Partie de chasse sous le vent et le tonnerre [Ft. Luny]

nothing ever changes

Les Quatre-Chênes.
L’Azurite aimait cet endroit. Les Clans se réunissent aux pleines lunes, devenaient la paix pendant quelques instants, pendant une nuit - et s’imaginaient que le Clan des Étoiles possédait réellement un contrôle sur la météo et que si le ciel ne se voilait pas, c’était que les étoiles approuvaient le déroulement. Elle l’avait pensé également, autrefois. Elle avait pensé que le Clan des Étoiles pouvait interférer partout dans leur existence. Mais elle savait désormais qu’ils n’avaient pas autant de pouvoir - bien que souvent, ils aimeraient. Ils aimeraient en avoir plus qu’ils n’en avaient réellement. Elle avait fait partie d’eux. Elle avait souhaité aider les vivants sans rien pouvoir faire, elle avait compris - elle avait vu venir le mal rouge, avait entendu Abandon des Étoiles s’étrangleant en observant l’eau, en voyant les signes, une terrible prophétie, un terrible avenir. Oui, l’Azurite comprenait l’impuissance des étoiles aujourd’hui et elle appréciait de savoir qu’ils les observaient, qu’ils veillaient comme ils le pouvaient. Elle ne leur en demandait pas plus. Elle n’avait pas à leur en demander davantage. Elle avait été avec eux.

Alors, elle observait les Quatre-Chêne en se rappelant amèrement toutes les attentes qu’on mettait en eux, en se disant que les étoiles étaient bien trop sur-estimées et puis, ensuite, détestées de leur inaction. Il fallait que les vivants commencent à prendre le monopole de leurs actions, assument les conséquences des gestes posés et cessent de croire que les étoiles allaient les sauver des graines semées par leur bon vouloir.
La matinée avait été douce. Les temps se réchauffaient doucement, mais ce n’était point drastique pour le moment - elle espérait que la sécheresse ne serait pas des leurs cette saison-ci. Les Clans avaient souffert. Et son amour avait bien mieux à penser que craindre encore une fois pour la survie de son Clan. Esprit embrumé, regard affecté - l’Azurite observait les fragments de cette neige qui avait tout représenté pour elle autrefois, qui représentait toujours tout.

Elle avait fermé les yeux quelques secondes, avait respiré. Sa vie s’était déroulée sans trop d’accrocs, avait appris à se contenter de ce qu’elle pouvait obtenir sans jamais rien demander de plus. Oh, elle n’avait pas eu la vie entièrement rose non plus. L’Azurite avait été, autrefois, utilisée pour attirer l’attention de ce moment, préservé dans un trou à lapin pour qu’une guerrière puisse parler, faire chanter peut-être même, l’Azurite ne se souvenait plus trop bien; mais elle en était sortie vivante.
Elle s’en sortait toujours vivante.

L’odeur d’une proie chatouilla alors le nez de la chasseuse et elle cibla rapidement le lapin. Sur des terres neutres, elle pouvait parfaitement s’autoriser à chasser n’importe quelle proie, y compris des lièvres. Elle bondit rapidement, se concentra pour réussir à attraper cette proie qui n’était pas dans celles habituelles et, elle y parvint. Mais dans sa concentration, l’Azurite avait négligé l’odeur du Clan du Vent et son regard vert - avec cette tâche bleue qui était sienne dans son oeil droit - se posa sur un membre de ce Clan. Elle déposa alors la proie en saluant d’un geste de la tête la guerrière. Azurite Fragmentée, enchantée. Et toi ? Je me souviens vaguement t’avoir croisé dans les assemblées. C’était ton lièvre ? Navrée, je ne t’avais pas remarqué. Je te le laisse ! Bien entendu. Ce n’était pas sa proie de prime abord, elle ne comptait alors pas la garder.