greatest hope • w/ plume de perroquet

Une lune était passée et plus aucun accident concernant les chiens n'avait eu lieu. Le Clan du Tonnerre semblait tranquille mais sûrement pas pour de bon : la saison chaude était toujours présente et les bipèdes ne s'en iraient pas de leur forêt de sitôt, avec leurs molosses. En tant que lieutenante, Plume de Perroquet ne prenait pas cette menace à la légère, prenant soin d'attendre les rapports de chaque patrouille concernant une potentielle odeur suspecte : elle ne voulait pas d'un deuxième cas Soleil Noir, car cela lui briserait l'égo, elle qui souhaitait surpasser son prédécesseur aimé de tous.

Ainsi, elle avait accueilli la patrouille de l'aube qui lui signala l'ancien passage d'un de ces canidés, apparemment, l'odeur était éventée, il n'y avait donc pas de quoi s'inquiéter même si la jeune lieutenante restait angoissée à l'idée qu'un des membres du clan croise la route de ces toutous. Elle s'était donc contentée de soupirer, pour diverses raisons, et la patrouille s'était ainsi dispersée. Du coin de l'œil, elle aperçut un de ses membres se faire enquiquiner par Petite Plume, la sœur de Petite Tempête : une tête connue du clan malgré son jeune âge.

Les yeux rivés sur la chatonne dont la demande venait sûrement d'être rejetée, Plume de Perroquet s'en retrouva fortement amusée. Les moustaches frétillantes, elle la vit s'installer à l'entrée du camp, dans l'espoir d'en sortir.
Le pas léger, la femelle s'approcha discrètement jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de la grise et blanche qui lui tournait le dos : trop affairée à rêver. « Il te reste encore bien une lune avant de pouvoir découvrir le monde extérieur. » lâcha brusquement la lieutenante, un petit sourire collé sur ses babines. « Ne sois pas pressée, ton tour viendra. » lui confia-t-elle tout en posant sa queue sur la petiote. La guerrière faisait autant référence à cette envie de sortir, qu'à ses demandes incessantes d'entraînements auprès des guerriers expérimentés.

Néanmoins, elle la comprenait d'un certain côté : la vie de chaton pouvait être longue lorsque l'on approche du but. Ayant été toute aussi impatiente qu'elle à ce moment de sa vie, elle ne pouvait que s'identifier à Petite Plume. Seulement, aujourd'hui elle avait le recul et l'expérience nécessaire pour lui faire comprendre que la patience était la meilleure des armes.

Avec toute l'impatience dont pouvait faire preuve la petite, Plume de Perroquet ne put s'empêcher de sourire. Faisant par la même occasion, un parallèle avec sa propre enfance. Il est vrai qu'il avait été difficile d'attendre son tour, sans même savoir qui serait son mentor afin de pouvoir l'enquiquiner.
C'est donc tout naturellement qu'elle écouta attentivement Petite Plume, s'agiter, s'angoisser et se presser pour son futur. Elle comprenait d'une certaine manière ses soupirs, mais ne pouvait néanmoins pas lui donner raison en la laissant discrètement sortir du camp. Tout ce qu'elle pouvait faire, était de l'écouter d'une oreille attentive et peut-être lui faire comprendre les choses sous un autre angle. Alors... Elle ne tarda pas à lui ronronner ces paroles de réconfort : « Tu sais, à ton âge je rêvais aussi de faire comme les autres. C'était tellement frustrant de voir les apprentis s'amuser ! » afin qu'un jeu de miroir s'exécute entre les deux chattes.

Voyant que cette discussion ne serait pas écourtée, la lieutenante s'assit avec grâce, prête à écouter toutes les plaintes de la petiote s'il le fallait. « Néanmoins, il m'arrive parfois de regretter cette époque. » débuta-t-elle un peu plus dramatiquement avant de continuer sur un ton des plus sérieux : « La vie d'un guerrier est parsemée de tragédies, d'accidents et de morts. Elle n'est pas douce, elle n'est pas facile contrairement à celle d'un chaton. », faisant notamment allusion aux caprices de Petite Plume.

Elle n'aimait pas paraître pour la râleuse de service, mais il y avait tout de même des choses à expliquer. En tant qu'aînée, il était vital de transmettre son savoir quant à la vie qui l'attendait, plutôt que de s'impatienter sur celle-ci. C'est donc peut-être plus douce qu'elle s'exprima à nouveau à son intention, espérant qu'elle comprenne son point de vue : « Alors, profite encore de la chaleur de la pouponnière, de l'ambiance chaleureuse qui y règne car quand tu seras une apprentie... », son regard vert s'illumina de toutes parts « Tu ne risques pas de lézarder avec une lieutenante comme moi. » lâcha-t-elle dans un rire, comme si elle était prête à lui mener la vie dure, alors qu'elle semblait s'adonner à ce plaisir qu'envers les guerriers du clan.