connu. La plus sage aussi, et la plus gentille. » Lorsqu’elle prononça ces mots, un sourire se dessina sur son visage. C’était vrai. Cauchemar de Minuit était presque parfaite. Peut-être qu’elle en rajoutait sur le moment, peut-être que seuls son cœur et ses souvenirs s’exprimaient à ce moment là, refusant d’envisager les failles de la lieutenante. Mais elle voulait lui rendre hommage, qu’elle apparût sous son meilleur jour pour sa mère. Elle voulait que tout le monde se rappelât de la jolie femelle aux yeux violets comme de la plus grande guerrière de la forêt. Parce que c’était celle qu'elle était. « Je l’aimais… » Sa voix s’étrangla sur cette conclusion.
Le personnage
Sexe du perso: F
Âge du perso: 57 lunes
Mentor / apprenti : Nuage d'Acacia
"Elle était la personne la plus forte que j’ai connue. La plus sage aussi, et la plus gentille."
J'écoutais avec attention, je sentais que dans son cœur un poids énorme s’apprêtait enfin à être déposé. Sa voix d'habitude plus fluette, et calme comme une calme brise était ici emplie de certitudes, des certitudes difficiles à divulguer, mais de belles certitudes. Celles d'une amie qui lui était extrêmement chère à son coeur, une amie qui avait pris une importante place dans sa vie sans m'en rendre compte, sans même ayant relevé son nom ou sa présence. Une amie qui avait finie par ne plus en être simplement une.
« Je l’aimais… »
C'est bon c'était lâché, son coeur trop chargé de secrets, de ces lourdes certitudes, de ces lourds sentiments avait enfin pu se dévoiler, s'affirmer, exister. Le silence a cessé d'être. Ce lien renié, dissimulé pouvait se démêler, ainsi que les noeuds du coeur, et même si la réalité s'était montré cruelle, il était tellement dommageable de ne pouvoir montrer au monde la beauté de ce lien sinueux, si fin, fragile et pourtant d'une incroyable solidité. Ce lien, il ne sera jamais brisé, il pouvait encore changer de forme, de couleur, de texture mais ma fille le gardera en elle pour toujours, comme le lien secret entre moi et maman.
"Elle devait effectivement être incroyable pour qu'elle ait une telle place dans ton coeur.", déclarai-je avec un tendre sourire, ma queue effleurant le flanc de ma fille avec douceur.
Mais parfois, il peut être préférable de délier ce fin ruban, même si majestueux, de le laisser au bord de son chemin pour se tourner ensuite vers un nouveau lendemain.
"Aube, est ce que tu veux lui dire adieu ?"
Ma voix s'était faite très douce, sincère. Elle seule avait la réponse à cette question. Elle seule savait ce qu'était le mieux pour que la nuit laisse place au jour. Pour que l'Aube retrouve son sens, sa propre existence, son espérance.
Le personnage
Sexe du perso: Femelle
Âge du perso: 40 lunes
Mentor / apprenti : Nuage des Cimes
ft. Lune d’Argent
I’ve given all i can
Aube Silencieuse baissa à nouveau les yeux vers le sol, se rendant compte de ce qu’elle venait de dire. Je l’aimais. Aujourd’hui, cela lui paraissait tellement évident tant elle était omniprésente dans sa vie et ses pensées, mais il avait été si ardu pour elle d’en arriver à cette conclusion. D’autant plus qu’elle n’avait jamais vraiment eu d’exemples autour d'elle de félins du même sexe qui s’aimaient. Enfin, jamais officiels. Elle avait pu avoir des soupçons sur certains, face à des regards qui en disaient longs, mais elle avait mis beaucoup de temps à pouvoir envisager qu’elle pourrait être concernée. Encore plus à se rendre compte que ce qu’elle ressentait pouvait être partagé. Je l’aimais. Et fut un temps où elle rêvait de pouvoir hurler cette affirmation, parce qu’elle avait pris une place si importante pour elle qu’elle souhaitait absolument l’extérioriser. Mais elle ne l’avait jamais fait. Parce qu’elle avait peur de la réaction des autres, parce qu’elle n’en avait pas eu l’occasion, parce que c’était son petit secret. Je l’aimais. Et l’affirmer aujourd’hui pour la première fois face à sa mère n’était pas un acte anodin, même si elle se doutait qu’elle ne serait pas mal accueillie. Lune d’Argent était une femelle tolérante et bienveillante qui ne voulait que le meilleur pour sa fille ; jamais elle ne la jugerait pour quelque chose de la sorte, Aube Silencieuse en était persuadée. Je l’aimais. Et la jeune guerrière noire se sentit soudain si légère d’avoir enfin lâché ce fardeau qu’elle trimballait depuis bien trop longtemps, pour lequel elle s’était convaincue qu’il n’y avait aucun problème.
« Elle devait effectivement être incroyable pour qu'elle ait une telle place dans ton coeur. » La douce voix de sa mère la fit revenir à la réalité. Aube sourit en l’entendant, et profita du contact de sa queue sur son pelage. Elle se sentait bien, pour la première fois depuis des lustres. Tout son corps lui criait sa joie de se sentir comprise et accompagnée, et elle sentait son cœur qui s’était accéléré malgré elle à l’annonce de son amour ralentir à nouveau. « Aube, est-ce que tu veux lui dire adieu ? » Elle ferma les yeux, laissant échapper un sourire. Non, elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas laisser la belle lieutenante noire aux yeux violets s’évader de sa tête, elle ne voulait pas que ses sentiments si forts s’évaporent, elle ne voulait pas perdre ce confort destructeur dans lequel elle s’était enfoncée pour survivre. Et pourtant, elle se le devait, elle le savait. Il était temps de passer à autre chose.
Cauchemar de Minuit resterait son amante pour toujours, mais elle apprendrait à faire sa route sans elle. Elles seraient heureuses ensemble, dans les étoiles. Mais rien que pour pouvoir mériter de s’enfoncer ses prunelles violettes dans la Toison Argentée, il lui fallait vivre une vie fière, une vie à la hauteur de la grande lieutenante qu’elle avait été. « Je pense que j’en suis capable. » Elle se retourna vers sa mère, souhaitant l’inclure dans cet acte si pénible et pourtant nécessaire. « Mais seulement si tu fais de même pour ta mère. » Elle ne savait pas où en était le deuil de sa mère, mais cela ne pouvait que l’aider. À nouveau, elle leva les yeux vers les étoiles qui scintillaient et murmura assez fort pour que sa mère puisse l’entendre. « À bientôt, Cauchemar de Minuit et Aile de Crépuscule. » Elle voulut s’imaginer les deux chattes les regardant avec bienveillance depuis là-haut. Tandis qu’elle laissa échapper une dernière larme de ses yeux verts, elle se blottit à nouveau contre Lune d’Argent. J’espère que tu m’attendras Cauchemar de Minuit.