Éclatement de la flamme [PV Oranji et Moussy]

Éclatement de la bulle.

r e g a r d e .

Ce sont des cons, tous, sans exception. Je veux bien être gentille mais je suis loin d’être stupide, lorsqu’on fait en sorte de me pousser à bout, je ne reste pas sans agir. Alors que j’étais tranquillement en train de déjeuner près de la tanière des guerriers, un petit groupe de félins sont venus interrompre mon repas. Au début, je n’y faisais pas vraiment attention : c’est triste mais j’ai l’habitude d’être insulté. Sauf que c’est devenu de plus en plus compliqué de faire comme s’ils n’étaient pas là, de faire semblant de ne pas écouter ce qu’ils disaient. J’aurais pu partir, la tête basse mais ils étaient littéralement en train de m’entourer, je n’avais aucune échappatoire ! Leurs insultes et leurs reproches étaient violents, je ne pensais même pas qu’on pouvait me traiter de la sorte, malgré la sale réputation que j’ai ici… Voyant que je ne réagissais pas à leurs propos débiles, ils se sont attaqués au peu de personnes qui m’aime et ça, c’est inacceptable. Je me suis levée de ma place et j’ai regardé droit dans les yeux l’un des guerriers qui s’amusait tant à me tourmenter. Je n’ai pas détourné le regard, pas une seule fois. Je l’ai maintenu et jusqu’au bout, celui-ci était froid et rempli de haine. J’aurais pu faire ou lui dire bien des choses. J’ai voulu le menacer de ne pas trop me chercher ou alors, des baies empoisonnées se retrouveraient dans son repas. J’ai voulu prendre ma proie et la lui balancer dans la figure. Sauf que, petit bémol, je ne peux pas faire tout ça. Je dois garder un minimum de sang-froid et ne pas me laisser aller ou sinon, ça va empirer ma réputation et des rumeurs encore plus stupides vont circuler dans le Clan. J’ai tourné le dos au mâle, en poussant ceux qui m’entouraient afin de me dégager dans leur cercle et est pénétrée à l’intérieur de la tanière des guerriers.

Au moment où mes pattes traversent l’entrée, je vois un regard brillant se poser sur moi, les paroles des autres guerriers ont dû le réveiller. Je me dirige rapidement vers mon doux nid, je ne veux plus rien à part du silence et de la tranquillité, choses que visiblement un matou curieux ne veut pas me donner. Je ne le regarde pas mais je sens que lui, il me fixe. Je ne sais pas ce qu’il attend pour me poser la question qui lui brûle les babines mais le temps devient long… Il ose enfin, après quelques secondes de silence à m’analyser de haut en bas, à l’aide de ses yeux. Il me demande, avec un peu d’hésitation, ce qu’il m’est arrivé. Plus aucun doute maintenant, la bagarre verbale a réveillé le mâle. Je me retourne dans mon panier de mousse pour lui faire face et l’observer, à mon tour. Cette lueur qui brille dans le noir, ce sont ses yeux dont la pupille est jaune. J’arrive à reconnaître la couleur de son poil, malgré le fait que la tanière n’est pas beaucoup de luminosité. Tout comme les petits ronds sur mon pelage, le mâle est blanc uni. On continue de s’observer, sans que l’un de nous décide de baisser le regard.

- Il y a eu du bruit tout à l'heure. Je n'ai pas écouté, mais c'était avec toi, non ? Ça s'est arrêté quand tu es entrée. Énervée comme tu es, et ces moustaches encore pleines de sang m'indiquent que tu n'as pas dû terminer ton repas. Tu étais victime de railleries ? Ais-je tord ? Si oui, que te voulait-t-on ?

C’est qu’il est observateur, celui-là… Je ne sais pas si je dois avoir peur ou trouver ça impressionnant. Moi-même, je ne savais pas que mes moustaches étaient encore pleines de sang. Je les nettoie rapidement en passant plusieurs coups de langue sur celle-ci. Toujours allongés sur nos nids respectifs, nos regards restent accrochés l’un à l’autre. Les batailles de regard, c’est une chose que je m’amuse à faire, avec mes camarades. Je gagne souvent, étant donné que la moitié des félins baissent les yeux dès qu’il me croise : je suis terrifiante, c’est un fait. Mais lui, n’a pas l’air d’avoir peur, c’est étrange comme réaction et ça me fait plaisir. C’est-il qui je suis ? Connaît-il mon statut, les rumeurs, mon histoire ? Comme il l’a deviné, j’étais énervée en rentrant ici mais croiser son regard et le fait qu’il ne le détache pas du mien, m’a calmé. C’est tout con mais croire que tous les guerriers de ce Clan ne sont pas cons, me redonne espoir. Il y a des exceptions à toutes les règles et peut-être que lui, il est cette exception. Embrasement des Flocons, il me semble que c’est comme ça qu’il s’appelle. D’où je connais son nom ? Je ne sais plus, je crois qu’il est mentor, tout comme moi.

- J’ai l’habitude.

Il n’a pas l’air méchant, on dirait même qu’il s’inquiète pour moi mais je n’arrive pas à faire confiance, que ce soit à lui ou aux autres. Est-ce que ce n'est pas qu’une facette ? Est-il sincère, veut-il vraiment savoir ou c’est juste pour mieux se moquer de moi par la suite ? Avant, je me serais certainement confié, à ce mâle que je ne connais pas. Je n’ai jamais été d’une grande naïveté mais pour me libérer d’un poids, je lui aurais expliqué mes problèmes. Je lui aurais prouvé que ce n’est pas moi, toutes ses rumeurs, je suis une toute autre personne que celle dont on parle. Lorsque j’étais encore apprentie, j’ai essayé de prouver le contraire des rumeurs, j’étais déterminée à redevenir la petite femelle qui joue la maman mais mon apprentissage n’a pas été de tout repos, j’ai eu droit à une mentor qui croyait dur comme fer aux rumeurs de merde et qui n’a pas cessé de me rabaisser, tout le long. J’ai juste abandonné l’idée et pour le moment, je ne me sens pas apte à réessayer, et encore moins toute seule. Il me faudrait quelqu’un qui m’aide à reprendre confiance en moi, qui me pousse à montrer qui je suis réellement. Mais cette personne n’est pas là.

By Moony for Orenji only

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Je n’ai aucune envie de me confier à Embrasement des Flocons, surtout après ce qui vient de m’arriver. Ce n’est pas de sa faute, il a l’air fortement sympathique et un peu… étrange, aussi. Mais qui ne l’est pas, finalement ? On a tous un petit bout de folie au fond de nous. Certains le dévoilent plus que d’autre, voilà tout. On ne se quitte pas du regard, pas à un seul moment, comme si nous voulions prouver quelque chose. Mais quoi, au juste ? Je n’ai plus rien à prouver, étant donné que plus personne - enfin, presque - ne croit en mes paroles. Et lui, qu’est-ce qu’il a à prouver ? Il a l’air d’avoir traversé des événements compliqués à expliquer. La noirceur de ses pupilles sont bien trop sombre pour qu’il soit un ange à part entière. Est-ce que ces yeux ont vu des choses qu’ils n’auraient jamais dû apercevoir ? Peut-être. Je pense, pour être franche, que je ne le saurais jamais. Embrasement des Flocons n’a pas une tête à se confier, encore moins à moi et je le comprends totalement.

- Tout le monde a l’habitude je pense. Mais à toi, que te reproche-t-on ?

Un rire s’échappe de ma gorge. Je ne saurais vous dire s’il est plutôt nerveux, amusé ou légèrement méprisant. Il se moque de moi, c’est ça ? Eh bah, il retombe dans mon estime, dire qu’il avait réussi à monter quelques échelons. Contrairement à lui, je détourne le regard pour les poser sur le fond de la tanière. Je n’ai plus envie de prouver quoique ce soit, surtout pas à lui, qui me prend pour une idiote. C’est bien ce que je me disais, il voulait juste se moquer de moi, en faite. Pendant un instant, très court instant, j’ai cru voir une pointe de franchise dans ses yeux, lorsqu’il s’est “inquiété” pour moi. Je me retiens de lever les yeux au ciel, pour montrer mon exaspération. Idiote que tu es, Bulle Éclatante.

Je ne sais même pas quoi lui répondre, du coup. Est-ce que si je reste silencieuse en regardant autre part, il va abandonner et s’en aller ? Je ne sais pas pourquoi mais je ne pense pas que cette solution va fonctionner. Je sens le mâle bouger et certaines parties de son corps craquer. Une grimace apparaît sur mon visage lorsque j’entends ce bruit abominable. Je le déteste - pas Embrasement des Flocons hein, enfin, quoique… - ce bruit, il est insoutenable à entendre pour moi. Je secoue rapidement la tête en serrant très fort mes crocs entre eux. Ma mâchoire se contracte et je sens un frisson désagréable parcourir mon échine. Je ferme les yeux, déglutis péniblement, prend une grande inspiration puis les ouvre de nouveau. Je repose mon regard sur le visage du guerrier, celui-ci arbore également une jolie grimace. Est-ce qu’il souffre à cause de ses craquements ? Est-ce la vieillesse ou les conséquences d’un combat qui fait cela ? Je me remets à le détailler et à l’analyser, comme lorsque ses premiers mots me sont parvenus. Une question traverse alors mon esprit : Est-ce que, par hasard, le guerrier ne serait vraiment pas au courant, pour les rumeurs ? Je réfléchis rapidement. Bon, ça vaut le coup de demander, après tout, qu’est-ce que j’y perds ?

- Tu ne sais vraiment pas ?

Sa réponse est négative. Je l’observe, les yeux plissés, afin d’essayer de connaître la vérité. Me ment-il ? Je réfléchis en baissant le regard. Bon, disons que je le crois dans ce cas. Je prends une nouvelle inspiration, assez longue avant de relever le regard vers lui. Disons… que je lui fais confiance.

- Des rumeurs débiles et fausses courent sur mon dos. Ces rumeurs ne me valorisent pas et c’est pour cela que j’ai droit à de nombreux “affrontements”. Je suppose que si les rumeurs étaient réelles, je mériterais qu’on me traite comme ça mais elles sont fausses, sauf que tout le monde y croit donc, je me laisse faire et je me tais. De toute façon, je ne peux pas me défendre, à part quelques uns de mes amis, personne ne voudra croire ma version. Je soupire, me rendant compte que je me suis beaucoup plus livré que je ne le voulais vraiment. C’est bizarre que tu ne sois pas au courant, t’es sûr que ça te dit rien ?

Un air interrogateur se place sur mon visage. Je suis intriguée de connaître sa réponse.

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Je n’ai pas à attendre longtemps pour avoir la réponse positive du vieux chat. Enfin, vieux, c’est un grand mot, j’abuse un peu sur son statut. Il doit seulement en avoir une dizaine de plus que moi. Pourtant, il paraît en avoir bien plus que moi. C’est peut-être la fatigue, ou le stress qui le vieillisse autant ? Je souris doucement, tandis que je l’entends se lever. J’espère qu’il ne sait pas lire dans les pensées, il ne serait pas franchement heureux de savoir ce que je dis sur lui. Je me tourne vers lui. Il s’étire tant ses os semblent vieux, eux aussi. Décidément… Je n’ai peut-être pas tort de penser qu’il se fait vieux le coco. Il a du mal à marcher mais une fois qu’on est parti, il ne boite plus. Nous traversons le Camp. Les regards nous observent. Allez savoir qui ils regardent avec autant d’attention, entre moi et le mâle. Je suis au centre des rumurs mais je sais écouter celles qui courent sur les autres aussi. J’ai cru comprendre qu’Embrasement des Flocons n’était pas clair comme l’eau non plus. Un caractère facilement inflammable, douteux et imprévisible. Ces trois qualificatifs font peur mais moi, je n’y fais pas attention. Au pire du pire, il essayera de me tuer. Soit j’en meurs, soit j’arrive à fuir. Dans les deux cas, ça m’est égal. Je serais accueilli par le Clan des Etoiles car seuls eux savent la vérité. Ils savent que je mérite plus que tout la place en leur sein.

Le guerrier accélère le pas. Est-ce que lui aussi, il a remarqué les yeux curieux ? Est-ce qu’il est mal à l’aise ? C’est le point négatif à traîner en ma compagnie : on n’est jamais tranquille. Nous arrivons rapidement à la Plaine. Pour le moment, il ne semble pas y avoir grand monde. La patrouille à laquelle je devais participer n’est pas encore passée… Est-ce que cela veut dire que les guerriers ne vont pas tarder à venir ? Je me dépêche alors de poser ma trace sur les frontières. Une question apparaît dans mon esprit : pourquoi je me hâte ? Est-ce la peur qui bat dans mes veines ? Ou alors, le stress qu’ils s’en prennent à moi, à l’abri des regards ? Ils pourront faire tout ce qu’ils veulent de moi, dans un endroit aussi reculé qu’ici et raconter toutes sortes de conneries par la suite… Ce n’est pas mon genre d’avoir peur pourtant. Je suis habituée. Alors pourquoi maintenant ? Sûrement parce que je commence à saturer.

Je jette un regard derrière mon épaule. En même temps, je ne suis pas totalement seule. Il y a Embrasement des Flocons. mais prendra-t-il ma défense si les autres s’en prennent à moi, physiquement ou moralement ? Est-ce qu’il aura le courage de leur tenir tête ? D’ailleurs, je l’ai emmené avec moi en patrouille mais je n’ai toujours pas eu l’occasion de lui dire sur quoi portait la rumeur. Je me tourne vers lui.

- Quand j’avais seulement quelques lunes, je me suis rendue dans la tanière du guérisseur. Ma sœur s’était blessée et j’avais besoin d’un truc pour soigner la plaie. A la place, je suis tombé sur un chat de mon âge, enfin, je crois qu’il avait quelques lunes de plus que moi. Il avait des baies empoisonnées entre ses pattes. Je lui ai dis que c’était dangereux, il m’a répondu que si je ne le laissais pas tranquille, il allait répéter à tout le monde que j’avais volé des baies empoisonnées. Je lui ai ris au museau, évidemment. Qui allait le croire ? J’étais une enfant sage contrairement à lui. Eh bah, tout le monde l’a cru. On m’a hurlé dessus, alors que j’étais encore qu’une chatonne. La réputation de ma mère n’a pas aidé par la suite à améliorer la mienne. Le mâle qui m’a causé du tort est mort, sans jamais rétablir la vérité.

Je ne sais pas trop ce qu’il va faire de cette information. Au moins, maintenant, lui, il est au courant de ce qu’il s’est passé.

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Le petit vieux qui m’accompagne n’a pas l’air ravi par ce qu’il entend. Est-ce parce qu’il trouve que je me plains pour pas grand chose ? Il doit sûrement se dire que je dramatise ma situation, qu’elle n’est pas aussi grave que je le prétendais… Ou peut-être qu’il râle à cause des autres, ceux qui me jugent sans tout connaître de cette “rumeur” qui n’est qu’une vérité déformée (et donc, transformée en mensonge). Il est difficile de savoir ce que pense le guerrier. Lorsqu’il s’exprime, cela devient légèrement plus clair mais c’est toujours compliqué de savoir s’il le pense réellement ou non. Et connaissant mon caractère, c’est encore plus complexe ! Je n’ai pas toujours confiance envers les autres, malgré tous les efforts que j’essaye de faire, je n’arrive pas à me dire que oui, certains chats comme Euca ou Cœur de Grizzli, sont sincères avec moi.

Embrasement des Flocons commence alors à parler. De lui, de sa place dans le Clan, de ce que pense les autres. Il semble me dire qu’on s’en fout, de l’avis des autres. Je serais plutôt d’accord avec lui, si mon passé n’était pas meurtri par tous les regards et commentaires négatifs des membres de l’Ombre. Il me parle aussi de sa fille. Je crois voir qui elle est, Chant des Rivières. Il paraît qu’elle défend les chats victimes de potins. C’est vrai qu’elle a toujours été gentille avec moi. Je ne sais pas du tout si elle a mon âge ou non, avons-nous effectué notre apprentissage en même temps ? Cette période me semble si loin… Surtout que j’ai détesté être apprentie. Ma mentor me haïssait et mes camarades également. C’était un calvaire à vivre. Parfois, je me demande comment je suis parvenu à garder la tête hors de l’eau malgré tout ce que je vivais. Je me suis toujours dit que cela aurait été peut-être plus simple de se laisser couler. Mais j’ai tenu bon, sûrement pour ceux qui m’aiment et surtout, pour un jour pouvoir faire exploser la vérité. La vraie vérité, sur qui je suis.
Il se remet à parler, en détournant son regard du mien.

- Eh. Bulle Éclatante c'est beau comme nom. Mais un éclat, ça a deux sens. Fais gaffe à toi. Si t'as besoin d'aide, viens m'voir. J'suis vieux et un peu con mais quand je commence à gueuler, je fais peur à tout le monde.

Je souris doucement. J’ai du mal à le comprendre, parce qu’il faut préciser qu’il est loin de l’être. Mais là, j’ai l’impression qu’il me dit qu’il est là pour moi, si jamais un jour j’en ai besoin. Il ne semble pas si méchant, pourtant il n’a pas le physique d’un chat gentil : loin de là même. Je hoche la tête.

- Merci, Embrasement des Flocons. Je retiens, ne t’inquiète pas, je le note dans une partie de ma tête.

By Moony for Orenji only