J’ai toujours raison. Feat Jay.

Je suis énervé, aujourd’hui. Rien ne va. La saison froide s’en donne à coeur joie, et la maladie s’empare des clans. Et moi, je suis encore chaton, alors je ne peux rien faire. Je n’ai aucune autorité, je suis en bas de la hiérarchie. Et cela m’énerve. J’ai hâte de devenir apprenti, pour servir concrètement à ce clan. Le valeureux clan du tonnerre.

Je suis pas particulièrement ambitieux, ou du moins je n’ai pas une ambition dévorante qui me pousserait à exécuter des meurtres ou des sacrifices énormes pour accéder à ce titre. Je m’estimerait chanceux si un jour, je venais à le devenir, et je ferai n’importe quoi pour mener le Clan au sommet, mais je ne forcerai pas le destin à ce sujet. Je ne suis pas un meurtrier. Et même si je ne maîtrise pas certaines sombres parties de moi, j’ai la certitude que je ne tuerai jamais par simple plaisir. Je trouve ça fondamentalement cruel et inhumain de tuer par amusement.

Je regarde dehors. Il neige, d’une neige épaisse et blanche. Je connais Petit Castor, et je sais que si il était éveillé, il aurait foncé dans la poudreuse et m’aurait regardé avec ses yeux jaunes si adorables, en me demandant d’un air suppliant d’aller jouer avec lui. Et moi, qui ne peut pas lui dire non, je serais sorti en grognant, et on se serait amusés jusqu’à l’épuisement. Je souris intérieurement en le regardant ronfler profondément. Je n’allais pas le réveiller, il avait besoin de sommeil. Et moi, j’avais besoin de prendre l’air.

Je m’apprêtais à sortir de la pouponnière lorsque j’entendis une voix, celle d’un guerrier de tout évidence, s’adresser à moi.

- Bonjour Petit Aigle. Comment vas tu ?

Je ne savais absolument pas qui il était. Pourtant lui me connaissait. C’était pas du tout flippant. Je le regardai d’un air méfiant, surtout qu’il me bloquait le passage à la sortie. J’avais l’air d’être d’humeur à discuter ? Je ne suis pas amical, je ne suis absolument pas doué pour tout ce qui est relationnel. J’avais juste besoin d’être seul.

- Tu peux te décaler ? J’ai besoin de prendre l’air, pas d’un guerrier que je ne connais absolument pas qui vienne me parler comme si on était amis.

Je soupirai. Oui, effectivement, moi et la sociabilité, ça faisait trente-six.