• Retour aux sources (Konta) •

Un Monstre passe. Un deuxième, suivit à la trace par un troisième. C'étaient des bêtes curieuses et étranges. Ils passaient toujours sur la même route, le regard vide et le pelage lisse brillant au soleil. Et malgré qu'ils ne dévient jamais de leur chemin, ils sont dangereux. Les toucher pendant leur route peut être bien plus fatal que de se faire écraser par un sanglier. Mais je les aime bien. Faut pas croire, ce sont des bons gars les Monstres ! Ils se prennent jamais la tête et ne s'engueulent jamais avec toi. Bon, des fois, ils vont t'écraser, mais au moins ils passent pas par quatre chemin et te disent clairement que tu les saoules. En t'écrasant ou te percutant. Je pense que ce sont des êtres incompris ! Ils sont pourtant si chaleureux, quand ils s’endorment ! J'ai toujours adoré me mettre sous eux, quand je tombais sur l'un d'eux. Ils dégagent une telle chaleur !

Finalement, un Monstre rouge passa. Je le reconnaissais bien, c'était Gilbert. Alors qu'il courrait à toute vitesse, je secouais la queue, en signe de bonjour, mais il était déjà loin. Je fis quand même un :

Ce n'est pas grave, s'il est éloigné, les Monstres ont une ouïe incroyable, bien plus développée que la notre. Toujours au bord du Chemin du Tonnerre, je traversais finalement après avoir regardé de gauche à droite. Ca faisait longtemps que je n'étais pas passée de l'autre côté de la route, je voulais voir un peu comme ça allait chez le Tonnerre et la Rivière. En fait je m'en fichais, mais je voulais juste voir un peu de nouveaux paysages, les Hautes Pierres me lassait. Pendant que je me dirigeais vers les Quatre Chênes, je me maudissais pour la énième fois, repensant à tout à l'heure. Je m'attache tellement facilement aux gens que je sais même faire ami-ami avec un Monstre ! La solitude devait me rendre complètement folle ! Toute ma vie devient un non-sens, dernièrement. Hier, j'ai même essayé de parler à une souris ! Je devrais vraiment faire face au monde et rencontrer des gens. Mais c'est trop dangereux. Pour eux autant que pour moi.

Plus j'avançais, plus j'essayais de me rappeler pourquoi j'avais eu une idée aussi idiote. Chaque pas me rapprochait un peu plus de la ferme, de mon ancienne maison, de mon ancienne famille. Et me sentir ne serait-ce qu'un tout petit peu plus proche de ma sœur me faisait frissonner.

Puis je débouchai sur une clairière, décorée de quatre majestueux chênes, de plantes bien vertes et de pierres. Et décoré également d'un... d'un chat. Il était là, le pelage sombre, sur le point de partir. Chasser, peut-être ? Ca me rappelait que comme depuis ce matin j'attendais de voir Gilbert, je n'avais pas trouvé le temps de manger. A cette pensée, je sentais déjà mon ventre gargouiller. Mais je ferais mieux de penser à ma faim plus tard; le chat portait plusieurs blessures de guerre et n'avait pas l'air d'être les plus commodes. Quoi ? J'ai dis un peu plus tôt qu'il fallait que je rencontre des gens et m'ouvre enfin un peu réellement ? Non merci, celui là ne m'inspire pas ! Je n'ai pas envie de lui offrir l'un de mes sourires faussement arrogants et mes paroles cyniques.


Aussitôt, exaspérée par ma propre personne, je posais ma patte sur ma tête. Tout à coup, je devenais voyante : je me voyais déjà me faire décapiter par le mâle inconnu, me trouvant trop insolente pour sa majestueuse personne et alors je rejoindrais l'espèce de Clan des Etoiles dont j'ai pas encore vraiment capté le concept. Je m'étais rarement battue, malheureusement. C'est ça d'éviter tout le monde; en contre partie, ça t'évite les bagarres et donc l'expérience. Je regardais encore une fois son oreille déchiquetée, puis posais ensuite mes yeux sur ses cicatrices. Je lui lançai alors un sourire bêtement, espérant qu'il ne me dépècerait pas.

J'en étais persuadée ; il me sauta dessus, compressant ma gorge. Aussitôt, je paniquais, sentant déjà mes poumons qui ne pouvait plus expirer. L'odeur de la peur envahit alors les alentours, mettant au courant tout les petits animaux des alentours. Je voulus me débattre, complétement paniquée et emportée par ma phobie de l'asphyxie, mais il était trop puissant et me retenait fermement.


Ce pauvre type n'avait aucun humour, c'est pitoyable ! Tout de même, j’acquiesçais légèrement de la tête, espérant qu'un jour ou l'autre il libérerait ma gorge, les larmes me montant au yeux pendant que ma gorge me faisait horriblement mal et que le manquement d'air commençait à se sentir. Finalement, sans que je n'en comprenne réellement la raison, il me libéra et mastiqua les os d'une ancienne proie, qui me fit tenir de plus en plus en respect. Ou plutôt en soumission. Bien entendu, quand je cherche quelqu'un pour m'aider à ne pas tomber dans la folie de la solitude, il faut que je croise un psychopathe de la forêt ! Je ne sais pas qui est mon ange gardien, mais en tout cas, il fait vraiment mal son boulot !

Je me relevais finalement de manière lente, comme si je ne voulais faire aucun geste brusque, pour qu'il ne s'énerve pas. Rah ! Si seulement je m'étais battue plus souvent, je lui aurait sûrement fait déjà manger sa queue, à ce matou ! Toujours effrayée, mes poils restaient hérissés, tandis que sous ma fourrure, la sueur dégoulinait.

Comme j'étais idiote et que j'avais cette horrible manie à aimer d'être une effrontée, j'ouvris ma gueule, alors que je venais à peine de reprendre mon souffle.


Je devais sûrement être suicidaire. Oui oui, ça doit être ça. Je tenais pourtant bien à l'air de mes poumons, à mes tripes et aux battements de mon coeur, mais apparemment, le danger ne me prévient jamais avant que je fasse la bêtise. Redoutant des représailles, je me plaquais légèrement au sol, essayant de montrer que j'essayais de... comment déjà ? Détendre l'atmosphère ? Qu'inventes-tu, Kontahexe ? Depuis quand on détend l'atmosphère avec un taré qui aime manger des os de rongeur ? Ce type avait un grain, et il faut que tu comprennes que c'est pas le genre de gars qui rit. Ni le genre de gars à qui tu peux t'attacher. Parce que je te jure, Kontahexe, que si tu t'attaches à un gars pareil, je t'étripe et de donner en pâté aux corbeaux !

Oui je me parle avec moi et je me tue toute seule, et alors ? Je suis complétement paniquée, en fait, alors je dis n'importe quoi ! J'aimerais tellement m'enfuir et lui dire "ok, au revoir, passe une bonne journée !", mais j'étais trop figée et choquée pour faire quoique ce soit.