Partie de chasse sous un soleil matinal ♦ [ Libre ]

Je gambadait joyeusement, prête à sortir pour chasser, quand j'entendit un petit bruissement d'herbes, à quelques pas d'elle. Puis elle reconnu Rivière Étincelante, qui avait été baptisé juste après moi. Je pensais qu'on pourrait aller chasser ensemble, sous le beau soleil matinal. Je me décida à l’interpeller :

" Eh ! Rivière Étincelante, attend moi ! "

Je courais après-en, décidée à la rattraper. Elle était tellement belle, un pelage luisant, des beaux yeux bleus aux aguets.. Je l'admirais... Passons ! J'arrivais maintenant à ses côtés, juste devant le tunnel d’ajoncs. Elle passa d’abord, puis, je la rejoignit de l'autre côté du tunnel. Il faisait tellement bon, le soleil chauffant ma fourrure, la rosée encore présente rafraîchissant légèrement mes pattes... Je me suis soudain demandée où nous allions chasser.

" Tu pensais aller chasser où ? " demandais-je à Rivière Étincelante.

J'espérais aller chasser aux chutes. Cet endroit était magique, je ne me lassais jamais de regarder l'eau s'abattant contre les rochets en contre-bas. S'il y a un endroit où je pourrai rester à la regarder pendant des heures.. Ce serai bien les chutes !

"Où est-ce que je vais chasser ? Euh.., elle tendit la queue en direction des chutes. Je penses que je vais voir s'il n'y a pas quelques lapins du côté des chutes." 

" Tu.. Tu veux venir avec moi ? " demanda-t-elle timidement. 

Plume de Rêve était heureuse que Rivière Étincelante lui demande de partir chasser avec elle. Elle la voyait souvent passer le tunnel d'ajoncs pour aller chasser, souvent seule. Elle se demanda si elle avait du mal à se faire accepter ou si elle était plutôt solitaire. Tout d'un coup, l'idée qu'elle n'était pas la bienvenue lui traversa l'esprit mais elle s'efforça de se dire que si ça avait été le cas, la chatte ne lui aurait pas proposé de faire une partie de chasse ensemble.

" Tu es sûre que cela ne te dérange pas ? Je ne voudrait pas m'imposer.. Enfin, c'est comme tu veux... "

J'avais du mal à trouver les mots, car je ne voulais pas la vexer, je déteste vexer les gens, tout en restant gentille.. Je ne souhaitait surtout pas la mettre mal à l'aise, surtout si elle partait souvent seule et qu'elle était assez timide. Cependant, je la trouvais accueillante, j'avais hâte de la voir chasser ! Près des chutes, c'est assez courant de trouver du gros gibier, comme des lapins. Je m'imaginais déjà en train de rapporter un gros lapin au camp, avec fierté. Mais c'était avant tout un plaisir de chasser, surtout par ce temps et accompagné d'une chatte sympathique. Nous aurions d'ailleurs pus emmener Nuage de l'Ange, ma jeune apprentie. Elle aurait put découvrir la magnificence des chutes et apprendre la chasse avec des gros gibiers, si ce n'est qu'on en trouve !

" Allons-y ? " dit-elle seulement avec un sourire, les moustaches frémissantes.

" Je me sens tellement bien aujourd'hui !, elle sourit avant de s’aplatir au sol sans un bruit, mais nous approchons de notre terrains chasse. Je ferais mieux d'arrêter ma course folle. "

Je sentais que la terre sous mes pieds devenait fine et molle, bien chauffée par le soleil, c'était tellement agréable... J'avais presque l'impression de me trouver dans un rêve... Je suivis Rivière Étincelante puis, elle se mit à courir, soulevant quelques fines mottes de terre. Elle créait des nuages bruns qui s'élevaient lentement vers le ciel d'un bleu immaculé, sans nuages, à part ceux qu'elle soulevaient derrière son passage. Elle courait à une vitesse folle, agitant son pelage argenté. Je peinait presque à la suivre. On commençait à voir les chutes, au loin et Rivière Étincelante se mit à ralentir.

" Je vois ça, tu à l'air en forme ! lui répondis-je d'un air rieur. Oui, nous ferions mieux de commencer à guetter le gibier. "

En disant ça, je m’aplatis et continua à avancer. J'humais l'air à la recherche de gibier, je regardais à droite puis à gauche, attend qu'un lapin ou même un rongeur passe par ici. Je sentis quelque chose, je me décida à suivre cette trace. Toujours aplatie, sans un bruit, j'avançais vers cette trace, la suivant lentement. j'arrivais près d'un trou, je me releva et attendu que l'habitant de ce trou se décide à sortir. Quand un lapin sorti enfin, je ne bougea pas, le temps qu'il fasse quelques pas dehors. Quand il était suffisamment loin du trou, je me tassa, puis, je lui sauta dessus. D'un geste vif, je lui cassa la gorge. Je le pris dans ma gueule et l'emmena vers Rivière Étincelante pour l'enterrer dans la terre meuble.

" Alors, tu as déjà attrapé quelque chose ? " je lui demandais en l'enterrant.

Rivière Étincelante s'était aplatie au sol, elle se concentrait sur chaque minuscule bruit qui l'entourait. Le bruissement des feuilles, le vent qui soulevait la poussière tout autour, et au loin, le grondement sourd des chutes. Elle entendit vaguement que Plume de Rêve était en train de lui parler, mais elle perçut un mouvement à sa gauche au même moment. Tout les sens aux aguets, ses oreilles se tournèrent dans cette direction. Lentement, elle vit un lapin d'un bon gabarit sautiller hors d'un buisson. Insouciant petit animal bien gras... Dans les yeux de la guerrière brillait la lueur terrifiante du tueur avide de chair tendre et chaude. Elle avança une patte, puis l'autre, évitant soigneusement chaque feuille et chaque brindille, sans faire le moindre bruit. Malheureusement, malgré le soin dont elle faisait preuve, le lapin tourna la tête vers elle par hasard. Il eût un moment de réflexion, Rivière Étincelante aussi. Au même moment, les deux animaux s’élancèrent, l'un à la poursuite de l'autre. C'est le moment de s'exercer à la course ! se dit la femelle pendant qu'elle redoublait d'effort pour rattraper le lapin. Lui aussi filait à vive allure, martelant le sol de ses pattes, ce qui envoyait des nuages de poussière dans la figure de Rivière. Mais à peine quelques secondes de course plus tard, la femelle réussi à anticiper le virage du lapin et le percuta de plein fouet, la gueule grande ouverte. Ses crocs acérés rencontrèrent la jugulaire du lapin et bientôt, ce dernier expira dans un râle écœurant.
La guerrière sortit des fourrés en traînant le lapin derrière elle. Couverte de poussière et de quelques traces de sang, la femelle n'avait pas cette allure altière qui la définissait la plupart du temps, mais celle d'une sauvage mal soignée. Elle déposa sa proie à côté de celle de Plume de Rêve et la recouvrit de terre avant de regarder sa camarade. Elle eût un sourire timide :

" Eh bien ça me semble pas mal pour une première proie de la journée ! La tienne n'est pas mal non plus ! Je sens que le clan ne va pas manquer de nourriture cette saison. "

Elle se prit à regarder aux alentours un instant : les feuilles vertes couvraient entièrement les quelques arbres présents, et l'herbe ondulait au gré du vent. Elle aimait les terres du clan de tout son cœur et serait prête à tout pour les défendre. Puis elle entreprit de se débarrasser un peu de toute cette poussière qui la recouvrait mais elle renonça vite.

" Beeeurk ! fit-elle en crachant, ce lapin m'a tellement recouvert que je vais avoir un goût de poussière dans la bouche pendant au moins 1 lune ! "

Elle regarda Plume de Rêve, ria avec entrain, le regard bienveillant et s'éloigna doucement toujours à l'affut d'une proie.

J'observai avec attention les moindres gestes de la guerrière argentée. Elle chassait vraiment bien. Tout le Clan pouvait être fier d'elle. Elle coursait le lapin avec une telle grâce... Son lapin était énorme. Un gros gibier qui nourrirait au moins trois personnes. Quand Rivière Etincelante fut revenue, elle était pleine de poussière et quelques gouttes de sang perlaient sur sa fourrure. Du rouge cristallin qui coulait lentement sur ce fourrure maintenant poussiéreuse. Elle avait ramassé toute la terre du territoire. Je ne l'avais jamais vue aussi sale. On aurait dit une chatte sauvage. Elle méritait son lapin. Je n'avais jamais vue un chat se battre autant pour une proie. Je l'admirai beaucoup.

Malgré tout il fallait que je continue à chasser. Pour que le clan ait à manger. Qu'il puisse se nourrir à sa faim. J'observai un moment les chutes qui tombaient, ne s'arrêtant qu'en bas, où elles s’écrasaient contre les rochets. Ces chutes, je les comparaient aux yeux de Rivière Etincelante. Des yeux bleus magnifiques. Je l'enviai. Moi qui n'avais même pas les mêmes yeux. En effet, j'avais les yeux vairons. Un oeuil clair, un oeuil foncé. Un pour le jour, un pour la nuit.

" Oui, ce lapin est vraiment gros, lui répondis-je, et il t'a aussi énormément sali ! "

Rivière Étincelante éclata d'un rire cristallin en revenant un peu plus tard, une petite souris dans la gueule. Elle la déposa aux côtés des autres proies attrapés par les deux chasseuses et jaugea le tas de gibiers amassés d'un air satisfait. Les deux guerrières chassaient depuis quelques temps maintenant, et elles avaient amassés pas mal de proies. Voilà qui fera plaisir au clan ! River releva la tête et chercha Plume de Rêve du regard. Quelques secondes après, elle vit sa tête blanche et ses yeux vairons surgir d'un buisson, un moineau dans la gueule. Les yeux de la femelle la fascinaient, Rivière Étincelante n'avait jamais vu de telle yeux auparavant et elle trouvait que cela s'apparentait à une sorte de magie belle et mystérieuse. Elle secoua la tête pour se sortir de sa rêverie et héla sa camarade :

" Je pense que nous avons assez chassé pour aujourd'hui. On devrait commencer à ramener ses proies au camp. Je veux avoir le temps de manger et de ma laver un peu avant la patrouille de ce soir ! " et elle ponctua sa phrase d'un petit rire nerveux.

La femelle n'avait pas l'air comme ça, mais elle faisait très attention à son apparence, à ses actes et ses paroles. Pas pour une question de séduction, non ! Mais surtout car elle avait peur de ne pas trouver sa place au sein du clan, et de décevoir les autres. Elle s’entraînait sans cesse pour ne pas être un poids pour les guerriers, chassait souvent afin d'apporter assez de nourriture au clan, elle soignait son apparence pour ne pas qu'on la qualifie de sauvage... Sans arrêt, elle faisait tout pour ne décevoir personne.
J'espère que ça suffira pour aujourd'hui.. se dit-elle en retournant un des moineaux avec sa patte. Puis elle se pencha et le pris dans sa gueule, avant de se retourner et planter le bout de ses crocs dans le lapin bien dodu qu'elle avait attrapé plus tôt dans la matinée. Elle le traîna sur quelques mètres avant de reprendre son souffle et s'adressa à sa camarade, en essayant d'articuler au mieux, malgré l'oiseau qu'il y avait dans sa gueule.

" Che lapin est fraiment gros... Che l'offrirais à ma mère.. Ch'est Ecaat'eu'une, tu 'a connais ? "