Cœur de Lynx ne supportait plus le pouvoir imposé par Sourire Espiègle et ses sbires. Chaque jour à leur " obéir " semblait être une lacération, et pourtant pour le bien du clan : il devait se mêler à la foule, ronger son frein et attendre le retour de leur cheffe et lieutenant légitimes.
Pas un jour ne passait sans qu'il ne songe à se jeter sur l'un de ces intrus, et après coup, penser à la valeur de sa propre vie. Il ne devait pas se faire tuer aussi inutilement, en sachant qu'un beau jour, la véritable justice triomphera.

Et cette journée semblait être celle tant attendue. Car assis et droit comme un I, le rouquin ne put s'empêcher de toiser l'allié du compagnon à Etoile Courageuse : Folie des Nuits, qu'il avait un jour pu considérer comme un camarade. Corrompu à la moelle par la soif de pouvoir, comme beaucoup de matous qui avaient décidés de le suivre.
Cependant, tous ceux-là allaient enfin payer : car voilà qu'une attaque fut lancée sur le camp. Les cris déchirèrent le ciel, les coups de griffes et de morsures semblaient bourdonner aux oreilles de chacun. Derrière tout ce qui semblait être une bataille ordinaire : se tenait les chefs des autres clans, accompagnés ni plus ni moins de la meneuse de la Rivière.

Un sourire se dessina sur les babines du guerrier, qui avait tant attendu ce jour. Et ne lui en fallu pas plus pour s'engager dans le combat, face à ces vils imposteurs.
Son premier choix fut d'ailleurs Folie des Nuits, celui qu'il avait toisé quelques minutes plus tôt. En effet, il se jeta sur lui puis ils roulèrent tous deux au sol, pour être finalement séparés par la chute. Se relevant immédiatement, Cœur de Lynx était visiblement prêt à en découdre et il le lui fit comprendre. « Bandes de traîtres. Vous allez payer pour tous vos mensonges et toutes vos trahisons ! » feula-t-il, faisant surtout référence à son adversaire et à Sourire Espiègle : ceux-là qui avaient tout commencé et qu'il tenait pour coupables dans ce coup d'état. Ceux-là même qu'il détestait plus que tout désormais.

La tension entre les deux félins était palpable, et même si Cœur de Lynx restait sur ses gardes, le sourire narquois de son adversaire lui donnait cette envie terrible de foncer dans le tas. Heureusement pour lui, il tint bon, soutenant ce regard moqueur et cet air supérieur qu'arborait Folie des Nuits. Cela avait toujours été dans son personnage, alors il finirait bien par s'y habituer pendant une bataille.
Cependant, lorsqu'il énonça sa loyauté envers Etoile Courageuse et à quel point son choix était mauvais, un feulement rauque sortit de sa gorge, totalement agacé par cette remise en cause du félin. Néanmoins, le rouquin n'eut pas le luxe de s'acharner le premier sur son ennemi. Car à peine lança-t-il son discours sur le Clan des Etoiles, que le matou se jeta sur lui, toutes griffes dehors et lui agrippa le dos. Un grognement de douleur se fit entendre chez le tigré, ayant bien du mal à se débarrasser de ce vil serpent.

Heureusement pour lui, Brume du Matin se joignit au combat, délivrant Cœur de Lynx de son assaillant, non sans le propulser au loin à cause du choc de l'impact. Se relevant à une vitesse incroyable sous l'effet de l'adrénaline, il rejoignit précautionneusement les deux félins, toutes griffes dehors en cas de contre-coup. Seulement, leur lieutenant avait le dessus, et il le fit bien comprendre à Folie des Nuits juste avant de le blesser à la gorge. « Et ne penses pas pouvoir t'échapper. » grogna le rouquin tout en faisant un signe de tête à Brume de Matin. Ils auraient la peau de ce matou à deux.

La paix avant tout.

Ils sont revenus. Franchement, cela ne m’étonne pas. J’aurais été légèrement déçu s’ils n’avaient pas essayé de reprendre le contrôle de leur propre Clan. Et puis, ce n’est pas comme si je n’appréciais pas me battre et faire saigner mes ennemis, n’est-ce pas ?
Un grand sourire accompagne mon regard moqueur. La catastrophe, partout. Quel plaisir de voir les membres de tous ses Clans vouloir la paix… Ils sont mignons, comme si c’était possible. Tranquillement posé sur la souche, je vois celle qui hante encore mes nuits accourir. Oh, elle est là. Je vais enfin pouvoir accomplir ce que je souhaite le plus au monde et qui occupe tout mon sommeil : égorger Cœur Lunaire, ici et maintenant. Néanmoins, je ne m’attendais pas à ce que l’ancienne meneuse du Clan soit aussi rapide. C’est peut-être la haine et la rage qui lui donne autant d’assurance. Elle me saute dessus, les griffes à l’air. Oui, c’est bien de la colère que je lis dans le fond de ses yeux. Elle s’accroche à mon dos, me blessant alors considérablement. Elle m’en veut, ça se sent. Elle veut me faire la peau, tout comme moi, j’ai envie de lui faire la peau. Je me remue dans tous les sens, voulant la faire tomber de là-haut mais en vain. Elle était bien accrochée et bordel, je le sentais. Je pouvais presque voir des bouts de peau se décrocher ! Quelle folle, je ne la pensais pas autant avide de vengeance. Ca me plaît !

Un allié vient alors à ma rescousse. Grâce à lui, Cœur Lunaire tombe de mon pauvre dos meurtri, ce qui me permet de me concentrer sur mon but premier. Je me remets de mes émotions avant de me remettre à l’attaque mais ça, c’était avant que celui qui est venu à mon secours ne s’en va, la queue entre les pattes. Il a essayé, c’est un début. Cependant, je ne pensais pas que nous avions des faibles dans notre groupe de solitaire. C’est bien dommage. La voix de mon ancienne compagne résonne. Oh, elle s’adresse à moi. Je ne l’écoute qu’une oreille distraite. J’ai comme l’impression qu’elle me menace. Elle croit vraiment qu’elle me terrifie ? Et puis, comme si j’allais l’écouter. Ce serait mal me connaître, vraiment ! En même temps, j’ai caché qui j’étais pndant des lunes : elle ne me connaît pas. Donc, elle ne peut pas savoir que NON, je ne fuirais pas.
Je me lance sur elle, crocs sortis. Elle tente d'esquiver mais je parviens tout de même à lui choper une patte. Je mords aussi fort que je peux mais elle me fout un coup de griffe sur le visage. Je lâche prise sous l’étonnement. Elle se défend vraiment bien ! Après plusieurs minutes de bagarre, elle place un nouveau coup, sur une blessure qu’elle m’a déjà infligée plus tôt. Je grogne : ça, c’est très douloureux. Il faut que je la fuis, que je trouve une autre solution.

En regardant autour de moi, je remarque que nous sommes très mal partis. Les solitaires sont beaucoup moins nombreux que les ennemis. On va perdre dans tous les cas, je n’aurais pas pu assouvir mon envie de voir disparaître ce foutu Clan. Une solution, je dois trouver une solution. Mon regard croise celui de la pouponnière. Il me semble que des petits chatons y résident. Ce serait la diversion parfaite pour nous permettre à tous de fuir. Je demande à quelques solitaires de me suivre. Nous nous débarrassons du peu de monde présent devant la pouponnière et nous prenons en otage les chatons présents. Nous sortons de là, la tête haute, les petits dans la gueule. Je lance des regards noirs à ceux qui tentent de s’approcher de nous, signe que j’égorge celui présent entre mes crocs si l’un d’entre eux font un seul pas. Je dépose le chaton sur le sol et l’empêche de bouger en posant ma patte sur son flanc.

- Ecoutez-moi ! Mon cri puissant et féroce fait taire les cris de haine. Les petits sauveurs de la paix vont gentiment laisser partir les solitaires. Sinon, ils y passent.

Je sors une griffe pour la placer sous la gorge d’un des chatons.