Feat. Moussy (Chant des Rivières)

La réalité est une question de perception.

Ça fait plusieurs lunes qu'Abomination de la Vie est partie. Au moment que je l'ai su, c'était une bonne claque en pleine gueule. Moi qui croyait qu'elle m'aimait vraiment. Totalement ridicule. Si elle m'aimait réellement, elle serait venue me voir avant de partir mais elle a tout simplement disparue. C'est Lune Ébène qui me l'a appris. Bon, elle ne me l'a pas dit directement parce qu'elle est quasi-muette mais elle me l'a fait comprendre d'une certaine manière. Je crois que maintenant, les seules personnes en qui j'ai réellement confiance, c'est Lune Ébène et Étoile Fragmentée. La nouvelle a été difficile à avaler, je l'avoue et encore aujourd'hui je ne comprend pas pourquoi. Je regarde le sol enneigé et avance d'un pas frustré. Je lui en veux. Je suis en colère mais pourtant ma gorge se serre juste à penser à elle. Mon estomac se noue et j'ai mal au coeur. Pas comme des nausées, j'ai mal. Il brûle mais j'essaie tout de même de l'ignorer. Mes pattes s'enfoncent dans la neige mais j'avance, d'un pas frustré et le regard rivé vers le sol. Ignorant totalement les cris qui provenait du campement de mon Clan.

Wait, what?

Mon coeur bat la chamade, l'adrénaline grimpe presqu'à son plein potentiel. Bordel mais qu'est-ce qui se passe? Ça ne sonne pas comme des cris de bataille mais j'ai un certain sentiment d'urgence qui se construit sur ma conscience. J'accélère le pas jusqu'à ce que j'arrive devant l'entrée du camp. J'y vois un guerrier que je ne connais pas puis une femelle grise sur la panique total. C'est Chant des Rivières. Je ne l'a connais pas beaucoup mais j'ai entendue beaucoup d'elle. Je sais qu'elle entend des voix dans sa tête qui semblent assez difficiles à contrôler. À première vue, on pourrait dire qu'elle est folle, qu'elle est barjo mais ma mère ne m'a pas mal élevé pour les quelques lunes qui lui restait. Je pense sincèrement qu'elle est malade mais dans sa tête. Le mâle roux-crème s'approche de moi, avec un regard qui inspire l'anxiété.

''Non mais tu lui as fais quoi pour qu'elle soit dans cet état?'' Miaulais-je d'un ton dur.

''J-j'en sais rien ! Elle a juste commencé à paniquer quand je l'ai approché!'' Répond le guerrier nerveux.

Je tourne les yeux vers la guerrière. Je la vois, en train de se chercher des repères. Elle semble en pleine crise, elle hyperventile. Je suis sur le point de m'avancer vers elle mais je vois le guerrier roux me devancer et s'approcher d'elle. À ce moment, la femelle se cambre, tentant de se protéger de la quelconque menace que représentait ce guerrier pour elle. Il se met à lui parler. À tenter de la raisonner. Je m'approche d'un pas agacé. Je claque ma mâchoire sur sa queue et le tire d'un coup, le fesant reculer de quelques queues de souris de la guerrière grise. Ma queue fouette l'air. Il m'agace. Son ignorance m'énerve. Est-ce qu'il faut lui parler dans une autre langue pour qu'il comprenne?

''Non mais tu fais quoi au juste? Tu ne vois pas que c'est toi le problème? Écarte-toi de mon chemin et va faire autre chose.'' Grognais-je.

Je poussa le guerrier d'un coup d'épaule pour qu'il s'éloigne d'elle. Je le fixe des yeux. Aussitôt que je le remarque s'éloigner la queue basse, je m'approche de la guerrière en question. Elle avait  le visage caché donc si je l'a touchais d'une quelconque manière, sans lui parler, elle risquait de me prendre pour une menace également ou pour ce guerrier puisqu'elle ne pouvait pas me voir.

''Chant des Rivières.'' Je fais une pause pour que son cerveau comprenne que je n'étais pas ce guerrier en question, ni l'une de ses voix. '' Peu importe ce que les voix te disent, c'est complètement faux. Arrête de les écouter et ignore-les.'' Je fais une autre pause et reprend. ''Relève-toi, c'est terminé.'' Miaulais-je d'un ton neutre.

En réalité, probablement que ça ne finira jamais. Elle est malade et souvent, les maladies de ce genre reste pour la vie mais d'après ce que j'ai vue, on peut apprendre à vivre avec et à mieux les contrôler. En lui disant ''C'est terminé'', je ne lui parle pas de ce combat constant avec elle-même mais j'espère que sa tête pourra faire le processus de ces deux mots et ainsi, calmer la tempête. Mon regard n'était pas doux naturellement. Je le sais parce qu'on me l'a déjà dis et je ne voulais pas qu'elle parte en panique juste à cause de mon apparence ou des rumeurs. Je tenta du mieux que je pouvais pour lui faire comprendre que je n'étais pas une menace sans nécessairement dire quoi que ce soit. Je n'ai aucune idée comment elle allait réagir. Au fond de moi, j'espérais pouvoir la calmer mais dans le cas contraire, au moins je vais avoir essayé.