Je déteste me perdre...( pv; Feuille Brillante)

Petite Brume regarda la vaste plaine autour d'elle; cet endroit lui était inconnu. Les odeurs qu'elle sentait ici lui semblait étrange, comme venues d'un autre monde. Elle savait qu'elle se trouvait sur le territoire d'un clan ennemi. Mais lequel? Elle n'en savait rien.
Ce matin-là, elle avait décidé de prouver qu'elle méritait d'être apprentie. Elle avait prévenue sa mère pour que personne ne s'inquiète, lui faisant croire qu'elle jouait à l'orée des bois et qu'elle reviendrait très vite. Normalement, elle aurait voulu chasser dans les bois et revenir avant qu'on ne se mette à la chercher. Sauf qu'à force de louper ses proies, elle s'était enfoncée trop loin et avait quitté le terrain protecteur du clan de la Rivière. "Je ne suis qu'une pauvre idiote!" se sermonna la chatonne, avec raison.

Peu à peu, la plaine laissa place à des rochers grisâtres, dans lesquels le pelage gris clair de Petite Brume se fondait sans problème. Fatiguée par sa longue marche, elle décida de s’arrêter un moment, les coussinets en feu. Elle était trop habituée à marcher sur l'herbe humide, pas sur une terre aride et balayée par les vents. Regardant avec inquiétude la course du soleil dans le ciel bleuté, elle remarqua qu'il lui restait encore quelques heures pour revenir chez elle avant que la nuit tombe. Il lui faudrait non seulement de la chance, mais aussi du courage et de l'énergie pour y arriver. Mais elle était épuisée; la chatonne sentit qu'elle s'endormait peu à peu lorsqu'un bruit peu éloigné se rapprocha. Apparemment, la personne qui en était responsable se fichait pas mal qu'on la voie ou non.

Petite Brume songea d'abord à se cacher, ce qui ne lui serait pas trop difficile vu la couleur de son pelage. Mais à quoi bon? A tout les coups, le chat repérerait son odeur. En se dévoilant, elle s'accordait au moins le mérite d'être honnête, et puis... Faute avouée, à moitié pardonnée, non?

Elle s'avança vers l'inconnue, baissa les yeux en signe de respect, ce qui ne lui donna pas le temps de voir la réaction de la guerrière et dit sur un ton timide ( avec un peu de chance, cela pourrait la rendre attendrissante);

-Je suis désolée. Je me suis perdue, je ne voulais pas être sur votre territoire. Mais je ne sais pas comment rentrer chez moi...

Elle avait dit la dernière phrase avec un désarroi sincère, et avait mis toute son innocence de chatonne dans le moindre de ses mots. Mais en réalité, son unique pensée était; "Pitié, ne me tuez pas!".