S'éloigner... Est-ce si dangereux ? ~ [feat Oyaris. alias Luny]

Le danger réside dans chaque être

Ouvrir les yeux sur un ciel de feu, alors que le soleil se levait doucement. Je me suis assoupi ! Ah non, ça le fait pas ! Je devais écouter les arbres et les étoiles pour essayer de comprendre ce qu’ils se disent. Maintenant, je vais devoir admettre ma défaite à Zamas et Vlinder et ils seront déçus. Et moi, je déteste les décevoir. Je grogne de rage contre moi-même. Comme ça débute bien la journée. La Rage est là, près de moi, elle se serre et m’étouffe, m’enrage même. Je ne la veux pas, mais elle me tourmente, elle coule dans mes veines et elle illumine mon regard de l’intérieur. Je crache et grogne, alors que je suis seul. De quoi ai-je l’air ? J’en ai rien à faire ! Je veux juste m’éloigner de la Rage. Je n’aime pas les comportements qu’Elle crée en moi et pourtant, je ne suis pas capable de me contrôler, alors je veux que le Danger revienne, car avec lui, je me sais en sécurité. Même si d’un point de vue objectif, je ne suis absolument pas en sécurité avec le danger, ça m’importe peu, je ne veux juste pas de la Rage, ni de la Colère, les deux me rendent d’une instabilité qui m’effraie moi-même. Alors c’est comme ça et ça m’irrite maintenant et je crache et grogne.

Et en fait, tout va trop vite dans ma tête, comme chaque matin où la Colère est là et parfois, c’est l’Anxiété et l’Anxiété, c’est pire, c’est comme si on me mettait des pensées à milles à l’heure, des pensées qui ne m’appartenaient plus et je déteste cette sensation. Et peut-être que je déteste beaucoup de choses, mais ça me rend prudent parce que je ne veux généralement pas avoir ce que je hais… alors je fais bien attention. Je dois faire partie des chatons les plus calmes, mais je suis un escogriffe, alors ce n’est sans doute pas pareil que dans les Troupes et les Clans. Je suppose qu’on apprend à se contrôler, à être calme, à ne pas se précipiter la tête baissée dans des situations comparativement à ceux qui ne vivent pas de leur propre chef. Même si je n’ai que deux âges, très bientôt trois, je connais le besoin de ne pas s’emporter, et de ne pas bouger quand les choses devenaient sérieuses. Je connais aussi la cruauté. Je connaissais beaucoup de choses pour mon âge, mais j’écoute beaucoup et j’ai toujours appris vite. C’est comme ça, j’ai de la chance. Je suis doué, après tout, mais la Modestie me dit de ne pas trop le croire, que sinon, ça s’envolera vite. Alors j’étouffe bien souvent rapidement cette pensée pour ne pas que mes capacités ne fondent comme la neige sous les rayons du soleil insistant, ce serait beaucoup trop dommage et triste.

Je ferme les yeux brièvement. Le Silence est là, encore plus prisant qu’avant et j’en profite parce que je sais bien qu’il ne dure jamais, les autres font un vacarme d’enfer sans que ce ne soit des paroles. Ce sont des ressentiments qui influencent mes pensées et mes gestes, mais c’est une cacophonie pis encore que des paroles dites au hasard, sans réel sens, croyez-moi. Enfin bref ! J’en profite, je m’allonge sur la branche de mon arbre, car je dors toujours dans un arbre, moi, c’est la meilleure des protections, puisque je suis meilleur ami de l’Arbre et qu’il me protégera toujours. Tout comme le feu. Je ne demande pas d’être cru, juste de ne pas être contredit, je vous assure, ça me suffit. Alors faut juste se taire et accepter que ce que vous pensez impossible puisse l’être. J’aime la hauteur. Je me sens invisible et immense. J’ouvre les yeux, le ciel est là, mais il n’est plus en feu. Et alors j’entends un bruit, j’entends une respiration. C’est un halètement. Le chat qui est à l’origine de ce bruit est à bout de souffle, il a sûrement beaucoup couru ou alors il n’est pas habitué à la course, ce sont deux possibilités. Quoi qu’il en soit, à sa respiration, je le sais terriblement épuisé.

Alors je m’étire et la Curiosité s’empare de mon être et fait briller mes yeux, mais le Danger aussi et je me sens euphorique, capable de tout, impossible à atteindre. La fébrilité fait trembler mes pattes et je fais du bruit, ce qui attire l’attention de celui que j’étudiais sans même le voir. Il semble totalement mort de fatigue, mais il parvient quand même à crier une phrase. Une seule. « Ne me faites pas de mal... Je veux juste rentrer chez moi... Par pitié... » Je ne comprend pas où il voulait en venir. Pourquoi je lui ferais du mal ? Il semble tellement inoffensif que ce serait ridicule de m’en prendre à lui et puis, je ne suis pas cruel. Je descends de mon arbre rapidement et je m’approche de lui, avec l’espoir vain que le côté droit de mon visage brûlé, ainsi que les traces de brûlures sur mes pattes avants et mon dos ne le dégoûtent pas et qu’il ne se décide pas d’avoir d’un coup de l’énergie.

« Tu viens d’où ? Dis-moi ? Je connais beaucoup les environs, alors je pourrais peut-être t’apporter chez toi. Mais avant ça, viens. Il y a une petite flaque d’eau potable pas très loin, c’est pour ça que je vis ici, on a de la nourriture et de l’eau. Ma mère m’a appris à chasser, j’y arrive pas mal, tu as faim ? Je peux t’attraper quelque chose. »

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