Chasser... une proie ou un chat ? ( Riviere de Noisette et Nuage de Velours )

C'était un après-midi comme les autres, chaud depuis que la saison des feuilles nouvelles était arrivée. Rivière de Noisette chassait en compagnie d'un autre guerrier du clan du Vent. Ils étaient partis chacun de leur côté pour ramener le plus de proies possibles à leur clan. Une brise légère soufflait sur les plateaux. La jeune guerrière flairait de nombreuses proies. Si les rongeurs se faisaient un peu plus rares, les lapins ne manquaient pas. Elle était fatiguée mais sa loyauté sans faille prenait le relai. C'était comme un tonic, elle lui procurait une énergie incroyable, et mieux encore, des réflexes taillés en pointe. Cela faisait maintenant quelques Lunes qu'elle avait été baptisée guerrière, et elle se sentait bien plus forte et responsable qu'elle ne l'avait été dans toute sa vie. Elle ne pouvait s'empêcher d'envier Coeur Sauvage et Voie Lactée. Tous deux avaient un apprenti. Rivière de Noisette en rêvait. C'était pour elle le symbole de la vie idéale d'un guerrier. Initier un autre félin à cette vie-là était une marque de confiance qu'un chef de clan apposait sur le fourrure du mentor. Rivière de Noisette voulait montrer ce qu'elle était ; une guerrière pleine d'endurance, d'agilité et qui ne vivait que pour son clan.
Alors, elle entendit un bruit, puis un autre. Il lui semblait entendre des pas. Mais ce n'étaient pas ceux d'une proie. Elle se cacha discrètement dans un buisson et observa les alentours. Alors elle aperçut un matou qui courrait vers elle. Il avait l'air jeune. A l'évidence, il ne l'avait pas vu. Alors, il pila net. Rivière de Noisette comprit qu'il venait de flairer le danger. Elle bondit et planta ses griffes dans la fourrure du jeune chat. Ce dernier poussa un hurlement de douleur. Il se cabra, désespéré et finit par repousser la guerrière, qui perdit l'équilibre. Mais en un éclair, elle fut de nouveau sur ses pattes, rattrapa son adversaire et le cloua au sol. Elle s'apprêtait à le mordre lorsqu'elle s'aperçut qu'il ne s'agissait que d'un simple apprenti. Elle se redressa tout en maintenant sa prise et renifla. C'était un apprenti du clan du Tonnerre. Elle prit une grande inspiration et demanda sur un ton hostile :

- Qui es-tu ? Et que fais-tu sur le territoire du clan du Vent ?

Nuage de Velours avait participé à de nombreuses patrouilles le matin et à midi. Pour la énième fois de la journée, il repartit à la chasse. Il se dirigerait vers les Quatre Chênes. Personne n'y avait chassé depuis au moins une lune, et avec le beau temps qui était revenu, les proies devaient y abonder.
Il prit d'abord le temps de manger une souris, car son dernier repas remontait à la veille au soir et son estomac commençait à miauler famine. Il ignora les miaulements des chatons qui le suppliaient de l'emmener avec lui, et sortit du camp par le tunnel de fougère.
En route, il attrapa un écureuil et deux souris avant d'atteindre les Quatre Chênes. Il s'arrêta un instant pour regarder les arbres imposants et majestueux. Un peu plus loin, c'était la frontière avec le Clan du Vent. Il s'approcha un peu de leur frontière, afin de vérifier que ces sales bouffeurs de lapins n'avaient pas franchi la frontière. Il remarqua un lapin dodu de l'autre côté de la limite. Il sautillait dans l'herbe, à croire qu'il connaissait les frontières et qu'il narguait l'apprenti noir. Qui ne put résister. Il bondit, et courut après la proie. Qui s'échappa, plus rapide que lui.
Dépité, il allait faire demi tour lorsque des griffes se plantèrent dans sa fourrure. Il se cambra avec un feulement de douleur. La guerrière l'avait immobilisé, le maintenant sous ses pattes puissantes et lui demanda, le regard noir :

"Qui es-tu ? Et que fais-tu sur le territoire du clan du Vent ?"

Le matou noir feula et battit désespérément des pattes arrières pour lacérer le ventre de sa rivale. Il réussit à se glisser sous son corps, et se redressa pour lui faire face.

"Je chassais une proie du clan du Tonnerre et j'ai dépassé la frontière, mais je l'ai pas attrapée et je vais m'en aller. "

Nuage de Velours foudroyait l'autre du regard. Tous ses muscles étaient contractés, il était prêt à se défendre.