Brave. ft. Luny

Le soleil chatouille doucement les yeux de Rêve Nocturne de ses rayons hivernaux, elle ouvre les yeux sur la neige cristallisée qui scintille sous l’astre lumineux et reprend lentement conscience du monde qui l'entoure, les yeux perdus dans l’immensité de la plaine dans laquelle elle est allongée depuis apparemment un bon bout de temps. Elle inspire profondément et s’étire, insouciante, elle en oublie s’être assoupie quelques heures plus tôt alors qu’elle était censée patrouiller avec ses camarades du Clan de la Rivière.
Si « camarades » était un grand mot bien vite dit pour décrire cette bande de pouilleux dont elle avait horreur, elle se rappela tout de même les avoir abandonnés sur un chemin pour aller soi-disant faire ses besoins. Rêve Nocturne avait alors trouvé un coin tranquille et avait perdu la notion du temps.

Seulement voilà, maintenant elle était seule et la neige recouvrait presque tous les chemins qu’elle connaissait. Fidèle à elle même, la toute jeune guerrière s’est d’abord mise à s’égosiller pour que quelqu’un lui vienne en aide, mais ne voulant pas perdre sa si précieuse fierté, elle s’est rapidement tue. Elle vagabondait, sautant par dessus les tas de neige qui lui semblaient suspects, les yeux emplis d’une réelle terreur.

En effet, si elle était guerrière, elle restait peu débrouillarde et surtout trop peureuse pour s’aventurer n’importe où, même à l’intérieur de son propre territoire. Et si jamais elle dépassait une frontière sans s’en rendre compte ? Imaginant la scène, la jeune chatte a théâtralement manqué de s’évanouir sous une pression qu’elle même s’infligeait inutilement.

Puis dans la neige blanche et immaculée, elle aperçut une forme sombre, une masse noire qui se dirigeait vers elle. Elle ferma les yeux en les plissant le plus possible, persuadée qu’elle allait fatalement mourir sous les griffes de ce qui semblait être le blaireau qui s’approchait. Elle couinait faiblement mais rien ne vint, juste des bruits de pas, aucun coup ne heurta son visage, et encore moins une griffe.

Elle découvrit en ouvrant à nouveau les yeux une jolie chatte noire, proche d’elle. Rêve Nocturne savait parfaitement que ce n’était pas une guerrière du Clan de la Rivière, mais elle était soulagée de ne pas voir un prédateur là lorgner comme une pièce de viande à garder pour le repas du soir.
Et si au fond sa rencontre avec la solitaire était pire que le coup d’un blaireau ?

« T’es qui toi ? Et puis d’abord qu’est-ce que tu fais là ? T’es sur le territoire du Clan de la Rivière ! »

La confiance reprenait vite le dessus chez la guerrière, à moins que ce ne soit seulement le témoignage d’une profonde connerie.