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TIME tome 1 Quand tout commence

Éclipse de Lune
Staffien à la retraite
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Éclipse de Lune
 Ven 3 Déc 2010 - 9:45
Tu dois avoir du succès avec tes histoires alors !
Le Staff
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Le Staff
 Ven 3 Déc 2010 - 18:27
4
Katrën



‘‘Les armes créées dans le volcan sont d’unequalité étonnante. Les cyclopes travaillent minutieusement et efficacement.Lave, le directeur, est accueillant et chaleureux, bref cette forge a tout pour plaire… ’’
Bulletinannuel, Inspection du 4 Aogustrën 122


P

ourquoi Neige Brûlante les avaitguidés ici ? Même le dragon l’ignorait, mais il sentait une force magique.Il commença à gravir la pente abrupte et cendreuse du volcan. Ses compagnons,qui n’avaient pas compris pourquoi il montait, le suivirent malgré eux.
Ecume, épuisée, finit par s’assoir sur un bloc d’obsidienne. Elle levala tête. Time, en sueur, était en tête après le dragon. Ynès était toute rougeet essoufflée. Ecume voyait le cratère à trois cent mètres au-dessus d’elle.Elle regarda en bas. La vue était vertigineuse. Elle s’immobilisa, ellen’aurait jamais dû se retourner. Ses compagnons, ignorants son arrêt,continuaient de monter. Elle cria. Le dragon se retourna et renifla, et tout lemonde finit par l’attendre. Ils l’encourageaient comme ils pouvaient maisEcume, paralysée par la peur du vide, n’avançait pas. C’est alors que survintdans les airs un dragon rouge. Il attrapa les grimpeurs exténués dans sespuissantes serres et les déposa au sommet, juste devant le cratère. Quand Timevoulut lui caresser l’échine pour le remercier, le dragon se transforma en un espritde leur âge. Il avait les cheveux roux flamboyant et la peau sombre. Très poli,il se présenta :
- Bonjour, jem’appelle Lave, esprit du Feu et gardien de ce volcan.
- Oh non, murmura Time, pas lui…
Ecume luilança un regard assassin et rattrapa le coup.
- Enchantés ! Voici Time, et masœur Vague et moi, Ecume, esprits de la Mer.
- Heureux de vous connaître, chèresnéréides…
Il leur fitune révérence. Time eut soudain l’impression qu’il ne l’apprécierait pasbeaucoup, ce Lave. Mais Lave aussi, apparemment. Il lança un regard noir àTime, comme si le connaissait et qu’il lui en voulait pour quelque chose.
- Mais laissez-moi vous fairevisiter ce beau volcan…, proposa Lave.
Les filles,sous le charme, acceptèrent aussitôt. Time rechigna, jaloux, et resta enarrière de la marche. Il grommelait dans son coin pendant que Lave leurracontait les dégâts de la dernière éruption. Le volcan était actif et uneodeur de souffre et un bruit de forge venaient des profondeurs du cratère.
- Ce sont les cyclopes qui forgentnos armes au cœur des volcans, voici d’où vient ce bruit, expliqua Lave. Lesfilles, très intéressées, lui posaient plein de questions.
- N’importe quoi, grognait Time,toujours en arrière.
- Excusez-moi, je dois m’absenter unpetit moment, je reviens très vite ! annonça soudain Lave
Ils n’eurentpas le temps de répondre qu’il plongea dans le cratère en fusion comme s’ilplongeait dans une piscine. Il disparut au milieu des vapeurs et du magma.Ynès, s’apercevant soudain de la présence de Time s’approcha de lui. Il tournala tête et se mit à bouder. Elle s’assit silencieusement à ses côtés.
- Ben qu’est-ce qu’il t’arriveTime ? Tu n’as pas prononcé un mot depuis l’arrivée de Lave…, luimurmura-t-elle à l’oreille
- Humm, grommela-t-il pour touteréponse. Ynès, bien décidée à le taquiner, lui prit le menton et reprit :
- Allez, souris quoi ! Ne faispas ta tête de mule ! Toi qui es si bavard d’habitude. Allez ;fais-moi un joli sourire.
Il lui fit unsourire forcé en rougissant.
- Ben voilà ! Maintenant, turestes avec nous et tu t’intéresses aux explications de Lave, ok ?
Il rechigna,mais face au sourire chaleureux d’Ynès, il ne résista pas et accepta, heureuxtout de même qu’elle ait autant insisté. Une voix les appela :
- Venez me rejoindre, je vousattends !
- Mais comment fait-on pour entrer ?cria Ecume dans le cratère
- Faites comme moi !
Ecume avala sa salive et regarda ses compagnons d’un air désespéré. Ayantsoudain repris tout son courage, Time s’approcha du cratère, respira un coup etplongea dans le vide. Les filles attendirent, anxieuses, quand une voix criades profondeurs du volcan :
- Vous pouvez venir, il n’y a aucundanger !
Elles seregardèrent, haussèrent les épaules et Ynès plongea à son tour. Sa sœur l’imitabien vite, quoiqu’elle ait peur du vide. Elle ferma les yeux et sauta.
Elle entendait le vent souffler à ses oreilles. Après une chute qui luisemblait interminable, elle ouvrit les yeux et vit qu’elle avait touché terre. Elleétait en plein cœur de la chambre magmatique du volcan. Il faisait une chaleuraccablante. Elle se trouvait sur une plateforme contre la paroi. Au centre dela salle, il y avait un lac de roche en fusion, et, tout autour, des feuxallumés où des cyclopes faisaient fondre des bouts de métal.
- Comment est-ce possible ? dit-elle, émerveillée
- Tu n’avais jamais vu l’intérieur d’un volcan ? demanda Lave d’unton naturel. Pourtant je croyais que les cyclopes étaient vos demi-frères…
- C’est exact, mais jamais notre père nous a invités dans une forge…
Un jeunecyclope de deux mètres de haut vint à leur rencontre.
-Voici Charly, notre plus jeune cyclope. Charly, voici tes demi-sœursEcume et Vague, accompagnées par Time leur…ami ?...
Time commençait à s’échauffer. Il y avait quelque chose, la façon dontLave avait prononcé le mot ami… Timen’allait pas pouvoir le supporter plus longtemps.
- Bonjour !! fit-il d’une voix forte et rauque et il ajouta endirection de Lave :
- Patron, il y a un problème au niveau du four n°11…
- Je viendrai voir, je te promets. Maintenant retourne au travail, s’ilte plait.
Une fois queCharly eut tourné les talons, le trio de voyageurs répéta :
- Patron ?!
- C’est le dieu de la Mer en personne qui m’aproposé cette tâche…Pour tout vous dire, je suis très proche de votre père, detemps en temps, il m’invite dans son palais…
- Et c’est comment ? demandèrentles filles, les yeux et les oreilles grands ouverts.
- Magnifique !
- Quel crâneur ! grommela Time
Lave s’arrêtaun instant pour juger Time du regard. Il avait entendu. Tant pis pour lui, çalui apprendra, pensa Time. Finalement, Lave décida de ne pas réagir maintenantet de l’ignorer. Il se retourna et continua à marcher.
- Hum…Continuons la visite…Après laforge, les dortoirs…
Avant de quitter la chambre, Ecume remarqua l’entrée d’une autre salle,mais condamnée par un panneau « INTERDICTIONFORMELLE D’ENTRER »écrit en grosses lettres rouges. Curieuse comme sa sœur, elle n’en parla pasLave et décida d’y aller cette nuit.
La suite de la visite ne fut pastrès passionnante. Lave expliquait les horaires de travail et le nombre deventes faites cette année, pendant que Time contemplait ses lacets. Ynèsécoutait sans être attentive et Ecume préparait un plan pour explorer ce soir.
Time retint un soupir de soulagementquand Lave leur montra leur chambre et expliqua qu’il ne pouvait rester car il avaitdu travail.
La chambre était très luxueuse. Surles murs de velours rouge étaient suspendus ça et là des tableaux. Ilsreprésentaient des femmes essentiellement, et des natures mortes. C’était assezmoche, d’après l’opinion de Time. Au dessus de la porte, il y avait une grandefresque qui faisait la longueur du mur. Elle représentait des scènesreligieuses, apparemment, car il y avait des éclairs, du feu, un volcan, desdieux anthropomorphes qui se battaient ou qui déclenchaient l’éruption. Enfin, unseul s’affairait à cette tâche. Le seul qui ne faisait rien, qui regardait lascène, qui ne se battait pas était debout, une main derrière le dos et un doigttendu vers les dieux belliqueux. Il avait une expression de colère et semblaitexpliquer à celui du volcan quelque chose. Ynès nota leur étrange ressemblancedans leur représentation.
Trois lits àbaldaquin étaient faits. Contre l’un des murs il y avait une fontaine quiglougloutait doucement. Le jet qu’elle faisait et le soleil couchant formaientun arc-en-ciel. Tout cela formait une certaine ambiance, qui ne plut pas àYnès, mais elle se dit qu’il fallait qu’elle s’habitue.

***
Le plancher craqua. InstinctivementEcume retint sa respiration. Elle était à trois pas de la porte. Sur la pointedes pieds, les chaussures autour du cou, elle l’ouvrit silencieusement en priant qu’elle ne grince pas. Une foisdehors, elle remit ses chaussures et descendit les escaliers.
La forge était silencieuse. Elle était seulement éclairée par lalumière des lunes dans le cratère. Les feux étaient éteints. Elle fit le tourdu lac de magma et finit par arriver devant l’entrée du tunnel. Elle ignora lepanneau « INTERDICTION FORMELLE D’ENTRER »et pénétra dans le couloir sombre, chaud et exigu. Elle avançait à tâtons. Ellesentit que le couloir s’élargissait et, au bout d’un moment, elle ne sentitplus la paroi au bout de ses doigts. La pièce était plongée dans l’obscurité laplus totale. Elle entendait des grondements de lave sous elle. Elle décida delonger la paroi. Elle avançait petit à petit, les mains effleurant la rochechaude et les pieds posés soigneusement sur le sol qui lui semblait étroit.
Après plus d’une heure de traversée laborieuse, elle arriva au dessousd’un autre cratère adjacent, allumé lui aussi par la lumière du croissantd’argent. Les lunes n’étaient plus pleines à présent, mais elles s’écartaientles unes des autres jusqu’à arriver, dans deux mois, à un stade où il n’y aplus qu’une seule lune par nuit. A cette lumière, elle devina dans la pénombreune porte en fer rouillée. Un pont au-dessus du fleuve de lave y menait. Elledécida d’emprunter ce petit pont pour aller voir la porte, et peut-être passerde l’autre côté.
Ce n’est que quand elle fut devant la porte qu’elle s’aperçut de laprésence d’un immense chien à trois têtes. Quand elle s’avança, le chien grognaet montra les dents.
Elle cherchaune possibilité de fuite. Peut-être cette porte là-bas ? Hors de portée,avec le chien à ses trousses. Tout à coup, elle eut une idée. Il y avait au solà ses pieds un bout de bois. C’est un chien après tout… Ecume agita le bâtondevant le chien. Celui-ci ne broncha pas. Mais Ecume était désespérée elletenta le tout pour le tout et lança le bâton le plus loin possible encriant : va chercher ! Le chien ne bougea pas d’un poil et laregardait avec des yeux mi-étonnés, mi-affamés. Quand il eut fini de sedemander qui était cette inconnue, il grogna. Ecume savait. Signal d’attaque.Elle disposait de moins d’une seconde pour sortir de cette pièce. C’était infaisable.Le chien bondit. Elle se prépara à mourir. Mais alors, il se passa quelquechose d’étrange. L’éclat de la lune se fit plus fort, et cinq loups apparurentet sautèrent au coup du monstre. Ils semblaient incapables de battre le chienmais ils l’avaient distrait. Le chien détourna son attention d’Ecume juste letemps qu’elle franchisse la porte. Elle se retourna et adressa une prière deremerciement aux loups, et à la déesse qui les avait fait apparaître.
Puis elle disparut dans l’obscurité.Une lumière blanchâtre lui parvenait. Dans une salle, elle découvrit un immensegouffre, traversé par un pont encore plus vertigineux que celui des elfes, et,au bout du pont, quelque chose de magique. Un lac de magma bouillait au fond,sous le pont, et des jets de roche en fusion jaillissaient de temps à autre dece magma, et ils allaient très haut avant de retomber. Elle déglutit et posa unpied sur le pont. Ne regarde pas en bas, s’ordonna-t-elle. Tenant les cordesqui soutenaient le pont fermement, elle avançait doucement. Elle arriva quandmême au bout et elle vit l’objet. C’était des espèces d’oreilles blanchesposées sur un socle. Elle se souvint de l’énigme : La deuxième jamais n’entend Et gîte dans un volcan. Elle toucha la deuxième Preuve, elle était brûlante. Elle l’enveloppa dans sonchemisier et l’emporta.
Doucement, Ecume déposa la Preuve avec sa« sœur » dans la besace de Time, et se coucha. Elle s’endormitimmédiatement.

***
Ynès fut réveillée la première avecle chant des oiseaux. Elle se remémora cette dernière semaine, tout était passési vite ! Trois jours chez les elfes, deux dans la forêt, quatre nuits ici…C’est en réfléchissant que ce détail lui frappa l’esprit. Time et Lave sedétestaient de plus en plus, et pour tout et n’importe quoi. Dès qu’il y avaitLave dans les parages, Time faisait tout pour l’éviter, et réciproquement, etsi par malheur il arrivait qu’ils se retrouvent ensemble, on pouvait être surque notre journée allait être ruinée. Ynès avait cru au début à de la jalousie,mais ce n’était pas ça. Lave et Time se connaissaient, et bien avant qu’elle nel’imagine. Ecume avait peut-être des infos ?
Elle décida de se lever. Elle marchalonguement autour de la pièce, et finit par arriver devant la fontaine. Cettemême fontaine qui l’intriguait depuis quatre jours. Elle l’observaattentivement, en remarquant alors despièces en or qu’elle n’avait pas vues les premières fois.
- Lances-en une dans l’eau, fit unevoix derrière elle.
- Time ? Mais que…
Ils’approcha d’elle, passa un bras autour de sa taille – ce qui fit rougir Ynès –et expliqua patiemment :
- Cette fontaine forme un arc enciel. On peut se servir d’Irk’hän, esprit de l’arc-en-ciel et messagère desdieux pour communiquer. Lance une pièce, et demande.
Ynès s’exécuta. Elle lança la piècedans l’arc-en-ciel, en disant :
- Irk’hän, messagère des dieux,accepte mon offrande.
Au lieu detraverser le spectre de lumière comme elle l’espérait, la pièce fut avalée parl’arc-en-ciel et celui-ci sembla attendre quelque chose. Ne sachant pas quoifaire, Ynès se retourna et regarda Time, qui demanda alors :
- Miguel, vallée des centaures,802130, Zythüm.
L’arc-en-cielfit apparaître l’image du satyre devant les yeux éblouis d’Ynès.
- Salut Time ! fit Miguel, quisemblait juste en face d’eux. J’ai reçu ta lettre. Tu es toujours chez leselfes ?
- Oh non, nous sommes partis depuis longtemps !
- Où ?
- On ne sait pas trop, on suit undragon qui est notre Guide, mais je pense qu’il y a un rapport avec ton énigme,nous avons déjà trouvé une Preuve !
- Deux, rectifia Ecume qui s’étaitréveillée.
- Salut Ecume… Où est ta sœur ?fit Miguel
- Ici ! lança Ynès qui sepencha un peu pour être dans le champ de vision de Miguel.
- Salut à toi aussi ! Alors,pourquoi vous me contactez ?
- Pour avoir de tes nouvelles. Alorscomme ça tu es toujours chez les centaures ?
- Oui oui. A ce propos, avez-vousbesoin d’un mentor pour Ynès ?
- Un prof ? répéta-t-elle,indignée.
- Mais c’est pour ton bien ! Sijamais un monstre t’attaque, il faut que tu puisses savoir te défendre !la calma Ecume. Puis elle ajouta en direction de Miguel :
- C’est bon pour le moment, Time etmoi, nous nous chargeons personnellement de son éducation, on verra après.
- Ok, comme vous voulez. Bon, jedois vous quittez. Au revoir ! Et bonne continuation surtout !
- Au revoir Miguel ! dirent-ilsen chœur pendant que l’image de leur ami s’estompait.
- Deux ?! reprirent Time etYnès en direction d’Ecume.
Ecume ouvritla besace de cuir devant les deux pairs d’yeux ébahis.
- Voila la deuxième Preuve !annonça-t-elle.

Une corne sonna. Ynès n’en avaitjamais entendu mais elle su que c’était une conque. Quelqu’un frappa à laporte. C’était Lave qui les invitait à prendre le petit déjeuner en sacompagnie, ce qui mit Time hors de lui mais les filles acceptèrent.
Le réfectoire était une immensesalle. Sur les murs, il y avait des photos de sport : planche à voile,course à pied, athlétisme, football et un sport d’équipe qu’elle ne connaissaitpas.
- C’est un jeu qu’on pratiquesouvent, nous autres. C’est un mélange entre du foot et du basket, et on a ledroit d’utiliser nos pouvoirs. Je te montrerais si tu restes plus longtemps,expliqua Lave à Ynès.
Il lesconduisit à une grande tablée où étaient servis de nombreux mets délicieux.
Time et Ecumeburent une mixture qu’Ynès ne connaissait pas jusqu'alors. Quand elle avaitposé la question, sa sœur lui avait répondu que c’était de l’élixird’ambroisie, que ça donnait des forces, mais quand elle avait goûté, ellel’avait trouvé amer et râpeux. Elle avait préféré le traditionnel chocolatchaud.
Tout à coup, tout le monde se leva,et se fut l’agitation générale.
Quand Ynèsinterrogea Lave, celui-ci avait répondu tout naturellement que les cyclopespartaient au travail, mais il avait l’air tendu, ce qu’Ynès ne remarqua pas. Ellene se souvint pas que les cyclopes fassent autant de bruits quand ils allaienttravailler, pourtant ça faisait plusieurs jours qu’elle les côtoyait. Mais enmême temps, elle ne se souvenait pas non plus de son passé et étaitcomplètement amnésique.
Dans lechahut, Time se rappela soudain des sacs qu’ils avaient laissés dans lachambre. Je reviens, je vais chercher nos sacs ! cria-t-il à Ynès pourqu’elle l’entende malgré le bruit. Elle ne répondit pas, emportée contre songré par la foule. Time s’extirpa tant bien que mal de la masse et couru àl’étage. Pendant ce temps, Ynès et Ecume s’étaient perdue et luttaient pour nepas se faire emporter. Ynès sentit quelqu’un derrière elle l’attraper etl’entraîner dehors. Elle ne vit pas qui s’était.
Elle eu un moment d’absence et ellese retrouva tout à coup à l’extérieur du volcan, solidement ficelée par desgardes et sa sœur, qui se trouvait à côté d’elle, était dans la même conditionqu’elle. Elle voulu crier au secours, mais elle fut bâillonnée. On lui fitrenifler de l’éther et elle s’évanouit.


Time courait dans les couloirs et seplaqua contre le mur. Le suivait-il toujours ? se demanda-t-il, mais unbruit de course confirma bientôt sa pensée. Il se remit à courir. Il étaitarrivé dans le magnifique jardin du volcan sans s’en être rendu compte. Ilmonta dans le premier arbre qu’il voyait, c’est-à-dire un saule. Arrivé àmi-hauteur, là où le feuillage est bien dense, il vit son poursuivant. C’étaitune espèce de minotaure. Celui-ci, après avoir observé – reniflé serait plutôtle mot à dire – longuement le sol et le jardin, finit par retrouver la piste deTime. Il gratta le tronc et s’y appuya. L’animal était tellement fort quel’arbre tangua, mais heureusement ne se courba pas. Quelqu’un cria, et aussitôtle minotaure se redressa. Lave apparut de nulle part et murmurait des mots àl’homme-taureau. Ce n’était pas de l’Etü, sinon Time aurait reconnu. C’étaitquelque chose de…plus ancien et plus maléfique. Le monstre l’écouta et mêmes’inclina devant son maître. Time se retint de demander à Lave quel genre decréature était-il pour se faire obéir par un minotaure. Soudain, tandis que labête se retirait, une armée s’arrêta sous l’arbre, devant Lave.
- Votre rapport, guerrier ?demanda un homme à Lave.
- Nous en avons capturés deux surtrois, mon général.
- Où est le troisième et quiest-il ?
- C’est le fils du Temps, et où setrouve-t-il ? Nous nous le demandons encore… Mais il ne va pas tarder àavoir sa vengeance, celui là, depuis le temps qu’il me cherche…
- Il va falloir le retrouver tout desuite ! Le Roi n’attend pas ! Où sont les autres ?
- Dans une caverne attenante, Charlyva vous y conduire, mon général. Je reste ici pour m’occuper personnellement deretrouver ce fugitif. Je vous rejoins.
Sur ce,l’armée partit d’un pas décidé. Lave resta un instant sous l’arbre, il semblaitréfléchir. N’y tenant plus, Time lui sauta dessus et plaça sa main devant sabouche avant qu’il puisse appeler sa garde. Time l’entraîna dans un endroittranquille pour l’interroger sans se faire prendre. A sa surprise, Lave nemontra aucun signe de résistance et se laissa emporter sans broncher. Arrivédans un endroit qui lui paraissait désert, il fit parler Lave.
- Pour qui travailles-tu ?
- …
- Réponds !
- Une armée…
- Laquelle ? J’ai tout entendu,tu ne peux pas nier !
Lavebredouilla quelque chose en rapport avec le Roi et les esprits des Morts quireviennent, mais Time était trop pressé de sauver la belle Ynès et sa sœur pourcomprendre.
- Où les as-tu enfermées ?
- Qui ? fit Lave, interrompudans son explication.
- Les filles ! Time commençaità s’échauffer.
- Ca va, cris pas comme ça, je vaist’y mener, fit Lave, avec une politesse excessive.
A la grandesurprise de Time, Lave ne le faisait pas marcher, et ils se retrouvèrentbientôt dans une petite grotte camouflée des regards par un épais rideau delierre. L’armée n’était toujours pas arrivée et Lave regardait, anxieux, danstous les côtés. Charly a du les mener sur une autre piste, espéra Time.
Le cri suraigu d’Ecume se fitentendre. Sans lâcher Lave, Time se précipita jusqu’à la salle au plafond basoù elle était enfermée avec sa sœur. Ynès, encore évanouie, gisait sur le solfroid et humide de la petite grotte. Time retint un cri de surprise et relâchason étreinte. Lave en profita pour se dégager. Une fois libre, il sortit sonpoignard et attrapa Time par surprise. Il se faufila derrière lui, et, d’ungeste souple et leste, passa son couteau sous son menton, contre son cou. Time tenta de lutter mais il sentit la lamefroide contre sa gorge et finit par abandonner.
- Tu croyais m’avoir comme ça ?cracha Lave. C’est raté ! Maintenant je vais pouvoir vous livrer tous auRoi, et je deviendrais lieutenant !! Et j’aurais ma vengeance de tout ceque tu m’as fait depuis qu’on se connaît, traître !
- Tu vas voir, fit Time, à moitiéétranglé par l’arme, si je suis un traître ! C’est toi qui en ai un !Tu n’as jamais été pour le Mont Wellän.
- Vaut-il la peine d’être défendu ?Tiens, j’entends mon armée qui arrive. Pour la démonstration de courage, jecompte de tuer en premier, et c’est un honneur. Contentes-en toi.
- Ce n’est que ta mort quiapaiserait ma conscience !!
Timeétait vraiment dans une situation critique, il cherchait tout de même un moyenpour s’enfuir. Le Temps ? Lave aura concocté un truc, il ne tomberait pasdans ce piège aussi facilement.
Soudain, Ynès se réveilla. Elleanalysa la situation à toute vitesse. Ses sens étaient incroyablement aiguisés.
Alors, il se passa quelque chosed’étrange et tout était comme au ralentit. Enfin, Time ordonnait au Temps de seralentir, pour aider un maximum son amie. Elle s’empara de l’épée de sa sœur etsauta sur Lave. Celui-ci, prit par surprise recula et dégaina son épée. Ils sedonnèrent un duel particulièrement difficile car Lave était une fine lame.Quand il enchaîna pour la troisième fois une botte presque impossible à parer,Ynès sentit le coup venir. Elle attaqua. L’épée de Lave tinta quand elle touchale sol, et celle d’Ynès se trouvait à moins de trois centimètres de la poitrinenon défendue de Lave. Il la regardait avec des yeux éberlués. Ecume et Time enfaisaient autant, car ils savaient tout autant qu’elle qu’Ynès n’avait jamaistouché une épée de sa vie.
- Comment as-tu fais ça ? fitsa sœur, admirative
- Euh, je ne sais pas…dit Ynès,confuse
Ellefit avancer Lave vers le rideau de lierre. Ils allaient le traverser quandCharly entra. Le général et l’armée ne tardèrent pas à apparaître eux aussi.Voyant leur fidèle guerrier dans la difficulté, tous fondirent sur les troisfugitifs. Ecume compta un instant sur sa sœur qui les avait déjà sortis d’unemauvaise passe, mais toute son énergie avec laquelle elle avait combattue Lavesemblait l’avoir abandonnée. Et puis Time n’avait pas le temps – c’est le casde le dire – pour des incantations de pouvoir.
Ynèsessayait de faire reculer deux de ses assaillants mais elle avait déjà étéblessée aux côtes et le sang s’écoulait de sa plaie. Le trio était prêt à serendre mais, sans qu’on ait su pourquoi, des tremblements de la terre se firentsentir. Le combat se suspendu. Tous les cyclopes de la forge étaient venus leslibérés ! Ils menèrent un combat sans merci, blessèrent quelques soldats,et les autres fuirent de peur. Au moment de franchir le lierre, Lave, blessé jusqu’auxos, hurla en direction de ceux qui avaient sali son honneur :
- Je vous retrouverais ! Etcette fois là je serais plus fort que vous ! Et il disparu à traversl’épaisse végétation.
- Tout est bien qui finitbien ! annonça joyeusement Charly. Il ne pouvait pas comprendre, lepauvre…
Lescyclopes partirent un par un, seul Charly resta. Il avait fait son sac.
- Je viens avec vous ! dit-il,le ton léger.

Ynès s’effondra. Elle avait perdue beaucoup de sang.Comme il fallait quitter le lieu au plus vite, Time la prit dans ses bras etils s’enfuirent dans les bois. Secouée par la course de Time, elle entrouvritles yeux, mais, comme elle était très faible, elle les referma aussitôt. MaisTime l’avait vue. Il se dit alors qu’il y avait encore un espoir. Ilss’arrêtèrent dans une petite clairière. Ils n’avaient plus rien pour manger.Time se porta volontaire pour aller chasser. Neige Brûlante insista pourl’accompagner. Charly surveillerait l’endroit et Ecume veillerait sur sa sœur.

Time était prêt à sauter sur un chevreuilquand il entendit un cri. L’animal, terrorisé, s’enfuit. Un autre cri. Time fitquelque pas, et remarqua, derrière un hêtre, un vieil homme qui était blessé etqui souffrait. Time, en panique, appela ses compagnons. Charly répondit àl’appel. Ils amenèrent le vieil homme à leur bivouac. Là, Ynès avait reprisconnaissance mais elle était très faible. Il fallu faire à tous les deux descataplasmes d’argile, de plantes et de pommade pour les soigner.
Magie ou pas, le soir, le vieilhomme avait parfaitement récupéré. Ynès aussi, même si sa blessure n’avait pasencore cicatrisée. Le petit groupe se serra autour d’un bon feu de bois.
- Mais qui êtes vous, aujuste ? demanda Time à leur hôte inattendu.
- Je me présente, Kaxäll, Pisteur del’Armée Kanahän.
Timese redressa.
- Waouh Pisteur !s’emporta-t-il. Euh, je veux dire, j’ai toujours rêvé de faire partie del’Armée Kanahän…
- Et bien jeune homme. Tu es biendynamique ! C’est une qualité indispensable pour un Guerrier !
Aces mots, Time rosit.
- Mais que vous amène-t-il en ceslieux ? demanda à son tour Ecume.
- Une quête. Une quête de personnesplus précisément.
- C'est-à-dire ? interrogeaYnès.
- Qu’il recherche des gens ! T’asrien compris !? l’interrompt Ecume.
Ynèstira la langue à sa sœur et reprit.
- Quel genre de personnes ?
- Des jeunes gens de 15 à 23 ans, pourrenouveler l’Armée de nouveaux Guerriers.
- Genre nous, quoi ! endéduisit Time, qui trépignait d’impatience d’en faire partie.
- Oui, j’y ai pensé.Malheureusement, je n’ai plus assez de force pour vous guider jusqu’au siège del’Armée.
- Mais nous pourrions y aller toutseuls ! risqua Time.
- Je ne sais pas…
- Allez, s’il vous plait…J’aitoujours rêver de faire partie de l’Armée ! supplia Time comme un enfant.
- A voir. Quel âge avez-vous ?
- J’aurais 17 ans dans un mois.Quant aux filles, elles ont eu 16 ans toutes les deux cette année.
- Hum…grommela le Pisteur, à coursd’arguments.
- Attendez ! C’est quoi toutça ? L’Armée et tout ? Pisteur ça consiste à quoi ? coupa Ynès,qui n’avait rien compris de la conversation.
Timesoupira, et récita d’un ton grave, la poitrine gonflée.
- Il y a longtemps, des milliersd’années en fait, trois mondes ont été créés. Au début, ils étaient collés, onappelait cette terre l’Arkä, et le Mont Wellän se trouvait au centre. Les dieuxétaient les seuls maîtres à bord, ils dirigeaient tout. C’était vraiment unmonde utopique, tout allait pour le mieux, c’était l’Eldorado de l’univers.Mais il a fallu qu’il y ait une traîtrise et des envieux de pouvoir pourdéclencher une guerre qui sépara les Trois Mondes. C’est la Séparation. Lesmondes n’ont pas bougé depuis, et on continué à se développer chacun de leurcôté. Mais certain plus rapidement que d’autres. Le Nouveau Monde, où viventles Humains, par exemple, a évolué très vite, les hommes sont des êtres douésde raison et d’intelligence qui ont formé tout un tas de machines et qui ontfait plein de découvertes. Mais ils ne savent que faire la guerre entre eux, etc’est bien malheureux qu’ils aient inventé des machines dans le but premier dese battre. Enfin, certain. Celui où nous nous trouvons actuellement, l’AncienMonde, n’a pas beaucoup évolué. Il est resté au stade moyenâgeux du NouveauMonde, mais, contrairement à celui des humains, ce monde comporte tous lesphénomènes fantastiques, magiques ou merveilleux qu’on ne peut pas expliquerpar la science. Et le dernier, là où les âmes de Humains vont à leur mort,l’Autremonde. C’est aussi le monde des Monstres, même s’il y en a quelques-unsdans les autres mondes. Lui, il est resté désert, inhabité, triste, lugubre,froid. Aucune âme vivante n’habite là bas. L’Autremonde, il vaut mieux jamais yaller…c’est dangereux.
Bref, pendant la Séparation des troismondes, on a commis des erreurs. La Porte, qui est sensée séparer le monde des Monstres à ceuxdes Humains et des Esprits, (note que la navigation entre ces deux derniersmondes est relativement facile) n’a pas été complètement fermée. Cela aentraîné, des années plus tard, une grande guerre pour repousser tous lesmonstres qui avaient pénétrés dans les deux mondes. C’était bien avant lanaissance des premiers esprits. Une fois que, ayant gagné la bataille in extremis, nousavons repoussé les Monstres et les esprits des Morts (les plusdangereux), une Armée a été alors créée pour surveiller la porte, et repousserles Monstres qui pourraient revenir. Cette Armée, c’est l’Armée Kanahän.
Times’arrêta pour reprendre son souffle et, après s’être assuré que son auditoireétait attentif, repris, plus lentement :
- Au sein de cette Armée, il y atrois postes : Pisteur, Guerrier et Gardien. Les Guerriers sont les plusnombreux, et pour cause : ce sont eux qui sont chargés de combattre lesmonstres pour éviter qu’ils attaquent les villes de ce monde et de l’autre.Ensuite viennent les Pisteurs, ce sont eux, par l’intermédiaire d’espions, quisont chargés de repérer les Monstres susceptibles d’avoir échappé à lavigilance des Gardiens. Une fois qu’ils en ont repéré un, ils appellent lesGuerriers. Le poste de Gardien est le plus important : il consiste àsurveiller la Portedes intrusions des Monstres. Les Gardiens sont capitaux car il y a des dizainesde Monstres qui traversent chaque jour ! Il y a aussi les Guerriersd’élite, seule une petite partie de la population peut en faire partie. Cestatut est réservé aux plus doués et entraînés. Il faut tout savoirfaire : les pouvoirs, les armes, les filatures, les espionnages, les volsmême…
- Je vous remercie jeune homme pourcet exposé passionnant. Cela dit, vous avez oublié un détail qui a sonimportance, je dirais même plus, un détail capital. Le ce pourquoi nous recherchonsde nouveaux guerriers, lui dit Kaxäll quand il eu fini sa tirade.
- Et bien dites-le, ce détail siimportant ! lâcha Ecume.
Timelui lança un regard assassin, qui fut intercepté par Kaxäll. Celui-ci sourit,et raconta.
- Depuis quelques mois, les Monstress’excitent. Il y en a de plus en plus qui traversent la Porte. Il n’y a plusassez de Guerriers pour protéger le royaume. C’est pourquoi nous, Pisteurs,avons été chargés de repérer puis de ramener des esprits en âge de combattre,qui pourraient faire des Guerriers potentiels. Seulement, les jeunes esprits neveulent pas se rallier à notre cause, peut-être à cause du Roi qui le leurinterdit. Mais vous, vous m’avez dit que vous fuyez le Roi…
- C’est exact, coupa Ynès. Time laregarda en se disant qu’il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre.Excusez-moi, pouffa-t-elle après avoir aperçu le regard que Time lui lançait.Il était le spécialiste du regard-qui-tue.
- Bon. Vous fuyez le Roi, disais-je,et vous m’avez l’air d’être des esprits forts et intelligents. Je vais tenterle tout pour le tout. Demain, nous partirons pour le siège de l’Armée àEüryanth.
- Et…et notre quête ? serappela Ecume.
Ynèspensa à leur guide. Ils avaient tellement vécu d’épreuves ensemble…
- Vous aurez le temps de la finiraprès… Il y a des choses plus urgentes ! rétorqua le vieux Pisteur.
- Mais si s’était liéjustement ?
Ynèss’arrêta, et comme tout le monde la regardait avec des yeux ahuris, elles’expliqua.
- Ben oui ! Cette quête nousmène au Mont Wellän, la demeure des dieux. Les dieux sont donc impuissants faceà ces infiltrations ennemies si soudaines ? Nous profiterons de la quêtepour aller demander…
- Je ne sais pas, répliqua le vieuxPisteur, si je vivrais jusque là….
- Indiquez-nous l’endroit, nous yirons dès que notre quête sera achevée ! assura Time.
- Bien dit, jeune homme. Seulement,les limites d’Euryanth sont protégées par des champs de forces. Seuls lesmembres de l’Armée peuvent y pénétrer…
- Il y a peut-être une autreentrée ? suggéra Time
Ynèsvit Kaxäll réfléchir intensément. Au bout de longues minutes qui lui parut uneéternité, il annonça, triomphant :
- Les esprits les plus sages et lesplus entraînés peuvent aussi y pénétrer. Mais à une condition.
- Laquelle ? demandèrent enchœur les compagnons, penchés en avant.
- Qu’ils aient l’autorisation du seigneurdes lieux.
- Si ce n’est que ça… dit Time, sûrde lui.
- Ce n’est pas si facile, jeunehomme ! Ayn’Soleénn ne laisse pas entrer n’importe qui. Il faut que voussoyez de cœur pur et d’intention pacifiques.
- Nous ne vous décevrons pas !crièrent-t-ils à l’unisson.


Ce fut une nuit paisible. Pourtant,Ynès s’était réveillée. Elle s’appuya sur ses avant bras et observa Time, quidormait près d’elle. Ses cheveux blonds en bataille faisaient penser à un champde blé balayé par le vent. Ses yeux marrons, étonnant contraste avec sescheveux blonds, étaient fermés. Sa peau, mate, témoignait d’une vie en pleinair, et son visage était fin. Ses avant-bras étaient dénudés, et laissaientapparaître sa musculature. Elle s’était rendue compte à telle point il étaitbeau la première fois qu’elle l’eût aperçu. Elle ignorait tout du sentimentqu’elle avait ressenti alors. Une sorte de pétillement dans ces membres.Etait-ce ce sentiment qu’elle avait toujours admiré et craint ? Etait-cedonc ça, l’amour ? Sans réfléchir, elle déposa une bise sur la joue deTime, et se leva. Ils dormaient à la belle étoile, et Ynès put apercevoir lavoie lactée dans le ciel étoilée, ce qu’elle ne pouvait voir avant, dans sessouvenirs flous, à cause de la pollution lumineuse. Sans faire le moindrebruit, elle réveilla Neige Brûlante et lui chuchota à l’oreille.
- Viens mon beau, on va faire unepetite balade nocturne.
Ledragon se leva d’un bond et la suivit.
Ilss’enfoncèrent dans les sous-bois.
Ilsavaient à peine fait quelques pas que Neige Brûlante se tendit, les narinesfrémissantes.
- Que sens-tu ? lui demandagentiment Ynès. Un danger ?
Non,Neige Brûlante ne ressentait pas l’odeur du danger. Il sentait autre chose.Plus étrange. C’était aussi différent de la force qui le reliait au Mont Wellän.Il fit un pas en avant. Puis, après s’être assuré que sa maîtresse le suivait,il partit comme une flèche.
- Où nous emmènes-tu ? criaYnès, loin derrière lui, essoufflée.
Iltraversa la forêt, zigzagant entre les arbres. Il arriva dans une petiteclairière. Il ralentit le pas.
QuandYnès arriva à sa hauteur, elle s’arrêta pour reprendre son souffle.
- Pff…pff …ne me refais jamais unechose pareille ! le gronda-t-elle.
Maisle dragon ne l’écoutait pas, il était à l’affût. Tout à coup, il l’aperçu. Ynès sourit.
Éclipse de Lune
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Éclipse de Lune
 Sam 4 Déc 2010 - 10:04
YOUPI, trop COOL !
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 Sam 4 Déc 2010 - 19:04
La suite ?? Ou je fais durer le suspens ?
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 Sam 4 Déc 2010 - 21:08
Ben moi aussi je veux la suite. Je déteste attendre.
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 Lun 13 Déc 2010 - 20:44
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Quintrën


‘‘Lacourse de quadriges est un sport réputé à Zythüm. Elle attire chaque année desmilliers de spectateurs et comporte sa propre coupe du monde.’’
Anonyme

T

ime se réveilla aux premièreslueurs du jour. Il s’étira longuement et se passa la main dans ses cheveux pourun semblant de peignage. Il remarqua que le soleil s’était levé. Il remarquaqu’Ecume dormait encore, comme à son habitude. Il remarqua aussi l’absenced’Ynès.
- Où est-elle donc encorepassée ? se demanda-t-il. Il pensa d’abord qu’elle était partie chasserpour ramener du gibier au camp. Mais Neige Brûlante avait disparu aussi. Unfrisson parcouru son corps. Il s’inventa les pires scénarios justifiants ladisparition d’Ynès. Neige Brûlante l’avait peut-être dévorée ? Ils’apprêta à crier au secours.
Il se ressaisi. Neige Brûlante avaitbeau être un dragon, elle lui avait sauvé la vie. Jamais Neige Brûlante ne latuerait. Ces deux-là étaient tellement proches que Time en devenait jaloux, et,même dans ses pires cauchemars, jamais leur Guide ne ferait une chose pareille.Il décida donc d’attendre que tout le monde se réveille.
Il attenditdix minutes, vingt minutes, une demie heure, mais il s’impatienta et décidad’aller chasser. Il attrapa deux lapins blancs, un écureuil et trouva des mûressauvages, grosses, violettes, juteuses. Il en cueillit pour le petit déjeuner.Puis il s’installa pour rêvasser sur un promontoire qui dominait la vallée.


Ce fut Ecume qui, la première,ouvrit les yeux. Dès qu’elle aperçu Time posté sur son rocher, elle lerejoignit d’un pas léger. Elle connaissait trop son ami pour ne pas reconnaîtrequ’il y avait quelque chose qui le tracassait.
- Tu peux m’en parler, tu sais, luisouffla-t-elle à l’oreille. J’ai l’impression que tu m’évites depuis que tu asrencontré ma sœur…
Time nerépondait rien, il n’osait pas répondre.
- Je crois qu’Ynès a unadmirateur ! le taquina-t-elle
Time lui donnaune boutade dans le dos.
- C’est pas vrai !répliqua-t-il, gêné.
Pour toute réponse,Ecume lui tira la langue, se leva et sauta en bas du rocher.
- Tu as bien de la chance, Ynès …,dit-elle pour elle-même.

L’après-midi était bien avancé quandelle revint enfin. Elle avait un sourire sur les lèvres et le visage illuminé.Neige brûlante se tenait sagement sescôtés. Time se précipita sur elle.
- Où étais-tu ? Qu’as-tufait ? Pourquoi es-tu partie comme ça ? Je me suis fait un sangd’encre !
- Je ne peux pas aller où je veuxsans que tu me surveille que je sache ? J’étais quelque part.
Time vu à sonregard qu’il n’obtiendrait pas de renseignements en plus et il sentit qu’elleavait appris quelque chose qu’il ignorait. Il se demanda ce qu’il s’était passédans la forêt.
- Tu le sauras bien assez tôt !lui dit Ynès, comme si elle avait lu dans ses pensées.
***
Ils passèrent trois jours aucampement, le temps de la convalescence de Kaxäll.
Charly etEcume avaient achevé le rangement du camp.
- Partons, dit Time qui avait prisla tête de la troupe, Vous joignerez-vous à notre groupe, Pisteur Kaxäll ?
- Avec plaisir, si vous pensez queje ne serais pas une gêne. De toute façon, mon cœur est bien malade et mesjours sont comptés.
- Ne vous inquiétez pas. Charly, jete nomme garde personnel de Kaxäll.
- C’est trop d’honneur ! fit lePisteur.
Charly se mità sa hauteur et la troupe se mit en marche.

***

Après quelques jours, sans problèmeou presque, passés dans une plaine immense et complètement déserte, hormisquelques rëzko des plaines, animaux pacifiques et herbivores ressemblants à uncroisement entre un rhinocéros et un buffle, ils arrivèrent à un petit village.Tous s’arrêtèrent et eurent la même idée. Des chevaux ! Il leur fallaitdes chevaux, et un char pour transporter des vivres. De toute façon, ilsdevaient renouveler le stock de victuailles qui avait sérieusement diminuédepuis le départ de la forêt des elfes, une bonne semaine plus tôt. Ilssortirent de leurs poches la moindre petite monnaie qu’ils rassemblèrent.
- 20 dires, grommela Time, on n’amême pas assez pour se payer une nuit d’hôtel !
- Si c’est de l’argent que vousvoulez, regardez par ici, leur conseilla Charly.
Ils se ruèrentautour d’un panneau.
« Vousaimez le suspens ? Vous aimez la course de chevaux ? Venez nous rejoindrece samedi à l’arène, pariez sur le char gagnant et gagnez le gros lot de 1 000dr ! Suspens garanti ! »
- On tente le coup ? demandaTime
- A-t-on d’autres moyens ?
- Non.
- Alors on y va !

- Bonjour messieurs dames. Vousvoulez voir la course ? fit le monsieur au guichet.
- Oui, dirent-ils dans une seulevoix.
- Combien pariez-vous et pourqui ?
Ynès s’étaitrenseignée sur les différents participants et ils avaient fait leur choix.
- Nous parions 20 dires sur le charnuméro 4.
- Adjugé ! 20 dires sur le 4 !Voici vos tickets. Bonne chance, jeune demoiselle !

- Avons-nous fait le bonchoix ? demanda tout le même Ecume.
- Oui, ne t’inquiètes pas !assura sa sœur, confiante.

Les gradins étaient complets. Lescoureurs s’étaient rangés dans l’ordre des nombres derrière la ligne de départ.L’ambiance était palpable. En attendant le top départ, Ynès observa le cirque.Il s’étendait jusqu’à un kilomètre de longueur et il avait une forme ovale. Lescoureurs devaient faire deux tours de pistes.
Le départ fut annoncé et les charspartirent tous en même temps. Le char numéro 3 fut vite en tête, suivit de prèspar le numéro 5. Le 2 et le 6 se bagarraient la piste un peu en arrière. Le 7en profita pour les dépassés. Ce ne fut qu’après qu’Ynès remarqua que le 4avait fait un faux départ. Il était encore sur la ligne. Il avait plus d’unedemie piste de retard. Elle jeta un coup d’œil à ses compagnons. Ils étaientpenchés en avant, et crachaient leurs poumons à encourager le char 4.S’étaient-ils trompés ?
Le 5 avait renversé le premier etfilait à vive allure vers le premier virage. Le 6 avait perdu une roue dans lalutte avec le 2. Il ne restait en piste que cinq chars. Deux chars hors combatdans les premières minutes de course. Elle su que le char 4 était parti quandses compagnons hurlèrent encore plus fort les encouragements. Le 5 fut hors jeutrès vite pendant le virage. Il alla s’écraser sur la bande de sable quibordait la piste. Le 7 se retrouva en tête. Le 2 et le 1 le suivaient,dangereusement proches. Mais le 4 était encore loin.
Le 1 bousculale 2 vers les gradins, et les chevaux de l’attelage se décrochèrent du char.N’ayant plus qu’un cheval, la maniabilité était mauvaise et le 2 rejoignit le 5sur le bas-côté. Ne restaient en jeu que le 7, le 1 et le 4. Le 7 et le 1 se touchaientpresque et achevaient leur premier tour de piste. Le 4 les avait bien rattrapésmais il était encore à plus de 300 mètres des deux premiers.
Les roues setouchaient, et le frottement du fer faisait des étincelles. La roue du 1bougeait dangereusement mais tint bon. S’étant un peu écarté du 7, il serapprocha. Le 4 approchait. Le premier dépassa le premier virage du deuxièmetour.
- Allez, allez !! criaient sescompagnons.
Ynès ferma lesyeux. Plus rien autour d’elle n’existait. Elle visualisa dans sa tête la rouedu char 1 qui se décrochait. Un éclat de lumière vint l’aveugler. Ses amishurlèrent de plus belle. Elle rouvrit les yeux. Le 1 venait de perdre se roueet il était hors jeu. Comme par hasard, la roue roula pendant plus de 20 mètres et les chevauxdu char numéro 7 se prirent les pieds dedans. Le 7 ralentit. Le 4 serapprochait. Ils finirent par être côte à côte quand ils achevaient le derniervirage. Ils luttèrent pendant un instant et le 4 prit le dessus. Il lança seschevaux le plus vite qu’ils pouvaient dans la dernière ligne droite.
Il gagna lacourse. Dans les gradins, des centaines de personnes l’acclamèrent.
Time avait la voix cassée et lesjoues rouges. Il en était de même pour les autres, à part Kaxäll, qui devaitpenser que ces jeux n’étaient plus de son âge. Ils attendirent que les gradinsse vident entièrement.


- Une personne à la fois ! Quia des tickets verts ? Qui ? Un agent essayait de rétablir l’ordreparmi la nuée qui s’était formée devant le guichet.
- Toutes ces personnes ont pariécomme nous ?
- Oui.
Quand ce futenfin leur tour, un homme vint les trouver. Il interpella le monsieur duguichet et les guida vers les écuries. Il avait un grand sourire et prétendaitreconnaître Kaxäll. Mais ils avait appris à se méfier.
- Mais enfin, tu ne me reconnaispas ? Jüsey, de l’Académie !
Kaxäll fronçales sourcils.
- Jüsey ? C’est bien toi ?
- Oui ! Tu te souviens demoi ?
- Bien sûr ! Comme tu aschangé !
- Grâce à toi, j’ai pu vivre monrêve, encore merci !
- Ce n’était rien… Il n’y avait quetrès peu d’élèves comme toi… Laisse moi te présenter mes amis. Voici Ynès et sasœur Ecume. Ce jeune homme là, c’est Time, et le cyclope, c’est Charly. Lesamis, voici Jüsey.
- Bonjour ! Je connais bienvotre ami Kaxäll, c’était mon professeur d’équitation à l’Académie.
- Et oui, soupira Kaxäll,nostalgique.
- Qu’est ce qu’il vous amèneici ?
- On voulais gagner de l’argent pourpouvoir acheter ce qu’il faut pour finir notre voyage.
- Mais bien entendu, bien entendu.Suivez moi, nous allons à l’auberge, c’est moi qui paye le repas !
Ce fut un repas dans une grandeconvivialité. Jüsey avait beaucoup d’humour mais aussi une grande intelligence.Le repas c’était terminé tard et Jüsey avait proposé de les héberger. Ilsavaient accepté.

Le lendemain, ayant bien dormi, bienmangé et un chariot bien rempli, ils congédièrent leur hôte.
- Vous partez déjà ?
- Oui, nous avons une quête encours….
- Je comprends. N’oubliez pas derevenir me voir !
Ne repartaientqu’Ynès, Ecume, Time et Neige Brûlante. Kaxäll avait décidé de rester aveccelui qui avait été son élève, et Charly voulait finir son travail de gardepersonnel.
- Oui, nous n’oublierons jamaisvotre accueil, encore merci !
- C’est moi qui vous remercie !
Les adieuxfurent longs et pénibles mais finalement, en fin de matinée, ils reprirent laroute, pour le meilleur et pour le pire.
- Tu crois qu’ils vontréussir ?
- Je ne le crois pas, j’en suis sûr.Ils sont très débrouillards.
Lessilhouettes de Kaxäll et de Jüsey devenaient minuscules à vue d’œil. Plusieurskilomètres silencieux passèrent. Finalement, c’est Time qui rompt lesilence :
- Quand commence-t-on l’enseignementd’Ynès ?
- Maintenant.
Ecume montradu menton une prairie d’herbe verte qui, d’après son point de vue, sera parfaitpour l’Initiation. Ils descendirent de cheval et les attachèrent à un petitbouleau.
- Alors, Time et moi avons commencénotre Initiation à 8 ans. Toi, tu en as 16 mais je crois que je pourraist’apprendre les bases de ton pouvoir et Time les bases des armes, car il estplus doué à ça que moi. Time, commence par lui apprendre les armes, la maîtrisedu pouvoir est plus ambiguë et je préfère lui expliquer à la fin.
- Soit, répondit Time, je suis prêt.Ynès, viens te positionner là. Je serais un professeur très exigeant. Lève tonépée. Montre moi ta garde !
Ynès plaça sonarme horizontale devant elle, avança légèrement la jambe droite et fléchit lajambe gauche, comme elle l’avait vu faire dans un film d’aventure.
Son professeursembla impressionné.
- Où as-tu appris à prendre ta gardeainsi ? Elle est…pas mal. Bon, je vais faire une botte pour débutants pourcommencer. Tu vas essayer de parer mon attaque et de me désarmer. Es-tuprête ?
- Oui !
Time avançad’un pas, l’épée en avant, avec une grâce et une puissance inimaginable. Ilavança son bras dans un mouvement qui aurait du toucher son adversaire à lacuisse. A la surprise générale, Ynès para son attaque et riposta. L’épée deTime se retrouva par terre.
- Bravo ! Essayons avec cettebotte !
Time renouvelason attaque, plus rapide, d’un mouvement plus court. Son épée effleura l’épauled’Ynès mais celle-ci s’accroupi et, dans un mouvement souple et rapide à lafois, donna un coup de pied dans les côtes de Time, celui-ci, par surprise,lâcha son arme.
- Tu es une adversaire redoutable,dit Time, haletant. Où as-tu appris à te battre ainsi ?
- Je…je ne sais pas, c’est comme unréflexe, répondit-elle, essoufflée.
Ils passèrenttout l’après-midi à se battre, et, à la majorité des coups, ce fut Ynès quil’emporta. Mais, elle avait certes de la souplesse, de la rapidité et de lastratégie mais elle manquait sérieusement de technique. Elle avait du mal àporter son épée et ses gestes, même s’ils pouvaient être fatals, étaient incertains,gauches, incontrôlés.
- Pas mal, fit Time en sueur. Mais, yarriverais-tu si tu ne dois utiliser que ta technique ? Voyons voircomment tu te débrouilles avec cette attaque.
Time attaquaen un mouvement. Ynès essaya de le parer, elle ni parvient pas, mais elles’agenouilla. Elle essaya de frapper son adversaire à la taille mais Time parasans difficultés et contre-attaqua. S’en suivit une lutte sans merci jusqu’aumoment où, Ynès, à bout de souffle, se laissa battre. Son épée tomba à terre.Dépitée, elle la regarda, incapable d’admettre qu’elle avait été battue.
- Ne t’inquiète pas ! Tu saistu te bats très bien, c’est la première fois que je vois quelqu’un comme toi.Tu es surprenante. Il faut juste améliorer ta technique et tu seras la plusredoutable des ennemies !
Emue par cecompliment, elle rougit. Ecume applaudit.
- Bravo ! Où as-tu appris à tebattre comme ça ?
- Je ne sais pas, sincèrement.
- Veut-tu apprendre l’art d’utiliserton pouvoir ce soir ou demain ?
- Demain, il faut que je me repose.Ca n’a l’air de rien comme ça mais Time m’a achevée. Bonne soirée !
Sur ce, elle se coucha dans lechariot, s’enroula dans une couverture et s’en alla au pays des rêves.

Ecume se réveilla en sursaut, aumilieu de la nuit. Tous ses sens à l’affût, elle sentait la respiration lenteet régulière de Time, endormi à coté d’elle. Elle percevait les bruits de laforêt. Un détail traversa son esprit. Sa sœur ! Elle ne l’entendait pas.Où était-elle encore passée ?

Un oiseau souple et silencieux volaitdans la nuit noire. Il savourait le plaisir d’être oiseau, même s’il étaitloin, très loin de son milieu d’origine.
Silencieux.
Libre.
La nuit étaitparticulièrement sombre. L’oiseau battit des ailes. Il était libre, il sentaitles moindres bourrasques de vent.
Il prit uncourant chaud ascendant et se laissa emporter.
L’oiseau ne seposait aucune question. Il ignorait la vie des hommes et ne s’occupait pas del’argent. Il se contentait seulement de vivre et manger. Et voler.
Il se sentaitbien dans les airs. Tellement bien que quand le jour pointa à l’horizon, il luisemblait que la nuit n’avait duré que très peu de temps…

Ynèsarriva le lendemain matin, fraîche comme une rose, les joues rougies par lefroid.
- Mais où part-tu ainsi chaquenuit ? lui demanda Time.
- Voler.
- Quoi ?!
Ynès nerépondit pas. Il avait parfaitement compris. Une sterne arctique était venuelui parler, envoyée par son père, elle avait su que c’était sa formeOriginelle. Elle puisait maintenant sa force et sa souplesse dans l’oiseauqu’elle était. Time lui offra un arc en bois d’if, accompagné par un carquoisplein de flèches longues et pointues. Time donna un cours de tir à l’arcmatinal à Ynès, puis ils se remirent en route.

Plusieurs jours passèrent sansproblème. Tous les matins, Time donnait ses cours d’armes à Ynès. Après l’épée,il y avait le javelot, l’arc, la lance… Objets que celle-ci apprit à manierconvenablement. De toutes ces armes, elle préférait l’arc. Ecume avait décidéavec sa sœur qu’elle l’emmènerait à l’Institut d’Initiation au PouvoirHéréditaire après leur quête pour apprendre à contrôler son pouvoir. Cetteécole très réputée se trouvait à Eüryanth, tout comme les grandes universitésdu royaume.

Ils avaient quitté la forêt pour uneplaine, immense. Les herbes étaient tellement hautes qu’ils ne voyaient pasplus loin que leur bout de leur nez.
- Attention aux lions desplaines ! Ils sont dangereux quand ils nous attaquent en bande, avertiTime.
Et comme pourconfirmer sa pensée, un grognement se fit entendre. Time dirigea lesévénements.
- Ecume, surveilles les arrières,Ynès, fait un détour et essaye d’attaquer par l’arrière, comme je t’ai apprisce matin, quant à moi, il inspira longuement, je vais attaquer de front.
A peine eût-il fini sa phrase quedeux lions surgirent des herbes. Time dégaina son épée. Ecume sortit sonpoignard et le leva. Ynès commença à faire le tour des lions afin se lesattaquer par l’arrière. Elle entendit un rugissement terrifiant, et elle suqu’un de ses compagnons avait commencer à frapper. Elle épaula son arc etprépara une flèche. Elle su qu’elle n’avait qu’une seconde pour tirer avantqu’un des lions ne la remarque. Dès qu’elle aperçu le dos d’un des énormesanimaux, elle tira. Le lion se retourna à ce moment, bondit et la flèche l’atteigniten plein sur le cœur. Il mourut sans avoir pu toucher le sol. Le lion survivants’était retourné et il montrait les crocs. Ynès abandonna son arc pour l’épéeet engagea le corps à corps. Le lion était fort, très fort. Mais Ynès avaitdécidé de ne pas perdre. Elle se mit dans le corps d’un oiseau. Elle se mouvaavec plus de facilité. Elle essaya de retrouver la force dont elle avait sutiré parti lors de son combat contre Lave, et elle cherchait les différentestechniques enseignées par Time. Elle n’y arrivait pas. Elle décida alors de semettre sous sa forme Originelle, peut-être qu’ainsi le lion serait aveuglé…
Elle pensa detoute ses force à la sterne, ne fit plus qu’un avec l’oiseau. Elle sentit levent souffler dans ses oreilles. Elle se sentit rétrécir, rétrécir, ses braschangèrent d’aspect, son nez et sa bouche s’allongèrent jusqu’à devenir bec,ses vêtements se muèrent en plumes grises et blanches. Ses cheveux devinrentplumes noires au dessus de sa tête. Elle battit des ailes. Elle était devenue unesterne. Comme elle l’avait prédit, le lion se coucha à terre en se léchant lesyeux qui avait été brûlés. La sterne voleta autour de lui et poussa son crid’alerte.
Krri-errr krri-errr.
Devenuaveugle, il ne vit pas Time qui, suite à l’appel d’Ynès, se faufilait derrièrelui. Time lui enfonça son épée dans la cage thoracique et le lion mouru sansdouleur. Quand, enfin, Ecume et Time se retrouvèrent, ils s’étonnèrent qu’unesterne arctique se trouve aussi loin de son milieu naturel, et pourquoi leur avait-ellesauvé la vie. La sterne voleta autour d’eux un instant et se posa sur l’épaulede Time. Elle commença à chanter. Le chant de la sterne n’est pas très gracieux,pourtant Time se redressa et tendit l’oreille pour écouter. Il hochait la têteà certain moment.
- Tu la comprends ? luidemanda, bouche bée, Ecume.
- Oui ! C’est Ynès !répondit Time, qui avait fini d’écouter. Détourne ton regard elle va seretransformée.
La sternescintilla et redevint Ynès. Une fois qu’elle eut achevé sa transformation,Ecume déclara :
- La transformation d’Ynès nous aapporté deux messages. Un, qu’Ynès peut prendre sa forme Originelle n’importeoù, pas seulement dans l’eau. Deux, que Time peut communiquer avec toi quand tues oiseau.
- Justement, à ce propos, la coupaTime, je…
Il n’eut pasle temps de finir sa phrase. Ynès et Ecumerigolaient à la tête qu’avait fait Time, et sûrement à cause aussi des nerfsqui lâchent. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas dormi dans un vrailit, et le combat qu’ils avaient mené les avaient épuisés. Time, après lesavoir regardé l’une après l’autre, éclata lui aussi de rire. Ils rièrent ainsilongtemps, sans même savoir pourquoi ils riaient. Puis cela s’arreta comme çaavait commencer. Mais cette crise de fou rire avait mis tout le monde de bonnehumeur. Ils récupérèrent leur chariot et repartirent.

La nuit tomba brusquement. Time,Ecume et Ynès durent se rendre à l’évidence, malgré les protestations évidentesde Neige Brûlante, ils ne pouvaient plus continuer. Ils décidèrent donc demonter le camp, et après un repas auprès d’un bon feu de bois, ilss’endormirent profondément sur leur tapis de mousse. Enfin, pas tous. Timen’arrivait pas à trouver le sommeil. Il se glissa hors de son lit et s’en allasans bruit. Neige Brûlante dormait, la tête entre les pattes. Le dragon relevala tête à son passage, mais ne broncha pas. Time alla s’asseoir sur le solfroid et humide, et regarda les étoiles. Il allait se perdre dans l’immensitécéleste, quand une voix familière interrompit son pseudo rêve.
- Tu n’arrives pas à dormir,Time ?
C’était Ynès.
- Euh, je…oui.
Elle s’assitdoucement à ses côtés.
- Ecume dit qu’il y a quelque chosequi te tracasse…
- Mais non, pas vraiment…
Il espéraitque le noir cache le fait qu’il ait rougi jusqu’aux oreilles.
- Bon, ben…tu veux venirdormir ?
- Non pas maintenant.
Ilsregardèrent les étoiles un bon moment. Finalement, ils se couchèrent dansl’herbe fraîche de la plaine.
Seul le chantdes grillons interrompait la paix et la plénitude du moment.
Finalement,Ynès demanda :
- Tu sais reconnaître lesétoiles ?
- En fait, je connais quelquesconstellations, les plus courantes. La Grande Ourse, la Petite Ourse, le W deCassiopée, l’étoile polaire…et je crois que c’est tout. Et toi ?
- Ben…pas grand-chose non plus. Maismon grand-père était passionné, et il me montrait tout ce qu’il savait, quandj’étais petite. Et puis il s’est éteint, comme s’éteignent les étoiles. Il estparmi elles maintenant…
Nouveau longsilence. Un animal nocturne, une chauve-souris peut-être, passa au dessus d’euxdans un bruit de froissement d’ailes.
- Je…Ynès, faut que je te dise untruc.
- Hm ?
- Tu sais que je te comprends, quandtu es sous ta forme Originelle, et je crois savoir pourquoi…
- Tu sais, quand je suis sterne, jen’ai plus aucune pensée humaine, et j’ai un comportement tout à fait animal, etquand je redeviens moi, j’ai tout oublié…
- Non, ce que je veux dire, c’estque tu n’es pas la seule créature que je comprends. Neige Brûlante a parlél’autre jour, et je l’ai compris. C’est pareil pour le lion que nous avonscombattu, j’ai senti ses pensées… Tu crois que c’est un signe, que j’ai undon ?
- Je ne sais pas. Moi, niveauinterprétation des signes ou des prophéties, je suis nulle.
- Mais, je rêve souvent de la mort.Ca veut peut-être dire qu’un danger nous menace…que je…que quelqu’un va mourir.
- Attends, tu a failli dire« que je vais mourir » ?
- Non, que quelqu’un va mourir.
- Je ne veux pas que tu meures. Jen’ai jamais eu un ami aussi proche que toi, et connaître ma sœur fait partie demon plus grand bonheur. Et même si le pire nous séparait, je ferais tout pourqu’on soit de nouveau ensemble. Je le jure !
- Moi aussi ! Je viendrais voussauver, toi et ta sœur !
- C’est ça, tel un chevalier chevauchantsur son fidèle destrier, pour sauver sa belle !! Elle se mit à rire. Sonrire était aux yeux de Time plus doux qu’une brise estivale, plus léger qu’uneaile de papillon. Un sourire naquit sur les lèvres de Time. Le rire d’Ynès luiprocurait le bonheur, tout simplement. Puis il s’arrêta, comme il avaitcommencé.
- Bon, ben je vais me coucher. Bonnenuit Time !
- Bonne nuit Ynès.
Elle s’enfonçadans l’obscurité.
-Pour sauver sa belle…se répéta Time.
Puis ilreplongea ses pensées dans la profondeur stellaire.

Il ne se souvenait que de cepassage : il se trouvait près d’une maisonnette et il observait deuxpersonnes. Une femme et un homme. Ce n’était pas l’acteur principal, et lesdeux personnages ne semblaient pas le voir. C’est la fille qui parla lapremière.
- Comme ose-tu revenir, Gänn ?Après ce que tu m’as fait ?
- Je suis venu t’apporter unmessage, de la plus haute importance. J’aimerais que tu m’écoutes.
- Et comment te croirais-je ?Tu m’as chassée, bannie !
- Je ne viens pas en tant que moi,mais en tant que messager. Ecoute-moi je t’en prie.
- Tu es tombé bien bas, Gänn. Bon,dis-moi ce que tu as à me dire, j’aviserais après.
L’homme, quis’appelait donc Gänn, dit :
- Il faut que tu quittes le pays,voire même le monde. Une guerre se prépare. Tu es en danger, fuis ! FuisTyllann, tant que tu le peux encore.
La femme àprésent avait une expression grave.
- Je le savais. Les esprits desMorts s’agitent, je les sens qui forcent, qui tirent sur la Porte. Ca fait un de cesboucans dans ma tête. Mais je veux vous aidez !
- Non, tu nous as été très utile,mais tu ne peux pas. Ton soutien a permis des efforts considérables dans laprogression de l’Armée Kanahän…Il hésita longuement, comme s’il ne voulait pasdire une vérité dure à avouer. Laisse ta place à ton fils.
- Comment oses-tu parler delui ? J’ai été forcée de me débarrasser de mon enfant quand il étaitencore au berceau ! J’ai tout perdu, mon amour, mon enfant, ma famille, mapatrie ! Et tout ça à cause de toi ! Pars ! Je ne veux plus tevoir !!
Le silence sefit, ensuite. On entendit le bruit d’un voile qui se déchire, un éclat rougesang aveugler le rêve, puis plus rien.


Time se réveilla au petit matin, larosée recouvrant son visage. Il se rendit compte qu’il avait dormi là où ilétait resté la veille. Puis il repensa à son rêve. Il n’arrivait pas àdéterminer s’il avait vu le passé, le futur, le présent…
Et puispourquoi aurait-il eu cette vision, ça n’avait aucun rapport avec leur quête…

- Time ?! Où est-tu ?
- Là. J’arrive.
Il se levapéniblement pendant qu’Ecume émergeait des fougères et des hautes herbes.
- T’as dormi ici ? On t’acherché partout avec Ynès.
- En fait, je me suis endormi commeça. Je regardais les étoiles. Et puis j’ai fait un rêve.
- Tu nous le raconteras tout àl’heure, pendant qu’on marche, il faut vraiment qu’on parte. On a pris duretard.
Elle l’entraîna vers leur campement. Il détacha son cheval, le monta,après avoir dit bonjour à Ynès. Ecume l’imita, et Ynès se chargea de guider lechar, car elle ne savait pas monter à cheval. Etant plus rapides, Ecume et Timel’eurent bientôt distancée, mais elle avait l’habitude, et sa sœur ne tarderaitpas à revenir lui tenir compagnie. Mais aujourd’hui, ils mirent plus de temps àrevenir à sa hauteur. Au début, elle ne s’en inquiétait pas, ils avaientpeut-être pris de l’avance en éclaireurs.
Puis, pendant qu’elle était seule,elle se mit à réfléchir à son passé. Elle savait qu’elle était arrivée, tombéeplutôt, dans la salle du trône du palais du roi de Zythüm. Elle savait qu’elleétait un esprit de l’eau, une néréide, elle connaissait sa sœur jumelle.C’était Time la première personne qu’elle avait vu quand elle était arrivéedans ce monde. Mais avant sa chute, rien. Aucun souvenir. Elle n’était pourtantpas de ce monde. Elle n’aurait pas pu tomber du ciel quand même ! Elle sepromit de retrouver la mémoire, avant la fin de la quête.
Alors qu’ellecommençait à s’inquiéter, et qu’elle, ne les voyant pas revenir, allait crierleur nom, elle arriva à leur hauteur. Ils s’étaient arrêtés devant un hameau,de trois maisonnettes de terre, de pierres et de chaumes. Time expliqua à Ynèsla raison de cet arrêt.
- Il faut faire le plein devêtements chauds et de vivres. Nous n’aurons plus d’étapes après, et il vafaire froid dans les Hautes Montagnes.
- Dans combien de temps quitterons-nousles Grandes Plaines ?
- Je pense dans quelques jours, deuxsemaines au grand maximum.
- D’accord.
Ils entrèrentdans le hameau, et trouvèrent une chaumière qui voulait bien les accueillir,eux et leurs montures.
La chaleur dufoyer de cette famille frappa Ynès. Il y avait trois enfants en bas âge quis’amusaient avec le chien, la mère était aux fourneaux et le père à la chasse,lui avait-on dit. Mais l’aïeule était là aussi, à filer la laine, respectée detous. L’unique pièce servait à la fois de cuisine, de chambre et de salle debain. Une cuvette en cuivre dans laquelle se lavait une petite fille de cinqans devait être en guise de baignoire, et les lits étaient posés le long des murs.Enfin, des drôles de lits. Les draps étaient en laine de mouton, posés sur uneplanche en bois. Le feu était au centre, et dessus une grosse gamelle danslaquelle cuisait la soupe.
L’hospitalitéde ces gens était sans limite.

Après deux jours passés dans cefoyer chaleureux, à faire des travaux pour aider la famille ou à s’occuper desenfants, ils congédièrent leurs hôtes et s’en allèrent, sans avoir oublier defaire le plein de laine et de vivres.
- Les gens sont toujours comme ça,dans ce monde ? demanda Ynès, étonnée car ils avaient été accueillischaleureusement à chaque porte où ils avaient frappés.
Time semblasurpris par la question.
- Ben oui, c’est normal,d’accueillir un voyageur éreinté, non ?
Ynès décida delaisser tomber. Ce n’était pas du tout la même culture qu’elle avait en mémoire.Aujourd’hui, un inconnu qui se pointe en pleine nuit, qui vous demandel’hospitalité, votre premier réflexe pour avoir été réveillé, c’est de lemettre à la porte. Ici non, ils offrent même un peu de leur repas, qu’ilssoient riches ou pauvres, vous ouvrent la bouteille de vin pour les grandesoccasions et vous donnent ce dont vous avez besoin.
Ynès insistapour retourner conduire le char. Pendant ces deux jours, Time lui avait proposéde lui apprendre à monter, mais Ynès avait refusé. Elle prenait du plaisir àconduire Ajüdan, le vieux cheval de trait qu’ils avaient acheté dans le villagede Juseÿ. Elle lui parlait souvent, dans ses moments de solitude. Elle savaitqu’il l’écoutait, et jamais il ne répéterait ses secrets. Elle connaissait àprésent le cheval, savait quand il fallait le ménager, ou au contraire lepresser un petit peu. Il était vieux et fatigué, mais il était vif, etrépondait au moindre coup de rênes d’Ynès.
Ce jour-là,elle lui parla de Time. Beaucoup. Elle lui avait dit qu’elle ne savait pas lesentiment qu’elle éprouvait envers lui, si c’était de l’amitié, ou un sentimentencore plus puissant…
- Tu sais, lui dit-elle, je n’ai jamais eu beaucoup d’amis. Les autresme trouvaient bizarre. Certains me traitaient de folle, parce que je n’étaispas comme eux, et parce que je voyaisdes monstres partout. Je crois que Time est l’un de mes premiers amis. Ecume,ce n’est pas la même chose, je l’aime tout autant, mais c’est ma sœur. C’est,je crois, les premières personnes qui me regardent différemment. C’estpeut-être parce qu’ils sont comme moi…
Le chevalremua les oreilles, preuve qu’il écoutait attentivement les paroles d’Ynès.Elle continua.
- Et cette fichue mémoire qui ne merevient pas ! Il ne me reste que quelques souvenirs, mais je n’arrive pasà me rappeler d’où je viens. Pas de ce monde, en tout cas. D’après messouvenirs, je suis tombée du ciel, dans cette salle du trône. Ecume m’a dit quemon collier était un acte de naissance, certifiant que je suis née ici…etpourtant, ce monde ne me dit rien. Comme si… comme si j’avais quitté la surfacede la terre.
Ajüdans’arrêta. Il y avait une grosse pierre au milieu du chemin. Ynès le guida surle bas-côté, là où l’herbe pousse, la carriole s’ébranla et ils reprirent laroute, comme si de rien n’était.
- Non, ce n’est pas possible quej’ai quitté la terre… je raconte vraiment n’importe quoi ! fit-elle enriant, et essayant sûrement de se convaincre elle-même…
Le cheval deTime apparut au bout du chemin, et il l’eut bientôt rattrapée, avec Ecume.
- Rien à signaler ? demandaYnès
- Non rien. Et de ton côté ? Tuas eu des problèmes avec la pierre ?
- Non ! On a géré l’affaireavec Ajüdan ! N’est-ce-pas ?
Le chevalhennit.
Ecume regardade tous les côtés.
- Où est Neige Brûlante ? Je nele vois pas.
- Quelque part dans les bois… ilavait faim.
- J’espère qu’il ne va pas tropterroriser les pauvres animaux !
Ils de mirentà rire.
Plus ilgrandissait, et plus ses besoins en nourriture se faisaient croissants, et plusla réserve diminuait. C’est pourquoi Time, Ynès et Ecume avaient décidé delaisser le dragon chasser… Mais là, ça allait, ils étaient dans la plaine, il yavait du gibier, mais quand ils seront dans les glaciers ?
Ynèsfrissonna. Que mangera Neige Brûlante ? Va-t-il mourir de faim ?Devront-ils l’abandonner ?
Elle chassacette mauvaise pensée de son esprit.

Ils passèrent à côté d’un grandgouffre. Time parla, et sa voix résonna jusqu’aux profondeurs de la crevassequi s’étendait sous leurs pieds.
- Il faut qu’on la contourne vers leNord pour aller aux Hautes Montagnes. On n’a pas d’autre moyen, à partescalader des parois lisses comme du verre à une très haute altitude. Ca, seulsles esprits des Montagnes peuvent le faire. Nous, on va faire un détour moinsrisqué mais plus long, une semaine de marche en plus…
Time donna uncoup d’éperon à son cheval, et il reparti.
- Qui sont les esprits desMontagnes ?
- Ben ce sont des esprits commenous. Certaines légendes disent qu’ils sont les enfants de la Nature, d’autres du Ciel.Une chose est sûre, ils grimpent comme des chamois.
- On les rencontrera ?
- Oh non. Il vaut mieux les éviter.Ils sont sauvages, et ils n’hésiteront pas à nous attaquer pour défendre leurterritoire…
- Charmant.
- Ils n’ont jamais mis les pieds enville, les défendit-elle. Si jamais il y a une guerre, ils doivent êtreforts ! Je dis doivent, car ils n’ont encore jamais accepté de nous aider.Il n’est pas encore né celui qui le fera, crois-moi !
Finalement, ily eu un grand silence. On n’entendait que le lent clip-clop des sabots des chevaux.
- Ynès, je t’ai menti, en quelquesorte…
- Pourquoi ? fit Ynès enfronçant les sourcils.
- Le pendentif que tu portes, cen’est pas seulement un acte de naissance, tous les esprits en ont. C’est aussinotre pierre de vie, tout notre pouvoir est concentré à l’intérieur. Si tu laperd, il te restera rattaché quelque temps, puis s’estompera. Tu peux survivregrâce à ta pierre, au combat, si tu es blessée mortellement, elle peut tesauver. Par contre, le contraire n’est pas possible. Si on casse la pierre, tumourras immédiatement…
Je pensais quec’était important de te le dire…
- Important ? C’est super important, tu veux dire !T’imagine si j’avais fait tomber la pierre, et qu’elle s’était cassée ?
- Pas de risques à ce niveau là. Lapierre est créée à ta naissance, avec l’aide d’entités puissantes, et il fautune bonne dose de magie noire pour la détruire. Euh, par contre, les espritsdes Morts peuvent…
Elle allaits’en aller quand Ynès la retint.
- Mais Ecume, j’ai vécu sans pierrependant longtemps !
- Sans pierre, tu étais comme unhumain.
- Quand le vieil homme me l’a mis aucou, j’ai senti comme de la chaleur dans mon corps comme si… comme si je buvaisun grand bol de soupe chaude.
- Ton pouvoir affluait. Il sera deplus en plus puissant au fil des entraînements, et bientôt, tu seras aussiforte que moi !
- Qu’est ce que tu peux faire ?
- Oh, pleins de trucs ! Tuverras !
- Pourquoi Time ou toi,n’utilisez-vous pas vos pouvoirs ? Ils nous auraient sortis de situationsdifficiles !
- Tout d’abord, moi. Je ne peux pasutiliser mes pouvoirs car on est loin de la Mer, et Time…
- Quoi ?
- Tu as bien vu au palais, il adéformé le Temps. Miguel a dit qu’il était recherché suite à ça…
- Et alors ? Ce n’est pas àcause de nous ?
- Non. Tu sais que les jumeaux sontinterdits. Mais la vérité, c’est que Time, lui, n’est pas censé exister. LeTemps est une notion trop abstraite, ou les esprit du Temps sont troppuissants, et le Roi n’aime pas. Il a interdit et fait chasser tous les espritsdu Temps du royaume. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il y en avait qu’un seul,Time, l’esprit le plus puissant du siècle. Depuis sa naissance il estpoursuivit, et il n’a cessé de se cacher.
- Time est un esprit du Temps ?
- On ne te l’avait pas dit ?
- Non… mais j’avais quelques doutes.
- Ah bon ?
- Ben ouais. Pouvoir contrôler leTemps, c’est pas commun, et puis le fait qu’il n’ait jamais révélé son identité,alors que nous on disait notre nom suivit de néréide, et puis il y a son nom…
- Son nom ? Time ?
- Ouais. Ca veut dire Temps, enanglais.
- En nang laid ?
- Tu ne connais pas ?
Pour dire lavérité, Ynès était sacrément étonnée. Elle était persuadée qu’Ecume avaitappris l’anglais, la langue internationale, mais elle ignorait même le nom…
- C’est la langue la plus parléedans le monde !
- Je suis désolée… je ne vois pas ceque tu veux dire.
C’est là queça a fait tilt.
Si Ynès ne sesentait pas à sa place dans ce monde, c’est qu’elle n’était pas de ce monde.Elle avait grandi dans une autre dimension, et comme sa sœur ignorait tout dumonde de son enfance, elle ignorait tout du monde d’où elle était issue. Pourla simple et bonne raison qu’elle avait grandi ailleurs.
- Hum, bref… pourquoi le Roi leschasse-t-ils ?
- Ils se retournent souvent contrelui, et ils font sujet d’une terrible prophétie. Et puis, ils ont le Don.
- Quel Don ?
- Le pouvoir de…
Elle netermina jamais sa phrase. Neige Brûlante était de retour, et dès qu’il aperçutEcume, il lui sauta dessus, en jouant. Ecume tomba de son cheval, dans uneposition tellement ridicule, qu’Ynès ne pu s’empêcher de rire.
Vexée, Ecumeparti vers Time, qui avait déjà disparut au bout du chemin.
- Eh ben, Neige Brûlante, tu as bienmangé ?
Le jeunedragon acquiesça à sa manière, c'est-à-dire en se pourléchant longuement lesbabines.
Ynès repensa à ce que sa sœur luiavait dit à propos de Time. Savait-il qu’il était si puissant ?Connaissait-il lui-même l’étendue de ses pouvoirs ? Et puis, de quel Donelle parlait ?
Voilà pourquoiTime était persuadé que la prophétie le concernait.
Elle jeta uncoup d’œil à la profonde crevasse que le chemin longeait. Et dire que dans unesemaine, ils seraient de l’autre côté…C’était presque inimaginable.
Puis ellepensa à Miguel, à Kaxäll, à Charly, à Juseÿ. Que devenaient-ils ?Pourraient-ils les contactés ? Et Lave…il avait parlé de vengeance…
Ynès resta plongée dans ses penséesjusqu’à ce que Time et Ecume la rejoigne, la nuit tombée. Ils installèrent lecampement et s’endormirent, éreintés.

La fille du dernier rêve de Time réapparut,mais en beaucoup plus jeune, presque adolescente. En armure, elle combattait rudementaux côtés d’une armée, l’armée Kanahän. Soudain, une lumière vint aveuglé lerêve de Time. L’image se brouilla, et il retrouva la jeune fille à part, entout cas plus sur le champ de bataille.
- Où… ? commença Tyllann, puiselle compris qu’elle se trouvait à côté d’un homme. Qui êtes-vous ?fit-elle avec un mouvement de recul.
- Ne me demande pas ça…je suis làincognito.
- Pardon ? Mais qui êtes-vous,répondez-moi bon sang !
- Je m’appelle…hum…Personne.
- Personne ? Quel drôle de nom,vous vous foutez d’ma g…
L’homme luiposa son doigt sur ses lèvres.
- Chuuut ! Pas si fort !
Tyllann sedégagea.
- Et qu’est ce que vous voulez demoi ?
- Rien Tyllann, pour l’instant.
- Comment vous connaissez monnom ?
L’homme pensa,peut-être un peu trop fort.
-Le Temps sait tout.
-Quoi ?
- Je hum, vous garanti un avenirhors du commun, pour vous et….votre fils.
L’inconnuregarda sa montre (on ne sait pas d’ailleurs se qu’elle vient faire là, Timen’en avait jamais vu), et improvisa quelques excuses, puis disparut.
- Mais je n’ai pas d’enf… Elle n’eutpas le temps de fini sa phrase.
Puis le rêvede Time se déchira. Il se retrouva dans une immense salle qui devait êtresouterraine. Un homme de quarante ans était assis sur l’unique chaise qui setrouvait au parfait milieu de la salle. Il était particulièrement grand. Ilétait séduisant aussi, cheveux blonds comme le blé, entrelacés de mèchesargentées, yeux marron. Le portrait craché de Time, en plus vieux. Time su toutde suite à qui il avait affaire. L’homme ouvrit ses lèvres, et un son quisemblait venir des profondeurs de la terre en sortit. C’était uniquement deuxmots. Deux mots qui percutèrent Time comme une pierre, deux mots qui changèrentl’opinion d’une vie.

~ je t’attends ~

Ces motsétaient tellement forts et puissants que Time perdit le contrôle de son rêve. L’imagese déforma, et fini en éclats, comme un miroir qui se brise.
-NON ! supplia le Time du rêve.

- Quoi ? Mais je ne m’en vaispas Time, je me levais, simplement, fit Ynès, agenouillée devant lui. Time sefrotta les yeux.
- Pardon, je rêvais.
- Tu parlais en dormant, fit-elledoucement. Tu suppliais quelqu’un de ne pas s’en aller. De quoirêvais-tu ?
- Oh, rien. Laisse tomber.
- Time, tu fais des rêvesprémonitoires. Dis-moi ce qui ne va pas !
- …
- Quelqu’un va mourir ?
- Non.
- Quoi alors ?
- Rien, tu m’énerves ! Il seleva brutalement et parti dans la brume du petit matin, avant le lever dusoleil.
Ynès sentiqu’il y avait pourtant quelque chose qui n’allait pas. Pourquoi voulait-ilgarder le secret ?
- Qu’y z’passe ? Ecume relevala tête des couvertures, l’air franchement pas réveillée et les cheveux enpétard. Vous faites un d’ces boucans !
- C’est Time, il est bizarre.
- Il a fait un mauvais rêve,rendors-toi.
Ynès hésita àécouter sa sœur. Finalement, elle se laissa emporter dans les bras de morphée.Elle avait le sommeil très léger, et quand, deux heures plus tard, Timerentra, ça la réveilla. Time marmonnait tout seul, mais finalement, se couchaet s’endormit. Ynès n’avait réussi qu’à comprendre un seul mot, mais ilsemblait être le plus important dans le grommellement de son ami. Ce mot était père.
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 Lun 20 Déc 2010 - 13:25
Je crois que j'ai raté un chapitre x)
Éclipse de Lune
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Éclipse de Lune
 Jeu 24 Fév 2011 - 20:58
On sent un peu le style de Bottero. J'aime bien.
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Kontahexe
 Jeu 24 Fév 2011 - 21:12
*fille qu'a jamais lu Bottero et qui vient d'en lire un* (oui, oui, je suis une inculte u.u")
Éclipse de Lune
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Éclipse de Lune
 Ven 25 Fév 2011 - 15:29
Au début, quand j'ai lu les livres de la Quête d'Ewilan, j'ai bien accroché. Beaucoup moins à Ellana. Finalement, je trouve que ses histoires son très répétitives (monstre, autres mondes...). J'accroche pas trop en fin de compte. Au bout d'un moment, c'est barbant.
Sinon, à quand la suite, Crépusc' ?
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Kontahexe
 Sam 26 Fév 2011 - 0:53
Ben tu vois, j'accroche pas, moi, pour ces trucs >< je préfère largement Scott Westerfeld ← bon, il a pas grand chose à voir, mais bon 8D
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 Sam 26 Fév 2011 - 10:07
Zelda, moi je crois avoir loupé beaucoup de chapitres, je vais tout relire depuis le début je pense What a Face
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Kontahexe
 Mer 15 Juin 2011 - 1:41
la sweet *0* *à tout relu depuis le debut pour Anh*
Ben j'avais oublié plein de choses ! Ça m'a rafrechit la mémoire *.*
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 Mer 6 Juin 2012 - 18:55
TROP MEGA GENIALE TON HISTOIRE!!!!!!!!
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 Mer 6 Juin 2012 - 18:55
TROP MEGA GENIALE TON HISTOIRE!!!!!!!!
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