Love is a promise; love is a souvenir, once given never forgotten, never let it disappear. [ft. Petite soeur]

On ne peut pas dire qu’il n’est pas reconnaissant. Qu’il prétend avoir avancé seul, que sa réussite lui est entièrement due. Non, au contraire. C’est en grande partie grâce à son courage et à lui-même, mais aussi à cause de son père, et grâce à l’ancien. Grâce à l’amour. Colombe. Ses yeux s’illuminent chaque fois qu’il la voit se réveiller le matin. Elle a quitté son Clan et sa famille pour lui, et il en est conscient. Aujourd’hui encore, il est toujours autant amoureux. Il l’aime tellement, cette femelle, qu’il se demande comment il réagirait si elle partait. Si la Colombe décidait de s’envoler vers le ciel. Il préférait ne pas y penser. Il se roula en boule et se colla à la femelle blanche, recherchant un peu de chaleur et de sommeil tant qu’il était encore possible de le faire. Finalement, il finit par réussir à se rendormir, et fut happé par le doux monde des rêves.

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Son réveil fut doux, agréable. Il se leva et s’étira, plissa un peu les yeux devant le soleil qui se montrait drôlement puissant, présent. Malgré le vent qui soufflait fort, les deux chats restaient au chaud dans leur abri qui retenait bien la chaleur, en plus de leurs poils ébouriffés. Ils avaient élus domicile dans un ancien terrier d’animaux assez profond, dont l’entrée était cachée par d’abondants roseaux. En même temps, cet environnement devait rappeler à Colombe son ancien Clan. Une rivière coulait pas loin, permettant à sa compagne de pouvoir pêcher du poisson, comme elle y était habituée et se débrouillait mieux que la plupart des solitaires aux environs, bien que les deux tourtereaux avaient choisi un endroit plutôt calme, Kurai n’aimant pas être dérangé. Lui se contentait de chasser le mulot ou la souris. Les poissons, glissants et imprévisibles, lui filaient souvent entre les pattes, malgré les nombreux essais de la part du félin noir.

Pourtant, il était déterminé à apprendre. Il savait que ça ferait plaisir à Colombe, s’il réussissait. Il devait y avoir quelque chose qu’il arrivait mal, ou qu’il ratait pour ne pas en être capable. Il alla se positionner devant la flaque qui s’étendait, et se remémorait ce que son amour lui avait dit. Il devait éviter de laisser apparaître son reflet dans l’eau ! C’était peut-être ça qu’il oubliait, chaque fois. Il se recula donc, fixa l’étendue d’eau, et attendait de voir des formes bouger. Enfin, des poissons! Il attendit qu’un vienne vers lui, et donna un gros coup de patte pour l’attirer vers lui en le sortant de l’eau. Mais, le poisson gigotait bien trop. Voulant le rattraper pour ne pas perdre sa proie, Kurai perdit patte et tomba dans la Rivière dans un énorme vacarme qui dut réveiller tous les chats des environs.

« Zut », dit-il, le pelage maintenant entièrement trempé.

Maintenant, les poissons n’étaient pas prêts de revenir le voir.

Kurai s’ébroua et de nombreuses gouttelettes s’écrasèrent au sol tout autour de lui. Heureusement que Colombe l’avait repêché, il aurait bien pu se noyer dans cinq centimètres d’eau, s’il l’avait voulu. Kurai et la pêche, ça faisait deux - voire plus. Et ça, Colombe le savait bien. Le grand mâle se demandait parfois si elle n’avait pas été un poisson elle aussi, à une certaine époque. C’était satanique de savoir pêcher comme ça. Il ronronna et se frotta un instant à sa bien-aimée, avant de se rendre compte qu’il était tant trempé que ce n’était pas une bonne idée. Enfin, si Colombe aimait tant que ça se tremper les pattes, peut-être qu’un peu d’eau n’allait pas la déranger.

Il se décala de quelques pas et échangea un regard avec elle. Qu’est-ce qu’il pouvait aimer ce regard rempli de malice et pourtant, elle était si tendre avec lui. Il était vraiment heureux d’avoir pu la croiser, d’avoir eu cette chance. Elle lui lécha affectueusement le museau, et Kurai ferma les yeux quelques secondes pour apprécier ce geste.

« Je crois que tu vas encore avoir besoin que je te donne des cours de pêche haha. Aller, va te sécher au soleil avant que tu attrapes froid. Même en été tu pourrais tomber malade et j’ai pas envie que ta morve me dégouline sur moi cette nuit ! »

C’était sûr que Kurai aurait besoin de cours de pêche s’il voulait un jour réussir à attraper un de ces animaux à écaille sans finir trempé. Mais il savait chasser, et la raison principale pour laquelle il aimait tant les séances de pêche avec Colombe, c’était simplement parce qu’elle était là. Parce qu’il pouvait profiter pleinement de sa présence, oublier tout le reste l’espace de quelques instants et ils riaient, tous les deux. Il se sentait libre et heureux, à ses côtés. C’était peut-être ça l’amour.

« Dis, comment est-ce que c’est le contact du soleil sur le pelage ? »

Kurai réfléchit quelques secondes. Il ne s’était jamais vraiment posé cette question. Il y avait des choses qui pouvaient paraître naturelles, mais en réalité, elles étaient loin de l’être. Parce que Colombe était différente, d’ailleurs c’était sans doute en partie pour cette raison que Kurai l’aimait autant. Sans ça, elle aurait été autrement, et Kurai l’aimait comme elle était.

« Le soleil… C’est comme s’il y avait quelqu’un, contre toi, mais sans la présence rassurante. C’est chaud, et ça fait du bien, mais ça rappelle à quel point on est seul. Je préfère me rouler en boule contre toi ! »

Et c’était vrai, Kurai préférait la chaleur de Colombe à celle du soleil. Le soleil aussi, il semblait bien seul. Mais ça n’avait pas d’importance. Alors lentement, Kurai s’étendit à l’ombre, près de Colombe. Il faisait bon, il n’allait pas attraper froid s’il commençait à sécher maintenant. Et puis, au pire, sa morve dégoulinerait un peu sur Colombe la nuit prochaine.