"Who the hell are you?"

Tu marchais. Puis, tu courrais. Tu ne savais pas où tu allais, et ne savais même plus où tu étais. Il te semblait avoir franchi un endroit, une frontière et ne plus te retrouver dans ta forêt, la Forêt Sombre, pourtant cela lui ressemblait, et tout était mort. Ton pelage était hérissé, et même, tes frocs tu les montrais. Un grondement ébranla ton corps argenté tandis que tu cherchais à comprendre, en vain, ce qui avait bien pu se passer pour que tu ne te sentes plus en sécurité. Avec un effort évident, tu parvins à te matérialiser dans le monde vivant. Et alors là... petit choc. Une île. Tu n'étais plus chez toi. Tes muscles étaient tendus, quand tu entendis un bruit, tu te retournas vivement, en position d'attaque, tes yeux flamboyant.

Nuage Prophétique et toi étiez en train de discuter, dans le camp du Clan de la Montagne. Elle avait eu son chaton, enfin, après cette pénible grossesse. Elle ne te l'aurait pas dit, si tu ne l'avais pas coincé. Elle n'aurait pas pu faire comme si de rien était indéfiniment, de toute façon. Elle ne pouvait plus fuir. Tu l'avais forcée. Parce que c'était ta soeur, et tu l'aimais. Et quand ta soeur n'allait pas bien, tu le savais. Si tu ne le savais pas, tu le savais bien vite. Elle n'avait pas voulu te le dire, mais tu l'avais obligé. Maintenant, tu savais tout. Ou elle était passée, durant toutes ces lunes. Tu savais toute l'histoire. Et le désir ardent de tuer ce solitaire n'avait que fait qu'augmenter. Lorsque tu l'avais apprit, tu avais hurlé de rage et de mécontentement extrême. Il allait mourir, coûte que coûte. You will be victorious. Tu ne savais pas de qui tu tenais ce désir de tuer, mais peu importait, maintenant. Rien ne pourrait te faire changer d'avis. Tu t'étais décidée à aller marcher. Pour aller un peu te changer les idées. Tu étais tellement concentrée que tu n'entendis pas un chat arriver, mais tu le vis bien vite. Il apparut, devant toi, à quelque longueurs de queues de renard. Tu t'avança un peu, le regardant de ton oeil valide, et alors, son visage te frappa de pleins fouet. Et ce fut comme si tu avais eu une déclaration. Comme si tes racines n'étaient plus les même. Ni celles de ta soeur.

« Papa ? »

Tu regardais la nouvelle arrivante. Ton regard orageux la fixait. Elle ne voyait pas d'un œil, tu le compris rapidement. Ton pelage était hérissé, tes crocs toujours visibles et toute la rage de ne pas savoir où tu te trouvais émanait dans l'air. Toutefois, cette petite te surprit fortement en t'appelant papa. Papa? Tu reculas d'un pas et te redressas. Ta queue fouettait furieusement le sol, provoquant même un bruit, tes griffes sorties labouraient ce même sol. Toi, tu la foudroyais carrément du regard. Tu étais impressionnant et il me faisait nul doute que tu pouvais facilement effrayer un apprenti, même bien entraîné, parce que dans ton regard et dans ta fureur, l'assassin impulsif et violent que tu étais se voyait parfaitement.

"Je doute être le père d'un mioche comme toi... où sommes-nous?"

La suprise t'avait frappé de plein fouet. C'était ton père, tu le savais. C'était instinctif, tu aurais pu reconnaître ton père brûlé, alors avec un peu de poussière ? Rien n'était plus simple. Tu n'en croyais pas tes yeux, parce que c'était tout bonement impossible. Tu lui hélas :

"Papa, c'est Nuage du Fléau."

Le père que tu avais tué, des lunes auparavant, avec ta soeur. Le savait-il ?

Tu inclinas la tête, grognant de frustration. Des abeilles bourdonnaient dans la tête de la féline qui te faisait face. Son pelage entièrement blanc, tu ne la reconnaissais pas. Elle ne faisait pas partie de ta vie, et alors, pourquoi cette étincelle dans ton cœur qui te soufflait le contraire ? Tu ne savais rien d'elle. Tu n'avais qu'une compagne. Éclair Filant. Quel était cet étrange changement dans le temps et l'espace ? Ce n'était plus ta forêt.

« Je ne te connais pas ! » feula-t-il avec une colère qui le grandissait. «Je n'ai qu'une compagne, et que quatre enfants, et pas un seul d'entre eux ne porte que du blanc. »