Collision Nocturne

ft. Petit Cerisier

La guerrière sombre rentrait calmement au camp. La chasse avait été fructueuse et sa gueule était déjà pleine à craquer de proies qui iraient renflouer le tas de gibier du camp. Son corps se profilait langoureusement entre les branches comme à son habitude, elle se demandait même parfois comment elle pouvait si bien connaitre chaque recoin de ce large territoire, même si elle savait que c'était tout simplement à force d'y passer ses nuits entières à traquer le moindre rongeur, le moindre lézard. Mais ce soir-là pour une fois, elle ne rentrerais pas de justesse pour esquiver les rayons du soleil, peut être retournerait-elle se promener un peu après avoir déposé son fardeau au campement ? Ou bien profiterait-elle de la lumière de la lune en se postant au milieu de la clairière ? L'ébène ne savait pas encore mais voilà qu'elle apercevait l'entrée du camp de l'Ombre.

Elle traversa souplement le tunnel crochu et épineux qui menait à la clairière pour trouver ce grand espace vide et calme, couvert par la lumière pâle de la lune. La patrouille de l'aube ne se lèverait pas avant plusieurs heures et aucun matou ne semblait réveiller à une heure si tardive ce qui n'avait rien d'étonnant au final. L'ébène avait l'habitude d'être seule la nuit en dehors de quelques exceptions. Ses entraînements secrets avec Ciel Ancien, ses escapades en duo avec quelques matous punis et obligé de l'accompagner et les quelques fois où elle avait croisé Embrasement des Flocons également. En dehors de ces exceptions, la vie de l'ébène était bien calme et solitaire, mais ce n'était pas forcément pour lui déplaire. Pour elle qui avait grandit très seule, tout ça n'était que son quotidien, rien de triste ou d'ennuyeux.

Lune Ébène avança d'un pas souple jusqu'à la réserve de gibier qu'elle renfloua avec ses proies, un air satisfait accroché sur son visage. Bien ! Et maintenant ? Rester au camp ne la tentait pas plus que ça alors la féline ébène allait sans doute retourner près des marais, oh non plutôt près des arbres tordus finalement. Elle traversa donc à nouveau la clairière mais sentit soudainement un petit choc près de sa patte avant. Son regard glacial se posa sur la raison de ce choc et trouva là une minuscule boule de poils blanche qui baissa la tête pour s'adresser à elle de façon très polie. Ce chaton ne devait pas même avoir une lune, alors que faisait-elle là en pleine nuit et seule ? Même si elle était au camp, on se savait jamais et puis une petite de cette âge pouvait facilement prendre froid avec un coup de vent.

« Désolée… Je ne voulais pas vous rentrer dedans, je voulais pas sortir de la pouponnière à cette heure-ci… Pourriez-vous ne rien dire à maman, sivouplait ? »

Eh bien, cette chatonne avait été bien éduqué malgré son jeune âge. Son nom finit enfin par revenir à la mémoire de l'ébène, Petit Cerisier, il s'agissait de la deuxième fille de Volcan. La petite avait sans doute échappé à la surveillance de sa mère, les reines laissaient très rarement leurs chatons sans surveillance surtout aussi jeune. L'ébène se rendit rapidement compte d'une chose, cette petite femelle n'avait pas eut peur d'elle, en même temps difficile de la voir correctement en pleine nuit, mais quand même. Elle décida de ne pas "disputer" la chatonne et se baissa à sa hauteur, se couchant presque sur le sol. L'ébène était une guerrière très grande, alors face à un chaton si petit, elle pouvait sembler gigantesque. Elle planta son regard décoloré dans les petits yeux verts de  la féline et lui donna un petit coup de museau. Petit Cerisier avait les yeux grands ouverts et ne baillait pas du tout, elle avait sans doute trop dormi et s'ennuyait à présent dans la pouponnière où tous semblaient assoupis profondément.

Deux choix s'offraient alors à la guerrière sombre. Envoyer la petite chatte se recoucher même si elle n'était pas fatiguée. Ou lui tenir compagnie jusqu'à ce qu'elle soit un peu fatiguée. L'ébène décida de la récompenser pour sa politesse alors elle la surveillerait et prendrait soin d'elle jusqu'à ce qu'elle ait sommeil. Cependant, comment l'occupée ? La guerrière se leva un court instant pour aller chercher quelques feuilles et retourna se coucher sur le flanc près de la petite femelle. Elle vint ensuite déposer une des feuilles comme un petit chapeau sur Petit Cerisier, la plupart des chatons aimaient jouer avec les petites choses qui virevoltaient, alors la sombre espérait que cette petite ne ferait pas exception à la règle.