C'est si rare... Feat Jais

Le cœur serré, Aube de la Mort se leva de son nid de mousse. La veille, elle avait eu un accident. Si rare. Elle s'était cognée violemment contre une branche, dont un bout pointu s'était enfoncé dans son torse. Heureusement pour elle, la blessure n'avait pas été profonde, mais les dégâts étaient, eux, mortels. Le guerrier et l'apprenti qui l'avaient accompagnée lors d'une partie de chasse, l'avaient presque portée jusqu'au camp. Elle avait détesté ça. Une faiblesse ne devait pas être montrée. Telle est la devise de la femelle noire.

Son poitrail souffrant réclamait de nouveaux anti douleur. En un gémissement, elle appela la guérisseuse. Rêve d'Ebène, chatte qu'elle avait toujours détesté. L'autre chatte au pelage noire arriva très rapidement et interrogea Aube de la Mort du regard.

Tu as toujours aussi mal ?

  - Qu'est ce que tu crois, que la douleur va passer d'un clignement d'œil ? Si c'est le cas tu te trompes.

Elle posa ses yeux trahissant sa douleur sur la guérisseuse et attendit patiemment ses plantes. Rêve d'Ebène se tourna rapidement et partit dans les allées d'herbes qui n'attendent que de servir. Elle revint rapidement vers la malade, qui les goba sans aucun délice. Aube essaya de se lever, et par miracle réussit. Les plantes avaient mieux fonctionnées que la veille...

Sans un regard vers sa "sauveuse", Aube se dirigea en boitant vers la clairière du camp de l'ombre. C'est le seul endroit où elle pourra se reposer en paix, sans revoir la guérisseuse qu'elle méprisait tant. A chaque pas elle poussait un gémissement et grimaçait de douleur. Mais elle parvint quand même à son but et s'allongea dans l'herbe.

Elle lécha sa blessure. Elle était toujours aussi moche à voir. Des morceaux de peau pendaient le long de son poitrail, autour d'un endroit dégarnit de poils. Le sang séché se collait encore à la blessure, même après le nettoyage rapide que lui avait fait la guérisseuse. Bon, en clair elle souffrait atrocement. Mais pourquoi avait-elle fait ce chemin, juste pour s'allonger au soleil, alors qu'elle sait parfaitement que dans quelques minutes elle va devoir rentrer ? Qu'elle était bête ! Elle passa sa langue tout autour de la plaie, juste avant de passer au milieu. Elle laissa échapper un cri de douleur. BON SANG ! Jamais elle n'avait eu aussi mal. Une larme coula le long de sa joue avant de s'écraser au sol. Le sol se mouilla rapidement. La femelle ne pouvait rien faire pour lui. Elle souffrait, il n’y avait rien de pire.

- Je crois qu'il y a de la place pour deux. Je peux m'installer à côté de toi ?

Elle sursauta. Qu’elle était donc ce chat qui l’interpellait ? Elle tourna la tête. Un chat au pelage noir se trouvait à ses côtés. Elle croisa ses yeux. Verts. Elle ne devrait pas accepter. Elle voulait la tranquillité. Mais le regard de ce chat lui donnait envie de dire oui.

- Oui vas-y, hum…

Elle retourna sa tête vers la plaie. Dès qu’elle vit le sang perler, elle poussa un hurlement. Le Clan des Etoiles lui voulait du mal ou quoi ?

La jeune femelle soupira de soulagement quand elle sentit la pointe de douleur s'échapper. Jamais elle n'avait voulu avoir autant mal. C'était pire que tout. la douleur. La souffrance. Il suffit juste de ça pour qu'elle se sentait plus que faible. Elle ne pouvait rien faire sans avoir la douleur qui la massacrait. De dure, elle était devenue molle. Si ce n'était pire. Là, elle avait juste l'impression d'être une flaque qui s'échappe petit à petit dans la terre pour disparaître à jamais.

Le chat noir aux yeux verts lui marmonna une phrase. Mais la jeune chatte était tellement absorbée dans ses pensées qu'elle ne réussit pas à discerner le moindre mot. Pour elle, toute phrase n'était que charabia. Tout ce qu'elle avait entendu, c'était Aide et deman... quelque chose. Franchement ça n'allait pas vraiment l'aidée. Attendez, ne demandait-il pas si elle avait besoin d'aide ? Surement, et si c'était le cas, il pouvait toujours rêver. Jamais elle ne se fera aider. Déjà le fait de devoir rester dans la tanière de la guérisseuse lui était totalement insupportable. Alors ça !

Elle gronda sur le matou noir et roula sur le côté pour cacher la blessure qui était dévoilée aux yeux de tous. Jamais elle ne doit montrer sa faiblesse. Ensuite, elle plongea ses yeux dans ceux du matou et gronda plus fort. Elle ne voulait pas de lui.