Patrouille frontalière. (PV. Mielou, Foudry et Skull)

La pluie martelait violemment le sol à n'en plus finir. Le vent fouettait les buissons et claquait sur les pierres, faisait virevolter les feuilles et craquer les branches. Au loin, le tonnerre gronda. L'orage se rapprochait. Il faisait si sombre qu'il était impossible de déterminer le moment de la journée. Pourtant, quelques courageux bravaient la tempête. Une grande chatte à l'air élancée marchait furtivement entre les arbres. Deux silhouettes, plus petites cette fois-ci, la suivaient avec difficulté. Ils arrivèrent à une large bande d'asphalte noire, qui semblaient s'étendre par delà l'horizon. Malgré les mauvaises conditions climatiques, quelques monstres s'aventuraient à vive allure. La jeune mère ordonna d'un léger signe de queue à ses petits de la suivre pour  la traversée. Ils avançaient prudemment lorsque la foudre tomba sur un arbre. L'un des petits, un chaton noir aux pattes rayées de blanc, hurla et se stoppa, pétrifié par la peur. Un étrange monstre arrivait au loin. Il fallait faire vite. La mère fit volte face pour aller chercher son enfant, immédiatement suivi par son autre rejeton. Pas cette fois, non... Pas encore ! Indescriptible. Le choc fut plus violent que jamais. Fini. tout était fini. C'était la fin... La toute fin... Non. . . .

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Nuage de Foudre se leva brusquement. Il se trouvait dans la tanière des apprentis, et non pas sur le Chemin du Tonnerre. Il avait dormi, et n'avait pas gambadé dehors. Ce n'était qu'un simple rêve... Pas si simple que ça. C'était un vieux souvenir. Le seul de sa famille qui restait à l'apprenti. Ils étaient censés traverser l'asphalte pour pouvoir rejoindre leur père, qui les attendaient de l'autre côté. Seul le jeune chat avait survécu, il fallait dire aussi qu'il ne s'était pas pris le plus gros du choc. Tremblant de la tête aux pattes, Nuage de Foudre tenta de se ressaisir. Il est trop tard pour se lamenter... C'est fini. La tristesse semblait vouloir s'emparer de lui, de son âme, comme l'avait fait la mort avec son frère et sa mère. Il faut que je continue ma vie.. Oui, pour eux, pour leur mémoire... Plus déterminé que jamais, l'apprenti sortit de sa tanière en trombe.


La brise matinale lui fouetta les moustaches. La saison des feuilles vertes touchait à sa fin, et le climat semblait s'en faire une joie de l'indiquer aux chats des Clans. Clignant légèrement des yeux, Nuage de Foudre aperçut Divagation des Anges et Cœur de Tonnerre. Sombre Crépuscule était non loin. La patrouille de l'aube ! Il les rejoignit en trottant légèrement, le poil en bataille. Cœur de Tonnerre tenait un lapin entre ses pattes. Le ventre de l'apprenti gris criait famine.

« Bon, autant partager ce lapin si on doit gambader dans ce froid toute la matinée. »

La guerrière entama sa part. Mais quelque chose semblait empêcher Nuage de Foudre de manger la bête. Il l'observa attentivement. Reprend toi ! Il ne pouvait pas. Serait-ce... La pitié ? Le dégoût ? Il ne revoyait que trop ben le visage horrifiée de sa mère.

« Je vous laisse ma part. Je..je... Je n'ai pas très faim... »

A la place, il entama une toilette complète. Son poil était tout emmêlé. Le souvenir...

Tandis que l'apprenti au poil gris prenait garde à bien démêler son pelage, ses camarades eux, finissaient le lapin, bien qu'il put observer que Divagation des Anges non plus ne mangeait pas. Ainsi, ne serai-je donc pas le seul à ne pas être en paix ? Il écarta d'un coup cette pensée. Non, on pouvait simplement ne pas avoir très faim. Tout le monde ne faisait pas des cauchemars, ou n'était pas tourmenté par de vieux souvenirs, si effrayants étaient-ils. Un frisson parcourut le corps de l'apprenti. Ça suffit. Gêné par les autres guerriers qui poursuivaient leur repas, il fit volte-face et se dirigea vers la sortie du camp. Autant les attendre ici. Son pelage propre, il n'avait plus qu'à patienter, et les attendre. Il observa le camp, bien silencieux. Les autres dormaient, en attendant la prochaine patrouille, ou simplement parce qu'il était assez tôt. De l'endroit où il se trouvait, Nuage de Foudre pouvait voir toute la surface du camp. La pouponnière était bien calme, les chatons dormaient eux aussi. À la vue du roncier, il ne put se rappeler les bons moments qu'il avait vécu, en compagnie de ses camarades. L'époque où il n'était encore qu'un chaton lui semblait lointaine... La voix de Sombre Crépuscule le tira de ses pensées,

« Vous ne pouvez pas vous dépêcher ? Le gibier ne nous attendra pas ! »

Son impatience sembla agacer les deux autres guerrières, qui rejoignirent néanmoins l'apprenti, bien que Cœur de Tonnerre lui eut rétorqué une réponse plutôt froide et que Divagation des Anges eut hérissé son poil. Nuage de Foudre décida tout simplement de les ignorer, attendit que les trois guerriers furent sortis pour sortir à son tour. Il fermait la marche, c'était le seul apprenti du groupe. Cœur Sauvage, son mentor, était resté au camp, pour une autre tâche.

Sombre Crépuscule et Divagation des Anges discutaient avec Cœur de Tonnerre. Nuage de Foudre ne les écoutait pas. Il traînait à l'arrière, à ressasser encore et encore son cauchemar de la veille. Cette patrouille ne le divertissaut guère, ne l'intéressait pas le moins du monde. Ah, les patrouilles, il en avait fait en tant qu'apprenti ! Ces temps-ci, il n'y avait rien à signaler : le gibier se comportait bien - du moins normalement -, le Clan de l'Ombre se tenait à carreau et le Clan de la Rivière restait dans son coin. Que demander de plus ! Mis à part les conditions météorologiques qui ne s'y prêtaient pas, la vie restait paisible au sein du Clan du Vent. Du moins, plus paisible que la vie de solitaire.
Nuage de Foudre leva la tête au ciel pâlissant, un peu plus tôt habité par les ténèbres de la nuit, et sa Toison Argentée. Ma famille y habite-t-elle désormais ? Les étoiles étaient déjà parties, néanmoins, si l'on observait bien, on pouvait voir le grand astre de nuit, la lune. Croissant blanc sur le rosd pâle de l'aube. Mais une forme noire attira l'attention du novice. Une forme noire, fine, qui se déplaçait rapidement, fendant les airs de ses grandes ailes. Un rapace, par ici, en ce moment ? Il restait relativement loin, et ne représentait pas la moindre menace. Et pourtant, Nuage de Foudre restait fasciné par ce ballet de plumes volantes...

|| Relativement court. :/ ||