What dies inside of us while we live ~ Hidoï, Neyo & Sanza

What dies inside of us while we live

Il fallait agrandir le territoire. L’idée trottait dans la tête de Hidoï, depuis plusieurs jours maintenant. Le vent soufflait plus fort dans les plaines, et les cerisiers perdaient déjà leurs feuilles d’une couleur d’or. La plupart des autres arbres pourtant étaient encore verts, et les proies ne se faisaient pas vraiment moins nombreuses. Mais les Troupes avaient connu la famine, le froid et la maladie. Maintenant, ils étaient plus nombreux que jamais, et les dangers également. Il fallait trouver une source de nourriture. Ils pouvaient étendre leur territoire vers l’Est, mais Hidoï voulait vérifier le Sud. Ce serait moins loin du camp, et la forêt était réputée pour être giboyeuse, bien qu’en plein territoire des Escogriffes.
Pour cette raison d’ailleurs, il préféra y aller seul. S’il partait accompagné, il serait tenté de discuter un peu, et même échanger quelques mots pouvait devenir dangereux.

Si on les entendait, nul doute qu’ils passeraient un mauvais moment. Et risquer de perdre un combattant maintenant n’était pas une bonne idée. Hidoï avait annoncé à Nola et à Sanza qu’il patrouillerait à la frontière dans la forêt. Ainsi, s’il lui arrivait quelque chose, elles viendraient le chercher. Il n’avait pas l’intention de se rendre en plein cœur du territoire ennemi, il n’était pas assez fou pour cela. Les Escogriffes étaient partout et souvent, ils dépassaient la frontière. Eux, ils s’en fichaient pas mal, des frontières.
C’était ce non respect des règles qui les rendait dangereux, plus que tout. Ils n’avaient aucun respect et aucune loi ne les retenait de faire ce qu’ils voulaient.

Un instant, Hidoï se surprit à songer aux déserteurs. Ils n’avaient pas été revus depuis leur départ. D’un côté, cela avait évité aux Chasseurs de la Troupe de devoir les chasser, comme ils auraient chassé un ennemi. De l’autre… Personne ne savait s’ils étaient encore vivants. Peut-être avaient-ils rapidement été assassinés par les Escogriffes, dès lors qu’ils avaient franchi la frontière. Le Flambeau ne préféra pas y penser.

Il patrouilla le long de la frontière. Des effluves de chats errants étaient portées par le vent. Soudain, il sentit une odeur plus forte que les autres. Il y avait quelqu’un. Hidoï se raidit, reniflant l’air avec attention. Mais il n’eut pas le temps d’anticiper ; l’adversaire, plus lourd que lui, venait de lui bondir dessus et de le coincer sous lui. Hidoï grimaça, et tandis qu’il tentait vainement de se dégager, il sentit les griffes lui lacérer les épaules.
On l’avait pris par surprise. Il était ainsi fait comme un rat ; piégé, il ne pouvait rien faire de plus que protéger son cou et son ventre des assauts de l’Escogriffe.

Bientôt, le sang lui coula dans les yeux et l’aveuglait, et les forces le quittaient. Il s’effondra sous son propre poids, son pelage trempé de son propre sang. Il avait été vaincu. Pourtant, personne ne vint le tuer. Il attendit, mais il n’y avait plus rien que le souffle du vent dans les branches lorsqu’il perdit connaissance.

(c) Biket