Tu me rappels malheureusement quelqu'un.. [Ft. Shishi] ||TERMINE (EN UN APRES-MIDI)||

Quelle chaleur ! En même temps c'est normal, on est en été et malgré la fourrure légère, et sans narcissisme, soyeuse et brillante de Liekki, elle se cachait du soleil en s'abritant à l'ombre des fortifications du camp provisoire durant l'après-midi. Que ce soit sur leur ancien territoire ou sur celui-ci, il faisait toujours aussi chaud et c'était agaçant. Sauf que là, il y avait un lac tout proche donc c'était plus facile d'aller boire ou d'apporter à boire aux mères et aux anciens, et la chasseuse comptait bien en profiter. Après avoir dévorer son repas du midi, elle fit une brève toilette et se releva, se dirigeant vers la sortie. En chemin elle trouverait de la mousse et l'imbiberait d'eau pour l'apporter aux mères, il était important pour elles de boire car la production de lait devait nourrir les petits. Sans eau ni nourriture, impossible d'en trouver, et là c'était la mort assurée pour les chatons comme pour leurs mères.

La féline gracieuse sortie alors d'un pas pressé en dehors du camp, l'air y était étouffant depuis qu'ils étaient en presque cohabitations avec la Troupe Embrumée, ces derniers temps avaient déjà été durs et en plus ils devaient s'occuper d'une deuxième Troupe de félins, génial ! On pouvait pas rêver mieux tiens ! Sur le chemin, la symphonie de la nature et esquise à entendre, le bruissement des herbes sèches et jaunis par l'été dû au vent accompagnait le chant des oiseaux et des cigales. En s'approchant du Lac, la chasseuse pouvait admiré un spectacle particulièrement beau ; le soleil, à son zénith, faisait cintiller l'eau de milles feux, comme si le Lac s'était remplit de milliers de cigales en journée. Mais elle n'était pas là pour compter les brindilles d'herbes mais pour boire et apporter de la mousse aux mères. Tout près du lac, elle réussit à trouver de la mousse accrochée sur un arbre, de ses griffes aiguisées elle en arracha une bonne partie pour en faire une grosse boule de mousse, et il en restait quand même.. ça pourrait peut être faire plaisir aux petits ? Bref, Liekki se dirigea alors vers le bord du lac, sous ses coussinets elle pouvait sentir les galets blancs et l'humidité qu'ils conservaient. Un peu après, l'eau venait lui léchait les pattes, mais ce n'était pas grave, elle n'avait pas peur de se mouiller, alors elle se pencha et lapa le liquide transparent avec soif. Aaah ! C'que ça fait du bien ! Surtout en cette saison, il fallait vraiment s'hydrater.

Quelques minutes plus tard, Liekki rentrait au camp chargée d'une grosse boule de mousse et d'une autre sèche un peu moins imposante. En se rapprochant de l'abri des Mères, elle aperçut déjà des petites boules de poils s'agitaient dans tous les sens, se pourchassant et se sautant dessus. En voyant cela, la féline gracieuse se demandait vraiment comment les femelles faisaient pour supporter ça à longueur de journée, personnellement elle, elle n'avait pas hâte d'être mère. Peu importe, Liekki rentra alors et déposa la boule de mousse devant une reine, laissant tomber en même temps la sèche à côté d'elle !

- Tenez, voici de l'eau, buvez sans modération ça vous fera du bien. miaula-t-elle d'une voix calme.

Je trémoussais mon arrière-train de droite à gauche. Certains disaient que ça n'aidait pas dans la chasse, mais je ne les croyait pas. Laissez-moi avec mes petites supertisions, d'accord ? Pattes faiblement fléchies, poitrail frôlant le sol, je m'apprêtais à sauter sur ma pauvre victime. Juste à attendre.. le signal.. et, hop ! J'avais bondi, plus en longueur qu'en hauteur, sur ma proie qui tentait désespérément d'échapper à mes minuscules pattes. D'un coup de crocs bien placé, je mettais fin à sa vie, à ses souffrances. Toute contente, la queue ondulant dans l'air, je me relevais et rejoignais mes compagnons.
Plus tôt dans ma journée, un groupe de chasseurs étaient venus me proposer une partie de chasse. Pourquoi pas, après tout ? Mon mentor, aujourd'hui, était trop occupé pour m'entraîner. Je suis toujours prête pour un peu d'action ! Tant mieux pour eux, aussi, au moins ils n'auront pas à assister la destruction du camp en revenant de ce qu'ils appelaient une patrouille.
La joie se lisait sur mon visage enchanteur, sublimé d'un grand sourire profondément niais. J'avançais du haut de mes petites pattes, à un rythme même plus rapide que les trois guerriers. Je ne tardais pas à les dépasser, ce qui réveilla un désir de jouer dans mon esprit. Sans les attendre, je m'empressais de rejoindre la maison. En fait, maintenant, ça n'était plus tellement ma maison.. Nous n'étions qu'à quelques arbres de la Troupe Embrumée, et ça, c'est pas cool.. Mais bon,  c'est mieux que la maladie, hein ! On ne salit pas ma santé aussi facilement, pfuh.
Je bondissais, heureuse, à la vue du groupe de félins. Sur mon passage, je laissais tomber mon butin dans une pile de proies, pour certaines encore chaudes de vie. Mon mentor m'avait dit, hier, que je devais toujours m'occuper des aînés. Je ne suis pas de cet avis, moi ! Les histoires, c'est fait pour être écouté le soir ! J'aime bien les chatons. Pourquoi ne pas aller les voir ? Je pivotais ma tête en direction de l'antre des mères, quand mes yeux repérèrent un mouvement suspect.
Stop.
Une boule de mousse !
Tel un mini-fauve, je m'approchais à pas feutrés de l'ouverture, longeant les parois des autres tanières. Un pas, deux pas, trois pas.. J'étais assez près, ici ! Je m'élançais à toute vitesse dans la tanière, quelques secondes après que l'amas végétal ait roulé au sol. J'effectuais ensuite un bond, prodigieux, pour ensuite écarter mes pattes et glisser sur le sol, choppant la mousse qui se trouvait dans mon sillage. Je me freinais à l'aide de mes pattes avant, mordillant la plante dans mes ridicules mâchoires d'apprentie toute fraîche. Enjouée, je roulais sur le dos. Un coup de patte par ci, un coup de patte par là, et la boule rebondissait entre mes membres, atterrissant finalement sur mon ventre. Je me penchais pour la ramasser, en vain, et c'est là que je remarquais une chasseuse, étalée sur le sol. L'avais-je fait trébuchée ? Oh non ! C'est pas le moment de se faire punir, vraiment pas ! Non ! Il fallait que je m'excuse ! Par où commencer ?! D'une voix hésitante et, muée en petits tremblements, je miaulais :
" Excusez-moi, je.. je.."

Alors que je papotais avec les mères de tout et de rien, un peu comme d'habitude, mais surtout parce qu'elles étaient bavardes et que je ne pouvais pas non plus leur envoyer en pleine face "Bon vous m'gavez, j'ai autre chose à faire que d'écouter votre vie !" , ce serait très impoli et immature. J'en avais complètement oubliée la boule de mousse sèche que j'avais laissé sur le sol pour les chatons, étant trop concentrée sur ma discussions, même si du coin de mon œil de cristal j'attendais de voir si un chenapan allait sauté dessus. Mais au lieu de voir une adorable boule de poils toute touffue et courte sur patte attaquée la boule de matière végétale, je vis dégringoler une novice qui, en plus de me faucher les pattes comme jamais vue, et je peux dire que ma chute ne fut pas des plus gracieuse, avait dans le sens propre du terme, foutue un vrai bordel en dehors de la tanière des mères COMME à l'intérieur.

Mais qu'est-ce qui lui prenait à cette novice sans cervelle ?! Sauter sur une boule de mousse qui plus est dans une tanière où des félines allaitante et des chatons se reposaient, on ne lui avait pas apprit les bonnes manières ou quoi ?! Dans un grognement sourd, je me releva et me retourna en croisant les pattes vers la responsable de tout ce vacarme. Mes yeux perçant la fixait d'un air sévère, elle m'avait vraiment énervée, déjà que je n'étais pas de bonne humeur à cause de cette chaleur, cette cervelle de crapaud en rajoutée une couche ! Et même si elle essaya de formuler une excuse correcte, qu'on aurait pût associer à un marmonnement incompréhensible, je n'en fus pas apaisée. Mais pour ne pas effrayer les chatons comme les mères de ma violence, je pris mon air le plus calme et posé qu'il soit avant d'attraper doucement la novice par la peau du coup et de la sortir, ou plutôt trainer vu son poids, de la Tanière en saluant respectueusement les femelles.

Je m'arrêtais alors à quelque mètres plus loin, presque au milieu de la clairière, et lâcha, je dis bien lâcha et pas posa, la novice turbulente sur le sol, et reprit mon air sévère en la toisant de toute ma hauteur d'adulte :

- Ca t'amuse de mettre une pagaille pareille dans un endroit pareil ?! sifflais-je au museau de la féline à mes pattes :- Je n'ai pas que ça à faire que de réprimander une cervelle de truite comme toi !

Étrangement, en détaillant un peu plus la novice poussiéreuse, dans ses gestes et son caractère, elle me rappela soudain Lesa. Ssshhhh..! Cette chasseuse immature au sourire indélébile avait le don de me taper sur les nerfs, même si bien sûre je ne lui montrais pas, sinon elle se moquerait de moi. Inépuisable et au comportement de chaton, je me demandais encore et toujours comment elle avait pût devenir Chasseuse avec son caractère !

Oh non.. Non, non, non et non ! Pourquoi je n'avais pas réussi à m'excuser ? Foutue langue, et foutue cervelle ! Non mais, vraiment ! Maintenant j'allais me faire punir à cause de mon incapacité ! Et tout ça à cause de quoi ? De moi ! La chasseuse, menaçante, s'approchait dangereusement de moi, son regard fixé au mien. Je pouvais lire la haine ou, plutôt, l'aversion dans ses yeux, ainsi qu'un désir aussi profond que celui de tuer. Elle m'en voulait, c'était certain. Je reculais, mais mon dos fut bientôt collé à la parois, ce qui eut le don de faire monter un pic de stress en moi. Visiblement sérieusement énervée, la femelle me saisit par la peau du cou. Elle aurait pu me prendre moins délicatement, si tout ça ne se passait pas devant le regard des chatons. Et justement. Cette maline, elle m'entraînait dans le camp. Je me laissais faire. Cela ne servait à rien de se débattre. Non sans se gêner, elle me lâcha brutalement au sol, tandis que je me ramassais sur la surface poussiéreuse comme une vieille pomme de terre. Elle me fixait de haut, d'un regard qui me semblait plus hargneux que hautain. Déjà qu'elle devait être sacrément grande, avec mon âge et ma taille, ça n'arrangeait pas les choses. Je n'arrivais même pas à la moitié de sa patte.
"- Ca t'amuse de mettre une pagaille pareille dans un endroit pareil ?! "
J'abaissais mes oreilles, honteuse.
" - Je n'ai pas que ça à faire que de réprimander une cervelle de truite comme toi ! " reprit-elle.
C'était trop tard, à présent. Je devais assumer mes actes. Mais j'avais pas fait exprès, après tout ! Pourquoi je devrais me laisser impressionner ? Je refuse ! Et elle m'insulte de cervelle de machin-chose, de plus ! Non mais oh ! Je suis peut-être une apprentie insouciante et naïve, mais pas un souffre-douleur !
" - Alors pourquoi tu le fais, hein ? Y'a quoi de mal à pourchasser une boule de mousse ? C'est pas une prison ici, si ?! " lui rétorquai-je.
Alors, madame-je-me-plaît-à-créer-des-règles ? Pire qu'une coccinelle, celle-là ! Une vraie peste ! Moi, je l'aime pas, nan ! Et si c'est comme ça, je vais le dire à mon mentor, tiens ! Pour qui se prenait-elle ? Quelqu'un qui peut me gronder, comme ça, sous le regard de tout le monde ? Tcch !

Spoiler:

La grenouille ambulante semblait se faire encore plus petite face à moi, c'est vrai que cela donnait un sentiment de supériorité mais je n'étais pas comme ça, je grondais pour gronder, et non pas pour prouver à toute ma Troupe que j'étais une chatte à craindre pour mes réprimandes ou autre. Cette novice le méritait en plus, avoir mit un bazar pareil, je n'avais jamais vue ça de toute ma jeune existence ! Les mères étaient déjà assez épuisées par leur chatons mais si en plus elles devaient s'occuper de remettre en place ce qu'avait dérangée Eivaam, ça, c'était vraiment agaçant. Soudain, la petite commença à devenir elle aussi furax, pourquoi ? Pour avoir été gronder ? Cela faisait partie de l'apprentissage des chatons comme des novices :

- Alors pourquoi tu le fais, hein ? Y'a quoi de mal à pourchasser une boule de mousse ? C'est pas une prison ici, si ?!

Mais c'est qu'elle se rebiffait la sauterelle ! Non mais ! Je m'en vais lui apprendre les bonnes manières moi, quand un aîné dispute un novice ou un chaton, celui-ci doit se taire et promettre de ne plus recommencer, et pas rétorquer ! Alors pour accentuer mon air sévère en plus de menaçant, je lui montra mes longs crocs blancs et pointus, de quoi faire faire des cauchemars aux petits ! Mes yeux de cristal étaient plissés et mes pupilles ne se résumaient plus qu'à deux fines fentes. Ce n'était sûrement pas une novice qui allait lui faire la leçon, à ça non ! Et j'allais bien lui faire comprendre en lui répondant comme il se doit face à une dévergondée dans son genre :

- Je le fais pour que ta petite cervelle de truite arrive à assimiler les mots : respect et politesse. Ce que tu n'as sûrement jamais dû apprendre, pourtant en tant que novice, tu devrais te comporter comme tel. Je ne m'étonnerais plus si un chaton venait à faire la même bêtise que toi vu l'exemple que tu leur donnes ! crachais-je avec animosité et férocité sur Eivaam.

Dans ce genre de moment où je montrais ma facette la plus féroce, je plaignais ceux qui étaient en face de moi. Bon, je n'étais pas toujours comme ça, je ne tenais pas à avoir une si mauvaise réputation que ça, "la bourreau des chatons", génial comme surnom pour le restant de mes jours tiens !

Son expression gagnait en férocité, et, comme si elle pensait m'imppressioner, elle retroussait ses babines ! Tss ! Qu'en avais-je à faire, qu'elle me montre ses mignons petits crocs ? Qu'elle aille tester sa technique sur un jeune chaton, ça marchera bien plus ! Ou sur un guerrier assez soumis pour se plier à sa menace ! Parce-que, sur moi, ma grande, ça ne va pas marcher. Oh, ça non. Je déteste que l'on abuse de ma naïveté. Déteste.
" - Je le fais pour que ta petite cervelle de truite arrive à assimiler les mots : respect et politesse. Ce que tu n'as sûrement jamais dû apprendre, pourtant en tant que novice, tu devrais te comporter comme tel. Je ne m'étonnerais plus si un chaton venait à faire la même bêtise que toi vu l'exemple que tu leur donnes ! "
Instinctivement, je relevais mes lèvres, dévoilant ma petite dentition, qui pourtant fait si mal. Je remontais sur mes échasses miniatures, menton levé, le regard embrasé. Je crois n'avoir jamais été si habitée par la colère. C'est qu'elle m'agaçait profondément, celle-là ! Et elle utilisait des mots que je ne comprenais même pas, comme si ça allait m'impressioner, tiens ! J'enfonçais mes griffes dans le sol, bien que je n'avais même pas remarqué que je les avait sorties.
" - EXCUSE-MOI SI MON MENTOR N'ES JAMAIS LA POUR ME TRANSMETTRE SON SAVOIR ABSOLU DE "RESPECT" ET "POLITESSE" ! " lui hurlait-je d'un ton ponctué de rage, bien ressentie et voulue.
J'avais envie de la mettre en pièces. Vraiment. De lui arracher les oreilles. Tiens, d'ailleurs.. Qu'est ce qui m'en empêchait ? Mon mentor, qui d'ailleurs ne m'avait rien enseigné jusque là, n'était pas présent, et ne me blâmerait pas. Les gens autour, je m'en fichais, je les ignorait, qu'ils aillent donc se plaindre autre part. Et elle ? Elle ? Je voyais la fureur brûler en elle, déferler tout ses démons, ce qui était aussi mon cas, par ailleurs. Elle pensait m'avoir avec de belles paroles ? En me menaçant grâce à ses crocs ? Ah, ça, non ! Je lui feulais au nez, avant de m'élancer vers la chasseuse, animée par la rancoeur, enfonçant mes petites dents dans sa chair non sans gêne, pressant de mes mâchoires, resserant toujours plus l'étreinte.

Et elle continuait ! Et elle continuait cette triple idiote ! Retroussait ses petites babines pour dévoilait une dentition d'un chaton me faisait presque rigoler. Ni moi, ni elle ne semblaient impressionnées l'une par l'autre. Ce qui était agaçant, la colère grandissait de plus en plus en moi, dans ma tête se répétait toujours la même chose "Ca vie n'est que souffrance, elle est éphémère alors pourquoi la laisser vivre ?", ça revenait, encore et encore, comme un chat fou se répétant qu'il allait attraper une proie invisible. C'était frustrant, agaçant, irritant, gênant et surtout énervant. Mes yeux fixés sur la novice lançaient des éclairs, je me retenais tant bien que mal de lui sauter à la gorge, et si je le faisais, bonjour les dégâts, cette petite souffrirait de vilaines griffures et morsures. Une chasseuse expérimentée comme moi ne ferait qu'une bouchée d'Eivaam qui n'avait pas plus de lunes d'expériences. D'ailleurs, celle-ci continuait de me répondre mais en haussant le ton, elle voulait que toute la Troupe, en plus de l'Embrumée, l'entende ou quoi ?

- EXCUSE-MOI SI MON MENTOR N'ES JAMAIS LA POUR ME TRANSMETTRE SON SAVOIR ABSOLU DE "RESPECT" ET "POLITESSE ! me cracha-t-elle au museau.

Je courbais alors l'échine, plongeant mes griffes dans la terre. Jamais Ô grand jamais un novice, même, un chasseur, ne m'avait manqué autant de respect. Elle allait entendre parler de moi, et pour longtemps, je n'ai jamais été si remontée. Et comme si notre colère avait mit la feu à la poudre mutuellement, la novice se jeta sur moi après avoir feuler, me mordant de ses petits crocs. La douleur aïgue que je ressentis me fit lâcher un grondement sourd, mon sang giclant sur le sol, mais ce n'était pas grand chose comparé à ce que j'allais lui faire. Alors, sans plus de retenue tout comme elle, je lui enfonça mes crocs aiguisés dans sa nuque après lui avoir violement percuté la tempe de ma patte disponible, la retirant non sans mal de mes pattes. Aussi pénible qu'une tique, hein ?! Puis, prenant mon élan, je l'envoya valser quelques mètres plus loin de moi et, saisissant l'opportunité, je me jeta sur elle pour labourer son ventre de mes pattes arrières. Elle l'avait cherchée, elle m'avait cherchée ! Et ça, c'était impardonnable, elle allait se souvenir longtemps de moi, de Liekki éclairant les Ténèbres. En y repensant.. j'aurais dû me nommer Liekki répendant les Ténèbres..

Le sang coulait, formant des petits sillons qui s'étendaient entre mes dents. Le goût du liquide poisseux commençait à envahir ma gueule, un goût si exquis pour les papilles. Mais je n'eut pas le temps de m'y abandonner que des mâchoires se refermèrent sur ma nuque, tandis que j'étais déjà à moitié assomée par le coup qu'elle m'avait assené précédemment. Puis, je me retrouvais à sentir le sol effleurer mon pelage, puis rapper ma peau, pour ensuite rester immobile, paralysée, au beau milieu de la clairière. Je voulais bouger, mais je ne le pouvais. Mes pattes étaient engourdies. Ma nuque, elle, je ne la sentais plus. Une impression horrible m'envahit. Une impression comme de celles qu'on ne ressent pas.
Une impression d'appartenance.
De dépendance.
Non, non.. Eivaam.. Tu ne peux dépendre de cette.. De cette crotte de renard. Tu es plus forte que ça. N'est-ce-pas ? Ne suis-je pas plus forte ? A quoi sers-je, si je me laisse me faire balayer d'une telle façon ? A quoi servirais-je en tant que chasseuse, si la moindre confrontation, la moindre pierre sur mon chemin me force à reculer, abandonner ?
Non.
Je ne capitulerais pas à ma défaite.
Je dois.. Je dois.. Combattre. Oui,c'est ça, combattre. Mes pattes tremblantes tentent de me relever, de soutenir mon poids, mais au moindre essais, je m'effondrais et m'effondrerait à terre. Ca n'est pourtant pas compliqué. Mais je n'y parvenais pas. Une force me poussait vers le sol. Cette force, ce fut d'abord mon incapacité, puis ce fut ensuite la chasseuse.
La douleur.
Insoutenable.
Je la sentait. Elle était.. Comme je n'en avait jamais senti. Foudroyante, déchirante, comment pourrais-je la décrire autrement que des griffes qui me lacèrent le ventre ?
Et je sentais encore plus ce sentiment d'appartenance.
De dépendance.
Je ne pouvais rien faire. Elle allait faire de moi sa charpie, sa proie, sa victime. Et je ne pouvais rien faire.
Je ne pouvais rien faire.

La novice essayait vainement de se relever alors que j'étais sur elle, que croyait-elle pouvoir faire avec une Chasseuse de mon niveau sur son ventre à part criait à l'aide pour sa misérable vie ? Cette vie si courte.. si courte. Pourquoi pensais-je à ça alors que j'étais entrain de mettre en lambeaux le ventre de cette punaise qui m'avait provoquée ? Le sang, non le mien, mais celui de cette féline, de ma camarade de Troupe, d'un chat partageant presque le même ADN que moi, je la torturais, l'éventrais au point qu'elle allait souffrir pendant longtemps. Longtemps ? Ce n'était pas suffisant.. elle allait souffrir pour toujours, et je savais comment m'y prendre. Alors, soudainement, j'arrêta de lui griffer le ventre à sang, soulevant ma patte arrière droite. Ca.. elle allait s'en souvenir, et jusqu'à sa mort, dès qu'elle regardera "ça", elle se rappelera de l'humiliation que je lui ai infligée, de cette douleur qui lui resterai en tête à elle comme à moi. Puis, après avoir arrêter mes coups violent sur son ventre, de ma patte levée je lui infligea une profonde entaille, une entaille qui lui laisserait une cicatrice à vie, entre sa hanche droite et son ventre, légèrement plus haut pour être plus précis, là où il n'y avait pas d'os mais que de la chair.

Le sang gicla de nouveau, se répendant dangereusement sur le sol. Je l'admets, j'étais complètement incontrôlable,  mais j'étais pourtant consciente, consciente de ce que j'infligée à Eiwaan, à un membre de ma propre Troupe, quelqu'un qui m'aiderait dans les batailles, dans les chasses et dans les patrouilles frontalières. Et pourtant, je m'en fichais éperdumment, tout ce qui comptait pour l'instant c'était essuyait cet affront qu'elle m'avait fait par le sang. Là encore, sans vraiment que je ne sache pourquoi ou comment, je me penchais sur elle, mes lèvres déformaient par un sourire terrifiant, et lui souffla à l'oreille :

- Remercie moi.. je t'offre ta première cicatrice. J'espère que tu t'en souviendras dans toute ta misérable existence.. comme dans ta mort pitoyable !

Puis sans prévenir, je sentais une violente douleur dans mes côtes, et quelques instant plus tard je me retrouvais étallé sur le flanc, roulant dans la poussière avant de m'arrêter complètement, face au sol. On venait de me percuter, je l'avais bien compris mais ce que je ne comprenais, c'est pourquoi je ne bougeais pas. Pas à cause de cette horrible douleur, mais à cause de mes pensées qui n'arrêtaient plus de tournées dans ma tête depuis que j'avais attaquer cette novice turbulente. J'étais comme paralysée. Non ! L'ennemi en profiterait sûrement pour m'attaquer ! Mais.. quel ennemi ? Mise à part Eivaam, personne d'autre n'était mon ennemi, ça aussi je l'avais compris, compris que ce n'était qu'un chat qui m'avait sortie de ma folie incontrôlable. Peu importe, que ce soit un ennemi ou un camarade, je ne pouvais rester ainsi exposé au danger, alors sans plus attendre, je me releva péniblement, mes pattes tremblant à cause du choque. Ca va.. ça va passer.. respire. Tu n'as rien à craindre. Ce sont les autres qui doivent te craindre, et rien d'autre ! En tournant légèrement la tête, je vis que la novice était couverte de sang.. sûrement pas le mien, elle ne m'avait mordue qu'à la patte et ces petits crocs étaient comme des ronces, petits mais tout de même douloureux. Mes tremblements cessèrent et je sentis quelque chose d'étrange dans ma poitrine, mon sourire se dessina de nouveau alors que j'avais la tête baissée. Une vraie psychopath ! Je me faisais presque peur à moi-même en imaginant mon état, blessée, tremblante, tête basse et sourire effrayant collé au visage.

J'allais avoir de sacrés problèmes, c'est sûr, mais Volcan explosant sous les Braises ne pouvait exilé une Chasseuse aguérie comme moi, surtout pas pour ce "petit" incident, je serai sûrement bonne à nettoyer les litières des anciens et à leur retirer les tiques comme une novice mais c'était déjà mieux que d'être exilée. Je.. je suis loyale à ma Troupe. Aux pieds des règles. Je suis puissante, suffisamment pour pouvoir aider ma Troupe. Je suis loyale.. Je suis Forte.. Loyale.. Forte. Loyale ? Forte ? Bizaremment, il y avait un mot, le premier, qui me gênait tout particulièrement. Je ne savais pas pourquoi mais ça n'avait pas d'importance pour l'instant. Tout ce dont j'étais fière pour le moment, c'était d'avoir battue Eivaam, elle était un peu coriace au début mais la différence de force et d'expérience entre elle et moi était bien trop grande pour qu'elle gagne..

|| J'ai été effectivement inspirée. ||