Eh petit! - Ft Akin

Ça craignait, j’accélérai la cadence pour rentrer au plus vite au camp. Le soleil venait à peine de se lever, ma chasse nocturne était finie. Ouai, je chasse la nuit, comme le dit le proverbe : « Le chat parti,les souris dansent » Certains ignorent à quel point le territoire regorge de gibier lorsque le noir s’abat. Après une longue traque, j’avais réussi à attraper une petite chouette. Et non d’un fieu, cet oiseau devait être en pleine période de mue, j’étais occupée à bouffer des plumes et ce n’est pas très agréable. Mon museau piquait, il a récemment été malmené par les serres d’un rapace, mais ce dernier fait moins le malin maintenant. Il va sûrement finir dans l’estomac d’un ancien qui a des problèmes de dos ou je ne sais quel autre matou, bien fait, mais quelle triste fin me dis-je.  Le cadavre était un peu trop grand, si bien qu’il pendait entre mes pattes, voilà que je me retrouve à marcher comme un guignol…

Je fis une entrée acclamée de tous, ma proie suscitant les commentaires admiratifs, les chatons me suivaient émerveillés et… Bon j’exagère, lorsque je suis entrée là-dedans, il y avait juste quelques chasseurs ronchons qui s’étaient levé pour le premier tour de garde, je passais devant eux en essayant de marcher dignement, ce qui se révèle impossible. Ils ne me jetaient même pas un regard, sauf un qui se retenait de pouffer. Indignée, je laissai tomber le piaf, puis tout en crachant des plumes, je lui dis :

-Et toi tête de plouc ! T’as pas à rigoler, j’pense pas que t’ai déjà réussi à ramener un truc plus gros que ton cerveau !

Sur ce, je ne pris même pas le temps de sourire devant sa face étonnée, je repris ma proie et me rendis jusqu’à la réserve. Je me déchargeai enfin de ce truc , et choisis un mulot, puis je pris mon temps pour semer un chemin de plume sur mon passage . Je me laissai tomber au sol, dans un petit coin de lumière, j’attrapai mon mulot et commençait enfin à manger. Fallait bien récupérer de l’énergie après tous ces exercices !