Hasard ou Destin, la réponse n'est pas simple. | Feat. Akin ou May

Depuis quelques temps déjà, des nuages noirs, annonciateurs de malheur, commençaient à s'amonceler dans le ciel privant peu à peu les êtres qui vivaient en contrebas de l'unique source de lumière dont ils disposaient. La gueule levée vers les cieux, Bastet, positionnée sur un petit rocher pentu, soupira de dépit devant ce spectacle funeste. Elle ne détestait pas vraiment l'orage et ses pluies torrentielles, la féline appréciait même le grondement du tonnerre et la mélodie des gouttes de pluie qui se fracassaient contre les feuilles, la plongeant dans un état de fatigue bienfaiteur. Néanmoins, l'humidité ambiante avait tendance à rendre les anciens plus grincheux que d'habitude, leurs vieux os les faisant souffrir et ça, c'était mauvais pour elle. Bien qu'insensible aux divers critiques qui peuplaient son quotidien depuis des lunes, elle n'en restait pas moins agacée par ce genre de comportements qui devenaient monnaie courante avec l'âge et cherchait par tout les moyens à éviter l'endroit où ils reposaient de peur de laisser échapper quelques paroles qui pourraient la tirer vers le bas.

C'est avec un petit grognement qu'elle quitta son perchoir pour s'engager sur le chemin le plus proche menant à son camp. Pendant quelques minutes, elle se faufila, avec une agilité et une souplesse étonnante compte tenu de sa taille, entre divers buissons , tordant son corps longiligne pour se fondre le plus silencieusement possible entre les ronces et les feuillages. Sa courte traversée se déroula dans un parfait calme ponctué par quelques bruits parasites.

Sûrement des rongeurs si on en juge par l'odeur.
Peu réceptive à l'idée de suivre la trace olfactive, la chatte continua son avancée avant de déboucher sur la place du camp. Bastet lança un regard circulaire autour d'elle, un peu en retrait du reste des félins avant de trottiner vers l'un des arbres qui servait à délimiter leur lieu de vie. Ses deux perles dilués accrochèrent sur une branche plus basse que les autres, appartenant au séquoia utilisé comme abri aux malades et aux guérisseurs, la féline laissa finalement un fin rictus naître sur ses babines auparavant inexpressives ; l'endroit était idéal, la branche ni trop fine, ni trop massive lui permettait de s'étendre sans aucun risque de chute tout en gardant une parfaite vue sur l'ensemble du territoire et le petit plus, aux yeux de la tisseuse de Brume, était la hauteur de la dite branche, elle était trop haute pour que la majorité de la troupe puisse l'atteindre, en somme, un perchoir parfait pour elle. Elle se hâta vers celle-ci en passant devant l'abri des aînés à son grand mécontentement, quelques uns des ancêtres, comme Bastet aimait les appeler, la regardèrent passer l’œil mauvais, murmurant à voix basse quelques paroles intelligibles. La Savannah n'adressa qu'un bref hochement de tête parfaitement hypocrite à leur encontre avant de poursuivre son chemin, ravalant le début d'insultes qui menaçait de franchir la barrière de ses crocs. Elle ne devait pas craquer, pas maintenant alors qu'elle commençait enfin à se faire tout doucement une place parmi les siens. Quand enfin, elle arriva au niveau de la branche, la féline se ramassa sur elle-même avant de bondir, atteignant sans soucis apparent sa convoitise.

Bastet se laissa finalement glisser contre l'écorce du séquoia en adoptant la position du sphinx, sa queue fine se balançant doucement dans le vide.