Let’s eat together ! [feat Rivou]

Yeah? Let's do that..?

«  Her kindness fills you with BRAVERY.  »

Feat Argounette | Izu

Ce matin là, je m'étais éveillée en sursaut. Parce qu'un autre chat m'avait réveillée pour que j'aille à la patrouille de chasse du matin. Ne prenant pas le temps de m'étirer, je sortis précipitamment à le suite de mes compagnon de patrouille. Sans mot dire, nous nous enfonçâmes dans les profondeurs du territoire du clan de l'ombre à la recherche de gibier dodu. À mes talons, Silence des Nuits cherchait à me rattraper. Surpris que je détale déjà comme un lapin avec mes petites pattes. Tout le monde se moque de mes petites pattes. Mais beaucoup ignorent que ces petites pattes courent vite et sont habiles, à défaut d'être fortes.

Rapidement, son odeur se perd au milieu des sapins et l'obscurité ambiante perd de son oppression. Je suis dans un bon jour. J'accélère mon pas. Je cours comme une dératée, je me surprend à aimer courir. J'aime le vent qui fouette ma fourrure. J'aime que celle-ci se soulève et s'agite comme elle le fait. J'ai peu d'endurance. Mais je m'accroche. En fait. J'ai plus d'endurance que ce que je croyais. C'est très agréable.

Je me stoppe, essoufflée au milieu des arbres. Seule dans cette forêt si grande et si giboyeuse. Giboyeuse de dangers. Mais je ne sens pas la peur me terrasser. Je ne sens pas d'ombres m'agripper. Je ne sens pas de voix s'accaparer ma réflexion. Le clan des étoiles soit loué, j'ai un peu de répit. Je me sens sortir du cauchemar. Je me sens heureuse de vivre, heureuse de vivre même sans lui. Même sans eux.

Ils me manquent. Ile me manquent cruellement. Mon cœur se serre en réalisant cela. Ils me manque affreusement. Mais si je m'accroche comme je le fais, ils n'auront pas à rougir de m'avoir connue. Ils n'auront pas honte, au clan des étoiles, de dire "Cette chatte, c'est ma maman". Pas honte de dire "Cette chatte, c'est ma compagne".

Mes plaies sont fraiches. Je ne me sens toujours pas capable de vivre sans eux. Mais je sens que je suis en vie et que je suis bien. Même sans eux. N'est-ce pas un paradoxe ? (Il faut que (eux sont morts en couche) tu le ramènes, Rivou. Par tout (Lui avait de belles saisons devant lui) les moyens. Tu dois le (Il devait être heureux) ramener.)

Je m'ébroue. Tout va bien, Riri. Focus.

Alors je me focus. Sur les bruits environnants, les bruits réels. J'entend une proie. Je traque cette proie. Je... L'ai perdue.. ?!

D'accord Riri, c'est pas grave, on continue. Je me concentre, je me focus. J'écoute, j'hume, je ressens dans mes coussinets. Je l'ai trouvée. Je m'approche tout en discrétion. Je l'ai en visuel, maintenant. Je me sens prête à bondir. Je bande les muscles, me prépare, le vent jouant en ma faveur. Je connais cet endroit. Je connais cette proie. Je connais mes capacités. Je vais y arriver.

(HRP : j'ai décidé avec des dés si elle y arrivait ou pas.)

Je bondis. Vive comme l'éclaire, je suis à un POIL de souris de l'attraper, mais la bête entend ma maladresse, se redresse, et fuit.

Mais je ne me laisse pas abattre. Je la suis. Je vais l'avoir ! Je fonce droit vers elle, et plante mes crocs d'un coup dans sa gorge, en plein milieu de mon atterrissage. Je me réceptionne non sans mal, et enterre ma proie. (Je suis fière de toi, Rivou.) Faisant taire cette voix d'un revers de la queue, j'avance la truffe en l'air et la gueule entrouverte à la recherche d'autres proies. Aujourd'hui. Sera une bonne journée.

[...]

Lorsque je traversai les plantes de l'entrée du camps, la gueule remplie de proies, je ne voyais rien à ce qu'il y avait devant moi. Les narines obstruées par l'odeur acre du sang, je me repérai tant bien que mal et posai le gibier frais avec les autres.

En léchant le sang sur mes babines, son goût légèrement métallique me rappela à ma faim. Je secouai cependant la tête en remarquant Silence des Nuits, à quelques queues de renard de moi. Je ne voulais pas lui parler. Il voulait me parler. Autant partir.

« »

Je fais volte-face pour retrouver Nuage Argenté. Elle avance vers moi tranquillement. Toute calme et toute tranquille. Cela m'aide à me détendre. J'en oublie même Silence des Nuits. (Il reste cependant une chose que tu n'oublies pas, Riri).

« » Miaulais-je teinte d'un léger sourire. Elle avait l'air toute ensommeillée. Mais sa fourrure était impeccable. Brillante et sublime. J'aurais aimé avoir une fourrure pareil. La mienne est si danse et drue sans être pour autant longue, qu'au moindre mouvement elle deviens une forêt d'épicéas à elle toute seule.

Je l'invite à prendre une proie et nous nous installons légèrement à l'écart. Traversant une partie de la cacophonie du camps ombreux tout juste réveillé. Ayant l'instinct de me justifier, je lui désigne discrètement Silence des Nuits de la truffe, le frère de mon compagnon décédé.

(Elle est guérisseuse, Riri.) Nous nous installons paisiblement au soleil matinal, qui ne sera à son point culminant que dans plusieurs heures. (Rivou, elle doit savoir des choses) Et mangeons nos proies. (Silence des Nuits vous regarde, Riri) J'attend de l'entendre parler. (Tout le monde vous regarde. La juge d'être avec toi) Elle et sa jeunesse tendre. (Tu devrais avoir de l'entraîner là dedans) Je me surprend à me rappeler mon court moment de joie, là dans la forêt. Quand j'ai couru à m'en (Demande-lui comment le ramener, Rivou.)terrasser la trachée.

(c) by Moussy

Yeah? Let's do that..?

«  Her kindness fills you with BRAVERY.  »

Feat Argounette | Izu

Dans mon brouhaha illusoire, je ferme les yeux dans l'espace d'un simple petit instant. Allongée près de moi, j'écoute la jeune apprentie guérisseuse manger. Sa plénitude m'apaise et m'en rend presque somnolant. Tranquille à mon tour. Paisible comme une rivière après une crue monstrueuse.

« Oh ! J’ai appris un nouveau cataplasme hier ! Lueur Abyssale m’a apprit que la grande camomille et la lavande mélangés ensemble et appliquer sur le torse d’un chat, ça le soignait plus rapidement d’un rhume que les baies de genièvre ! »

Sa jolie petite voix me tire de mes pensées. Cette chatte est un adorable petit rayon de soleil. Je lui offre un sourire franche. Peut-être celui-ci fera briller mon visage avec autant de beauté que le tien, Nuage Argenté ? Une question arpenta mon esprit en serpentant entre mes pensées. Elle se faufila dans mon esprit, mon âme, mon cerveau, que dis-je mon être tout entier, jusqu'à ce que je la laisse sortir.

« Nuage Argenté. Ma voix est douce, vive, intéressée. Mais également transie de froid, de peur et d'une certaine dose de folie. Est-ce qu'il y a un remède contre la mort ? Lueur Abyssale ne t'en a pas parlé ? Il faut que- » Je m'arrête. Mon regard se perd dans le vide un instant. Puis revient à elle. À une réalité qui n'est qu'illusoire. Commencer, continuer, mais surtout terminer cette phrase aurait été formuler à voix haute, exprimer une idée si farfelue qu'elle me vaudrait sûrement de perdre définitivement pieds avec toute forme de lucidité. Il faut que je le ramène. Aurais-je voulu dire.

Cette idée farfelue ne peut qu'exister. Il ne peut pas en être autrement. Je dois le ramener. Je vais le ramener. Je ne sais pas comment. Je ne sais pas dans combien de temps. Mais je vais le ramener. Et si je dois prendre sa place dans la mort, alors je le ferais. Il doit vivre. Il doit être heureux. On se l'était promis.

Je regarde la jeune chatte avec dans l'œil cet air de folie incandescente, je dois le ramener. Je vais le ramener. Je ne fais que questionner comment. Peu importe le temps, peu importe le prix, je donnerai tout ce que j'ai pour le ramener.

(c) by Moussy

Yeah? Let's do that..?

«  Her kindness fills you with BRAVERY.  »

Feat Argounette | Izu

Mon regard brûle d'un feu glaciale et doux, il est rivé sur les mots de cette petite apprentie guérisseuse qui est de sur-croix mon amie. J'attend ses mots comme si ne pas les entendre me ferait perdre la raison. Bien que je pense l'avoir déjà perdue.
« Tu sais, Rivière, si nous pouvions soigner la mort, nous l'aurions déjà fait, crois moi. »
La voix est douce, angélique. Me sortant délicatement de ma transe hypnotique. Avec précaution et avenance. Comme si je risquais de me briser. Peut-être a-t-elle raison. Je me sens si fragile. Je me sens brûler, en réalité. Les flames qui sont miennes me consument, elles dévorent mon âme. Que puis-je y faire ? Je suis impuissante face à un tel pouvoir.

Bien-sûr qu'on en peut pas soigner la mort. Je ne le sais que trop bien. Mais je me dis que peut-être, avec ce feu que j'ai, je pourrais faire quelque chose. Quelque chose pour lui. Je veux faire quelque chose pour lui. Je dois faire quelque chose pour lui. Je ne peux pas rester sans rien faire. Je ne dois pas rester sans rien faire. Je vais réussir. Il faut que je réussisse. Je vais réussir. Je vais le ramener. Je me fiche de ce que ça va me coûter, même si je dois le payer de ma vie, je le ramènerai.

Je descelle mes babines. C'est comme si elles allaient se disloquer. Je commençais à en avoir mal. Je regarde la guérisseuse. La folie en lueur dans mes yeux. Je continue de regarde Nuage Argenté, la mine sérieuse. J'ouvre la gueule pour parler, mais je suis trop crispée, je n'arrive pas à parler. Je vais lui demander de m'emmener à la pierre de lune. C'est la seule solution que je vois pour le moment. Il me faut m'y essayer.  

« J'ai envie de te promettre quelque chose Rivière. Si jamais il m'apparait quand je serais à la Pierre de Lune, je te promet de te dire ce qu'il m'aura dit, d'accord ? »

La voix est douce. Angélique. Elle me sortant délicatement de ma transe hypnotique. Je vais me briser. Je sens que je suis sur le point de me briser. Par le clan des étoiles, je suis en train de me briser !

« Nuage Argenté ! Mon ton est implorant. Ma voix se brise un peu plus à chaque syllabe que je prononce. Elle a perdu toute sa détermination folle, elle n'est plus que douleur et supplications. Je supplie de tout mon être qu'il revienne, qu'on me le rende, que je le ramène. Nuage Argenté, il faut que je le ramène ! O-On se l'était promis ! On s'était promis d'être heureux, ensemble ! Je le lui ai promis !! Je peine à reprendre mon souffle. Je suis en train de tout lâcher. Mon cœur n'est pas en train de battre, il n'est pas non plus en train de trembler il est en train de vibrer dans ma poitrine. Comme à vif, ployant sous la déflagration d'un feu incandescent qui me dévore vivante. Je vais le ramener. Je sais pas comment, mais je vais le ramener ! Je peux pas, je peux pas, j'ai besoin de lui, notre promesse, j'ai vraiment besoin de lui ! Je vais le faire revenir, je te le jure, je vais le faire revenir, il ne peut pas être parti comme ça, c'est impossible, il doit revenir, ça ne peut pas se finir comme ça ! »

Dans ma détresse, les larmes montent puis débordent non pas comme un ruisseau constent mais comme un torrent enragé. Je marchande au clan des étoiles. Je marchande de tout mon cœur au clan des étoiles. Je ferai tout ce que vous voulez, mais ramenez-le moi !

J'ouvre la gueule. Je veux lui parler. Nuage Argenté est face à moi. Elle me soutient. Elle est mon amie. Mon soutient. Mon épaule. Ma gardienne. Ce n'est pas l'exemple que doit montrer une guerrière à une jeune apprentie. J'ai soudain honte de moi.

« On se l'était promis... » La douleur est forte. Elle m'assaille virulemment. Je ne sais comment y faire face. Je veux te ramener, Hurlement des Flammes... Je veux vraiment te ramener. Ne veux tu pas me dire comment ? «
Je voudrais tellement le rendre heureux... » Je n'y suis pas prête. Je ne suis pas prête à te laisser partir. Je ne veux pas briser notre promesse. On doit apprendre à vivre, ensemble. On doit apprendre à être heureux, ensemble.

(c) by Moussy

Yeah? Let's do that..?

«  Her kindness fills you with BRAVERY.  »

Feat Argounette | Izu

Je ne suis plus là. Je ne suis plus là ? Je ne suis plus là !! Hurlement des Flammes, où suis-je ? Où es-tu ? Que se passe-t-il ? Je ne comprend plus ni où je suis, ni qui je suis, ni ce que je fais. Je me sens dévorée vivante par tes flammes, reviens, reviens, reviens, reviens je t’en pris ! J’ouvre les yeux pour que ceux-ci rencontrent quelque chose de familier.

Mais…

Rien n’apparut. Pas le moindre filament de lumière, de forme, de couleurs. Pas le moindre. J’ouvre les yeux mais il n’y a rien. Rien que le noir incandescent qui me brûle la rétine au lieu de l’apaiser. Un noir blanc, brûlant, mais brûlant de rien.

Mes poils se dressent, sur mon échine. Je les sens se débattre dans la nuit pour trouver de la lumière, pour trouver du son, pour trouver quelque chose de tangible, quelque chose de rassurant. Quelque chose qui soit là, qui m’accueille à bras ouverts.

Mais il n’y a rien.

Rien que le flot constant de mon sang contre mes tempes. Ce flot constant et terrifiant, qui me pétrifie autant qu’il m’hypnotise par sa régularité, alors que je suis en train de me noyer dans mes propres émotions.

(Riri… Tu lui avais promis, non ?) Oui. Je le lui avais promis. Promis qu’on serait heu-(Ça, c’est votre promesse de quand vous vous êtes mis ensemble. Mais que t’a-t-il demandé, le jour de votre rencontre ? Rappelle-toi, Riri. Rappelle-toi.) Ce qu’il m’a dit le jour où nous nous sommes rencontrés ?

(Oui Riri) Ce qu’il m’a dit quand nous nous sommes rencontrés… (« ...ois ..lu.. ...rte... ») (Il ne te l’a pas dit qu’une seule fois, Riri. Rappelle-toi. La fois où vous vous êtes mis ensemble, pourquoi vous vous êtes mis ensemble, grâce à cette promesse ? Que s’est-il passé ?) Ils se sont battus. (Qui se sont battus ? Pourquoi ils se sont battus ? Qu’as-tu fais toi ?) Papa et Hurlement des Flammes. Ils se battaient parce que j’ai fais une crise dans la forêt et Hurlement des Flammes m’avait laissée seule dans la forêt, parce qu’il ne réussissait pas à me calmer. Et Papa est venu me chercher, puis s’est attaqué à lui. Nous étions encore des apprentis. (Et qu’est-ce que tu as fais ?) Je l’ai défendu. (Qui ?) Hurlement des Flammes. (Et comment papa a réagit ?) Mal. (Mal comment, Riri.) On s’est battus, et il a essayé de me noyer. (Et après ?) Je suis rentrée auprès de mon compagnon, et nous avons dormi l’un autre l’autre. Le l’endemain, il n’a pas parlé. Sauf à la fin de la journée. Il m’a prise à part et il (t’a dit quelque chose. Il t’a dit quoi ?) Qu’il était fière de moi. (Pourquoi était-il fière de toi, Riri ?) Parce que je m’étais montrée forte et courageuse. (Ce n’est pas exactement ce qu’il t’a dit. Que t’a-t-il vraiment dit, Riri. Tu t’en souviens.) Je ne sai-(mensonge)

« Merci, Nuage des Rivières. De m’avoir défendu. T’sais. J’suis fière de c’que t’as réussis à faire. T’as été forte et loyale. Plus que je ne le serais jamais. » Je savais, à ce moment là, que ces mots lui pesaient, qu’il lui coûtait énormément de me les dire. Je sus à cet instant que je réussissais à le changer, à l’adoucir, à le rendre non pas comme il se forçait à être, ni comment ses parents et le clan voulaient qu’il soit, mais comment lui voulait être. « Y-a un truc que j’ai toujours… Vu (Riri, tu vois ce mot, briller dans ses yeux ? Non hein, tu vois dans ses yeux qu’il ne le voit pas en toi, mais qu’il l’admire) en toi… C’est ton courage. Puis t’as toujours été une pleurnicharde peureuse et fragile. Mais là, tu étais forte et courageuse. J’suis… Fier de toi.. Nuage des Rivières.. »

Du fond de mes ténèbres, j’ouvre les yeux. Et cette fois, le force à lumière à percer l’aveuglant magma de noirceur. Reconnectée à la réalité, je sens contre moi la fourrure de mon amie. Mon cœur s’apaise, mon souffle se calme, mes hallucinations se calment. Ne reste que la voix de mon défunt compagnon qui me parle. Qui me parle depuis nos souvenirs ensemble, me rappelle avec douceur que si mon vœux étaient de le voir heureux et épanoui, le sien étai de me voir forte et courageuse.

Puis, je pense aux petits que nous avons perdus. À ces vies réduites à néant en si peu de temps. Ces vies qui auraient dû vivre. Qui auraient dû avoir des parents. Ces vies dont les voix douces de l’enfance la plus tendre aurait dû raisonner dans ma tête au moins une fois. Où sont-ils, eux ? Le clan des étoiles les ont-ils recueillis ? Sont-ils avec leur père ? Sont-ils heureux ? S’en sort-il, seul avec eux ? Est-il heureux, jeune papa ? Confuse, je réalise que Hurlement des Flammes n’est pas seul. Qu’il peut encore être heureux, même si je ne suis pas auprès de lui. Je trouve cela beau. Rassurant. Cela m’emplit d’un sentiment de plénitude mêlée de douceur que je n’avais guère ressentie depuis fort longtemps.

- Nuage Argenté ? Tu sais. On voulait tout les deux autre chose, en plus d’être heureux, ensemble. Je voulais qu’il soit heureux, accompagné, sûr de lui. Il voulait que je sois forte, sûre de moi et que je reste courageuse. Le regard perdu dans le vide, je réanime soudain celui-ci pour qu’il te regarde, droit dans les yeux, Nuage Argenté. Lui, il a nos petits, avec lui. Moi. Je suis une guerrière, courageuse et forte. Hein ? Je vais y arriver. Hein ?

Je ne veux pas être toute seule, j’ai peur, j’ai mal, mais je me sens guerrière. Guerrière armée de courage et de force, de beau beaucoup de courage et de beaucoup de force. Je me ses capable. Je me sens entourée. Je me sens aimée. Je me sens forte.

Ça va aller, hein ?

(c) by Moussy

Feat Argounette | Izu

Les aiguilles de mon temps se stoppèrent un savoureux instant. Je cru qu'il ne se terminerait jamais. J'aurais aimé, qu'il ne se termine jamais. Sentir la fourrure dense et douce de Nuage Argenté se pelotonner contre moi fit battre mon cœur de nouveau. Juste un simple battement de cœur hors du temps. Hors des lunes qui s'égrènent comme une trainée de poudre. Loin du deuil, loin de la douleur. Proche de la chaleur, proche de la douceur.

J'écoute la seule chose qui me prouve de manière concrète que j'existe encore. S'il existe un endroit où appuyer ferait disparaître la douleur, je pense que Nuage Argenté l'a trouvé chez moi. Comme j'aimerais le trouver pour elle. Comme j'essaie de le trouver pour mon père. Comme j'ai toujours voulu le trouver pour Hurlement des Flammes.

Je pense que je peux vivre. Que j'en ai le droit. Que j'en ai même le devoir. Pour les personnes qui tiennent à moi comme je tiens à eux. Je vois dans les yeux de la petite guérisseuse qu'elle voudrait me revoir sourire. Comme quand j'ai constaté le bonheur insouciant de Hurlement des Flammes face à ma grossesse.

Cette pensée fait apparaître sur mes babines un début de sourire. Nos petits sont ensemble. Et ils sont avec leur père. Cette pensée me fait sourire un peu plus. Tournant le bleu azure de mes yeux vers le sien, je lui sourie à elle aussi. Elle qui est là à me réconforter. Je suis fière de ma petite Nuage Argenté. Qui sera plus tard j'en suis sûre une merveilleuse guérisseuse.

Ma chère Nuage Argenté, est-ce que mon sourire traduit cet instant hors du temps ? Traduit-il ma fatigue ? Traduit-il la douceur que tu as laissé au creux des oreilles ? J'aimerais savoir. Sortir de mon propre corps pour voir à quoi ressemble mon expression.

Deviner dans mon iris et dans mes traits chacune des émotions qui m'habitent. Peut-être y voir dans un reflet les visages de mes êtres choyés disparus. Tu sais Argounette, j'ai pu me relever de bien des choses jusqu'à présent. J'ai comme le sentiment que cette fois encore, tout ira bien. Même si mon monde tout entier n'est plus rien si ce n'est des ruines ayant été balayées par le vent. Toi, tu es là. Et Papa est là. Et je sais que même si elle n’est pas ma mère, Lune Ébène me comprend et sera là pour moi, quoi qu’il se passe. Je crois en l’avenir de Papa et de sa nouvelle compagne, je crois en la possibilité d’être grande sœur. Tout comme je croyais en la possibilité d’être maman.

Peut-être le serais-je à nouveau. À tout hasard, avec mon grand chat gardien, protecteur au grand cœur. Je repense à eux. À mes petits disparus. Ils sont morts nés, mais ils avaient déjà un début de fourrure.

« Tu sais. Si j’avais pu les élever, même sans lui, j’aurais été heureuse. Je les ai vus. Et je leur ai choisis de beaux noms. » Se dessine tout en douceur leurs petits corps bourgeonnants de vie. Comme je ne les avais jamais vus. « La petite rouquine se serait appelée Petite Braise. Étoile Fragmentée l’aurait appelée dans bien des saisons Caresse de Braises. Elle aurait été une guerrière fière et dévouée. Aussi énergique que son père. Il y avait un petit chat noir. Lui. Il se serait appelé Petit Rêve. Il aurait été un guerrier voulant être guérisseur. Comme toi. Il t’aurait adorée. J’en suis sûre. Et Étoile Fragmentée l’aurait appelé Rêve de Tendresse. Il aurait été un petit garçon silencieux et timide. Aussi petit que moi. Il y aurait eu une grande chatte grise. Petite Obsidienne. Cri d'obsidienne. Elle aurait été une vraie tête brûlée. Et aurait emmenée sa sœur rousse partout avec elle dans ses bêtises. Et il y aurait eu le partenaire de jeux de Rêvou. Petite Bulle aurait été un petit chat noir et blanc, peut-être aurait-il été écaille de tortue et blanc, en grandissant. Il se serait appelé Mélodie des Bulles. Et il aurait été l’apprenti de Bulle Éclatante. Ils se seraient très bien entendus. »

Une larme se perd dans la fourrure de la guérisseuse. Mais mes yeux brillent d’amour et de joie. « Ils le seront. Ils feront de grandes choses. Mais c’est leur père qui les acclamera. Et qui sera fier d’eux. Et il sera fier de moi. Parce que je suis une guerrière forte et courageuse. Qui a réussi à se reconstruire. »

(c) by Moussy