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Histoire d'une pierre sombre (Histoire entière de Lune Ébène, scènes potentiellement choquantes pour les plus sensibles)

Lune Ébène
Guerrier expérimenté
Puf/Surnom Puf/Surnom : Marshmallow, Marsh'
Messages Messages : 151

Le personnage
Sexe du perso: F
Âge du perso: 69 lunes
Mentor / apprenti :
Lune Ébène
 Jeu 14 Mar 2019 - 0:50


Histoire d'une pierre sombre


Chapitre 1: Naître

La lune était haut perchée dans le ciel depuis plusieurs heures déjà. La sombre forêt était calme, apaisée. La lumière du soleil d’été y avait chauffé toute la journée. Il y avait cet endroit, caché entre plusieurs arbres aux courbes étranges, comme brisés par le vent et sa fougue. Ce lieu qui dissimulait une créature féline, discrète et qui pourtant soufflait de toutes ses forces. Son ventre arrondi et à la peau fine qui se tendait comme s’il allait exploser d’une minute à l’autre, ce précieux cadeau qui se trouvait encore bien au chaud n’allait pas tarder à montrer le bout de sa truffe. Encore une contraction, puis une autre et enfin, la délivrance. Une boule de poil humide commença à se mouvoir, à chercher instinctivement la chaleur et la sécurité de celle qui venait de la mettre au monde. Une heure se déroula, la chatte secrète léchait la boule sombre collée contre son flanc quand son ventre se contracta à nouveau. La douleur lui arracha un grognement et un petit être inerte quitta son corps. Elle eut beau le lécher de toutes ses forces, ce petit ne prendrait jamais sa première bouffée d’air. Tel était la vie dans la nature. D’aucun ne savait ce qui avait appelé cette féline à quitter ces deux êtres. Avait-elle pris peur ? Peut être que ces petits n’étaient pas désirés ? Mais pouvait-on réellement abandonné un chaton et un mort-né, ainsi, sans aucune chance survie ? Eh bien, semblait-il que oui. Son corps se souleva malgré l’effort qu’elle venait de produire et elle quitta ses petits, sans jamais se retourner. La petite chose sombre pleurait, dans l’espoir que sa mère viendrait lui tenir chaud, lui donner à manger, car son frère n’était plus chaud depuis déjà un moment. Sans ses yeux, ses oreilles, ses dents ni même ses griffes, que pouvait faire ce chaton inoffensif et sans défense ? Deux lever de soleil eurent le temps de s’écouler avant qu’enfin, cette petite soit trouvé. Enfin, elle ne fut pas trouvé par l’un de ses congénères. La chose qui l’avait attrapé avait de très longues pattes avec de drôles de petites queues au bout de chacune d’entres elles. Cet être étrange attrapa le deuxième petit corps et se déplaça rapidement pour rejoindre un de ses congénères, bien plus grand cependant. Les deux choses à deux pattes emmenèrent avec elles les deux chatons. Celle qui avait survécu fut placé sur une chose confortable et moelleuse qui lui redonna sa chaleur presque automatiquement, mais l’odeur de son frère avait disparu. La mère et son enfant avaient enterré le petit corps sans vie dans un coin de leur jardin, sous un érable qui semblait être là depuis toujours et qui serait la dernière demeure du petit chat blanc.

Chapitre 2: Grandir

La gentille famille qui avait, malgré elle, adopté notre chère protagoniste fut un Clan incroyable ! Ils prenaient soin d’elle, la nourrissaient, jouaient avec elle et la laissaient même dormir sur cette grande chose moelleuse où ils s’assoupissaient parfois. Deux mois passèrent et la petite avait bien grandit. Sa fourrure était belle et longue, d’une couleur plus noire que les ténèbres elles-mêmes, quant à ses yeux, ils avaient gardé ce bleu presque électrique qu’elle semblait avoir depuis le début. Généralement, les yeux des chatons, bleus de naissance, changeaient de couleur après quelques temps. Mais cette boule de poil semblait attachée à cette magnifique couleur. Ses maîtres étaient gentils. Ils étaient bons et doux. Ils lui avaient même donné un nom ! La petite femelle l’avait bien compris car lorsqu’elle faisait une bêtise, ses bipèdes semblaient toujours crier le même mot  « Luna ! ». Quel joli nom ! Il lui arrivait parfois de faire ses griffes sur les planches de bois ou sur les choses bloquant la lumière du jour juste pour l’entendre ! Elle ronronnait à chaque fois et venait coller sa petite tête contre les longues pattes arrières des bipèdes. Et puis, elle aimait beaucoup passer du temps avec le petit bipède ! Il était un peu plus brusque que les grands, mais était tellement plus amusant ! Il jouait tout le temps avec elle avec un petit point de soleil rougeâtre ou avec de longues lianes aux couleurs étranges. Et le soir, lorsqu’enfin toute la petite tribu semblait endormi, la jeune Luna aimait se faufiler dans la tanière du petit bipède. Elle escaladait maladroitement son nid et allait se blottir tout contre lui, profitant de sa chaleur. Sa vie était vraiment parfaite. Mais toutes les bonnes choses ont une fin.

Le jeune bipède toussait tout le temps, de plus en plus fort. La petite chatte essayait tant bien que mal de le réconforter, mais dès lors qu’elle s’approchait, son état empirait. L’enfant de la famille avait développé une allergie aux poils d’animaux et aussi jeune, il était risqué de garder un chat dans leur maison. Mais or de question de mettre cette pauvre petite chatte dans la rue ! C’était bien trop dangereux, dehors. Il fallait lui trouver une nouvelle famille, qui l’aimerait comme elle était aimé dans celle-ci. La mère du petit humain chercha quelques jours et une sonnerie infernale retentit dans la tanière des bipèdes. C’était une femelle, la petite chatte noire pouvait entendre sa voix à travers l’étrange objet que tenait sa maîtresse dans la patte. Et le lendemain, cette femme et un homme qui l’accompagnait vinrent chercher la petite Luna. Les adieux furent difficile, le petit humain pleurait tandis que la petite chatte ne voulait pas le lâcher. Mais c’était pour le mieux ! Et puis, qui savait ? Peut être se ferait-elle de nouveaux amis dans cette nouvelle tanière ? Enfin, c’est ce qu’elle espérait.

Chapitre 3: Lutter

Après plusieurs heures passées dans une boîte à l’étrange matière, la petite femelle arriva dans son nouveau chez elle. C’était une drôle d’antre, complètement différente de celle où elle avait habité avant. Puisqu’elle allait vivre avec ces humains à présent, elle voulait se montrer sous son meilleur jour, la petite chatte sombre prit donc grand soin de sa fourrure et se montra amicale en sortant de sa boîte. Mais ces humains semblaient avoir déjà oublié qu’elle était là, quelle drôle de réaction. Mais Luna voulait se faire remarquer, elle voulait de l’attention, des caresses, des jeux, comment dans son ancienne famille ! Tous les humains ne sont pas fait pour avoir des animaux et ces deux là en faisaient partie. Les premières heures furent longues et malgré toute ses tentatives, ses humains ne la regardaient même pas. Peut être que si elle faisait une bêtise, ils la finiraient par s’intéresser à elle ! Le chaton se précipita aussitôt sur ces longs tissus qui cachaient la lumière et y planta ses griffes largement, histoire d’être sûre qu’ils le verraient. Ses anciens propriétaires l’auraient disputé en criant son nom et l’auraient poussé gentiment vers un jouet pour l’occuper alors la petite attendait fièrement à côté de la scène, assise sur ses petites fesses. Comment aurait-elle pu s’attendre à ce qui allait lui arriver ? L’humain mâle commença à beugler des mots qu’elle ne connaissait pas et s’approcha d’elle d’un pas furieux. Lorsque Luna comprit qu’elle était en danger, il était déjà trop tard. La grande patte puissante du bipède l’avait attrapé violemment par la peau du dos et l’avait jeté dans une petite pièce sombre. Il referma la porte et on pu entendre un loquet se fermer. La pauvre petite chatte se releva avec peine et commença à pleurer. Son dos lui faisait terriblement mal, elle avait faim et soif tandis que la fatigue s’emparait d’elle. Où allait-elle dormir ? Quand pourrait-elle manger ou même boire un peu d’eau fraîche ? Sa réponse fut claire lorsque le bruit des bipèdes montant plus haut se fit entendre, puis plus rien. La nuit fut longue, terriblement longue et malgré ses pleures, personne ne venait la voir. Elle tenta donc de gratter sur la grande planche de bois qui s’était refermée sur elle un peu plus tôt et un grand bruit retentit enfin ! Ils allaient venir la voir, elle en était sûre ! Ses petits yeux fatigués se mirent à briller lorsque la porte s’ouvrit mais le coup qui s'abattit sur elle changea quelque chose en cette jeune femelle. Une grand lanière dure et marron venait de s’écrouler sur son petit corps avec une force incroyable. Si puissant qu’elle sentit l’une de ses côtes se briser, hurlant de douleur. Mis à chaque cris, à chaque pleurs, un nouveau coup tombait, toujours plus fort, toujours plus bruyamment. Après une dizaine de choc, la petite cessa de pleurer et de se mouvoir. La douleur était telle que son cerveau l’avait endormi, ainsi elle n’avait plus mal. Le lendemain matin, la porte s’entrouvrit, la jeune Luna s’était réveillée, tordu par la douleur. Une petite écuelle remplie d’eau entra dans la pièce sombre, déposée par la bipède femelle. Le chaton traîna péniblement son corps jusqu’au breuvage frais et le bu tout entier tant elle avait soif. Chaque gorgée était un supplice tant son corps était meurtri, mais cette femelle deux pattes ne lui avait pas fait de mal. Peut être était-elle différente de son compagnon ? Un petit espoir alluma une flamme dans le coeur de la féline sombre tandis qu’elle s’assoupissait à nouveau. Une odeur atroce vint la réveiller, comme une odeur de brûler. Luna traina doucement son corps hors de la pièce sombre et aperçu la bipède, proche d’une ouverture dans le mur et qui tenait une chose créant de la fumée dans sa patte. Le ventre affamé de la petite chatte grogna tandis qu’elle s’approcha de la deux pattes. D’un geste doux, elle tapota sur sa patte longue arrière et poussa un petit miaulement, comme une plainte. Mais l’humaine qui avait été gentille avec elle un peu plus tôt semblait avoir changé du tout au tout. Elle donna un grand coup de patte à la petite chatte noire et l’envoya valser contre un mur sombre. Le choc fit sombrer Luna dans un sommeil profond. A son réveil, voilà qu’elle était de retour dans la pièce sombre. Elle tenta de se redresser en douceur mais une douleur lui sonda les flancs. Des trous, encore ensanglantés lui recouvraient les flancs et une odeur de fumée couvrait sa fourrure. Ses petits yeux furent choqué par cette vision d’horreur, mais qu’avait-elle fait pour mériter un tel châtiment ? Cette petite qui n’avait fais que demander un peu de nourriture ?

Les jours défilaient et bientôt, cela faisait déjà deux semaines que la petite se trouvait dans ce cauchemar. Chaque jour, au moindre bruit, les coups, la douleur, son sang maculait sa fourrure et la rendait poisseuse. Sa chair disparaissait petit à petit, laissant paraître ses os, sa fourrure semblait s’affiner à vue d’oeil tandis que ses yeux perdaient le souvenir de la lumière du jour. D’un petit chat en pleine forme, la jeune Luna était devenue un cadavre ambulant, à se demander comment elle pouvait encore survivre à tout cela. Un soir, alors que tout semblait calme dans la tanière, elle tenta d’ouvrir la porte et y parvint ! Une échappatoire ! Mais une fois or de son “antre”, voilà que tout se fermait devant elle. Aucune sortie, pas le moindre petit trou, rien. Le bipède mâle dut entendre le grincement de la porte car il déboula rapidement de la hauteur de la maison et tenta d’attraper la petite chatte. Elle se débattit corps et âme mais il finit par l’attraper. Il lui donna plusieurs coups, la tenant par la peau du cou et s’assurant qu’elle ne pouvait pas répliquer. Il beugla à nouveau avant d’ouvrir une porte, menant vers l’extérieur. Le chaton crut un instant qu’il lui rendrait sa liberté, mais l’humain ne fit que l’enfermer dans une toute petite tanière faite uniquement de bois. Il jeta violemment le chaton à l’intérieur et celle-ci se trancha les flancs sur une des machines qui se trouvait dans le fond de la pièce en chutant. Cela ressemblait à une branche mais plusieurs pics durs et coupants se trouvaient en son bout. La petite Luna regarda la porte se fermer sur elle avant de tourner le regard vers son pauvre flanc ensanglanté. Elle voulut hurler, pleurer, mais aucun son ne sortit de sa gueule, seul un son strident, comme un grincement s’en échappa. Son cœur ralentissait, le sang coulait de ses plaies, sa vie allait-elle se finir ainsi ? Seule et apeurée dans le noir complet, incapable de pleurer ?

Chapitre 4:  Survivre

Les deux semaines qui suivirent cet incident furent plus difficiles que jamais. La jeune Luna n’eut le droit de manger qu’une seule fois et dû panser ses plaies elle même en les léchant de nombreuses fois, les nettoyant lorsqu’elles s’ouvraient après avoir reçu de nouveaux coups. Elle ne pleurait pourtant plu, ne demandait plus d’eau ou de nourriture, mais elle avait le malheur d’essayer de montrer son amour à ces bipèdes cruels et sans cœurs. Cela pouvait sembler étrange vous ne pensez pas ? Tenter de gagner l’amour de deux êtres immondes. Et pourtant, c’était la seule solution que cette jeune chatte avait trouvé pour survivre, elle s’accrochait à sa petite âme et aux battements de son cœur abîmé. Sa vie était un véritable enfer et pourtant, elle luttait pour survivre. Ils étaient violents, de véritables monstres, mais ils devaient bien avoir une part d’amour en eux ? Mais ce qu’ils firent ce soir là prouva à notre pauvre protagoniste que certains humains étaient simplement des personnes affreuses. Comme à son habitude, elle restait dans sa pièce sombre, silencieuse, comme attendant que la mort vienne la chercher. Un bruit soudain la fit sursauter. Plusieurs voix s’étaient ajouté à celle de ses bipèdes mais également un bruit qu’elle ne connaissait pas. Il y avait un animal à quatre pattes, bien plus gros qu’elle et dont les crocs ressortaient de sa large mâchoire. Luna apprendrait bien plus tard qu’il s’agissait d’un chien et qu’ils n’étaient pas les amis des chats. Enfin, elle savait déjà la deuxième partie de cette information. La soirée semblait se dérouler tranquillement mais les ennuis vinrent à la petite chatte quand le bipède mâle vint la chercher. Il la jeta violemment à même le sol, face au grand quadrupède. Son regard était effrayant, la bave coulait de sa grande gueule tandis qu’il poussait de grand cri sourd en fixant la petite boule de poil noir. La terreur envahit le pauvre corps meurtri de la pauvre chatte et elle tenta de fuir lorsque la bête fut lâché sur elle.

Les humains et leur chien finirent par partir de la tanière des bipèdes de Luna. Où était-elle ? La vie avait-elle quitté son corps ? Enfin ! Était-elle enfin libre de sa souffrance ? Pourtant, elle sentait son cœur battre dans sa poitrine. Lentement et de façon presque imperceptible, mais elle était en vie. La nuit s’écoula et son réveil fut le pire de tous. La douleur sondait son corps de part en part, des plaies de toutes tailles recouvraient ses flancs et son ventre, sa fourrure était rougeâtre et poisseuse, c’était à se demander comment sa vie avait pu encore tenir dans son corps tant il y avait de blessures ouvertes. Mais apparemment, pas suffisamment pour que son sang s’écoule entièrement. Elle souffrait tant, mais aucune larme ne coulait de ses yeux, pas un pleure ne sortait de sa gueule, tout se passait à l’intérieur. Son corps était déchiré, en lambeau, mais son pauvre coeur était dans un bien plus mauvais état. La prochaine fois, elle mourrait, le chaton en était sûr. Elle devait fuir, par n’importe quel moyen. Que ce soit en quittant cet endroit, ou en faisant tout pour qu’on l’achève. Mais la petite savait qu’elle ne survivrait plus en continuant ainsi. Elle était pourtant si jeune, bien trop petite pour ne pas connaître la suite de sa vie. Mais la souffrance, la terreur était telle que la mort serait une véritable délivrance. Un soir, elle fut autorisé à recevoir un peu d’eau. La porte de sa petite tanière était donc ouverte. La pauvre chatte traîna son corps en serrant les dents jusqu’au petit bol et y plongea son museau tout entier. Ainsi, sa truffe trempait sous l’eau et l’empêchait de respirer. C’était une mort douce et calme, dans ce liquide clair qu’elle avait perdu l’habitude de voir. Voir, elle voulait voir la lune une dernière fois. Ses yeux vitreux se levèrent avec difficulté mais il s’écarquillèrent aussitôt qu’elle croisa la fenêtre. Elle était entrouverte ! Très peu certes, mais suffisamment pour qu’elle y passe ! Les bipèdes étaient monté à l’étage depuis un moment déjà, elle pouvait fuir, elle pouvait le faire !

Chapitre 5: Courir

Une flamme s’alluma en la petite chatte ébène, une lueur d’espoir. Elle avança sur la pointe des pattes, en oubliant sa douleur tant l’adrénaline parcourait ses veines à toute vitesse. Il lui fallait gravir un grand meuble fait de bois et la liberté était à elle. Plusieurs échec survinrent avant qu’elle ne parvienne à atteindre le haut de l’obstacle. Cependant, elle avait fais beaucoup de bruit en chutant et les bipèdes l’avaient entendu. L’un d’eux descendit rapidement les escaliers et vu la petite féline passer le minuscule creux de la fenêtre, mais il était trop tard. Luna couru plus vite qu’elle ne l’avait jamais fait. La douleur, la souffrance, tout avait disparu. Elle ne voulait que courir, le plus loin possible. Ainsi, elle traversa bien des endroits, tous très différents les uns des autres, sans jamais s‘arrêter. Son chemin se termina à un endroit bien étrange. De grands arbres semblaient avoir été couché par le vent, leurs donnant une forme courbée. Elle connaissait cet endroit, la petite en était sûre, elle était déjà venue ici. Cependant, son corps n’en pouvait plus. Plus de perdre du sang, plus de vivre, plus de respirer. C’est ainsi que le pauvre chaton s’écroula, à bout de force. Ses yeux restèrent ouvert un petit moment, son museau pu repérer l’odeur d’un félin. Peut être allait-elle se faire dévorer vive ? La petite Luna s’en fichait. Ses pattes avaient pu connaître la liberté lors qu’elle pensait ne plus jamais courir, ni même marcher. Sa mort serait des plus douces comparé à ce qu’elle aurait pu vivre chez ses anciens bipèdes. Son corps se tendit soudainement et un long soupir s’échappa de sa gueule. Un sourire s’afficha sur ses petites lèvres sèches. La mort était un repos bien mérité.

Chapitre 6: Guérir

Pourquoi ? Pourquoi Luna pouvait-elle sentir son cœur battre dans poitrine ? Elle l’avait pourtant sentit s’arrêter, alors quel était cette illusion ? Les morts n’avaient pas de cœur pompant le sang dans leur corps, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que cela signifiait ?
Ses petits yeux s’ouvrirent sur une paroi faite de pierre sombre. De drôles d’odeurs emplissaient l’endroit et une aura étrange régnait dans cette antre tout aussi étrange. Ses iris vinrent trouver son corps. Il était entièrement recouvert de sortes de toiles collantes et la douleur était moins présente qu’auparavant. Des tonnes de questions venaient s’entasser dans sa petite tête, lui donnant même une migraine. Une féline sombre et courte sur patte passa une sorte d’entrée faite de feuillages épais et sursauta en croisant le regard de la petite chatte. Elle fit aussitôt demi-tour au petit trot et revint quelques instants plus tard, accompagnée d’une chatte plus grande au pelage blanc et plus foncé par endroits. Celle-ci observa Luna de ses grands yeux bleus, silencieuse, avant de prendre la parole.

« Je suis Etoile de la Mélopée, cheffe du Clan de l’Ombre et voici Rêve d'Ébène notre guérisseuse. Quel est ton nom et d’où viens-tu ? Tu ne portes l’odeur d’aucun des Clans »

Des Clans ? Cheffe ? Guérisseuse ? Mais de quoi parlait cette grande féline ? La petite femelle voulu répondre, mais sa voix se brisa et aucun son ne sortit de sa gorge. Elle se mit à tousser et la chatte sombre s’approcha d’elle, posant en douceur sa queue sur son dos. Luna eut un réflexe de recul et se mit en boule contre le mur, complètement paniquée et tremblant de peur. Les deux félines observèrent la pauvre boule tremblotante, un air triste sur le visage. Celle qui s’était présentée en tant que cheffe quitta l’antre fraîche en adressant quelques chuchotements à l’autre chatte. Celle-ci tourna ses yeux jaunes vifs vers la petite Luna et lui adressa un petit sourire, comme pour lui dire qu’elle ne craignait rien. Sa voix se fit douce lorsqu’elle s’adressa à la boule de poil tassé contre le mur de pierre froide.

« Je te promet que ne vais pas te toucher, alors tu veux bien revenir ici ? », la chatte pointa le tas de mousse moelleuse que venait de quitter le chaton du bout de la queue, « Tes plaies étaient vraiment dans un sale état alors je voudrais que tu restes allongée et que tu te reposes, tu veux bien ? »

Méfiante, la petite Luna fixa de ses yeux effrayés la chatte en face d’elle. Mais de cette femelle émanait une chose qui inspirait confiance, alors elle allait essayer de faire ce qu’elle disait. Le chaton traîna donc son corps péniblement jusqu’au petit nid de mousse verte et s’y installa en boule. Comme promis, la femelle, Rêve d'Ébène, ne la toucha pas. Elle se contenta de sentir le ventre frêle de la petite, lui accorda un petit sourire et s’éloigna vers des tas de plantes étranges. Elle était bizarre, cette femelle. Mais déjà, la petite Luna sombrait à nouveau dans le sommeil. A son réveil, un oiseau mort se trouvait à son chevet. Ses yeux s'écarquillèrent et elle sursauta, la douleur lui arracha un cri et attira la guérisseuse qui arriva à son chevet en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Aussitôt elle s’adressa à elle.

« Ca va ? Tu t’es fais mal ? » , son regard coula vers l’oiseau avant de se poser à nouveau sur sa petite patiente, « Je ne sais pas où tu vivais avant, mais ici on mange ce que l’on chasse. Tu n’as pas à avoir peur et puis c’est bon tu sais, tu devrais goûter ! Il faut que tu manges ou tu ne vas jamais te remettre »

La guérisseuse lança un petit sourire au chaton avant de retourner à ses affaires, une pensée précise dans la tête. Elle venait de crier, alors elle n’était pas muette.
Les jours qui suivirent, la petite femelle commença à manger un peu et elle commençait à se faire à la présence de cette “guérisseuse”. Une semaine après son arrivé, elle fut même autorisé à sortir de la tanière de la chatte noire, lui permettant de découvrir le monde dans lequel elle avait atterri avec grande chance. C’était un lieu très organisé, dans lequel chacun avait sa place. Des chatons de deux semaines qui jouaient dans la grande ouverture au milieu du camp, appelé clairière, étaient plus gros que notre petite protagoniste, déjà âgée de trois mois. Trois lunes chez les chats des Clans. Rêve d'Ébène expliquait le fonctionnement d’un Clan à sa petite protégée. Pour commencer il y avait quatre Clans dans la forêt, tous gérés de la même façon. Tout en haut de la hiérarchie, il y avait le chef. Ensuite, son lieutenant puis un guérisseur et son éventuel apprenti. Par la suite venaient les guerriers, leurs apprentis et les chatons. Puis les reines, celles qui s’occupaient des petits braillards et pour finir, les anciens. Chaque chat avait un rôle bien précis. Le chef et son lieutenant servait de meneur aux autres et prenaient les décisions. Les guerriers chassaient et défendaient le Clan tout en apprenant aux jeunes chats tout ce qu’ils savaient. Les apprentis, en plus d’écouter leurs mentors devaient réaliser de nombreuses tâches comme s’occuper des anciens ou apporter à manger à ceux qui n’avaient pas la possibilité ou le temps de se déplacer. Les chatons n’avaient rien à faire à part grandir sains et sauf, sous la surveillance de leurs mères, les reines. Et les anciens, quant à eux, étaient la mémoire du Clan et de braves anciens guerriers devenus trop vieux pour chasser. Mais pendant que la petite Luna écoutait la guérisseuse du Clan de l’Ombre, elle comprenait d’elle-même que ces chats se battraient corps et âmes si l’on attaquait leur précieux camp. L’un d’eux lui jeta un regard d’abord curieux puis horrifié avant d’enrouler ses yeux sous sa longue queue. La petite chatte baissa les yeux, était-elle si atroce à voir que cela ? Probablement.
La jeune guérisseuse continua la visite du campement, présentant chaque lieu. Il y avait une tanière pour chaque groupe de chat. Celle des guerriers, celle des apprentis et celle des anciens. La pouponnière accueillait quant à elle les femelles gestantes et celles qui avaient des petits et bien sûr, le chef du Clan avait sa propre tanière. Et enfin, retour à la case départ, l’antre de la guérisseuse. Chaque jour, elle prenait le temps de faire la discussion à sa petite patiente, comme passant outre le fait qu’elle n’avait jamais de réponse, et qu’elle n’en aurait certainement jamais. Plusieurs fois, elle tenta de lui demander les raisons de son mutisme, même si elle l’expliquait avec des gestes. Mais la pauvre petite boule de poil faisait des crises de paniques et pleurait à chaque fois. Des pleures sourds qui lui tordaient la gorge tant elle en souffrait.

Chapitre 7:  Découvrir

Après deux mois, ou plutôt deux lunes passées dans la tanière de Rêve d'Ébène, notre petit Luna avait meilleur mine. Son poil commençait à repousser et ses plaies commençaient à cicatriser correctement. La guérisseuse lui avait expliqué bien des choses depuis tout ce temps, elle savait à présent ce qu’était un Clan, le code du guerrier et même le Clan des Étoiles. Il était difficile d’y croire lorsque l’on venait de l’extérieur, mais la petite féline sombre avait espoir que cela soit réel. Peut être étaient-ils ceux qui l’avaient mené chez le Clan de l’Ombre ? Luna eut une “discussion” avec Étoile de la Mélopée pendant laquelle celle-ci lui expliqua la suite des événements et lui accordait un titre tout particulier. Malgré qu’elle soit étrangère, la belle femelle et cheffe du Clan lui accordait l’asile et lui proposait de rejoindre son Clan de façon définitive. La cheffe s’attendait probablement à un hochement de tête simple et respectueux, mais au lieu de ça, la petite Lune fonça sur la guerrière et fourra sa truffe dans sa belle fourrure blanche en pleurant de chaudes larmes. C’est également ce jour qu’elle rencontra son futur mentor. Il se nommait Ciel Ancien et était un véritable moulin à parole. Etoile de la Mélopée expliqua à la petite que d’ordinaire, les apprentis ne savaient le nom de leur mentor que le jour de leur baptême, mais étant donné qu’elle ne connaissait rien à leur coutumes, la guerrière lui accordait une exception. Et puis, en considérant le fait que la petite femelle était muette et particulièrement abîmée, il lui faudrait un peu plus de temps pour tout apprendre sans briser chaque os de son frêle corps. Une autre exception lui fut accordé, celui de recevoir son nom d’apprentie avant l’âge de six lunes. La cheffe savait que cela serait probablement mal vu, mais elle se voyait mal donner un nom de chaton à la femelle qui se tenait devant elle. Son enfance avait disparu de ses yeux bien des lunes auparavant. Alors le lendemain et devant le Clan tout entier, elle reçut le nom de Nuage d'Ébène en l’honneur de sa fourrure sombre comme une pierre brillante du même nom. Maintenant commençait son nouveau combat, assimiler tout ce que les autres apprentis connaissaient de part leur sang. Le combat et la chasse coulaient dans leurs veines tandis que la petite ébène n’avait jamais chasser ni combattu de sa courte vie. Une demi-lune après, elle eut l’autorisation de quitter la tanière de Rêve d'Ébène pour rejoindre celle des autres apprentis et ainsi de commencer son entraînement physique. Elle s’attendait à ce que ce ne soit pas une partie de plaisir de se faire accepter, mais de là à ne pas pouvoir entrer dans la tanière avec les autres parce qu’ils avaient trop peur d’elle… Nuage d'Ébène ne comprenait pas. Elle voulait savoir pourquoi tant de chats la rejetaient, alors elle trouva une flaque d’eau et y observa son reflet. Imaginez quelle fut son horreur lorsque la petite apprentie découvrit son corps déchiré de toute part par de grandes balafres encore gonflés par le sang cicatrisé, la fourrure qui manquait à tant d’endroit qu’elle comprenait pourquoi elle avait si froid, la maigreur qui laissait encore saillir ses os sous sa peau et ses yeux… Ses yeux d’un bleus magnifique, d’un bleu plus pur qu’un saphir. Ils étaient devenus presque entièrement blancs ! Seule une pointe de bleue persistait autour de sa pupille. Elle poussa un cri d’effroie ce qui alerta son mentor qui tenta pour la trouver, mais elle avait déjà quitté le camp en courant de toutes ses forces. Elle pleurait, toutes les larmes de son corps. Il était si atroce, si effrayant, son aspect. Comment en vouloir à ceux qui avaient peur ou qui étaient dégoûtés tandis que cette pauvre féline se dégoûtait elle-même ? Elle fut retrouvé le lendemain matin par une patrouille qui avait été dépêché toute la nuit dans le but de la retrouver. Alors que l’apprentie aurait dû être disputé et punie pour son acte, aucun chat de ne la disputa, pas même la cheffe qui se contenta de lui dire que c’était dangereux de fuir seule en pleine forêt et dans sa condition. Faisait-elle pitié au point qu’on ne veuille pas la disputer ?
Les jours passèrent, Nuage d'Ébène parvint à se faire une place dans la tanière des apprentis, loin de tous les autres. Ses yeux particuliers, sensibles à la lumière du jour, l’empêchait de s'entraîner la journée comme les autres. Alors la jeune féline s’entraînait la nuit avec Ciel Ancien comme “ennemi” en combat. C’était probablement l’une des raisons qui faisait d’elle une des meilleures combattantes du Clan à présent, elle qui avait été durement entraînée par un chat bien plus grand et fort qu’elle dès le début. Et malgré que son mentor était un bon guerrier, il ne retenait pas ses coups. Mais malgré ses progrès, les autres apprentis avaient tendance à encore la rejeter. De une, pour son apparence, de deux pour son silence et de trois pour sa provenance. Personne ne savait pourquoi elle était dans un état aussi grave, ni la raison de son mutisme, ni même d’où elle venait. Difficile de s’intégrer dans ces conditions. Un soir, ils furent tous emmenés par leurs différents mentor pour une chasse de nuit, histoire de se familiariser avec leur terrain nocturne. Dans cet environnement, la petite ébène était complètement à l’aise et elle pouvait se donner à fond. Elle chassait déjà bien malgré quelques difficultés à se faire discrète, elle était encore jeune et inexpérimentée mais cela viendrait avec le temps. Alors qu’elle pourchassait un mulot, l’ébène était si petite qu’elle le suivit dans une sorte de trou au creux d’un arbre. On entendit un couinement de l’extérieur, elle l’avait eut ! Oh comme l’apprentie était fière de pouvoir apporter sa première proie au campement ! Mais soudain, alors qu’elle faisait demi-tour, les ténèbres l’envahirent. Deux apprentis s’étaient amusés à enfermer la pauvre petite dans son trou avec une grosse branche. Elle était encore en pleine convalescence et manquait cruellement de force, impossible de bouger cet obstacle seule. Mais soudain, sa respiration se mit à accélérer, ses pupilles devinrent agitée et son corps se mis à trembler de toute part. Il faisait si sombre, si noir, la lumière de la lune ne filtrait même pas dans ce pauvre trou. La patrouille finit par rentrer et chacun retourna se coucher, sans qu’aucun ne se rende compte de l’absence de l’apprentie ébène. Le lendemain, dans l’après-midi, Ciel Ancien se rendit à la tanière des apprentis pour prévenir son élève qu’ils iraient chasser ensemble à la nuit tombée. Mais quel fut son étonnement quand il ne la trouva pas dans son nid. Le grand guerrier posa la question dans tous le Clan, quelqu’un avait-il vu son apprentie ? Elle ne pouvait pas être sortie, pas avec ses yeux. Lui qui n’avait pas pu être présent la veille au soir, les autres avaient-ils oublié son apprentie ? Aussitôt, il prévint quelques guerriers et prépara une expédition pour retrouver la petite femelle. Peu familière avec la vie en forêt, il pouvait lui être arrivé mille et unes choses. Un apprenti, la queue basse, vint voir le mâle et lui avoua la bêtise que lui et son ami avait fait. Ciel Ancien, d’un naturel gentil, cracha sur le jeune mâle de toute ses forces avant de partir en courant du camp, suivit de près par deux autres guerriers. La recherche dura jusqu’à la fin de la journée, mais ils finirent par trouver le piège vicieux où était bloquée Nuage d'Ébène. Le guerrier dégagea l’entrée de son obstacle d’un grand coup de patte et aussitôt le trou fut-il ouvert que la petite en sortit. Sa respiration était atroce, elle avait manqué d’oxygène car elle était restée en hyper ventilation tout ce temps. Ses yeux pleuraient encore  alors que son regard fatigué et effrayé croisa celui de son mentor. Il tenta de la calmer et y parvint avant de la ramener au Clan. Les deux farceurs furent punis pour leur acte, mais l’ébène avait fait un grand pas en arrière. Retrouver confiance après ce genre de moment était particulièrement difficile, surtout pour une apprentie qui sortait à peine d’une vie d’enfer. Et pourtant, il y en avait un qui était sûr de parvenir à la remettre sur patte. Et ce chat, c’était Ciel Ancien. Il parvint à la convaincre de sortir à nouveau de sa tanière, d’apprendre à chasser, à combattre, à se défendre contre ce genre d’idiot. Le guerrier pouvait tout lui apprendre, mais il n’y avait qu’une chose que même lui n’avait jamais été capable de faire, lui rendre sa voix.

Chapitre 8:  Évoluer

Ainsi, les lunes défilaient. Nuage d'Ébène devenait meilleure de jour en jour sous les yeux aguerris de son mentor et avec ses bons conseils. L’entraînement de l’apprentie était bien différent de celui des autres chats de son âge. Pour commencer, elle ne s’entraînait que de nuit, Ciel Ancien devait encore se rappeler de ses longues, très longues nuits à bailler comme un perdu tandis qu’il avait chassé ou patrouillé toute la journée mais devait tout de même assurer l’entraînement de l’ébène. Ensuite, elle ne s’était jamais entraînée avec un chat de son âge. Incapable de supporter la lumière du soleil, elle ne pouvait participer aux entraînements au combat de ses camarades, elle devait alors se contenter de son mentor pour apprendre à se défendre. Dans un sens, c’était mieux ainsi. Les autres la fuyaient encore, exactement de la même façon qu’à son arrivée. Mais l’apprentie n’arrivait même pas à leur en vouloir. Même si sa fourrure commençait à repousser, ses cicatrices étaient encore très visibles et ses yeux restaient dans le même état, pas d’évolution positive. Sans oublier le fait qu’elle ne parlait pas, pas un seul mot depuis son arrivée. Malgré son mutisme, il y en avait qui ne s’en plaignait pas et c’était ce cher moulin à parole de Ciel Ancien. Il parlait largement suffisamment pour combler le manque de conversation de son apprentie. Et puis, au fil des lunes, les deux matous avaient commencé à se créer leur propre façon de communiquer. Qu’il était étrange, ce chat ! Il n’avait pas peur d’elle, il se fichait qu’elle soit dans un sale état, qu’elle ne parle pas. Il l’appréciait à sa juste valeur et la jugeait digne d’être son apprentie, cela suffisait à Nuage d'Ébène. En un regard, il pouvait savoir si elle lui disait de foncer lorsqu’une féline lui plaisait au lieu de cogiter, ou si elle le disputait pour avoir volé son restant de mulot au dîner. C’était une drôle de relation qu’ils avaient là. L’un très causant, l’autre muette. L’un né dans un Clan, l’autre ignorant ses origines. Ils étaient si différents et pourtant si proches que certains se demandaient comment ils faisaient pour se supporter l’un l’autre. Dans un sens, c’était très simple et dans l’autre pas vraiment. Leur relation était très simple car ils se comprenaient comme les deux coussinets d’une même patte. Et très difficile car l’ébène savait tout de son mentor, mais pas l’inverse. En effet, il lui était arrivé de raconter à sa façon quelques petites parties de sa vie, mais il lui était impossible de décemment décrire certains passages de par leur violence mais aussi par crainte. A cet époque, la petite féline était encore tout juste sortie de ce traumatisme. Elle luttait encore pour ne pas sursauter lorsqu’on la touchait ou lorsqu’il y avait beaucoup de bruit, il fallait y aller en douceur.
Les temps changeaient, les saisons défilaient et bientôt, la petite apprentie effrayée de bouger vint se placer face au chef du Clan de l’Ombre pour recevoir son nom de guerrière. Oh comme elle était fière ! Son regard coula vers son mentor, enfin ancien mentor à présent. Au fond d’elle, la femelle n’espérait qu’une chose, rendre fier ce matou qui l’observait fixement. Il avait été le premier à l’accepter telle qu’elle était, à lui transmettre tout ce qu’il savait et elle avait finit par le considérer comme son ami, son meilleur ami. Il lui était souvent arrivé de se demander ce que cela faisait d’avoir des parents. Alors si il avait fallut que le monde lui donne un père, elle aurait aimé qu’il soit comme ce matou grisonnant qui se tenait non loin d’elle alors qu’elle recevait le nom qui lui revenait de droit. La lune lui avait tenu compagnie toute sa vie et lui tiendrait encore compagnie pendant de longues lunes à venir. Et son pelage, à présent long et lisse, portait à nouveau cette couleur si sombre qu’on s’y perdrait et pourtant, dès lors que la lune s’y posait il devenait plus brillant que ses rayons pâles. Elle serait donc Lune Ébène. Sa veillée se déroula le soir même, comme la tradition l’exigeait. L’ébène se dirigea en douceur vers le centre de la clairière, silencieuse tandis que tous les autres membres du Clan se dirigeaient vers leurs tanières respectives. Lorsque tous furent installés dans leurs nids, la jeune guerrière se trouvait bien seule et pourtant, une chaleur nouvelle l’envahissait. Ses yeux décolorés trouvèrent la lune et sa douce lueur. Comme elle était belle, si ronde, si pur et brillante. L’ébène se demandait ce que cela faisait d’être comme elle, comme cet astre magnifique. Sans forcément se rendre compte que cette lumière blanche illuminait sa fourrure sombre de mille feux. Une larme vint couler le long de sa joue et un sourire s’afficha doucement sur son visage. Puis un mot. Furtif, si doux qu’aucun chat de la forêt n’aurait pu l’entendre. D’une voix presque vide et enrouée.

« Merci »

Chapitre 9:  Vivre

Une ombre se profilait dans la forêt sous la pâle lueur de la lune, déjà haute dans le ciel. Plus silencieuse que le vent dans les arbres, plus invisible que les ténèbres s’engouffrant elles-mêmes, la féline avançait à pas de velours sans qu’aucun animal ne puisse la détecter. La souris sortie de sa cachette regretta son acte lorsque son cou se brise sous les crocs de cette guerrière de l’Ombre. De son corps agile, la femelle retrouva ses proies précédentes, enterrées afin qu’elle puisse les retrouver plus aisément. Une fois la gueule pleine, la lune entamait sa descente, elle laisserait bientôt place à la lumière ardente du soleil matinal. Il était donc temps pour l’ombreuse de rentrer chez elle, au camp du Clan de l’Ombre. L’ébène traversa le territoire qu’elle connaissait par cœur, chaque recoin, chaque cachette, il lui fallait rentrer avant que la lumière du jour ne pointe le bout de sa truffe au risque de rester bloqué dans la forêt pour la journée à s’en protéger. Mais elle parvint au camp avant ce moment fatidique. en arrivant, plusieurs matous avaient déjà quitté leurs tanières pour se préparer à partir en patrouille. Certains lui adressèrent un mouvement de la tête en signe de salut, l’un d’eux devait encore se reprocher son acte stupide de bien des lunes avant qu’ils ne soient guerriers. Enfin, l’ébène l’avait pardonné il y avait déjà longtemps. Elle déposa ses proies sur la réserve de gibier et se dirigea vers la tanière des guerriers au petit trot. Une fois à l’intérieur, elle était en sécurité. Ciel Ancien roupillait dans un coin, ceux avec qui elle avait grandit se trouvaient pour la plupart dans ce lieu, tous endormit à point fermé. Une certaine nostalgie s’empara d’elle. Que serait-elle devenue sans eux ? L’ébène serait probablement morte sous les coups de ses bipèdes, ou tuée par un animal sauvage de la forêt. A présent, elle était cet animal sauvage, dans l’ombre des arbres de la forêt. Elle était la guerrière des ombres. Forte, intelligente, et aussi noire que la nuit comme la pierre dont elle portait le nom. Une pierre sombre.

Peut être qu’un jour, ma voix portera à nouveau dans le vent. Peut être dans cette vie, ou dans une autre. Qui sait ?

Gardien des Ténèbres
Jeune aventurier
Puf/Surnom Puf/Surnom : Spirit
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Le personnage
Sexe du perso: M
Âge du perso: 54
Mentor / apprenti :
Gardien des Ténèbres
 Jeu 14 Mar 2019 - 2:28
J’A-DORE! C’est tellement une bonne idée d’écrire l’histoire de son passé que tu m’as inspirée à faire de même pour mes propres personnages. Ça serait bien que tu fasses la même chose pour tes autres personnages!


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