« Don't leave me alone, 'cause I'm falling in the black »  ft Ready

Ouvre:

Le vent sifflait dans les arbres, faisant bouger délicatement les feuilles et un peu au loin, le clapotis de l’eau se faisait entendre. Mais tu n’y faisais point attention, bien trop centrée sur tes souvenirs et sentiments. Clan du Tonnerre et maman. Voilà ce qui occupait tes pensées à cet instant présent. Te rappelant l’allure triste du camp quand rapidement ta maman s’éloignait pour ne plus y revenir. Tu ne savais plus trop quelle mère tu cherchais réellement au fond de toi, celle que tu ne voulais plus quitter de peur que quelque chose lui arrivait, ou celle qui a amplifié ta peur d’être livrée à toi-même par la survenue d’un quelconque problème et au final, peut-être cherchais-tu les deux. Ancre et Mensonge d’Hiver. Cette dernière s’était faite tuée par un renard affamé qui avait trouvé en elle le parfait repas et avait peut-être rejoint les étoiles. Elle était venue te voir en rêve d’ailleurs. Et tu n’oubliais pas son visage et le doux timbre de sa voix. Déçue, tu t’étais réveillée auprès de ta mère d’adoption et t'étais serrée contre elle en cherchant réconfort. Maintenant, la panique tuait ta gorge au même titre que les larmes irritaient tes globes oculaires. Tes larmes, elles, s’apaisèrent légèrement maintenant, ne te faisant plus suffoquer, de même que ta panique. Ton souffle demeurait certes irrégulier, mais tu ne manquais plus d’en succomber, d’en affaiblir à l’extrême ton pauvre cœur. Cela parce que la chatonne qui était maintenant avec toi te fournissait de l’attention, chose dont tu avais inévitablement de besoin, chose qui t’avait provoqué aussi ta crise de panique, parce que sans attention, tu étais oubliée et tu ne le voulais pas, après tout. Mais cette petite te fournissait de l’attention, calmant tes manifestations d’angoisse et de panique et faisant apparaître un mince et doux sourire sur ton visage, sourire contraint.

Redressant ta tête, tu cherchas à planter ton regard dans le sien sans même pouvoir le faire. Son odeur était celle de ton Clan d’origine, mais tu ne pouvais la détailler. À ce que tu voyais, il y avait eu des naissances en ton absence. Cela n’avait strictement rien d’étonnant, après tout il devait continuer de vivre malgré les quelconques disparitions. La petite qui te parlait était douce et gentille, et le timbre de sa voix te confirma qu’elle ne désirait point te faire du mal, calmant encore un peu plus tes larmes. Sans brusquerie, elle t’expliqua qu’il fallait suivre son odeur jusqu’à ton troupe pour retrouver ta maman, mais tu avais compris, toi, que tu cherchais point ta maman de substitution, pas que tu ne l’aimais pas, mais plutôt celle qui n’est plus de ce monde. Comme si être dans les terres de ton ancien Clan, chose qu’elle avait confirmé, avait tout rétabli comme avant. Dans une tentative de te rassurer, elle te dit que le camp était plus loin, mais tu le savais ça. Ta mère t’avait fait une visite du territoire avant de partir. Te concentrant sur les odeurs, tu réussis à te souvenir que vous étiez à l’Arbre aux chouettes. Soit bien loin du camp. Tu eus à nouveau un petit sourire, te sentant un peu mieux, un peu moins démunie, un peu moins seule.

“Mâma étoile.. maman tonnerre étoile. “ Tu ne savais point si elle te comprendrait. “camp loin. Arbre aux Chouettes loin de camp. “ Tu pris une petite inspiration. Parler écorchait ta gorge. “Petit Lys. Liwa.” Tes deux noms. Anciens et actuels.

|| HRP ♢ C'est pas nul e.e ♢

Ta douleur compressait ta poitrine, quand bien même t’étais-tu calmée, parce qu’on ne pouvait effacer le fait que ta mère n’était plus, qu’elle était sans doute même pas une étoile, étant donné le lieu de sa mort, soit bien loin des terres des Clans. On ne pouvait effacer la visite du renard qui s’en était fait son repas, et on ne pouvait effacer le traumatisme t’ayant retiré la vue. Tu aurais aimé ne pas avoir à lui dire au revoir, ne pas avoir à fermer les yeux pour les ouvrir et ne plus voir, gémir, ne jamais avoir eu à dire au revoir au Clan du Tonnerre, même si tout cela ne t’aurait pas fait rencontrer Ancre… en fait, elle serait venue, les Bipèdes auraient quand même empoisonnés l’eau et tu aurais pu développer un lien affectif avec elle malgré tout, mais tu aurais eu ta mère étoile auprès de toi, et tu n’aurais pas eu encore plus peur de perdre celle qui la remplaçait, avec aisance, il fallait l’admettre. Tu te sentais bien aux côtés de ta maman d’adoption, mais on ne pouvait pas effacer le manque créé par l’absence de ceux auxquels on tient, et tu ne pouvais pas effacer le manque que sa disparition, que sa mort avait créé au fond de toi, creusant encore plus tes défauts, quand tu n’avais même pas voulu lui dire au revoir, pour pouvoir la revoir un jour. Mais les au revoir étaient parfois nécessaire, sauf que tu ne voulais pas dire au revoir aux chats peu nombreux auxquels tu tenais, tu ne voulais pas les voir s’évaporer et ne plus exister que dans ta mémoire, ça t’effrayait. Et si tu venais à les oublier l’espace d’un instant, que leur arriveraient-ils ? Tu ne voulais pas les oublier, parce que tu savais à quel point tu craignais toi d’être oubliée, pourquoi eux, ce ne serait pas pareil, pourquoi eux supporteraient d’être oubliés ?

Tu te souvenais du nom de ta mère, du nom des chats dans le Clan du Tonnerre, comme tu n’oubliais pas le nom d’Ancre et ceux de la Troupe. Tu retenais. Tu retenais pour leur assurer une survie lorsqu’ils ne seraient plus auprès des autres, parce que du moment qu’un se souvenait, ils n’étaient pas évaporer dans l’espace-temps mystérieux, celui que tu craignais, parce que toi, tu ne savais pas si quelqu’un te gardait en mémoire, alors peut-être serais-tu un jour complètement inconnue, comme si jamais tu n’avais existé. L’oubli. L’oubli était peut-être inévitable, peut-être était-ce une fatalité, mais cela ne t’obligeait pas à l’accepter et le supporter, à ne pas paniquer à la simple impression d’être plongée tête première dedans. Les paroles de Petite me, tu les écoutais attentivement, parce que ça non plus, tu ne voulais pas oublier. Mais tu avais bien peur de ne pas être en accord avec la petite, comment ta mère pouvait-elle rejoindre le Clan des Étoiles alors qu’elle était bien loin de leur protection, bien loin de leurs cieux ? Tu ne croyais pas que cela était possible, mais peut-être l’était-ce aussi, sauf que tu serais bien compliquée à convaincre du possible de cela.

La petite se mit alors à faire ta toilette, te faisant doucement sursauter. Des petits coups de langue, dans une intention que des plus gentilles. Mais tu ne l’avais pas vu. Tu n’avais pas pu prévenir qu’on te donne des petits coups de langue, donc tu avais été amplement surprise, mais passé cet effet, tu te détendis légèrement et peu à peu, tes larmes arrêtèrent de couler et d’irriter tes yeux qui ne percevaient en ce moment que la noirceur complète, régressant, oubliant la petite avancée que tu avais faite, mais cela était sans doute parce que tu avais beaucoup pleuré et que des larmes envahissaient encore tes globes oculaires, refusant de couler et aller s’écraser sur le sol. Tu ronronnas faiblement pour manifester ta gratitude, le comprendrait-elle ? Tu n’en avais aucun idée, mais tu l’espérais. Seulement, tu ne savais pas parlé adéquatement et utiliser les bons moyens pour te faire comprendre, tu étais démunie aux niveaux relations et pourtant, tu avais un besoin excessif d’attention, sans quoi la détresse de l’oubli t’envahissait.

« Mais mâma… » Comment l’exprimer ? Tes yeux reflétaient cette panique de ne pas être comprise à cet instant. « Pas morte sous cieux étoiles. » Et si elle ne comprenait pas ? Ce serait t’écorcher la gorge pour rien. « Moi...» Toi ? « Pas voir. » Oui, tu ne voyais pas. « Maman morte et..» Et ? « Et moi perdre vue. »

Calmée, tu étais maintenant en mesure de prêter attention à tous les petits bruits qui t’entouraient. Tu te sentais maintenant en sécurité avec la petite même si tu craignais de ne pas voir ta mère en rentrant. Tu tendis l’oreille légèrement et écoutas les petits bruits rassurants de la forêt. Une chouette grattait l’écorce d’une branche. Une souris se tapissait sous les feuilles bien plus loin, cherchant de la nourriture à enfouir sous le sol, mais n’étant point désireuse de se faire attraper par les chats sauvages. Ses prédateurs. Il y avait le vent qui bougeait les branches, sans en faire un vacarme comme en la saison des feuilles nouvelles. Et il y avait Petite me, à tes côtés, qui respirait doucement, calmement, te rendant encore plus réceptive. Ta respiration à toi demeurait quelque peu irrégulière, mais elle ne t’étourdissait plus et c’était un grand pas, de pouvoir te calmer sans ta mère. Il fallait bien le dire, tu trouvais cela rassurant d’avoir près de toi un chaton qui venait de ce Clan qui te manquait tant au final, même si tu ne quitterais pour rien au monde Ancre. Cela demeurait malgré tout ton Clan de naissance et le sera éternellement, ne pas y être laissant un vide dans ton cœur, ton corps, ton âme. Le Clan du Tonnerre, tu savais que jamais tu n’allais l’oublier. Tu n’oublierais personne de ce Clan, pas même les histoires des anciens et surtout pas l’odeur boisé, les bruits de la forêt.

La petite chatte se frotta la tête contre la tête, semblant apprécier que tu aimes sa proximité. Et puis, te surprenant, elle se mit à te décrire ce qui t’entourait. Tu fermas les yeux et imaginas les arbres, les trous qui en constituaient certains, soit au bas ou encore en haut, les arbres les plus grands qui contenaient les chouettes et les hiboux. Elle te décrit même le tourbillon de feuille que tu ajoutas au décor mental fait, voyant maintenant le jeu des feuilles rouges, jaunes, brunes et toutes leurs nuances ainsi que celles de l’orange jouer ensemble, tournant encore et encore. Tu aimais jouer dedans autrefois, sous le regard attendri de ta maman qui était aux étoiles à présent. La couleur des troncs, elle te les dit aussi. Elle te décrivit le décor dans tous les détails, même ceux insignifiants, faisant étinceler des yeux. Contente, tu étais contente et emplie de gratitude envers cette petite du Clan du Tonnerre qui avait pris son temps pour te décrire le paysage parce que tu lui avais admit ne pas voir. C’était si gentil. Si attentionnée. Tu en rayonnais.

Malheureusement, après quelques minutes de silence, Petite me te dit qu’elle devait y aller sinon elle se ferait gronder. Tu étais déçue, parce que tu l’aimais bien et tu songeais même qu’elle pourrait être ton amie, sauf qu’elle avait raison, toi aussi tu devais y aller avant que ton odeur ne s'efface et que tu ne puisses pas revenir dans le territoire de ta Troupe, du moins celui de remplacement. Tu lui dis au revoir avec un sourire et attendis de l’entendre partir avant de t’en aller à ton tour, truffe collée au sol presque pour suivre ta trace qui s’était déjà effacée légèrement, mais par bonheur tu pus la retrouver et aller te coller contre Ancre qui ne posa pas de questions. Elle savait que tu ne parlais pas beaucoup. Oh, elle ne savait pas que parler te faisait mal, mais elle savait que tu ne parlais pas et respectait cela. Ce que tu aimais. Tu fermas les yeux, fatiguée, et songeas à ta nouvelle amie, un sourire se dessinant tout doucement sur ton visage.

♢ Je déplace