Pour le plaisir de ta compagnie

ft. Plume Givrée

La guerrière grise se rappelait de l'époque où ce jeune guerrier n'était encore qu'un apprenti balourd et maladroit de six lunes, cette étape par laquelle tous les matous devaient passer. Voilà qu'il avait de la prestance et un nom de guerrier, que les lunes passaient vite. Plusieurs chats du Clan donnaient cette impression à la féline gris perle, cette sensation de tout voir vieillir et mûrir autour d'elle. Son frère et sa sœur étaient devenus de valeureux guerriers en même temps qu'elle, son apprenti serait bientôt baptisé et des matous qu'elle avait connu chatons devenaient guerriers. Il lui semblait que le monde allait bien trop vite tout à coup. La voix taquine de Plume Givrée sortit la féline de ses pensées.

« Ecoute, Mère Nature ne gâte pas tout le monde ! J'avoue éprouver une certaine satisfaction, à te dépasser maintenant. Personne ne pourra plus m'embêter, pas même toi ! »

Perle Cendrée claqua la langue, légèrement agacée. Il y avait tellement de chats dans le Clan qui aimaient railler la féline pour sa petite taille. Cela venait très souvent des guerriers et elle se contentait de montrer les crocs pour rappeler que ses courtes pattes ne l'empêchaient pas d'avoir de l'expérience et des griffes acérées. Mais la guerrière prenait un malin plaisir à corriger les apprentis qui risquaient de se frotter à sa fourrure. Personne ne pourrait plus l'embêter ? Il était là un bien jeune guerrier pour croire qu'on le respecterait parce qu'il avait pris quelques centimètres de hauteur, la féline grise en savait quelque chose. Peu de chats dans le Clan du Vent pouvaient se moquer de la grise sans risquer de se faire arracher les oreilles, sa fratrie, son ancien mentor et puis cet idiot d’Éclat Ardent que la guerrière connaissait depuis leur plus tendre enfance restaient les seuls à ne prendre aucun risque en jouant avec sa taille.

Le jeune mâle bicolore vint s'installer non loin de son aînée en se vantant de sa soit-disant perfection  tandis que les yeux ambrés de la féline cherchaient le moindre signe de vie de leurs deux compagnons de chasse. Peut être s'étaient-ils perdu ? Impossible ils n'étaient pas si bête tout de même. Ou bien avaient-ils été attaqué ? Non cette option était peu probable, le bruit d'un combat se ferait facilement entendre dans un lieu comme celui où se trouvait les guerriers. Et puis la grise se souvint de leur complicité lors de leurs trajet vers les champs, faisant apparaître un sourire taquin sur le visage de la féline. Ces deux-là se tourneraient-ils autour par hasard ? Si c'était le cas, cela expliquerait le temps qu'ils prenaient à rentrer. Et lorsque les deux autres guerriers firent leur apparition leurs proies dans la gueule, Perle Cendrée pouvait sentir sur eux cette étrange atmosphère. Elle avait, il fallait croire, une bonne intuition.

Le groupe de chasseur pu donc prendre le chemin du retour tranquillement sous les rayons du soleil couchant. La grise marchait au pas aux côtés du jeune Plume Givrée, laissant les deux autres avancer ensemble. Bientôt, leurs queues s'enroulèrent l'une avec l'autre et les deux matous avancèrent au même rythme, leurs pas se synchronisant. Perle Cendrée fit un signe de la queue à son acolyte afin qu'ils ralentissent un peu. Elle avait à la fois envie de laisser ces deux-là tranquilles mais aussi envie de se débarrasser de cette vision niaise et trop romantique pour elle. Maintenant que quelques longueurs de queues les séparaient, ils purent reprendre la route au pas. La féline gris perle était satisfaite de sa journée. Il avait fait un temps magnifique et les proies avaient enfin dédaigné montrer le bout de leurs museaux. Les quatre chasseurs rentraient donc avec un beau butin dans la gueule.

Le retour était un peu plus long que leur allé, leurs gueules prises par leurs proies du jour. La grise indiqua une pause aux trois autres matous, histoire de se détendre un peu la mâchoire et de boire un peu d'eau fraîche, s'hydrater permettrait aux matous de ne pas craquer à l'idée de croquer dans le gibier saignant. Perle Cendrée sautait pas mal de repas dernièrement, s'assurant ainsi que tous les malades avaient de quoi se nourrir. Alors l'odeur du sang et de la viande qui entrait dans sa gueule était un véritable supplice et faisait même gargouiller son estomac. La grise se dirigea vers un point d'eau et avala de grandes gorgées afin de remplir son ventre vide, quand tous auraient mangé et si il restait quelque chose, elle mangerait un peu. Perle Cendrée savait que ne pas manger était une très mauvaise idée en considérant le fait qu'un chasseur est inutile le vente vide. Mais comment manger lorsqu'elle tournait la tête vers des apprentis mourant de faim et crachant littéralement leurs poumons ?

La féline ne tarda pas à rejoindre Plume Givrée, jetant un œil malin vers les deux tourtereaux. Elle gloussa discrètement, un peu moqueuse. Oh la grise n'était pas contre l'amour loin de là, mais elle n'était pas une grande romantique pour autant. A ses yeux, c'était une chose trop souvent superficielle et qui n’entrait pas dans ses centres d'intérêts contrairement à son meilleur ami qui passait son temps à se pavaner sous les yeux des demoiselles en chaleur. Et puis, elle n'avait peut être pas eu le meilleur exemple avec son géniteur, lui qui avait abandonné sa compagne tout juste morte en donnant naissance à ses petits pour aller se cacher loin. Peut être qu'il ne l'avait jamais aimé finalement ? Et qu'elle était morte pour donner naissance à des petits qui ne seraient jamais aimé par leurs parents ? En tout cas, lorsque ce félon était revenu au Clan en réclamant ses enfants, il avait été reçu par la vague de haine que la grise avait déversé sur lui. Ouais... Clairement, pas le meilleur exemple.
Perle Cendrée donna un petit coup d'épaule au jeune guerrier bicolore en lui indiquant les deux autres matous d'un signe de tête.

« Mais qu'ils sont niais ces deux-là, s'ils croient qu'on les voit pas » , la grise laissa un sourire amical illuminé furtivement son visage avant de reprendre son expression neutre habituelle

Après cette petite pause plus longue que prévue, les quatre guerriers prirent le chemin du retour de façon définitive cette fois et malgré la vitesse à laquelle ils avançaient, ils ne parvinrent à rentrer au camp qu'à la nuit tombée. Leur retour était attendu et les proies furent engloutis en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. La guerrière grise eut même un morceau de son lapin, partagé avec son apprenti et sa sœur malade. Et lorsque enfin tous prirent le chemin de leurs tanières, un calme plat et serein s'installa dans la clairière. Perle Cendrée prit le temps de jeter un coup d’œil vers la Toison Étoilée, espérant, priant pour que leurs ancêtres se décident à leur envoyer un remède contre ce mal qui les rongeait. Et puis dans un petit coin de sa tête, elle espérait que sa mère l'aiderait à sauver sa famille, son Clan, ses amis, ceux qu'elle aimait sincèrement.

(PS: On peut clôturer qu'en penses-tu ?    A moins que tu veuilles répondre pour clôturer comme tu veux ! )