Noir, du noir, broyait du noir. Le jeune félin ne faisait que ça et ce n’était pas lui qui en avait décidé cela, mais son corps, son pitoyable corps et plus précisément ses yeux. Les couleurs lui manquent, les formes également. Voir lui manque terriblement en fait. Son monde lui semble si vide maintenant, c’est horrible. Ses journées sont horribles, tout est horrible en fait. Il aimerait par exemple revoir le soleil puisque maintenant il ne ressent plus que sa chaleur sur son pelage. Il aimerait également revoir le monde qui l’entoure. Malheureusement cela est impossible et puis maintenant il n’a plus que de vague souvenir de comment était sa vie avant, sa vie en couleur. Le petit est tellement malheureux maintenant, plus rien ne le fait rire ou sourire. Sa vie est terne, dénudée de sens. Comment allait-il faire pour continuer à avancer ? Il aurait voulu suivre la voie du guerrier, il voulait être si fort et si bons dans tous les domaines. Mais il faut se résoudre à l’évidence, cela n’arrivera plus.
Tandis que le mâle se roulait en boule dans son nid après s’être au moins cogné deux fois dans les murs de la tanière puisqu’il ne connaissait pas l’agencement de celle-ci quelque nuit plus tôt, il repensa à sa mère. Une larme remonta à la surface avant de se libérer et de s’enfuir. Elle a bien raison cette petite larme, le matou ne devrait pas existait, de sa faute sa mère est morte. Pardon Maman, je suis tellement désolé.
Des images de cette terrible nuit fusèrent dans sa tête - les seules images qui lui restaient en couleurs -, tournèrent affreusement, tourmentant le malheureux novice. La frayeur de perdre sa mère, le courage mal placé, l’effroi devant la bête puis enfin, la terrible douleur qu’il avait ressentie lorsque ce blaireau avait transpercé ces yeux à l’aide de ses griffes.
Après un moment dans lequel il n’avait fait que pleurer silencieusement pour pas que son mentor le remarque, il réussit enfin à s’endormir, non sans mal.
Un bruit familier finit par arriver jusqu’à moi, dans le pays des rêves. Qu’est ce que c’est ? Comme pour répondre, le bruit devint une voix qui l’appelait. Maman ?
Soudain il se réveilla. Dans le Noir. A l’odeur il put reconnaître une autre personne qu’il connaissait bien, sa sœur. Le jeune félin devait avoir une mine interrogatrice car la femelle devant lui – enfin il pensait qu’elle était devant lui – s’exprima de nouveau.

- C'est moi ! Viens, on sort ! Suis-moi !

Se rappelant, comment sortir sans se prendre un mur cette fois - Se cogner lui avait servi de leçon -, il sortit en compagnie de sa sœur hors de l’antre. Grâce à l’odeur et au bruit de ses pas, je pus doucement la suivre.

- Alors, comment ça va ? Comment ça se passe, ton entraînement ? Ton mentor est sympa ? Il s'appelle comment déjà ? Spectre de euh Soleil ? Je sais plus moi, c'est trop bizarre comme nom ! Tu t'amuses ?

Le mâle aime beaucoup sa sœur, mais il ne sait pas si elle sait combien il est malheureux, combien ce chemin qu’il arpente maintenant lui convient pas.

- Oui ça va. L’entraînement est ennuyant, mon mentor veut que je retienne tout le nom des plantes utiles. Mais y en a un tas. C’est Spectre de Lumière. Oui oui, je m’amuse.

Il voulait rassurer sa sœur, il ne voulait pas qu’elle s’inquiète. Si elle s’inquiète son entraînement risque d’en partir, et il voulait qu’elle devienne une grande guerrière. Cependant, son ton sonnait faux. Il n’allait pas bien et il s’amusait encore moins.

Le jeune félin espérait que sa sœur allait lâcher l’affaire. Le mensonge qu’il lui avait sorti l’attristé, il n’aimait vraiment pas lui mentir, cela lui faisait mal. Mais cependant, c’était un mal pour un bien, il ne voulait pas que son morale déteint sur elle. La seule chose qu’il désirait à présent c’était son bonheur. Sa sœur devait être heureuse, pour eux deux. Elle devait donc avoir deux fois plus de bonheur qu’une seule personne pour essayer de combler celui de Nuage Abyssal.
Sa sœur était la personne la plus importante pour lui, le seul être qui mérité la plus grande attention. Il devait donc se mettre en arrière-plan, se préoccuper de lui-même était inenvisageable, sa sœur passait d’abord et loin devant.
D’ailleurs, ce n’était qu’avec sa sœur qu’il avait des conversations normales, les autres ils les rembarraient et leur parlaient comme des crottes de souris. Ainsi, ses camarades pensaient que soit il avait un cœur de pierre soit il n’avait pas de cœur tout court. Et bien, ils ont presque raison. Son cœur est en lambeau, des tas de petits morceaux reliés par un mince fil. Sans ce fil, ce cœur s’éteindrait pour toujours et le mâle n’existerait plus, il cesserait sa maigre existence pour de bon. Le novice ne savait pas si c’était possible de recoudre son cœur et qu’il reprenne un battement vif et vivant.

- Hey, tu vas t'en sortir, tu sais. On va s'en sortir ensemble. C'est... Ça n'est pas facile, je sais. Enfin, pas facile, c'est vraiment pas fort comme terme mais je sais que... Enfin voilà. Et tu sais, si jamais t'a besoin de parler ou de n'importe quoi, je suis là, hein. Je suis là et je serai toujours là.

Tout en usant de son incroyable gentillesse et de son amour, la femelle c’était rapprochée de Nuage Abyssal pour se coller et partager tout l’amour qu’elle posséder. C’est du moins ce que ressentait le mâle qui appréciait cet instant. On est seul mais on est ensemble.
Le jeune mâle ferma doucement les yeux, ce qui ne faisait pas une grande différence, toujours ce noir permanent, mais cela le détendait un peu. Puis il se laissa aller contre sa sœur, contre son pelage et sa chaleur, contre sa gentillesse et son amour, contre sa douceur et sa présence. Il en ressentit chacun de ces phénomènes si puissamment à cet instant qu’il ne put retenir une larme qui s’écoula sur sa joue et échappa à son attention. Une larme qui contenant infiniment plus de tristesse qu’elle ne pouvait retenir, une goutte imprégnait de tellement de vide et de néant qu’habitait le jeune apprenti qui fuyait hors de lui.
Il n'y avait pas besoin de mot à cet instant, les sentiments que tous deux ressentaient suffisaient. Merci chère soeur, merci d'être là pour moi.

Ocy

|| C'est court, sorry

Elle était tout et elle le sera toujours, son grand pilier, fort et puissant, toujours debout, qui lui donne tellement d’espoir et d’amour lorsque ce pilier est à ces côtés. Cependant, il avait peur que sa chère seule le quitte un jour, volontairement ou non. Si jamais, elle le quittait involontairement à travers la mort, il sait que lui ne survivrait pas, qu’il abandonnerait et qu’il se laisserait aller. En revanche si cela était volontaire, qu’elle en ai marre de lui, de ce fardeau, cela lui ferait tellement de mal, pire que la mort. Mais il essayait de ne pas y penser. Alors il faut profiter de cet instant, de ce moment calme ou personne n’existe à part eux. Elle est là, elle est avec lui, c’est tout ce qui compte.
Son pelage doux et chaud, contre le mien, ma tête lovée contre elle. Cela fait longtemps que les deux félins ne se sont pas fait de câlin de la sorte. Pourtant cela fait tellement de bien. Mais ils n’en ont jamais l’occasion. Elle est occupée avec ses entraînement et le jeune mâle avec ces concoctions de plantes. Mais leurs pensées vont de l’un à l’autre, et tous deux savent qu’ils peuvent se parler pour discuter de leur problème ou même discuter de tout et de rien. Ils sont là, ils sont ensemble, c’est tous ce qui compte. C’est égoïste mais Nuage Abyssal s’en fou totalement, il veut être égoïste, il ne veut penser qu’à sa sœur et à personne d’autre de toute façon personne n’atteindrait jamais son cœur, déjà scellé et brisé.

- On sera toujours ensembles, hein ?

Sa phrase le surprit, pourquoi demandait-elle une si grande évidence à ses yeux ? Évidemment qu’il allait rester ensemble à jamais. Que deviendraient-ils séparément ? En tout cas c’est ce que penser le félin.

- Toujours ensemble, à jamais.

Jamais séparer, il refuser ne serait-ce que d’imaginer ce scénario juste improbable et inimaginable à ses yeux. Pourquoi penser un telle chose ? Ils n’étaient plus que deux, et ils allaient rester soudés.

hrp:

A quoi bon s’imaginer une vie séparer, c’est irréaliste. Ils seront toujours ensemble car le contraire serait inimaginable. Impossible pour eux de voir leur vie éloigné l’un de l’autre. Ce serait comme la mort elle-même. Ils sont si liés, c’est une relation fusionnelle. Impossible de les détacher, de les délier. Certains ont même déjà essayé, en vain, juste pour voir si cela était possible ou amusant. Ils se sont juste pris un arbre. Mais ces félins-là ne peuvent imaginer ce que ce lien si fort représente pour eux.

Un instant, c’est un long moment qui défile dans cette vie. Ce moment qu’on ne peut arrêter que dans sa tête aussi longtemps qu’on le souhaite, ou le reste de notre environnement est oublié. Sa sœur, est cet instant, ce moment figé dans le temps, qu’il ne veut jamais voire repartir mais qu’il faut à un moment donné laisser reprendre le cours des choses. Le temps est quelque chose de naturelle personne ne peut avoir une quelconque emprise dessus. Même si parfois elle vous fait une faveur, elle finit toujours par continuer son bout de chemin.

Mais le matou s’en fiche, il est déjà énormément satisfait de ce morceau de temps qu’on lui accorde. Alors, il n’en demande pas plus, enfin, juste une nuit. Un instant de douceur et de quiétude en compagnie de sa tendre sœur qui a toujours su être là pour lui apporter soutient et appuie. Une épaule sur qui s’effondrer, bien qu’il ne l’a jamais fait. C’est pour ne pas que ses fardeaux ne pèsent sur ses épaules déjà bien pesantes avec ses taches d’apprentie guerrière.

Soudain, le novice sent quelque chose sur ses joues, plus précisément, les pattes de sa jumelle. Que va-t-elle faire ? Il ne tente pas de s’en défaire, mais patiente. Alors les pattes levèrent ses lèvres vers le haut. Un sourire ? Ce n’était pas dans son habitude de sourire. L’envie n’y est pas, plus depuis très longtemps en tout cas. Mais c’est sa sœur, et il souhaite toujours lui faire plaisir, ainsi, il l’a laisse effectuer ce sourire jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite et arrête.

- Ça te dit on dort ici ?

Dormir autre part que dans la tanière du guérisseur ou il est censé être ? L’idée le tente tellement si c’est pour rester avec sa sœur. Mais il est conscient que son mentor sera furax s’il n’est pas là-bas. Eh bien, tant pis, il se tapera une corvée, mais rien n’égale sa sœur. Elle passera toujours avant tout.

- Je serais heureux de partager ma nuit avec toi.

Alors, il se colla contre elle avant de se rouler doucement en boule. L’endroit n’était pas très confortable mais il s’en contre fichait éperdument. Il était au calme et avec sa sœur, peu importait tout le reste, ce n’était qu’un veste décor de sa vie. Il lécha affectueusement le haut de la tête de sa sœur avant de posait son visage sur ses pattes et de fermer les yeux.

Spoiler: