S'éloigner de ce que l'on connaît [ft. Nuage du Lièvre]

S'éloigner de ce que l'on connaît

Je sens que mon baptême de guerrière n’est pas loin. Il est là, très proche, au coin de la prochaine lune. Peut-être qu’après je me casse, on sait pas. Peut-être qu’après je pars en vadrouille, loin, très loin. Tellement loin que j’oublierai le chemin du camp, le chemin des clans. Que je rencontrerai enfin l’endroit où le soleil se lève et celui où il se couche. J’espère que c’est pour bientôt. Et en attendant d’être guerrière et d’aller où je veux – en vrai, je pourrais partir là, maintenant. Je pense que je survivrai. Ce ne sera pas trop difficile : ne pas chercher la merde avec ceux que je ne connais pas et qui me veulent du mal et chasser pour me nourrir quand j’en ai besoin. Bref, en attendant, je peux essayer de recruter quelqu’un pour m’accompagner. Quoi que, au final, j’irai même sans personne : j’étais prête à aller à la rivière comme ça, prête à aller aux Hautes pierres comme ça. Ça n’aurait pas changé grand chose.

Parfois j’ai tout de même ma conscience qui me rattrape. Qui me dit que oui, en effet, ce n’est pas si intelligent que ça, pas aussi raisonnable que ça puisse paraître. C’est un grand signe d’intelligence de ma part, sûrement. Et quand j’ai ma conscience qui occupe mes pensées plutôt que de me laisser seule, alors je suis toujours poussée à aller demander un peu d’aide, un peu de compagnie. Et cette compagnie, aujourd’hui, on dirait bien que c’est Nuage du Lièvre. Parce que Nuage d’Acacia et Nuage des Cimes sont trop occupées à perdre leur temps ensemble, que Nuage de Lotus est toujours aussi bizarre et que Nuage du Zéphyr n’a probablement plus jamais envie de me parler de sa vie.

Parce que je sais que l’apprentie au pelage rayé me dira jamais trop non, parce qu’elle a ce caractère bien trempé, bien cru. “Tu as prévu de faire quelque chose aujourd’hui ?” Et là, c’est le moment de l’embrigader. Comme ça, elle me rattrapera si jamais je glisse ou que je tombe parce que là où je veux aller explorer aujourd’hui, c’est nulle part d’autre que les Gorges.

(c) Biket