Invité

Jeu 31 Mar 2016 - 22:45

C'est une belle métaphore.

J’avoue qu’un tas de paille, c’est pas très confortable. Je m’en étais jamais rendu compte, peut-être parce que je n’avais jamais dormi sur un tas de paille. Mais c’est qu’aujourd’hui, j’ai dû m’endormir ici, et je n’ai pas eu le temps de me fabriquer un nid avec de la mousse… Je suis dans un nid de Deux-Pattes, totalement désafecté. Il n’y a plus que les rats pour me tenir compagnie ; les rongeurs noirs me fixent de leurs petits yeux, je les sens tout près. Mais ils ne s’approchent pas. Ils restent dans l’obscurité, à l’abri de toute menace. Je n’en suis pas une, pas contre une armée de rats. Silencieusement, je descends de mon tas de foin. Ça commençait à me gratter. Je n’ai pas très faim, j’ai mangé hier soir suffisamment pour tenir encore. Jusqu’à ce que je trouve quelque chose à grignoter, même une charogne. Ou n’importe quoi fera l’affaire. Je ne suis pas difficile.

Tant que je n’ai pas à mendier auprès de quelqu’un. Parfois on me propose de partager et j’accepte facilement. Sinon, je me débrouille. À mon âge, je suis sûr que beaucoup de chatons boivent encore le lait de leur mère, mais moi pas. Je n’ai jamais eu de mère, jamais je n’ai appelé quelqu’un “maman”. Ni “papa”, d’ailleurs. Car je vois Malawi, qui a un père, et pas de mère. On dit souvent qu’un chaton ne survit pas sans une mère, eh bien je crois qu’il y a trop d’exceptions pour que ça confirme cette règle stupide. Typhon n’a pas de vraie mère non plus, et Védeut ne l’allaite pas, et il n’est pas mort. En fait, personne n’est mort. Donc, on dit un chaton doit avoir une mère pour vivre. Or je suis un chaton et je n’ai pas de mère. Nous devrions peut-être conclure par… Je suis mort ? Ou bien par “théorie absurde”.

Bref, si je suis seul, ici, aujourd’hui, ce n’est pas pour discuter de théories sur les mères avec moi-même. Non, j’ai entendu un Escogriffe raconter une histoire, hier. C’était dans l’après-midi. Il parlait de la rivière, et je ne connais pas encore la rivière. Il racontait que l’eau n’était pas comme une flaque. Une flaque, c’est comme le lac. C’est plat et sans vie. Non, la rivière, c’est de l’eau qui bouge toute seule, qui se débat contre un monstre invisible pour s’échapper, et qui coule en musique, jusqu’à un endroit plus loin. Si loin que personne n’a jamais vu où elle s’arrête. On raconte même qu’elle s’élargit et dévore tout sur son passage. C’est une métaphore, sans doute. Mais ça m’attire, et aujourd’hui je vais donc voir la rivière de mes yeux.

Je l’entends déjà. C’est le bruit de l’eau qui coule, comme lorsque des gouttes tombent dans une flaque d’eau. Comme lorsque la pluie nous inonde en un bruit de tambours. Je ferme les yeux un instant, tentant de me l’imaginer à ma façon. Je profite encore un peu de mon imagination car la réalité me rattrape, et la vision que j’aurai de la rivière ne sera plus une chimère. Juste quelque chose de réel. Il n’y aura plus la magie du rêve, seulement une triste vérité ne correspondant à rien. Je ne suis qu’un chaton et sans doute ai-je besoin de rêver. On m’a éveillé trop tôt, on m’a sorti de mon enfance pour me plonger dans un cauchemar et je n’ai plus que mes rêves pour me raccrocher. Alors j’imagine ma rivière à moi.

Et je la vois. Et ce n’est plus mon rêve. C’est une eau sombre, qui claque violemment le rivage. Elle frappe. Elle a l’air méchante, cette eau. Des gouttelettes sont projetées dans l’air, éclaboussent les berges. Elle est noire et elle tourbillonne de fureur, emprisonnée d’un lit d’où elle ne peut pas sortir. Emprisonnée de sa vie misérable réduite à couler toujours vers le même endroit, sans pouvoir changer cela. Et bien que l’eau n’est pas vivante, elle peut facilement être comparée à une vie féline sans but. Emprisonné, suivre un chemin sans pouvoir en sortir.
Je m’approche de l’onde agitée. Je sens que je peux me faire happer d’une seconde à l’autre si je me laisse distraire. Je ne veux pas m’approcher. Je ne veux pas qu’elle m’attrape, et qu’elle me tue. Rivière, tu es une cruelle Escogriffe qui n’a pas de vie. Tu peux t’amuser à tuer, mais toujours tu avances dans un puits sans fond. Un bruit, derrière, me fait tourner la tête.

“Oh.”

Un chat. Je me rappelle que je ne suis plus sur mes terres. Je sais même que je suis sur le territoire de quelqu’un d’autre…

Invité

Lun 27 Juin 2016 - 14:31

Mes yeux s'ouvrirent brusquement. La chaleur réussi à me surprendre. Le camp se réveillait. Mon envie de pêcher aussi. Je me levai, pensant déjà à l'eau se collant à mon pelage, mes pattes battant énergiquement pour m'empêcher de sombrer au fond de la rivière. Mes yeux se mirent à étinceler d'excitation. Je sortie de la tanière la queue haute. La fierté d'être devenu guerrière ne m'avait pas quitter. Ce sentiment doux et chaud remplissait tout mon être. Je savais que ce bien être allait bientôt disparaître. Autant l'aider à vivre en chassant. Il y avait aussi une possibilité. Que je me trompe lamentablement. Ça serait marrant. J'ai jamais eu honte de moi. On m'a toujours dis que j'étais modeste. Je le savais et j'assumais. Je sortis du camp, toujours immergé par mes pensées. Au moins il faisait chaud. Une odeur me parvint quand le bruit de la rivière se fit entendre. Je me mis à courir inquiète. L'odeur était jeune. Le chaton allait peut être tomber. Ce qu'ils pouvaient être inconscient parfois. Quand la boule de poil m'apparu, mon poil se dressa. Je savais qu'il n'était pas du clan mais là, je ne savais même pas de quelle clan il était. Je me plantais derrière lui, une lueur amusé et intrigué dans le regard.
"Bonjour. Qui es tu ?"
Miaulais je d'un ton calme.

Invité

Mer 29 Juin 2016 - 2:00

C'est une belle métaphore.

Je vois ses poils se hérisser. Elle a l’air jeune, pas beaucoup plus vieille que moi en tout cas. Je n’ai que deux lunes, même si je parais un peu plus. Pourquoi est-ce que je suis si grand et mature par rapport aux autres de mon âge ? Je suppose qu’on ne peut pas dire l’âge que j’ai avec grande précision puisque personne ne sait d’où je viens. On ne peut se baser que sur des hypothèses et sur ce que je sais. Je ne suis qu’un chaton et je ne sais pas grand chose, mais j’en sais suffisamment pour ne pas tomber dans tous les pièges que la vie me tend.

Cette jeune chatte n’est pas tout à fait ce que je me faisais comme idée des chats de Clans. Elle semble assez puissante sous son pelage, et il faudrait être un imbécile fini pour attaquer un chaton qui ne menace rien ni personne ; néanmoins, je préfère rester sur mes gardes de peur qu’elle ne me chasse de ses terres. Je m’interroge. Comment ai-je su qu’il s’agissait là d’une guerrière du Clan de la Rivière ? J’en ai entendu parler, certes, mais de là à reconnaître les odeurs, et savoir où se trouvent leurs terres, je reste dubitatif. Je jauge la femelle, et elle ne m’apparaît guère comme un grand danger. Elle ne peut pas m’empêcher de venir voir la rivière si j’en ai envie. Si j’en ai besoin.

“Bonjour. Qui es tu ?”

Ah, voilà la grande question que tous ont besoin de poser. Qui on est. Comme si un simple nom, comme si une appartenance pouvait nous définir entièrement. Ce que je pense, c’est que c’est faux. J’aurais pu m’appeler n’importe comment, finalement. Ça n’aurait pas changé l’être que je suis. Mais c’est tombé ainsi et je ne peux pas changer de nom. Je me suis habitué à celui que je porte. J’appartiens au groupe des Escogriffes car contrairement à ce que l’on pense, ils m’élèvent, m’apprennent à me défendre et à survivre, et ils m’apprennent le sens du mot liberté. La plupart ne sont pas les tueurs froids et sanguinaires dont ils ont la réputation, mais ça, qui pourrait l’entendre ?

“Je m’appelle Topaze, et je viens juste voir la rivière. Chez moi, il n’y a pas de rivière.”

Elle est belle, la douce rivière. Rivière qui chante au rythme de l’eau qui s’écoule en son sein, une douce berceuse qui aurait une fin tragique. Combien de chats ai-je tué, moi, Escogriffe ? Et combien la rivière en a-t-elle tués ? Eh bien, je pense que ce n’est pas comparable, n’est-ce pas ? Pourtant ces chats retournent se baigner dans cette eau qui n’est salée que par les larmes des défunts, et ils méprisent et abhorrent les Escogriffes. La rivière n’a pas de coeur, il lui en faudrait pourtant un. Moi je sais que j’en ai un, et je n’ai pas besoin de l’entendre battre dans ma poitrine pour le savoir. Car ce que j’éprouve, je ne peux le ressentir qu’avec un coeur.

J’en serais dépourvu si je n’éprouvais rien que la haine et la rancoeur, mais puisque je suis là, à fixer la chatte tricolore, parce que je voulais voir la rivière de mes yeux, je sais ce que j’éprouve. J’ai éprouvé du dégoût et de l’émerveillement, de la peur et de l’attirance pour cette eau qui paraît bien sombre et qui abrite la vie. Je ne suis que venu voir cette rivière, cette eau toujours en mouvement, sauf lorsque la glace décide de l’emprisonner dans ses griffes gelées et acérées. Autrement, elle coule toujours dans la même direction, comme le destin d’une vie de chacun.

Topaze, comme la pierre qui peut être rousse tels les reflets de mon pelage, ou encore bleue telle la rivière devant laquelle je me trouve. Topaze le traître. Pourquoi ai-je cette étrange sensation d’avoir trahi tout le monde ? Non. Je suis en tort, certes, mais je m’en irai. Pourtant, qui peut dire que je ne reviendrai pas, au cours de ma vie ? Cette eau semble m’appeler, me retenir auprès d’elle. Il faut que je décroche mon regard et tout ira bien ; je pourrai m’en aller et retrouver les miens si cette féline daigne me laisser partir.

C'est une belle métaphore. ~Ft Wildy