If you want to stay alive, don't provoke me ~ ft.Echo Sanglant

If you want to stay alive, don't

provoke me

Ft.Echo Sanglant

    Ce jour-là, l’atmosphère était lourde et le soleil caché par un voile de ténèbres. Le sol était, comme toujours à cette saison, recouvert d’une fine couche de gel, et Cristal de Rose haïssait toujours autant le froid mordant de cette période hostile. La jeune guerrière était assise depuis un long moment déjà contre un arbre froid à l’écorce effritée, observant la maigre pile de gibier qui ne pourrait jamais nourrir toutes les bouches du clan. La faim lui tiraillait le ventre mais, pour aucune raison, elle refusait catégoriquement et capricieusement de manger les proies que ses imbéciles de camardes avaient chassé. Elle se leva donc péniblement, s’étirant de tout son long et secouant son pelage soigné, avant de se diriger d’un pas las vers le tunnel de l’entrée. Elle le traversa sans encombre, aucune patrouille ne devait revenir ou sortir à ce moment de toute façon. Une fois dehors, elle bailla à s’en décrocher la mâchoire.

    Elle dormait mal ces temps-ci et pour cause, un détail de son passé la tracassait. Se remémorant sans cesse les premiers événements de sa vie pour ne jamais les oublier, elle remarquait quelques fois des détails qui lui avaient échappé jusque-là. Mais cette fois ci le détail avait pris trop d’ampleur dans son quotidien. Lors de sa tendre enfance, à l’époque ou tuer l’horrifiait autant que manger un lapin pourrit, elle avait assisté à la mort de sa mère. Y repenser aujourd’hui lui faisait se rendre compte qu’avec le recul, elle aimait la façon et la technique avec laquelle le matou avait saigné sa génitrice. Mais là n’est pas la question pour une fois. Quelques lunes après ce « tragique » assassina, Songe Mortel –son géniteur- avait commencé à l’entraîner dans la forêt sombre. Jeune et avide d’apprendre toujours plus, la jeune apprentie de l’époque n’avait pas fait attention à un regard et une fourrure quelques peu familiers… Ce brun tigré aux nombreux reflets rouge, ce regard jaune et transperçant quiconque le croisait. Le meurtrier de sa mère l’avait en effet aidé dans son long apprentissage et, elle qui voulait la venger à l’époque, s’était laissé faire sans se douter de quoi que ce soit. Sa stupidité d’enfant l’avait énervée au point qu’elle avait tenté des nuit durant de retourner dans ce lieu sans étoiles.

    Une pulsion soudaine l’avait poussée à appeler son défunt père pour revoir l’inconnu de son enfance. L’idée de revoir Songe Mortel, son père, l’avait de suite dégoutté. Il l’avait abandonné et rejeté de sa vie de mort et plus jamais elle ne voulait se retrouver en face de lui sans pouvoir le vider de son sang si souillé. Mais elle aurait aimé s’expliquer avec l’autre. Elle ne savait pas exactement ce qu’elle aurait aimé lui dire, étant donné qu’aucune tristesse ne lui venait en repensant à sa mère, mais le voir et pouvoir échanger sur les raisons de son meurtres l’aurait intéressé. Il aurait aussi pu lui apprendre de nouvelles techniques pour tuer, bien que la guerrière grise se sache bien supérieure à lui. Mais personne n’avait été foutu de répondre à sa demande. Elle attendait toutes les nuits, se réveillait pour se rendormir et espérer revoir ce sombre endroit. Pourtant à aucun moment elle n’y était parvenue. Elle maudissait son père mais jamais, sous aucun prétexte, elle n’abandonnerait.

    Aujourd’hui, elle avait envie de sortir seule. Une partie de chasse allait surement lui changer quelques peu les idées les idées après tout. Et puis en cherchant dans ses souvenirs, elle se rendait compte que ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas hotté la vie d’une proie à coups de crocs. Elle prit alors la direction de la forêt d’arbustes, espérant y trouver un ou deux oiseau en manque de provisions. Luttant contre le froid et gonflant sa mince fourrure au maximum, la femelle allait d’un pas legé vers sa destination. Elle avait mis tous ses sens en alerte pour repérer le moindre rongeur, le moindre oiseau qui aurait pu lui servir de repas. Arrivée à la forêt d’arbustes, la femelle au pelage perle se stoppa net. Levant la tête, ouvrant la gueule et fermant les yeux, elle se concentra sur l’oiseau qu’elle avait repéré. Elle se tapie au sol et, bifurquant à droite sous les buissons, repéra le merle. C’était un mâle plutôt maigre. Son pelage noir de jais lui rappela son père et l’envie lui pris de lui arracher la tête. Elle se mit en position et, sans le moindre bruit, rampa vers son repas encore vivant et insouciant. A l’instant où il tourna la tête vers Cristal de Rose, celle-ci s’élança à une vitesse fulgurante sur le petit corps chaud. Il n’eut pas le temps de déployer ses ailes que les crocs aiguisés de la guerrière s’enfonçait dans sa chaire. Le gout ferreux du sang la ravis et, se délectant de son gout, elle l’acheva lentement. L’oiseau fini d’agoniser entre des mâchoires et elle put entamer son repas.

    Mais une toute autre odeur vint la déranger pendant sa dégustation. Elle se releva d’un bond, une patte sur son butin, les crocs à découverts. Un intrus. Elle flaira rapidement l’air mais ne reconnus aucune odeur. Un solitaire avait osé s’aventurer sur les terres du clan du vent, et malheureusement pour lui c’était sur une meurtrière qu’il était tombé. Elle enterra très vite les restes de sa proie et s’aventura vers le malchanceux en question. Cachée dans les broussailles, elle put apercevoir un pelage d’un noir profond. Les souvenirs de son père et du merle se mêlèrent dans sa tête mais elle ne perdit pas de vue son objectif : l’éliminer au plus vite et lui faire regretter d’être venu. Elle prit son élan, descendant son poids dans ses pattes arrière, et feula en bondissant sur le dos du solitaire, toutes griffes dehors.

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