Il 'y a plus rien à faire // Frou

Je dois revenir. Je le sais. Je ne peux plus fuir, je dois affronter la vie. Non, je ne peux plus. Tu es bien trop puissant pour moi. Tes apparitions sont de plus en plus fréquentes, si bien que j'ai du quitter ma famille. J'ai du fuir, aller sur une terre libre, dans un grotte dont nulle ne connait l'existence. A cause de toi, j'ai tout abandonné. Tout ce que j'aimai. Mon père, celui qui est revenu, celui que je croyais mort. Et mes deux soeurs. Ces soeurs que je porte dans mon coeur au vu de tout ce qu'on a vécu. On était seuls. Sans parents. Je me suis occupé d'elle, même si tu étais là. J'ai réussi à les protéger, mais là, pour le faire, j'ai du partir. Pour respecter le serment que j'avais fait à ma mère.

Là je reviens. Mes pattes se posent sur le sol, me guidant vers un monde que je connais, un monde que je finirai par quitter un jour. Je dois me dépêcher, avant que tu ne viennes. Tu peux revenir à tout moment, j'ai tout fait pour te fatiguer hier, mais tu y tiens plus que je n'y tiens. C'est toi qui veux vivre, pas moi. Je vais faire ce que j'ai toujours songé à faire. Ne plus faire de mal. Je sais que c'est la seule méthode pour parvenir au but. Papa sera plus fort que toi. Tu peut revenir à tout moment. J'ai déjà essayé. Le fait de vouloir sauter d'une falaise ne t'as fait que revenir plus rapidement. Le fait d'attendre qu'un monstre vienne sur la route n'a fait que t'appeler. Un saut en arrière évite une chute. Une esquive sur le coté évite de se faire écraser. Tu fais tout pour la garder auprès de toi, celle qui a pu te faire naitre. La vie que je dois supporter avec toi. Sauf que nous avons deux consciences, et que je peux réfléchir. Et je suis venu à cette conclusion. Et là, je vais la mettre en marche. Je vais mourrir, comme je l'ai toujours voulu depuis que tu m'as détruit la vie.

Franchement, j'y croyais. Quand mon père est arrivé dans le camp, et qu'il me rendait plus fort, j'y croyais. Sauf que toi aussi tu grandissais. Toi aussi tu progressais. Je me souviens qu'il me disait que je parviendrai à te vaincre, mais je n'y crois plus. Je n'ai plus le moyen d'y croire, plus depuis que tu as failli tuer l'une de mes soeurs. Je ne veux plus te donner le moyen de pouvoir tuer, alors je me suis caché. J'ai abandonné. On pourrait dire que je suis un lâche, non c'est plutôt ce que je suis. je suis un chat lâche qui préfère fuir que de combattre. Mais pourquoi combattre quelque chose de bien plus fort que soit ? A quoi cela peut servir si ça n'amène que la mort ? Je préfère me tuer plutôt que tu tues quelqu'un d'autre. Je sais, c'est la solution de facilité, mais je ne vois aucun autre moyen. La lâcheté peut être un défaut ou une force. Moi j'en fais ma force pour te vaincre.

Je passe la frontière. Pour la dernière fois je rentre dans mon territoire. Celui que je vais quitter dans peu de temps. Je ne sais pas pour quelle raison, mais je suis certain que mon père acceptera. Il ne peut pas me refuser ce choix.  C'est ma décision et je ne reviendrai pas dessus. Au pire, s'il ne veut pas le faire lui-même, il me donnera un contact. Enfin, si on peut appeler ça ainsi.  Mes pas continuent de me mener vers le camp. Bientôt j'y serai. Bientôt je demanderai à l'un des miens de mener mon père à moi. Bientôt tu ne pourras plus faire de mal à quiconque. Alors j'avance. J'avance vers la délivrance que la mort peut m'offrir. C'est là que je vois le camp. Je vois les quelques arbres qui l'entourent. Je vois des chats qui sortent pour aller patrouiller ou quelques uns qui rentrent avec des proies. Je me dirige vers le côté de la barrière, pour me placer à l'arrière du camp. C'est bien moins surveillé ici. Ce n'ets pas que je risque de me faire tuer, mais je préfère que les chats croient que je me suis fait tuer ou alors que je me suis enfui comme un lâche avec la maladie qui courait. Je ne veux pas que les chats me forcent à rentrer, et à vivre. Je ne veux faire confiance qu'à mon père ou à l'une de mes soeurs.

Je m'assoie et guetter l'une des deux rousses qui composent ma famille. La première que je vois est Plume de Rouge-Gorge. Elle cherche une proie dans le tas de gibier et me tourne le dos. Quand elle se retournera elle me verra, et là, je pourrai lui demander de chercher notre père. Je fixe son dos plus clair que le mien avant de la voir se tourner dans ma direction, un écureuil entre ses mâchoires. Je fixe alors ses yeux jusqu'à ce qu'elle me voit. Je l'observe alors lâcher presque sa mâchoire avant de venir dans ma direction. Une fois à ma hauteur, elle ouvre la gueule pour me dire quelque chose, mais je la stoppe, étant plus rapide qu'elle a prendre la parole.


Autant dire ces mots une dernière fois avant de la quitter à jamais. Je la vois faire demi tour en direction des tanières, après qu'elle ai croisé mon regard noir. Je ne veux pas qu'elle me pose de questions.